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Threshold, de Julien Éveillé

Court jeu vidéo indépendant paru en 2024, avec une esthétique de PSX. On joue le nouvel employé d’un job de maintenance secret : à un poste frontière perdu dans les montagnes, on surveille la vitesse de progression d’un train infini. S’il ralentit, il faut le faire réaccélérer d’un coup de sifflet, mais vu l’altitude l’air est rare, et il faut prendre des cartouches d’air comprimé pour supporter tout effort. On va pouvoir explorer notre environnement de travail pour essayer de comprendre les tenants et aboutissants de la situation, tout en faisant en sorte de continuer à faire avancer le train.

C’était une ambiance un peu (voire carrément) poisseuse, c’est pas de l’horreur au sens jumpscare, c’est psychologique, avec une situation qui nous dépasse mais à laquelle on tente de participer tant bien que mal, alors que les contraintes s’accumulent. Toute similarité avec la condition humaine sous le capitalisme tardif est évidemment accidentelle.

Je recommande si vous aimez les trucs un peu badant et les graphismes low-res.

La Mesias de Javier Ambrossi et Javier Calvo

Série télé espagnole parue en 2023. En 2012, des vidéos YouTube deviennent virales en Espagne : on voit 6 femmes chanter leur amour du Christ dans des montages chelou. Tout le monde est hilare, sauf Enric et Irene : sur les vidéos ce sont leurs demi-sœurs, parties dans un délire sectaire avec leur mère. Pour eux, ces vidéos ravivent les traumas de leur enfance. Ils vont chacun de leur côté tenter de retrouver leurs sœurs. En parallèle, on va voir leur enfance, comment ils se sont retrouvés entrainés dans cet environnement de secte.

C’était dur à voir par moment mais très bien. Les acteurs sont très bons, surtout les trois actrices qui jouent Montserrat. La façon dont elle s’enferme dans son délire et y entraîne ses enfants est bien montré, sa codépendance avec Pep aussi. J’ai trouvé la ligne narrative d’Enric un peu faible dans l’épisode final (on reboucle sur le premier ep, ça montre qu’il tourne en boucle sur des choses qu’il n’a pas dépassé depuis l’enfance, certes, mais c’est pas le plus intéressant thématiquement), là où celles d’Irene et Cecilia fonctionnent très bien jusqu’au bout.

Très bonne bande son aussi, qui fait un bon usage de chansons très classiques. Des plans bien mis en scène avec beaucoup de jeux sur les cadres, les fenêtres, les barreaux, la mise en scène des différents lieux.

Je recommande

He fucked the girl out of me, de Taylor McCue

Jeu vidéo (ou fiction interactive, selon votre définition de jeu) créée en 2022. L’œuvre raconte les premières fois dans le travail du sexe d’une femme trans qui a besoin d’argent pour pouvoir payer son traitement hormonal. Ça parle de trauma, ça peut être dur à jouer, par moment, mais c’est réussi dans le traitement de son sujet et dans le partage d’une expérience et d’un point de vue.

When Harry met Sally, de Rob Reiner

Comédie romantique sortie en 1989. On suit les rencontres de Sally et Harry à travers 12 ans de leur vie. D’abord covoitureuseurs que tout oppose, iels deviennent ami.es puis finalement réalisent qu’iels ont des sentiments l’un.e pour l’autre.

C’est assez daté en termes d’esthétique (ou alors c’est NY de façon générale), c’est sympa mais sans être la comédie qui a le mieux vieilli du monde : tout le trip sur « est-ce que les femmes et les hommes peuvent être ami.es » c’est quand même une autre époque (enfin même pas une autre époque, Four weddings and a funeral date de la même époque et répond totalement par l’affirmative à la question). Mais au moins y’a pas de scène où le mec court à travers un aéroport (bon, il court à travers le Nouvel An).

