Archives par mot-clé : polar

Gone Girl, de David Fincher

Film étatsunien paru en 2014. Amy Elliott Dunne et son mari Nick habitent à North Carthage, Missouri. Le jour de l’anniversaire des 5 ans de leur mariage, Amy disparait.Nick parait le parfait mari éploré, mais rapidement des éléments vont laisser penser qu’il cache peut être un certain nombres de secrets, et qu’il en sait peut-être plus sur la disparition de sa femme qu’il ne le laisse entendre…

Spoilers ci dessous

Sleuth, de Joseph Mankiewicz

Film anglais de 1972, adapté d’une pièce de théâtre. Andrew Wyke, cèlèbre auteur de romans policiers, invite son voisin Milo Tindle a passer chez lui. Il veut lui proposer de mettre en scène le vol des bijoux de sa femme pour toucher l’assurance. Il sait que Milo est son amant et a besoin d’argent pour l’entretenir, et affirme souhaiter lui-même un divorce qui serait facilité par la nouvelle fortune de Milo. Mais derrière ce plan partagé, les deux hommes cachent des motivations et des plans secrets…

J’ai beaucoup aimé. Le film ne comporte que les deux acteurs qui jouent Wyke et Tindle, reprenant le dispositif théâtral, mais ils sont excellents. Le côté mystère en chambre close subverti par le fait qu’on est du côté de ceux qui commettent les crimes fonctionne bien. Le personnage de l’auteur de romans policiers à l’ancienne qui passe son temps à y faire référence et qui a une haine farouche des nouveaux riches (en tant que représentant de l’old money, pas en tant que révolutionnaire) fonctionne très bien.

Je recommande.

Mars Express, de Jérémie Perrin

Film d’animation français présentant une enquête policière dans un monde de science-fiction, et paru en 2023. Dans un futur indéterminé, l’Humanité est une espèce transplanétaire, avec des colonies sur la Lune et une grosse cité sur Mars. Les robots sont monnaie courante, dans des versions plus ou moins androïdes mais toutes assujetties aux Humain.es via un équivalent des Trois Lois de la Robotique. Aline Ruby (humaine) et Carlos Rivera (androïde) sont deux détectives privés qui vont enquêter sur la disparition de deux étudiantes de l’université martienne. Ce faisant, il vont mettre à jour une conspiration aux ramifications gigantesques, comme de bien entendu dans un polar.

L’enquête est assez classique, mais dans le bon sens du terme, on est en terrain tout à fait familier pour un polar, avec des recettes qui marchent. Et c’est tout à fait bienvenu parce que l’univers par contre est beaucoup plus surprenant. On est toujours dans un capitalisme débridé qui ne parle pas du tout d’environnement et prone le consumérisme, mais le rapport des humains aux robots, les avancées de la cybernétique, tout ça rajoute plein d’éléments, qui sont introduits de façon très fluide dans l’histoire mais qu’on ne comprend que petit à petit (ou qui sont juste évoqués en passant, vu que pour les personnages c’est leur quotidien).

Grosse recommandation si vous aimez la SF.

Le Serpent majuscule, de Pierre Lemaître

Roman policier français français paru en 2021 et situé dans les années 80. On suit Mathilde, une tueuse à gages soixantenaire atteinte de troubles de la mémoire. Ces troubles vont occasionner quelques meurtres hors commande, puis ces derniers la contraindre à se retourner contre ses commanditaires déterminés à se débarrasser d’une tueuse qui devient un risque potentiel. On va suivre la cavale meurtrière de Mathilde dans la région parisienne puis sa descente jusqu’à Toulouse, et en parallèle l’avancée de l’enquête concernant ses premiers meurtres (premiers du bouquin, elle a une longue carrière derrière elle). C’est écrit efficacement, les personnages sont réussis, l’intrigue un peu larger-than-life mais prenante néanmoins. Le personnage de Mathilde fonctionne très bien (heureusement, vu qu’il est le cœur du roman).

