Archives de catégorie : Séries

Kaos, de Charlie Covell

Série télé sortie en 2024. L’histoire se passe dans un monde où les dieux de l’Olympe existent, et sont toujours vénérés de nos jours. L’histoire, racontée par Prométhée qui est à la fois protagoniste et narrateur omniscient, met en scène le début de la révolte des Humains contre ce panthéon, et particulièrement contre Zeus, dont la paranoïa le conduit à vouloir faire s’abattre des catastrophes naturelles sur l’Humanité pour les forcer à l’adoration.

Ca commence très bien, le côté mythologie modernisée fonctionne, Jeff Goldblum est très bon en tant que tyran domestiques aux capacités divines, mais ça s’essouffle un peu à partir de la moitié de la série. L’Olympe fait quand même très vide, avec une famille divine réduite à 6 personnes – même si les autres dieux et déesses sont évoqués on ne les voit jamais – et à part Zeus, ceux qu’on voit ne font pas grand chose de divin… De la même façon, le monde se réduit à la Crète, et même à sa capitale d’Heraklion, le reste n’est jamais évoqué. Il aurait fallu plus de dieux, moins de scènes filler dans les Enfers, et une ligne narrative + inspirante que celle d’Orphée (même si le twist dessus est intéressant). Ah et un point tout à fait mineur mais qui m’a personnellement agacé, c’est les petits bouts de latin. Oui ça fait antique, mais il s’avère que la langue grecque existe ? Et que c’est plus cohérent avec le panthéon grec et une histoire située en Crète ?

Bref, un gros potentiel pas totalement réalisé (+ une saison qui n’est que la moitié d’une histoire qui devrait se continuer dans la saison 2), mais si vous aimez de base la mythologie (et/ou Jeff Goldblum), vous apprécierez la série.

Arcane, du studio Fortiche

Série d’animation dont la première saison est sortie en 2021, et prenant place dans l’univers de League of Legends. On suit l’enfance puis la fin de l’adolescence de deux sœurs, Violet et Powder, dans les villes jumelles de Zaun et Piltover. Nées à Zaun, cité pauvre et souterraine aux pieds de la riche Piltover, les deux sœurs ont été témoins de la mort de leur parents lors d’une tentative de révolte des zaunites contre l’autorité de Piltover. Recueillies par un des leaders de la révolte, elle grandissent à Zaun avant d’être séparées, et de se retrouver des deux côtés d’un conflit à la fois entre les deux cités et les différentes factions qui s’agitent au sein de chacune des deux, alors que l’invention de l’HexTech, une façon d’exploiter les énergies magiques, démultiplie la richesse de Piltover – et les appétits.

L’animation est très belle, avec des décors dans un style peinture à l’huile, et une esthétique steampunk/Belle Époque pour les deux villes, et des trucs un peu plus audacieux en termes de rendu sur la seconde partie de la série. Par contre j’ai trouvé l’ensemble des personnages assez clichés, on est énormément sur des archétypes, même pour les deux persos principales, y’a pas une grande profondeur psychologique.

Doctor Who

Saison 14
Nouveau Docteur, sous les traits de Ncuti Gatwa. J’ai pas été très convaincu par la saison. Très bon épisode 2 (The Devil’s Chord), 73 yards et Rogue étaient intéressants aussi, le reste c’était un peu du filler. Final en deux parties qui était nul nul nul. J’ai bien aimé les épisodes de transition avec Tennant aussi, évidemment pour le fait de revoir Tennant, mais les histoires (au moins pour les 1 et 2) fonctionnaient bien aussi

Saison 12
Meh. Les défauts de la saison précédentes sont toujours tous là, voire exacerbés. On n’arrive pas à s’intéresser aux enjeux, trop de persos principaux avec peu de profondeur. Les épisodes les plus intéressants sont ceux qui rajoutent un peu de fil narratif sur l’échelle de la saison, mais c’est dommage de rater tous les one-shot à ce point. Bons points pour Fugitive of the Judoon ainsi que pour le final, donc. J’ai apprécié les hommages aux saisons précédentes, mais ça ne suffit pas à masquer l’absence de développement de certaines histoires. Les pistes introduites pourraient par contre donner des choses intéressantes pour la prochaine saison s’ils les creusent et s’ils mettent en avant le personnage joué par Jo Martin.

