Archives par mot-clé : polar

Sew Torn, de Freddy McDonald

Film suisso-étatsunien de 2024. Barbara est une couturière qui vit dans une petite vallée suisse &tranquille. Elle tombe par hasard sur un règlement de comptes entre vendeurs de drogue. Elle hésite entre appeler la police, partir sans rien dire ou récupérer la valise d’argent sale. Le film va explorer successivement les trois options et le destin qu’elles promettent à Barbara. À chaque fois, elle va construire un dispositif élaboré avec du fil et des aiguilles pour tenter de se sortir d’une situation épineuse. Si on suspend son incrédulité sur la solidité du fil, c’est rigolo de voir ces espèces de machines de Goldberg en action.

Le film est bien joué, le contraste vendeurs de drogue menaçants et paisibles paysages suisses fonctionne bien. Le scénario n’est pas révolutionnaire mais est bien mis en scène, les divergences qui explorent l’arbre des possibles révèlent un peu plus de background à chaque fois.

Sympa à regarder.

Harlem Shuffle, de Colson Whitehead

Roman policier paru en 2021, qui se passe dans le Harlem des années 60. Ray Carney est un marchand de meubles noir installé de Harlem. Il a à cœur de réussir sa vie et de grimper socialement, avec le contre exemple de son père qui était un petit criminel. Mais en même temps, Carney a un pied dans le monde criminel, où sa boutique sert de façade pour faire du recel d’objets volés. D’abord focalisé sur les télés, radios et autres meubles qu’il peut écouler dans le cadre de son activité de jour, Carney se met progressivement à écouler des bijoux et autres artefacts. On va le suivre en focalisation interne (mais on a un narrateur omniscient donc par moment on va avoir des précisions extérieures à Carney sur certains éléments) sur trois périodes, trois affaires criminelles desquelles il va se mêler, souvent par l’intermédiaire de son cousin Freddie.

J’ai trouvé ça moins prenant que d’autres romans de Colson Whitehead que j’ai pu lire (Nickel Boys, The Underground Railroad), c’est peut-être parce que celui-ci est le premier que je lis traduit plutôt que de lire la VO. Mais ça reste un bon roman, on se fait embarquer par la vie de Ray Carney et le Harlem de l’époque, avec sa vie pour beaucoup parallèle à celle des quartiers blancs voisins, mais qui trouve des intersections lors d’émeutes suite à des violences policières, ou lorsque la police vient récupérer son enveloppe auprès des criminels notoires (dans un move qui fait penser à Serpico).

Les Louves, de Boileau-Narcejac

Roman policier français paru en 1955. Gervais s’échappe avec Bernard d’un stalag allemand. Ils ont pour projet de se cacher à Lyon chez la marraine de guerre de Bernard, mais celui-ci est tué au dernier moment. Gervais se fait alors passer pour Bernard auprès d’Hélène (la marraine de guerre) et c’est ainsi que commence un jeu de dupes entre lui, Hélène, Agnès (la sœur d’Hélène) et Julia la sœur de Bernard.

J’ai bien aimé. C’est du roman noir à l’ancienne avec de la tension psychologique et des personnages tous un peu horribles. Le point de vue du roman est celui de Gervais, mais avec une distanciation qui montre bien qu’il se trouve des excuses pour toutes les saletés qu’il a pu faire et qu’il se considère comme moralement au dessus de tout le monde (essentiellement parce qu’il vient d’une famille bourgeoise et qu’il a eu une éducation classique), alors qu’il est exactement au même niveau moral que les autres personnages.

Cemetery Road, de Greg Iles

Roman policier étatsunien de 2019. Marshall McEwan, journaliste à la renommée nationale, revient pour la première fois de sa vie d’adulte dans sa ville natale du Mississippi, Bienville, pour s’occuper de son père mourant. Mais son père spirituel est assassiné alors qu’il tentait d’empêcher l’implantation d’une usine de papier sur un site archéologique majeur. Marshall décide alors de partir en croisade contre le poker club, le boys club informel qui décide dans l’ombre de toutes les grandes décisions économiques concernant la ville.

C’était assez dense, 880 pages avec des révélations à un rythme soutenu, sur le présent ou le passé de Bienville et de Marshall. L’intrigue fonctionne bien même si le côté « croisade d’un seul contre tous » est parfois un peu trop intense. Y’a aussi quelques scènes de sexe, que j’ai trouvée assez mal écrite. Sinon bon pageturner, je l’ai fini en quelques jours.

Gone Girl, de David Fincher

Film étatsunien paru en 2014. Amy Elliott Dunne et son mari Nick habitent à North Carthage, Missouri. Le jour de l’anniversaire des 5 ans de leur mariage, Amy disparait.Nick parait le parfait mari éploré, mais rapidement des éléments vont laisser penser qu’il cache peut être un certain nombres de secrets, et qu’il en sait peut-être plus sur la disparition de sa femme qu’il ne le laisse entendre…

Spoilers ci dessous

Sleuth, de Joseph Mankiewicz

Film anglais de 1972, adapté d’une pièce de théâtre. Andrew Wyke, cèlèbre auteur de romans policiers, invite son voisin Milo Tindle a passer chez lui. Il veut lui proposer de mettre en scène le vol des bijoux de sa femme pour toucher l’assurance. Il sait que Milo est son amant et a besoin d’argent pour l’entretenir, et affirme souhaiter lui-même un divorce qui serait facilité par la nouvelle fortune de Milo. Mais derrière ce plan partagé, les deux hommes cachent des motivations et des plans secrets…

J’ai beaucoup aimé. Le film ne comporte que les deux acteurs qui jouent Wyke et Tindle, reprenant le dispositif théâtral, mais ils sont excellents. Le côté mystère en chambre close subverti par le fait qu’on est du côté de ceux qui commettent les crimes fonctionne bien. Le personnage de l’auteur de romans policiers à l’ancienne qui passe son temps à y faire référence et qui a une haine farouche des nouveaux riches (en tant que représentant de l’old money, pas en tant que révolutionnaire) fonctionne très bien.

