Archives de catégorie : Séries

Tuca and Bertie, de Lisa Hanawalt

Série animée en trois saisons. On suit les deux personnages titres, deux amies qui sont des oiseaux anthropomorphiques trentenaires. Le dessin fait penser à Bojack Horseman (ce qui est tout à fait logique puisque c’est Hanawalt qui dessinait BH), mais dans un univers plus surréaliste/cartoonesque, et un point de vue qui n’est pas celui d’un acteur dépressif.

J’ai beaucoup aimé. Les personnages sont attachants, l’univers est beau et cool, et très imaginatif mais auto-cohérent. Les thèmes abordés sont traités avec finesse (et en même temps une approche très cartoonesque). Le côté « amies que tout oppose » fonctionne très bien avec Tuca ultra extravertie et Bertie beaucoup plus introvertie, mais dans un job stable là où Tuca enchaîne les petits boulots.

Je recommande.

Reservation Dogs, de Sterlin Harjo et Taika Waititi

Série télé étatsunienne de 2021. On suit la vie de quatre adolescents qui vivent dans une réserve indienne et qui s’y ennuient sacrément. Ils veulent partir en Californie, et réunissent de façon souvent illégale de l’argent pour payer leur voyage. Au delà des quatre personnages principaux, on suit la vie quotidienne de la communauté native-américaine dans la réserve, sous la forme d’une comédie. La série traite du mal-être des jeunes en milieu rural et visiblement encore plus dans les réserves native-américaines et des relations familiales. Les acteurs sont très bons dans leur rôle et c’est intéressant de voir un mode de vie différent – pas tant dans le côté « des amérindiens si exotiques » (même s’il y a des éléments spécifiques à la culture amérindienne) que « l’Oklahoma rural et son ennui profond ». Le décentrement du regard est réussi (scène très rigolote où deux texans blancs passent devant les personnages principaux de l’épisode en ne disant que « Taxes. Gay agenda. Return on investment! » et autres mots clefs). J’ai bien aimé l’inclusion d’éléments fantastiques en lien avec les traditions amérindiennes sans que l’on sache quel statut ils ont réellement : les visions de Bear, les souvenirs de la Deer Lady de Big, le rituel antitornade d’Uncle… C’était intéressant de les présenter comme des idiosyncrasies des personnages, aussi : si ses potes posent des questions à Bear sur ses visions (ce qui est un peu miné par la nature des visions avec son guerrier un peu tocard), Big et Uncle ont l’air un peu tout seul dans leur vision du monde, ce n’est pas présenté comme un paradigme (oui je sors tous mes grands mots dans cette critique) partagé par tous les personnages.

Bref, c’était cool, pas prise de tête et original, je regarderai avec plaisir la S2.

Saison 2

Une saison 2 un peu plus lourde émotionnellement. On parle beaucoup plus de deuil : celui de la mère d’Elora, de sa grand-mère, et surtout, celui de Daniel. Autant pendant la première saison le suicide de Daniel était juste un élément de l’arrière-plan commun des héros, autant dans cette saison l’enjeu du travail de deuil que doivent faire les personnages est beaucoup plus présent. Les visions des ancêtres sont davantage partagés entre différents personnages : la mère de Daniel, Bear toujours, Uncle, Elora avec sa grand-mère. On voit aussi toujours la vie de la communauté au delà des héros : la vie des femmes qui travaillent pour l’Indian Health Service (dont la mère de Bear), une aventure de Big avec Kenny Boy.
C’est toujours aussi bien, ça remue davantage émotionnellement. Les acteurices sont tou.tes très bon.nes.

Je recommande toujours.

Physical, d’Annie Weisman

Série étatsunienne de 3 saisons, diffusée entre 2021 et 2023. Dans la Californie du Sud des années 80, Sheila Rubin, femme au foyer, va découvrir l’aérobic, ce qui va changer toute sa vie : elle va devenir financièrement indépendante, gérer sa santé mentale, faire exploser son couple.