Saison 11
Sentiments mitigés. Le personnage de la 13e Docteure est très bien en soi, mais y’a des épisodes où il ne se passe pas grand chose. Je comprends la volonté de se démarquer des saisons précédentes et de leurs grands arcs sur la saison entière, mais parfois c’est quand même assez dépourvu d’enjeux. De très bons épisodes cependant : Kerblam!, Rosa, The Witchfinders, Arachnids in the UK. Je pense qu’un des problèmes de la saison c’est le trop grand nombre de compagnons : même s’ils sont intéressant, ça divise trop le temps d’écran.

Saison 10
Une très bonne saison. C’est la dernière avec Moffat comme showrunner, ce que je trouve une bonne nouvelle (si le/la remplaçant.e est à la hauteur, mais Moffat n’avait plus grand chose à apporter à la série). Les épisodes étaient globalement solides, l’arc narratif à l’échelle de la saison était sympa mais venait pas trop parasiter les histoires de chaque épisode. Pas mal de remarques et éléments progressistes. J’ai trouvé que le tryptique sur les Moines était la partie la plus faiblarde de la Saison, avec beaucoup de lenteurs. Le reste était cool, l’esthétique du final était superbe. Ça se finit un peu brutalement et c’est vraiment dommage que Bill ne soit compagnonne que pour une saison, j’espère qu’on aura l’occasion de la revoir. On a vu la mort de Missy, mais on peut aussi espérer que le temps n’étant pas linéaire, on ait quand même l’occasion de la revoir (et c’était un plaisir de revoir John Simm aussi, sa version du Master est super).
[Edit au 17/07/2017 : et le prochain Docteur est une Docteure (Doctoresse ? Doctrice ? Bah, de toute façon je regarde en VO et c’est épicène) ! Ça va être vachement cool, j’espère qu’ils vont fortement insister sur le côté personnage puissant et pas le diluer. Beaucoup d’attentes.]

Doctor Who Christmas Special S10
Petit épisode de Noël de Doctor Who pour patienter en attendant la prochaine saison. Il parlait relativement peu de Noël et fonctionnait plutôt bien. Des comics, des super-pouvoirs, des aliens très méchants, et des pistes laissées ouvertes que Moffat va probablement réutiliser dans son grand adieu à la série.
[EDIT 07/2017 : finalement, non]

Doctor Who Christmas Special S07
Avec des bonhommes de neige maléfiques. Il commençait bien, poétique et tout (un escalier qui mène sur un nuage, où est perché une cabine téléphonique), de jolies répliques (« It’s… smaller on the outside! ») mais la fin est un peu brouillonne, avec deux retournements de situation qui s’annulent en 5 minutes, et un personnage féminin fort qui finalement meurt stupidement. (Note d’Août 2013 : Globalement ce verdict s’applique à tous les épisodes qui suivront)

Reservation Dogs, de Sterlin Harjo et Taika Waititi

Série télé étatsunienne de 2021. On suit la vie de quatre adolescents qui vivent dans une réserve indienne et qui s’y ennuient sacrément. Ils veulent partir en Californie, et réunissent de façon souvent illégale de l’argent pour payer leur voyage. Au delà des quatre personnages principaux, on suit la vie quotidienne de la communauté native-américaine dans la réserve, sous la forme d’une comédie. La série traite du mal-être des jeunes en milieu rural et visiblement encore plus dans les réserves native-américaines et des relations familiales. Les acteurs sont très bons dans leur rôle et c’est intéressant de voir un mode de vie différent – pas tant dans le côté « des amérindiens si exotiques » (même s’il y a des éléments spécifiques à la culture amérindienne) que « l’Oklahoma rural et son ennui profond ». Le décentrement du regard est réussi (scène très rigolote où deux texans blancs passent devant les personnages principaux de l’épisode en ne disant que « Taxes. Gay agenda. Return on investment! » et autres mots clefs). J’ai bien aimé l’inclusion d’éléments fantastiques en lien avec les traditions amérindiennes sans que l’on sache quel statut ils ont réellement : les visions de Bear, les souvenirs de la Deer Lady de Big, le rituel antitornade d’Uncle… C’était intéressant de les présenter comme des idiosyncrasies des personnages, aussi : si ses potes posent des questions à Bear sur ses visions (ce qui est un peu miné par la nature des visions avec son guerrier un peu tocard), Big et Uncle ont l’air un peu tout seul dans leur vision du monde, ce n’est pas présenté comme un paradigme (oui je sors tous mes grands mots dans cette critique) partagé par tous les personnages.

Bref, c’était cool, pas prise de tête et original, je regarderai avec plaisir la S2.