Magic for Liars, de Sarah Galey

Roman étatsunien de 2019. Ivy Gamble est détective privée. Elle sait que la magie existe, et pour cause : sa sœur dipose de pouvoirs, et est allé dans une école de magie, alors qu’elle même restait dans le monde normal. Mais elle tient enfin l’occasion d’entrer dans le monde magique : la principale de l’école où sa sœur enseigne désormais est venue la chercher pour enquêter sur une mort qu’elle ne pense pas accidentelle dans son école. Ivy va se perdre peu à peu dans ses relations avec les magiciens, imaginant la vie qu’elle aurait pu avoir, tout en enquêtant sur le meurtre…

La prémice était cool, mais assez déçu par l’exécution. La partie enquête policière fonctionne assez mal, on a le trope de la détective qui boit trop, mais l’enquête n’est pas très crédible, les motivations des personnages assez peu claires, et on n’a pas assez d’infos sur l’univers pour que la/le lecteurice ait l’impression de pouvoir trouver des trucs. De plus, la détective est parfois complétement clueless sur des trucs qui sont exposés de façon évidente à la lecteurice et ne suit pas certaines pistes (sans parler de filer tranquillement des infos sur l’enquête à la plupart des suspects). La relation d’Ivy à sa soeur est intéressante, mais beaucoup de trucs sont handwavés d’un « shut up it’s magical »

Bref, comme pour le roman précédent de Sarah Galey que j’avais lu, des idées cool mais faut largement plus travailler l’exécution.

Labyrinthes, de Frank Thilliez

Polar français paru en 2022, qui appartient à une trilogie composée du Manuscrit Inachevé et de Il était deux fois. Une femme a été retrouvée dans la forêt, à côté d’un cadavre au visage réduit en bouillie. Le psychiatre qui la suit va confier à l’enquêtrice comment sa patiente s’est retrouvée là, en détaillant l’histoire de trois femmes, la kidnappée, l’électrosensible et la journaliste. On va suivre en parallèle ces histoires et voir comment elles convergent.

J’ai bien aimé mais à force de lire Thilliez, certaines ficelles deviennent apparentes. Il aime bien jouer avec les amnésies, mais là le truc à la Mémento/Le Caméléon se voit un peu venir. Ca fait un polar sympa, mais en terme d’ambiance vraiment poisseuse je préférais ses premiers de la série des Sharko/Hennebelle.

Fred Vargas

Vu que je suis en train de lire le dernier, je me suis dit que j’allais réunir l’ensemble de mes critiques des polars de Fred Vargas en un unique article que je mettrais à jour au fur et à mesure, comme mes articles sur les séries télévisées. Je constate que je pensais en avoir recensé davantage, vu que je les aies quasiment tous lus, mais certains sont passés entre les mailles de ce blog. Je peux donc ajouter que j’aime beaucoup L’Homme aux Cercles Bleus et Pars vite et reviens tard dans ceux qui ne sont pas détaillés ci-dessous.

Sur la dalle

Bof bof. Franchement à ce point on dirait une mauvaise fanfiction de la série. Y’a plein d’incohérences (le mec qui planque sous une fenêtre pour entendre la conversation des malfrats, puis qui annonce tranquillement que pour quand les enquêteurs vont y aller faudra prévoir de quoi distraire les chiens qui sinon vont aboyer : ??? ; « on va pirater la messagerie du ministère pour envoyer un faux courriel » : ???), y’a zéro cadre administratif (à ce stade c’est plutôt Adamsberg, détective-consultant), y’a des trucs qui arrivent dans l’intrigue et qui en repartent (« oh non, l’Anguille nous a poursuivi en Bretagne ! Bon bah osef finalement. »), niveau scénario c’est juste mauvais. Et puis bon en 2023 j’ai un peu du mal qu’on nous sorte une institution policière tout à fait débonnaire, des Bretons ravis de voir leur village foutu sous couvre-feu sous les ordres d’un commissaire, et un ministre de l’Intérieur qui visiblement s’en fiche qu’un policier se soit pris une balle mais se préoccupe de la réputation de Chateaubriand.

Quand sort la recluse

Grmbl. C’est sympa à lire quand on est plongé dedans, j’ai apprécié le fait que la brouille entre Danglard et Adamsberg permette de mettre en scène les relations d’Adamsberg à d’autres membres de la brigade, mais par ailleurs… Trop de coïncidences, trop de trucs qui tombent du ciel pile sur le trajet du commissaire qui peut ensuite les assembler comme il faut. Je pense notamment que la longueur des romans, bien plus grande que celle des premiers opus de la série, est à blâmer ici : il faut bien meubler, du coup des fausses pistes et des détours qui tombent un peu de nulle part.

Temps glaciaires

Un des rompols de la série des Adamsberg. J’avais un peu décroché de la série parce qu’au 3ème meurtrier surgi du passé du héros, j’étais un peu blasé. On m’a prêté celui là et il était cool, content d’avoir repris. Le bouquin est dense et imaginatif, mais je pense que par certains points ça sert à cacher certaines faiblesses de l’intrigue (typiquement, ils ont zéro raison vraie raison d’abandonner « la piste islandaise » quand ils le font). Ça reste quand même fort sympa à lire, et je me dis qu’il faudrait un petit crossover avec la série des Dirk Gently pour lancer un « Adamsberg, détective holistique », ça colle vachement bien.