Babayaga

Un article qui arrive avec un peu de retard parce que j’avais zappé que j’avais ces photos sur mon tel. Visite cet été de la maison Babayaga, une maison qui va être détruite et qui a été transformée en œuvre d’art temporaire d’ici là. C’était assez chouette, pas immense comme la Tour XIII mais de belles œuvres.

Three billboards outside Ebbing, Missouri, de Martin McDonagh

Film étatsunien paru en 2017. Mildred Hayes loue trois panneaux publicitaires pour interpeller le shériff de sa ville sur l’absence de progrès dans l’enquête sur le meurtre de sa fille. Même si ça n’est pas évident au premier abord, le film s’avère être une comédie (assez noire). C’est pas mal les montagnes russes en termes de ton et de sentiments, mais très bon film, bien filmé, Frances McDormand est très très forte dans le rôle principal.

Recommandé.

(J’aime beaucoup aussi Bon Baisers de Bruges, du même réalisateur)

Aliens, de James Cameron

Second volet de la franchise Alien, sorti en 1986. Après 57 ans de dérive de son pod de secours dans l’espace, Ellen Ripley est interceptée par un vaisseau humain. Ramenée en orbite autour de la Terre, elle explique les événements d’Alien à une commission dubitative, qui retient surtout qu’elle a activé le protocole d’auto-destruction d’un vaisseau spatial coûtant 42 millions de dollars, alors que la planète où elle dit avoir découvert le vaisseau spatial contenant les œufs d’Aliens est colonisée depuis 20 ans sans aucun incident à déplorer. Mais cet état de fait change quand la colonie ne répond soudain plus. Ripley est alors recrutée comme consultante indépendante pour le contingent de Space Marines envoyés sur place voir ce qu’il en est. Surprise surprise, il y a bien des Aliens sur la planète, et pas qu’un seul cette fois-ci. C’est de nouveau à Ripley de sauver le jour.

J’ai bien aimé, j’ai vu la version extended cut, qui fait 2h34 – ce qui est un peu trop long – mais l’esthétique SF des 80’s fonctionne bien. Elle fonctionne même largement mieux que dans l’hommage qu’est Alien: Romulus, où ils ont gardé l’esthétique des décors, mais les éclairages, les personnages fonctionnent moins bien à mon sens : notamment dans Aliens les personnages transpirent, c’est quelque chose qui j’ai l’impression a totalement disparu dans les films plus récents. On a aussi des Marines trop sûrs de leurs compétences, une relation mère/fille de substitution, un corporate boy absolument atroce, le design de la Reine, et évidemment un exosquelette à fonction de chariot élévateur.

Je recommande si vous aimez Sigourney Weaver en exosquelette et les métaphores sur la maternité.

Toutouyoutou, de Maxime Donzel et Géraldine de Margerie

Série télévisée française de 2022. Dans les années 80 à Blagnac, Karine, femme au foyer et épouse d’un ingénieur aéronautique, s’emmerde sévèrement et à l’impression d’avoir raté sa vie. Soudain, une nouvelle voisine s’installe, Jane, c’est une américaine qui a l’air de sortir d’un magazine de mode et ouvre une section aérobic dans la salle de sport municipale. Le groupe d’amies de Karine vont s’inscrire, et leurs vies vont être modifiées par cette nouveauté. Non seulement via les cours d’aérobic, mais aussi parce que Jane n’est pas venue s’enterrer à Blagnac sans raison : elle a un certain intérêt pour les entreprises locales qui fabriquent des avions…

C’était une bonne surprise. Le pilote n’était pas incroyable mais la série décolle dès l’épisode 2. Les personnages sont bien écrits et bien joués, les enjeux domestiques des femmes au foyer sont crédibles, la reconstitution des 80’s françaises aussi (notamment tout le trip sur Bernard Tapie ce héros). Mention spéciale pour l’épisode du concours national d’aérobic avec les équipes concurrentes ultra-déterminées. On dirait un peu un successeur spirituel d’OVNI(s), en moins poétique (et pas aussi réussi quand même), entre les questions d’aéronautiques, le décor toulousain et le côté rétro. La fin totalement ouverte de la saison laisse la possibilité d’une saison 2 qui pourrait partir dans pas mal de directions.