Saison 2

Une saison 2 un peu plus lourde émotionnellement. On parle beaucoup plus de deuil : celui de la mère d’Elora, de sa grand-mère, et surtout, celui de Daniel. Autant pendant la première saison le suicide de Daniel était juste un élément de l’arrière-plan commun des héros, autant dans cette saison l’enjeu du travail de deuil que doivent faire les personnages est beaucoup plus présent. Les visions des ancêtres sont davantage partagés entre différents personnages : la mère de Daniel, Bear toujours, Uncle, Elora avec sa grand-mère. On voit aussi toujours la vie de la communauté au delà des héros : la vie des femmes qui travaillent pour l’Indian Health Service (dont la mère de Bear), une aventure de Big avec Kenny Boy.
C’est toujours aussi bien, ça remue davantage émotionnellement. Les acteurices sont tou.tes très bon.nes.

Saison 3

Dernière saison. Bear se retrouve isolé du groupe lors de leur retour de la Californie et a un long voyage de retour où il rencontre un ancien habitant de la réserve, ainsi que la Deer Lady : globalement la série prend le temps de davantage nous parler des générations précédentes sur la première partie de la saison, avec tout un épisode qui se passe lors de la jeunesse de Fixico, Mabel et cette génération (les grands parents des héros habituels, donc). Elora envisage de partir au collège, Willie Jack se rapproche d’Old Man Fixico pour apprendre la médecine traditionnelle, Bear continue à travailler dans le BTP, sa mère envisage de prendre un job à Oklahoma City : on arrive à la fin de l’adolescence des personnages principaux, qui deviennent des jeunes adultes, le groupe s’éparpille un peu.

Globalement, bonne durée de série, des personnages réussis qu’on voit évoluer sur les trois saisons et qu’on lâche avec un petit pincement au coeur.

Je recommande.

La Fièvre, d’Éric Benzekri

Série française parue en 2024. Sam, une spécialiste de la gestion de crise dépressive, est appelée à la rescousse du Racing Paris : leur joueur phare a mis un coup de tête à son entraîneur lors d’une cérémonie de remise des prix, en le traitant de « sale toubab ». Ce qui aurait pu n’être qu’un coup de sang comme 1000 autres en l’absence de caméras devient rapidement le fait divers dont toute la France parle, militants identitaires et décoloniaux alimentant la polémique, y voyant la validation de leur vision de la société. Au milieu de tout ça, la gentille Sam tente d’influencer le récit public pour ne pas aggraver les fractures du pays, quand sa némésis d’extrême droite Marie Kinsky souffle sur les braises pour pousser la nation vers la guerre civile.

Pas très convaincu. Y’a un côté « les extrêmes s’alimentent l’un l’autre, mais les fachos le font en toutes conscience quand l’extrême-gauche est leurs idiots utiles » que j’ai trouvé assez nul. La gentille centriste (allez, Sam a le positionnement du PS de Mitterrand plutôt que du centre actuel, mais vu qu’elle est mise en valeur par son positionnement rationnel par rapport à celui de Kenza Shelby, et parle aux ministres sans difficultés, elle incarne un pôle centriste néanmoins) qui tente de tenir la société ensemble, c’est vraiment une lecture assez hallucinante de la politique française des 20 dernières années. Globalement je n’ai pas trouvé les dialogues très bien écrits (ce qui est dommage vu que c’est le coeur de la série), surtout ceux des footballeurs. Le personnage de Marie Kinsky est réussi par contre, et un méchant réussi c’est déjà un bon truc pour une série, mais du coup on a surtout l’extrême droite qui est mise en valeur (comme des connards, mais des connards charismatiques) dans cette série.

Spoiler dessous

Hazbin Hotel, de Vivienne Medrano

Série animée et musicale dont la première saison est parue en 2024. Charlie Morningstar est la princesse des Enfers. Horrifiée par la décision du Paradis d’envoyer une armée tuer (re-tuer ?) les damnés une fois par an pour éviter la surpopulation, elle ouvre un hôtel en Enfer, dédié à la réhabilitation des pêcheurs pour qu’ils puissent accéder au Paradis. Avec le soutien d’un démon majeur qui y voit l’occasion de créer plus de chaos, elle va tenter de mener à bien son projet malgré qu’elle soit quasiment la seule à y croire.

C’était inégal. J’ai bien aimé la direction artistique, les personnages sont bien caractérisés et « attachants » (autant que des démons maléfiques peuvent l’être), le côté « dessin animé pour adulte » est globalement réussi. La trame narrative pour le moment est très classique par contre, il y a un petit côté dernières saisons de The Good Place. Et j’ai beaucoup aimé les chansons des deux premiers épisodes, qui fonctionnent très bien en tant que chanson de comédie musicale, par contre celles des épisodes suivantes font beaucoup plus chansons pop-rock génériques (sauf peut-être Ready for this).