Sous les vents de Neptune

Son plus réussi à mon sens. Un mystérieux tueur surgit du passé d’Adamsberg alors que sa brigade part faire un stage d’anthropométrie au Québec.

L’Homme à l’envers

Sympa. Le fait qu’une bonne partie du bouquin ne se focalise pas sur Adamsberg mais sur Camille donne une autre perspective bienvenue dans un Vargas. De façon générale j’aime bien le fait que les premiers Vargas fassent un peu moins « recette ». J’avais trouvé le coupable :)

Sans feu ni lieu

Court polar sympa. Enquête entre Paris et Nevers, par les évangélistes et l’Allemand (ceci est une référence qui ne parle qu’aux lecteurs des premiers Vargas). J’avais trouvé le coupable (à force de lire des Vargas on finit par connaître ses tics).

Entre fauves, de Colin Niel

Roman français de 2020. Martin est agent du parc national des Pyrénées, obsédé par la Nature et farouchement anti-chasse. Apolline est chasseuse à l’arc, fille d’un notable palois, et en partance pour la Namibie pour y chasser un lion classé animal problématique. Komuti est un éleveur himba, dont le troupeau a été décimé par le lion en question. Leurs trois vies vont se croiser dans une narration qui fait des allers retours temporels pour raconter en parallèle la chasse du lion par Komuti et Apolline, et l’identification d’Apolline par Martin à partir d’une photo de sa chasse postée sur les réseaux sociaux.

J’ai bien aimé. J’avais peur que ce soit assez cliché au début, mais la narration propose plusieurs fausses pistes, donne en parallèle le point de vue des trois personnages (et ce qu’ils s’imaginent les uns sur les autres) et les fait évoluer. L’empathie qu’on peut avoir pour le personnage de Martin au début s’évapore au fur et à mesure du roman. C’est écrit un peu comme une murder (et comme une tragédie, pour un sous-plot qu’on voit venir de loin mais qui marche bien dans le style He who fights monsters…).

Rapa, de Pepe Coira et Fran Araújo

Série galicienne de 2021. Lors d’une promenade sur la lande, Tomas, prof de lettres au lycée de Cereida, découvre la maire du village en train d’agoniser. Ennuyé par son boulot, il va décider d’enquêter en parallèle de la police, mais en échangeant avec la commissaire en charge de l’enquête.

J’ai bien aimé. C’est une série courte en 6 épisodes, avec une ellipse temporelle à la moitié. Le spectateur sait rapidement l’identité du/de la meurtrièr.e, mais l’enjeu est sa découverte par les enquêteurs, et surtout le fait de réussir à rassembler des preuves solides pour pouvoir obtenir une mise en examen. Parce que pas mal de personnes ont intérêt à ce que des éléments lié au crime et au mobile ne ressortent pas. On voit en parallèle les tractations politiques à la mairie, la mort de la maire étant survenue alors qu’un projet de mine de métaux rares sur le territoire de la commune devait être débattu.

Sans être la série de l’année, j’ai passé un bon moment devant, c’est une série policière efficace (si vous ne cherchez pas des plot-twists tordus sur l’identité du coupable), avec de beaux paysages et des acteurs qui jouent très bien.

Shining Girls, de Silka Luisa

Série télévisée états-unienne de 2022. Elisabeth Moss joue la survivante d’une tentative de meurtre dans les années 90. Depuis la tentative de meurtre, son environnement change parfois autour d’elle, de petits détails ou des pans entiers de son passé. Quand un meurtre au modus operandi similaire au sien a lieu, elle fait équipe avec le journaliste couvrant le sujet, pour tenter de démasquer le tueur et de trouver un sens à ce qui lui arrive.

J’ai bien aimé. En huit épisodes, ça forme un polar efficace, ancré dans les années 90s, avec des personnages principaux réussis. Le côté journaliste alcoolique qui enquête sur les meurtres que la police classe trop hâtivement fonctionne bien. Les éléments métaphysiques sont bien amenés, le fait de ne pas tenter de les expliquer est réussi aussi. Elizabeth joue bien un perso à la Elizabeth Moss. Le meurtrier avec ses pouvoirs surhumains et son comportement ultracreepy avec les femmes m’a rappelé Kilgrave dans Jessica Jones.

Je recommande si vous voulez un polar sans prétentions.