Archives par mot-clé : comédie

Yannick, de Quentin Dupieux

Film français paru en 2023. Dans un théâtre de boulevard parisien, un spectateur qui trouve le spectacle incroyablement mauvais va (littéralement) prendre otage la salle et la troupe pour proposer un texte alternatif à faire jouer aux comédien.nes.

C’était assez chouette. J’aime bien les films récents de Dupieux. Celui là est étonamment straightforward pour un Dupieux mais fonctionne très bien. Le huis clos dans un théatre, les interactions de Yannick avec la troupe puis la salle marchent bien ; ça fait limite pièce expérimentale – le film est assez clair sur le fait que ça ne fait pas partie du déroulement de la pièce, mais en soi ça pourrait être un film méta sur le théâtre expérimental.

Je recommande.

Grand Paris, de Martin Jauvat

Film français de 2023. Lesly et Renard, deux amis habitant à Romainville, partent à Saint-Rémy les Chevreuses récupérer un paquet contre un billet. Ils trouvent une pierre gravée avec des symboles étranges sur un chantier du Grand Paris. Ils vont tenter de la revendre et de comprendre ce qu’elle est dans une errance qui les fait tourner autour de Paris, de noctilien en RER en soirée dans un pavillon en exploration de carrières. Le centre de Paris n’est visible que dans le lointain, les deux amis explorent les recoins paumés de l’Île de France et leurs curiosités architecturales (la pyramide de Choisy le roi, divers chantiers, la tour de Romainville…) Ils fument des pétards à la chaîne, discutent beaucoup, rencontrent des gens randoms, se soutiennent et s’embrouillent.

J’ai bien aimé. C’est assez court (1h11), ce qui est un bon format de film, les plans sur les gares, les trains, les pavillons et tout le périurbain sont assez réussis. Il y a une petite vibe Philippe Vasset ou Serge Lehman dans ce côté « les mystères du suburbain », qui me parle tout à fait. Bonne surprise, je recommande.

Gremlins, de Joe Dante

Film fantastique américain sorti en 1984. Durant les fêtes de Noël, un père de famille ramène à son fils un animal de compagnie acheté dans une mystérieuse boutique chinoise : un mogwai.
Cette créature intelligente et mignonne est accompagnée de trois règles pour en prendre soin : ne pas l’exposer à la lumière, ne pas l’exposer à l’eau, ne pas lui donner de nourriture après minuit. Évidemment ces trois règles sont transgressées, et le mogwai donne naissance à une pléthore de gremlins, son alter ego maléfique, qui vont dévaster la petite ville de Kingston Falls, jusqu’à ce que les héros réussissent à s’en débarrasser avec l’aide de Gizmo, le mogwai originel.
C’était assez sympa, ça respecte bien la forme du conte de Noël avec des personnages (les humains comme les gremlins) over the top, la dévastation causée par les gremlins est cool à regarder (les gremlins ont d’ailleurs une compréhension assez instantanée de comment fonctionnent la société et les machines humaines – renforçant leur statut de créatures magiques)

C’était cool comme film de Noël, et il en existe une bien meilleure critique dans Chroma.

Airplanes, de Zucker, Zucker et Abrahams

Comédie états-unienne de 1980. Un ancien pilote militaire phobique de l’avion embarque dans un avion de ligne pour tenter de convaincre sa petite amie hôtesse de l’air de rester avec lui. Suite à une intoxication alimentaire, il doit prendre les commandes et faire atterrir l’avion.

Le scénario tient sur un timbre poste mais ce n’est pas l’important. Le film contient une énorme quantité de gags à la minute (certains un peu sexiste et datés, mais la majorité très bien), ça enchaine en permanence, il y a toujours quelque chose en arrière plan. C’est une excellente maitrise de la grammaire des gags. Je l’avais vu petit mais je ne me rappelais que de bribes.

Je recommande dans le genre comédie.

Don’t look up, d’Adam McKay

Comédie sortie fin 2021. Deux astronomes découvrent une météorite sur une trajectoire de collision avec la Terre. A leur grand désarroi, le gouvernement des États-Unis et les médias considèrent l’information comme juste une info de plus et non pas la priorité absolue que cela devrait être.

C’était une comédie sympathique mais assez anecdotique. J’ai trouvé que le sous-texte politique était assez peu réussi : globalement le problème c’est « le vilain PDG, la vilaine présidente, les vilains présentateurs télé », je trouve qu’alors qu’il prétend dénoncer « le système », le film passe finalement singulièrement à côté de ça : du coup ça fait assez daté, une critique des années Trump alors qu’on voit bien depuis le début du mandat de Biden que ça ne marche pas du tout mieux avec lui : on ne peut pas réduire le problème aux visages qui l’incarnent.

Par contre c’est bien joué, avec un casting de stars impressionnant. J’ai bien aimé le personnage assez secondaire de Timothée Chalamet, qui a plus de profondeur en quelques scènes que les personnages principaux. Le running gag des snacks de la Maison Blanche était rigolo par son côté totalement absurde, mais pour le reste les gags étaient quand même assez faciles.

Schmigadoon!, de Cinco Paul et Ken Daurio

Série télévisée musicale de 2021. Un couple de médecins new-yorkais de notre époque et dont la relation se déteriore se retrouve lors de vacances romantiques coincés dans la ville magique de Schmigadoon, une ville fonctionnant selon les standards des comédies musicales de l’âge d’Or. Là, leurs interactions avec les différents habitants va leur faire prendre conscience que l’amour (comme la Révolution – mais ça c’est moi qui rajoute, pas la série) n’est pas un acquis mais toujours un process.