C’était assez cool, surtout la première saison (qui est vraiment très bien, petite baisse de régime après, mais ça vaut le coup d’être regardé dans son entièreté même si la saison 3 rushe la fin). La série retranscrit bien le côté individualiste des années 80 : si on est derrière Sheila pour le côté émancipation de son arc narratif, pour autant plus ça va et plus elle devient (redevient ?) de droite. Le personnage de John Breem est très réussi aussi. Globalement tous les personnages de la série sont assez détestables, à des degrés divers, sauf peut-être Bunny et Tyler, qui sont les deux seuls persos de la série qui ne font pas partie de la bourgeoisie locale.

La série réussit bien la représentation des problèmes mentaux de Sheila, à la fois sa boulimie et sa self-hate, présente d’abord comme une voix intérieure puis comme des hallucinations de différentes personnes de son entourage. La façon dont l’aérobic lui permet d’en sortir (un peu) est bien mis en scène : c’est remplacer une obsession par une autre (et potentiellement mettre sa santé en danger avec, quand elle a un problème physique qu’elle ne traite pas pour ne pas apparaitre faible), et c’est une route compliquée, ou elle va avoir des rechutes, une progression épisodique : même si elle a une épiphanie sur l’aérobic, ça ne suffit pas pour que tout aille mieux dans sa vie d’un seul coup.

Je recommande, surtout la première saison qui arrive bien à mêler les enjeux environnementaux aux autres thématiques de la série.

Scavengers Reign, de Joseph Bennett et Charles Huettner

Série dessinée de SF, sortie en 2023. Suite à une malfonction de leur vaisseau atteint par une éruption solaire, divers membres de l’équipage du Demeter se retrouvent naufragés sur Vesta, une planète pleine d’une vie fondamentalement alien. Une douzaine d’épisodes qui permettent de voir plein de paysages de Vesta et des créatures qui les habitent. Le dessin est très beau et les auteurs sont très imaginatifs sur les créatures, mais je n’est pas trouvé les écosystèmes très crédibles : les créatures sont beaucoup là pour faire avancer l’histoire, et il y a plein de mécanismes qui sont particulièrement pratiques pour les humains (entre les créatures qui tentent de les manger ou de les parasiter). Mais si on accepte de laisser son bagage d’écologue derrière soi, c’est très sympa à regarder, avec une jolie ligne claire.

Je recommande.

For All Mankind, de Ronald D. Moore et Ben Nedivi

Série télé uchronique. En 1969, l’URSS réussit le premier alunissage de l’Humanité, avant de surenchérir avec l’alunissage d’*une* cosmonaute. En réaction et sous pression de la Présidence, la NASA accélère fortement son programme spatial, décide de l’ouvrir aux astronautes femmes, et lance la construction d’une base permanente sur la Lune.

Saison 1 :

J’ai beaucoup aimé. On commence avec des astronautes (et leur entourage) qui sont des stéréotypes en carton-pâte, et la série les déconstruit progressivement pour en faire de vraies personnes avec des vies compliquées. Il y a une palanquée de problèmes techniques dans l’espace qui tiennent les spectateurices en haleine, et ce d’autant plus qu’en bonne série post-GoT, les scénaristes n’hésitent pas à tuer des personnages principaux (en terme de tension qui te tient rivé à ton siège, mention spéciale à l’épisode 9).

C’est fortement dans la même veine que The Calculating Stars, même si l’uchronie et la période temporelle sont un peu différentes, et c’est très cool de voir ce genre d’histoire sous la forme d’une série avec un bon budget pour les décors.

Saison 2 : (spoilers below)

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Sous contrôle, de Charly Delwart

Mini-série Arte en 6 épisodes. Marie Teyssier, directrice de l’ONG Docteurs du Monde est nommée ministre des affaires étrangères française. Idéaliste, elle va consacrer toute son action à la résolution d’une prise d’otage au Sahel, tout en découvrant les coulisses de la politique.

C’était cool. On voit en parallèle les efforts de Marie Teyssier et les contacts avec la France des preneurs d’otage, qui tentent de se professionnaliser, mais qui sont assez incompétents (et de plus en plus perplexes devant les errements de la diplomatie française. C’est bien joué, et le pari de faire rire avec un sujet sensible comme celui-là est remporté par la série. De la bonne comédie politique.

Our Flag Means Death, de David Jenkins

Série télé de 2022. On suit les aventures d’une version fictive de Stede Bonnett, un propriétaire terrien de la Barbade qui a abandonné sa vie à terre pour devenir un pirate. On suit notamment sa relation avec Barbe-Noire, la fascination qu’ils exercent l’un sur l’autre puis la romance qui se développe entre eux.

