Archives par mot-clé : roman

The Library at Mount Char, de Scott Hawkins

Roman fantastique de 2015. Carolyn, avec 11 autres enfants, a été adoptée par Père. Durant 20 ans ils ont étudié dans la Librairie rassemblée par Père, qui s’avère contenir la somme de toutes les connaissances du monde, chaque enfant dans sa section dédiée, avec interdiction formelle de s’intéresser aux sections des autres.
Aujourd’hui Père a disparu et la Librairie est inaccessible. Les ennemis de Père risquent de se mettre en marche, et parmi les 12 disciples une lutte de pouvoir va commencer…

C’était intéressant. C’est du fantastique voir de l’horrifique (dans le sens lovecraftien du terme, mais avec une mythologie qui n’est *pas* celle de Lovecraft, et ça c’est assez cool), et d’un point de vue plus proche de celui des Grands Anciens que de celui des humains. Le déroulement de l’histoire est intéressant, les pièces se mettent en place petit à petit, la mythologie de l’univers est sympa. En terme de structure, ça aurait mérité un peu plus d’édition, la dernière partie étant rajouté de façon un peu artificielle après la « victoire ». Ce qui y est raconté est intéressant et clairement une partie importante de l’histoire donc il ne faut pas s’en passer, mais il y avait probablement moyen de l’intégrer de façon plus fluide au reste du livre. Par ailleurs peut-être un peu trop d’affection pour les militaires de la part de l’auteur par rapport à ce que j’aurai voulu, mais ça reste un point mineur.

Je recommande en tant que roman pas prise de tête.

The Little Friend, de Donna Tartt

Un épais roman qui se passe dans le Mississipi des années 70s. Harriet Cleve Dufresnes, benjamine d’une famille anciennement aristocratique du Sud, décide de trouver qui a tué son frère 12 ans plus tôt et de punir le meurtrier. Résumé comme ça on dirait un polar, mais à part que c’est la motivation principale d’Harriet, le livre s’éloigne rapidement de l’enquête policière. Harriet a 12 ans. Même si elle est intelligente et pleine de motivation sa conception de l’enquête est très personnelle, et ses idées partent dans tous les sens. Et de plus, sa conception enfantine de la justice va rapidement se heurter à la réalité sociale de la vie dans une ville en déclin comportant une bonne part de racisme. En parallèle des aventures d’Harriet, on suit la vie de sa famille, avec sa dignité aristocratique mais le poids du meurtre de Robin, et la vie de la famille Ratliff, des rednecks qui cuisinent des amphétamines dans un trailer au fond des bois.

Le livre est dense, mais très réussi dans ses descriptions. L’autrice prend son temps, ça part dans tous les sens, on n’a pas le fin mot de l’enquête, mais c’était plaisant à lire, une fois rentré dedans.

La Vie intelligente, d’Aurélie William Levaux

Court livre avec des pages de textes entrecoupées de nombreuses pages de dessins, plus ou moins en rapport avec le texte. La narratrice, raconte des fragments de sa vie, qu’elle voudrait « intelligente » mais qui se fait rattraper par la gestion du quotidien.

Bref, la chronique d’une vie ordinaire sur laquelle celle qui la vit pose un regard un peu désabusé.

Aristotle and Dante Discover the Secrets of the Universe, de Benjamin Alire Sáenz

Roman américain de 2012. Les Aristotle et Dante du titre sont deux adolescents mexicano-américains vivant à El Paso en 1987. Le roman est narré du point de vue d’Aristotle, qui se débat avec sa place dans le monde, sa difficulté à communiquer (un trait qui court dans sa famille) et plus généralement le fait d’être un adolescent. C’est marketé pour les adolescents mais en vrai ça se lit bien à tout âge, j’ai bien aimé et je recommande.

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Une Vieille Histoire (nouvelle version), de Jonathan Littell

Sept chapitres racontant sept variations d’une même histoire. Un.e narrateurice sort d’une piscine, court dans un couloir, ouvre une porte, se retrouve en famille, ouvre une porte, se retrouve en couple, ouvre une porte, se retrouve seul, ouvre une porte, se retrouve dans une orgie, ouvre une porte, se retrouve dans une zone de guerre, ouvre une porte, repart plonger dans la piscine. Sept fois de suite, donc. Le genre et l’âge de la/du narrateurice varie, les péripéties dans les différentes situations évoluent, mais quand même ça fait long.

On retrouve des éléments communs entre toutes les variations : une femme au chignon blond, une robe en jersey gris sans coutures, un chat, la composition des repas, un somme sur une couverture verte et or… On essaye d’y trouver une logique, mais s’il y en a une, Littell la garde pour lui. Et il y a du sexe. Beaucoup de sexe. Trop de sexe. C’est un bouquin sur la variabilité des rapports humains, mais visiblement pour Littell le sexe est une constante fondamentale de l’univers. Les passages les plus intéressants sont évidemment ceux qui s’éloignent du schéma établi, notamment le chapitre ou la narratrice ne revient pas dans le couloir entre chacune des instances famille/couple/solitude… mais se déplace dans un espace réel, et le chapitre ou le narrateur est enfant (encore que la narration interroge sur le fait que Littell ait jamais fréquenté un enfant). La description de la course dnas le couloir est beaucoup trop répété ( une trentaine de fois environ, avec des variations minimes, au bout d’un moment je n’en pouvais plus).

Globalement : concept intéressant mais réalisation que j’ai trouvé ratée.