Le Problème à trois corps, de David Benioff et D. B. Weiss

Série Netflix parue en 2024, adaptée du roman de Liu Cixin. La première moitié de la saison est sympa (jusqu’à l’événement « eye in the sky », après bof bof, y’a plus vraiment de grand mystère, et je trouve les personnages de moins en moins crédibles dans leurs actions au fur et à mesure que ça avance. Y’a des moyens pour filmer, on sent le grand spectacle, mais ça ne me suffit pas vraiment. Toute la storyline de Will était inintéressante au possible, et on est dans une vision de l’Histoire qui repose sur les épaules de quelques visionnaires (éventuellement despotiques comme Wade) et scientifiques de génie qui guident les masses apeurées qui me saoule fortement.

Bref, moyen.

Tuca and Bertie, de Lisa Hanawalt

Série animée en trois saisons. On suit les deux personnages titres, deux amies qui sont des oiseaux anthropomorphiques trentenaires. Le dessin fait penser à Bojack Horseman (ce qui est tout à fait logique puisque c’est Hanawalt qui dessinait BH), mais dans un univers plus surréaliste/cartoonesque, et un point de vue qui n’est pas celui d’un acteur dépressif.

J’ai beaucoup aimé. Les personnages sont attachants, l’univers est beau et cool, et très imaginatif mais auto-cohérent. Les thèmes abordés sont traités avec finesse (et en même temps une approche très cartoonesque). Le côté « amies que tout oppose » fonctionne très bien avec Tuca ultra extravertie et Bertie beaucoup plus introvertie, mais dans un job stable là où Tuca enchaîne les petits boulots.

Je recommande.

Physical, d’Annie Weisman

Série étatsunienne de 3 saisons, diffusée entre 2021 et 2023. Dans la Californie du Sud des années 80, Sheila Rubin, femme au foyer, va découvrir l’aérobic, ce qui va changer toute sa vie : elle va devenir financièrement indépendante, gérer sa santé mentale, faire exploser son couple.

C’était assez cool, surtout la première saison (qui est vraiment très bien, petite baisse de régime après, mais ça vaut le coup d’être regardé dans son entièreté même si la saison 3 rushe la fin). La série retranscrit bien le côté individualiste des années 80 : si on est derrière Sheila pour le côté émancipation de son arc narratif, pour autant plus ça va et plus elle devient (redevient ?) de droite. Le personnage de John Breem est très réussi aussi. Globalement tous les personnages de la série sont assez détestables, à des degrés divers, sauf peut-être Bunny et Tyler, qui sont les deux seuls persos de la série qui ne font pas partie de la bourgeoisie locale.

La série réussit bien la représentation des problèmes mentaux de Sheila, à la fois sa boulimie et sa self-hate, présente d’abord comme une voix intérieure puis comme des hallucinations de différentes personnes de son entourage. La façon dont l’aérobic lui permet d’en sortir (un peu) est bien mis en scène : c’est remplacer une obsession par une autre (et potentiellement mettre sa santé en danger avec, quand elle a un problème physique qu’elle ne traite pas pour ne pas apparaitre faible), et c’est une route compliquée, ou elle va avoir des rechutes, une progression épisodique : même si elle a une épiphanie sur l’aérobic, ça ne suffit pas pour que tout aille mieux dans sa vie d’un seul coup.

Je recommande, surtout la première saison qui arrive bien à mêler les enjeux environnementaux aux autres thématiques de la série.

Scavengers Reign, de Joseph Bennett et Charles Huettner

Série dessinée de SF, sortie en 2023. Suite à une malfonction de leur vaisseau atteint par une éruption solaire, divers membres de l’équipage du Demeter se retrouvent naufragés sur Vesta, une planète pleine d’une vie fondamentalement alien. Une douzaine d’épisodes qui permettent de voir plein de paysages de Vesta et des créatures qui les habitent. Le dessin est très beau et les auteurs sont très imaginatifs sur les créatures, mais je n’est pas trouvé les écosystèmes très crédibles : les créatures sont beaucoup là pour faire avancer l’histoire, et il y a plein de mécanismes qui sont particulièrement pratiques pour les humains (entre les créatures qui tentent de les manger ou de les parasiter). Mais si on accepte de laisser son bagage d’écologue derrière soi, c’est très sympa à regarder, avec une jolie ligne claire.

Je recommande.