Saison 2 (et finale) :

Très réussie aussi. Une tonalité plus sombre que la 1, Karine étant passé du côté espionnage. Toujours assez surpris des gros changements de ton que la série se permet et réussit, en traitant en parallèle les questions d’espionnage, d’aérobic, de vies personnelles. L’arc moral de Karine est assez réussi. Un peu dommage que la série nous colle un trope de tragic gay story. L’évolution du personnage de Mapi fonctionne bien, et la vibe toulousaine de la série est assez réussie juste avec certains plans de coupe (et c’est jamais « oh regardez, voici Toulouse centre », c’est vraiment le côté périphérique). Enfin, le coup de génie du titre : Toutouyoutou two, pour une série qui est à fond sur un bilinguisme qui tourne au franglais, c’est assez parfait.

Slow Horses, de Will Smith

Série télévisée anglaise produite par Apple TV, dont la première saison est sortie en 2022. On suit les aventures de la branche « voie de garage » du MI5 : la division où sont envoyés les espions qui ont suffisamment raté une mission pour être exfiltrés du QG et des opérations courantes. À la tête de la division, Jackson Lamb, ancien héros de la Guerre Froide qui a voulu un poste sans enjeux pour finir sa carrière. En jeune premier, River Cartwright, petit-fils d’un ancien dirigeant du MI5, qui a horriblement raté un exercice d’entraînement. La vie devrait être tranquille dans cette division, mais les dirigeantes du MI5 les emploient périodiquement pour des missions en dehors des circuits officiels, notamment pour des luttes de pouvoir intestines…

C’est bien réussi. On est sur un format mini-série, avec chaque saison qui couvre une histoire complète en moins de 10 eps. Le scénario de la première était très bien (kidnapping par un groupe d’extrême-droite), les suivantes sont plus invraisemblables, mais le timing de la 3 (tiger team) était super, j’ai pas pu lâcher, j’ai bingewatché la saison en deux soirs (et la 4e était un peu plus faiblarde, ça s’essoufle quand même un peu, mais franchement 1 et 3 valent le coup).

La réussite de la série tient aux acteurs et aux relations toutes anglaises entre les personnages. Jackson Lamb applique la recette classique du personnage ultra-compétent mais qui déteste tout le monde et insulte à tour de bras (Malcom Tucker by any other name), les slow horses ont le bon mélange de sympathie et d’incompétence pour les rendre attachants, les seconds rôles sont très réussis aussi (Taverner notamment, en n°2 manipulatrice du MI-5).

Je recommande pour de l’espionnage sans enjeux.

Alien: Romulus, de Fede Álvarez

Film de science-fiction de 2024, dans la franchise Alien. Un groupe de travailleurs sous contrat avec la Weyland-Yutani abordent une station de recherche abandonnée pour récupérer les matériaux leur permettant de partir vers une planète non-affiliée à la corporation. Sauf que si la station a été abandonnée, c’est à cause d’expérimentations sur des Aliens qui ont (évidemment mal tournées). L’arrivée de ces nouveaux humains va conduire à une nouvelle traque par les créatures.

J’ai bien aimé le début. L’esthétique science-fiction des années 80 est bien rendue, l’exploration initiale de la station désertée fonctionne bien. Mais c’est trop long, et la menace devient trop grande à la fin : le fait d’avoir une demi-douzaine d’Aliens, normalement les protagonistes ne survivent juste pas du tout (et l’espèce d’hybride humain/alien, eurk). Des scènes intéressantes : le passage dans le couloir avec les facehuggers, le passage avec l’acide qui flotte en zéro gravité.