C’était sympa (mais je suis pas très difficile en terme de série/comédie musicale), mais anecdotique. Le décalage entre les deux protagonistes modernes (dont un des deux n’aime pas les comédies musicales et refuse de chanter) et le reste du cast coincé 75 ans plus tôt et beaucoup trop réjoui fonctionne très bien. Mention spéciale à Kristin Chenoweth qui trippe à fond dans le rôle de la méchante, leader des Mothers Against the Future.

Le Sens de la Fête, d’Olivier Nakache et Éric Toledano

Film français de 2017. Bacri joue Max, le patron d’une petite société d’événementiel spécialisée en planification de mariage. On le suit, lui et son équipe, sur toute la mise en place et le déroulé du mariage d’un client particulièrement relou dans un château magnifique. C’était très réussi. Tout les personnages sont bien : Max bien sûr, mais Jean-Paul Rouve en photographe jemenfoutiste, le DJ qui chante du yaourt avec aplomb, le serveur embauché au dernier moment qui ne connaît rien au milieu et enchaîne les catastrophes, le marié totalement infect (mention spéciale pour lui, le personnage est très très très réussi). Le film est bien rythmé, avec les différentes péripéties de l’organisation de la soirée, le tout sur une bande-son d’Avishai Cohen très réussie.

Grosse recommandation pour un fil good movie.

The Big Short, d’Adam McKay

Film américain de 2015, présentant les ressorts financiers de la crise de 2008. On suit trois groupes de financiers à l’extérieur de l’écosystème mainstream de la Bourse américaine, qui réalisent dès 2005 que les produits financiers les plus en vogue, officiellement solides car adossés au marché de l’immobilier, sont en fait complètement vérolés : ces produits sont des agrégations d’assurances sur les défauts de paiement des crédits immobiliers, mais aucune vérification n’est fait a priori sur la solvabilité des gens qui contractent les crédits. De plus, les mécanismes d’agrégation agglomèrent des crédits avec des taux de risque différente, et considèrent ce panachage en soi comme une garantie de solidité. Enfin, tout un marché secondaire s’est mis en place avec des produits qui sont basiquement des assurances sur le défaut de paiement des assurances sur le défaut de paiement, ce qui fait qu’il y a une somme d’argent gigantesque brassée, le tout basé sur un marché de l’immobilier qui est clairement une bulle.

Les acteurs principaux de la Bourse sont tellement impliqués jusqu’au cou dans ces transactions qu’ils n’ont pas intérêt à y regarder de trop près, c’est pourquoi ce sont des outsiders qui vont voir l’embrouille, prendre des positions boursières contre la tendance à la hausse du marché (shorter le marché, d’où le titre du film), et voir à leur grand désarroi tout le marché secondaire rester à la hausse bien plus longtemps que ce qu’il aurait dû si les acteurs boursiers divers faisaient correctement leur travail, aggravant d’autant plus la crise subséquente.

Niveau mise en scène, c’était intéressant, il y avait plein d’acteurs bankables à contre emploi. Le film prend le temps d’expliquer quelques passages techniques dans des séquences didactiques. Par contre il ne faut pas avoir peur de voir 2h10 pleines de testostérone et de gens en costard cravate assez antipathiques. Mais ça vaut le coup, le film réussit bien à expliquer des mécanismes complexes, et comment personne n’a fait son taff correctement face à la perspective de profits à court terme.

Un Air de Famille, de Cédric Klapisch

Film français adapté d’une pièce de théâtre du duo Jaoui/Bacri, dans lesquels ils jouent tous les deux. Vendredi soir, petite ville indéterminée du Sud de la France. Comme chaque vendredi Henri accueille son frère, sa sœur et sa mère dans son bar avant qu’ils aillent au restaurant tous ensemble. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Yolande, la femme de son frère Philippe, le frère en question est passé à la télé, sa sœur à dit ses 4 vérités à son patron insupportable, et la femme d’Henri a décidé de prendre une semaine « pour réfléchir ».

Ça crie beaucoup. Le film met en scène une famille dysfonctionnelle et ça s’entend. Henri a repris le bar que son père tenait, sa mère voit ça comme un échec, et ne se prive pas de lui faire savoir. Bacri campe un personnage de râleur (surprise) un peu réac mais qui devient attachant quand on voit ses faiblesses : son attachement à son chien paralysé, son désarroi devant le départ de sa femme, sa relation tout en coup de gueule mais néanmoins attachée à son employé (Denis, joué par Darroussin). Le film est un presque huis-clos, logique vu qu’il est adapté d’une pièce de théâtre. Quelques longueurs mais de belles scènes : Bacri qui tente de voir sa femme partie chez une amie, avec tout les gamins qui zonent en bas de l’immeuble qui l’encouragent ; Darroussin et Frot qui dansent ensemble. D’ailleurs le personnage de Catherine Frot est très réussi et très bien joué, j’ai l’impression qu’elle est toujours un peu castée dans le même rôle, mais là elle y ajoute une certaine subtilité – en comparaison avec Cuisine et Dépendances, son personnage de bourgeoise un peu cruche est quand même mieux réussi que celui de Zabou.

Je recommande, si vous n’avez rien contre les gens qui s’engueulent en criant.