Je recommande.

Mars Express, de Jérémie Perrin

Film d’animation français présentant une enquête policière dans un monde de science-fiction, et paru en 2023. Dans un futur indéterminé, l’Humanité est une espèce transplanétaire, avec des colonies sur la Lune et une grosse cité sur Mars. Les robots sont monnaie courante, dans des versions plus ou moins androïdes mais toutes assujetties aux Humain.es via un équivalent des Trois Lois de la Robotique. Aline Ruby (humaine) et Carlos Rivera (androïde) sont deux détectives privés qui vont enquêter sur la disparition de deux étudiantes de l’université martienne. Ce faisant, il vont mettre à jour une conspiration aux ramifications gigantesques, comme de bien entendu dans un polar.

L’enquête est assez classique, mais dans le bon sens du terme, on est en terrain tout à fait familier pour un polar, avec des recettes qui marchent. Et c’est tout à fait bienvenu parce que l’univers par contre est beaucoup plus surprenant. On est toujours dans un capitalisme débridé qui ne parle pas du tout d’environnement et prone le consumérisme, mais le rapport des humains aux robots, les avancées de la cybernétique, tout ça rajoute plein d’éléments, qui sont introduits de façon très fluide dans l’histoire mais qu’on ne comprend que petit à petit (ou qui sont juste évoqués en passant, vu que pour les personnages c’est leur quotidien).

Grosse recommandation si vous aimez la SF.

Le Serpent majuscule, de Pierre Lemaître

Roman policier français français paru en 2021 et situé dans les années 80. On suit Mathilde, une tueuse à gages soixantenaire atteinte de troubles de la mémoire. Ces troubles vont occasionner quelques meurtres hors commande, puis ces derniers la contraindre à se retourner contre ses commanditaires déterminés à se débarrasser d’une tueuse qui devient un risque potentiel. On va suivre la cavale meurtrière de Mathilde dans la région parisienne puis sa descente jusqu’à Toulouse, et en parallèle l’avancée de l’enquête concernant ses premiers meurtres (premiers du bouquin, elle a une longue carrière derrière elle). C’est écrit efficacement, les personnages sont réussis, l’intrigue un peu larger-than-life mais prenante néanmoins. Le personnage de Mathilde fonctionne très bien (heureusement, vu qu’il est le cœur du roman).

Magic for Liars, de Sarah Galey

Roman étatsunien de 2019. Ivy Gamble est détective privée. Elle sait que la magie existe, et pour cause : sa sœur dipose de pouvoirs, et est allé dans une école de magie, alors qu’elle même restait dans le monde normal. Mais elle tient enfin l’occasion d’entrer dans le monde magique : la principale de l’école où sa sœur enseigne désormais est venue la chercher pour enquêter sur une mort qu’elle ne pense pas accidentelle dans son école. Ivy va se perdre peu à peu dans ses relations avec les magiciens, imaginant la vie qu’elle aurait pu avoir, tout en enquêtant sur le meurtre…

La prémice était cool, mais assez déçu par l’exécution. La partie enquête policière fonctionne assez mal, on a le trope de la détective qui boit trop, mais l’enquête n’est pas très crédible, les motivations des personnages assez peu claires, et on n’a pas assez d’infos sur l’univers pour que la/le lecteurice ait l’impression de pouvoir trouver des trucs. De plus, la détective est parfois complétement clueless sur des trucs qui sont exposés de façon évidente à la lecteurice et ne suit pas certaines pistes (sans parler de filer tranquillement des infos sur l’enquête à la plupart des suspects). La relation d’Ivy à sa soeur est intéressante, mais beaucoup de trucs sont handwavés d’un « shut up it’s magical »

Bref, comme pour le roman précédent de Sarah Galey que j’avais lu, des idées cool mais faut largement plus travailler l’exécution.

Labyrinthes, de Frank Thilliez

Polar français paru en 2022, qui appartient à une trilogie composée du Manuscrit Inachevé et de Il était deux fois. Une femme a été retrouvée dans la forêt, à côté d’un cadavre au visage réduit en bouillie. Le psychiatre qui la suit va confier à l’enquêtrice comment sa patiente s’est retrouvée là, en détaillant l’histoire de trois femmes, la kidnappée, l’électrosensible et la journaliste. On va suivre en parallèle ces histoires et voir comment elles convergent.

J’ai bien aimé mais à force de lire Thilliez, certaines ficelles deviennent apparentes. Il aime bien jouer avec les amnésies, mais là le truc à la Mémento/Le Caméléon se voit un peu venir. Ca fait un polar sympa, mais en terme d’ambiance vraiment poisseuse je préférais ses premiers de la série des Sharko/Hennebelle.