Trilogie Les Mystères de Larispem, de Lucie Pierrat-Pajot

Tome III : L’Élixir Ultime
La conclusion de la série. Assez classique dans son déroulement, pas de grandes révélations dans ce tome mais une conclusion satisfaisante à l’histoire. J’ai apprécié que globalement les personnages soient nuancés : on a assez peu de méchants très méchants pour le plaisir de la méchanceté, on comprend les motivations des uns et des autres. Du point de vue géopolitique, les questions intéressantes soulevées par le tome II sont par contre malheureusement mises de côté.
Une bonne trilogie dans l’ensemble, une excellente oeuvre de littérature jeunesse.

Tome II : Les Jeux du Siècle
Je l’ai préféré au tome I : j’étais davantage dans l’histoire, il y’avait moins d’exposition, les personnages interagissent beaucoup plus et du coup leurs différents points de vue sont plus que des histoires parallèles… Bref c’était très bien, y’a notamment une légère intrigue politique qui est plutôt intéressante, avec la question de la survie possible d’une Cité-Etat en environnement hostile, du risque de recréer une nouvelle classe dominante…

Petit bémol sur une révélation sur la fin du roman qui est un peu cheap (à la Star Wars, tous les personnages important ont des liens familiaux). Globalement j’ai hâte de lire le III.

Tome I : Le Sang n’oublie jamais
Premier tome d’une série jeunesse qui se passe dans une uchronie steampunk où la Commune a gagné, avec des héroïnes badasses, de l’argot louchebem, du féminisme, de la magie. What’s not to like?

Vongozero et Le Lac, de Yana Vagner

04/11/2017, Vongozero :
Un roman de science-fiction post-apocalyptique russe. Une épidémie ravage le monde. Une petite bande de banlieusard moscovites tente de rejoindre un lac perdu dans le Grand Nord qu’ils espèrent assez isolé pour pouvoir survivre.

Comme c’est de la littérature russe, tout le monde boit comme un trou. C’est intéressant parce que leurs plus gros problèmes c’est les autres humains (classique) et le froid/la neige. C’est assez sombre, mais ça change de la SF américaine, c’est cool. Après c’est sympa mais pas incroyable, assez terre à terre dans la description du road-trip. Je lirai bien le tome 2 (une fois qu’ils sont arrivés au lac) si j’arrive à le trouver en poche.

20/09/2018, Le Lac :
J’ai donc trouvé le tome 2 en .epub. Comment survivre en plein hiver en Carélie quand on est dans une cabane de pèche sur un lac gelé, sans carburant ni électricité, et qu’on est 11 citadin.e.s moscovites dont 2 enfants, sans expérience de la nature ? Le roman commence juste à la fin du tome précédent, avec l’arrivée dans la cabane de pèche, et raconte comment passent l’hiver, le printemps et l’été. L’épidémie est toujours une menace lointaine, mais le manque de nourriture est une préoccupation bien plus immédiate. Quelques interactions avec d’autres survivants, la difficulté de vivre les un.e.s sur les autres… Je pense que j’ai préféré au tome 1. Il y avait une interview de l’autrice à la fin du livre, où elle disait qu’elle était très contente que la trad française ait réussi à conserver le côté phrases interminables mais fluide à lire qu’elle avait utilisé pour restituer le monologue intérieur de la narratrice, et effectivement ça se lit très bien et on a bien l’impression d’être dans la tête d’Anna.

Le Zéro et l’Infini, d’Arthur Koestler.

Roman de 1939 sur le système des procès de Moscou. N.S. Roubachof, figure connue du Parti, est arrêté et emprisonné. Le roman alterne entre le déroulement de la vie de Roubachof dans la prison de son arrestation à sa signature de sa confession, et des retours sur les circonstances où il se trouvait du côté de l’accusation dans les purges et discussions doctrinales précédentes.

L’auteur précise en ouverture du livre que la vie de Roubachof est la synthèse de la vie de plusieurs figures réelles victimes des procès de Moscou. Staline, Lénine et d’autres figures historiques ne sont pas nommées explicitement mais sont trivialement reconnaissables. Le livre est intéressant en ce qu’il présente le dévoiement de la Révolution et l’établissement du fanatisme doctrinaire sans être anticommuniste. On a une focalisation sur Roubachof, qui a pris part à ce système depuis la Guerre Civile, y a participé, a cru à la cause de l’URSS. Il regrette là où le système en est arrivé, mais ne considère pas que le problème soit intrinsèque au communisme et le dévoiement inéluctable.

Détail que j’ai apprécié : la hiérarchie du Parti fait que le secrétaire général n’est jamais appelé autrement que N°1, et les prisonniers sont eux nommés par leurs numéros de cellule (Roubachof est n°437). Ça donne un petit côté « le carcéral étendu à l’ensemble de la société » qui fait penser au Prisonnier.

J’ai beaucoup aimé, je recommande.

Pluie noire (黒い雨) de Masuji Ibuse

Un roman japonais de 1965 que j’ai lu en anglais. Le roman décrit sous la forme de journaux et notes pris par différents personnages la vie à Hiroshima juste après l’explosion de la Bombe jusqu’à l’annonce de la capitulation du Japon, puis la vie quelques années après de survivants exposés aux radiations. Le roman a été salué pour sa qualité quasi-documentaire. C’est super intéressant (notamment en ce qui concerne la vie en temps de guerre des populations civiles japonaises, domaine totalement inconnu pour moi) et assez badant (sans surprise).

Ceux du futur, de Jorge Carrión

Roman de SF en huis-clos (il y a pas mal de huis-clos dans les œuvres que j’expérimente en ce moment, mais c’est purement un hasard). Une dizaine de personnages enfermés dans un bunker après l’éclatement de la troisième guerre mondiale, à coup de bombes atomiques.

Pas aimé. J’ai pas trouvé que le roman apportait quoique ce soit au genre. Le style est sympa mais sans plus. Et franchement les fantasmes de viol du narrateur sur une gamine de 13 ans j’aurais pu m’en passer.