J’ai beaucoup aimé. Il y a un côté très théâtral dans le côté « low-budget » de la série, où c’est souvent 10 personnes sur un bateau perdu au milieu de l’océan. La série a un ton comique, pas du tout historique. On s’attarde surtout sur les émotions des personnages et leurs relations, le décalage entre les attentes de Bonnett et la réalité de la vie de pirate (et comment c’est sa vision qui finit par s’imposer). Taika Waititi est excellent dans le rôle de Barbe-Noire, il a un magnétisme incroyable. Globalement, tous les rôles (et les relations entre les persos) sont très réussis, mention spéciale à Israel Hands qui a l’air de Malcolm de The Thick of It perdu dans un univers où tout le monde ignore ses tentatives d’intimidation.

Grosse recommandation, et j’espère qu’il y aura une seconde saison.

EDIT 2023 :

Il y a eu une seconde saison (mais vu sa conclusion c’est probablement la dernière, ce qui est pas mal narrativement pour éviter que ça ne s’épuise) ! Démarrage un peu lent avant que les persos principaux ne soient réunis, le côté pétage de câble total de Barbe-Noire est bien réussi. Tout le monde est encore plus choupi et gay que dans la saison 1, c’est vraiment très bien.

Article invité : Lâcher prise

Série québécoise de 4 saisons, sorties entre 2017 et 2020 et accessible en streaming farpaitement légal sur TV5 Monde Plus.

Une série drôle, fine et émouvante sur le burn-out (et plein d’autres choses, notamment les relations familiales/filiales et on sait que j’aime ça), avec des personnages géniaux (du genre aussi insupportables qu’attachants, fortiches et vulnérables comme des bébés chats), mille punchlines hilarantes par épisode, des acteurices excellentissimes, une référence à Jean Leloup ♥, deux premières saisons formidables et deux suivantes certes un peu en dessous mais toujours un régal, bref, à gavisionner sans attendre.

Night Sky, de Holden Miller

Série télé de 2022, annulée après une saison. Les York, septuagénaires vivant dans l’Illinois, ont dans leur jardin un secret : un téléporteur qui les amène dans un poste d’observation sur une autre planète. Ils n’ont jamais osé sortir du poste d’observation, n’ayant pas de garanties que l’air extérieur est respirable. Mais un jour, Irène trouve un homme blessé dans le poste d’observation…

J’aime beaucoup les deux acteurs principaux et je trouve que faire une série de science fiction avec des personnages principaux âgés est bienvenu, mais bon il se passe quand même pas grand chose, la série passe son temps à donner des indices sur de plus grands mystères qu’on ne verra finalement jamais puisqu’elle a été annulée. Sympa pour les performances d’acteurs et ce qu’on devine des mystères généraux, mais ignorable dans l’ensemble.

Outer Range, de Brian Watkins

Série étatsunienne dont la première saison est sortie en 2022. Dans le Wyoming, la famille gère un ranch depuis des générations. Royal a été champion de rodéo, son fils Rhett est sur ses traces. Mais le ranch a connu des jours meilleurs, la femme de Perry (le second fils) a disparu du jour au lendemain, le ranch voisin réclame sur la fois de relevés cartographiques une énorme portion de terrain des Abbott. Oh et puis il y a le trou. Un trou immense qui est apparu sur le terrain, et qui mène quelques part. Et une hippie qui débarque un jour, avec des visions d’un ancien symbole indien qui apparait dans le paysage sur le ranch des Abbott.

Le trailer me faisait pas mal envie, et de fait c’est bien filmé. Le côté Amérique profonde, certains tropes de western réactualisés sont intéressants. Mais l’histoire ne fait pas grand sens ou n’avance pas : c’est joli mais ça n’a pas grand chose à dire. Dommage, parce qu’il y avait des éléments réussis : le personnage de Billy Tillerson, qui visiblement pense être dans une comédie musicale, les relations familiales des Abbott, certains cadrages et éclairages (la scène de duel dans le dernier épisode notamment marche très très bien). Mais bon, c’est noyé dans le gloubi-boulga général.