Archives par mot-clé : fantasy

Elder Race, d’Adrian Tchaikovsky

« Toute technologie suffisamment avancée, etc. »

Novella de science-fiction/fantasy publiée en 2021.

Dans la capitale de Lannesite, la quatrième fille de la reine entend parler d’un démon qui ravage les royaumes forestiers voisins. Elle a été bercée toute sa jeunesse des exploits de son ancêtre, qui avait vaincu un démon avec l’aide du sorcier Nyrgoth. Alors contre l’avis de la cour, elle part demander l’assistance du sorcier, reclus dans sa tour au milieu des montagnes.

Dans son poste d’observation au milieu des montagnes, Nyr est en hibernation prolongée, dans l’attente d’un contact de la Terre. Il y a 300 ans, il a rompu tout les protocoles de sa mission d’observation scientifique et aidé Astresse, une reine locale, à vaincre un seigneur de guerre qui avait réussi à s’emparer d’une technologie originaire de la Terre. Une descendante d’Astresse vient à nouveau le solliciter, est-ce s’impliquer dans les affaires des locaux lui permettra d’oublier la dépression que l’isolement perpétuel fait peser sur lui ?

La novella raconte l’histoire en alternant entre les points de vue de Lynesse et de Nyr, et leurs tentatives de communication, compliquées par le fait que les mots n’ont pas le même sens pour eux deux : quand Nyr dit « scientifique », Lynesse interprète le mot comme « sorcier », leur compréhension de l’histoire du monde et du fonctionnement de l’univers n’est pas la même, ce qui pour Lynesse est des mythes anciens et de l’histoire, voire son propre passé pour Nyr, qui en revanche a du mal avec les conventions sociales et les sous-entendus du langage de Lynesse.

Les personnages sont un peu des archétypes de leur genre, mais la nouvelle fonctionne bien pour mettre en scènes les différences de perception liées aux différences de culture/niveau technologique, type cargo cult. Je pense que le concept fonctionne bien en tant que novella, ça aurait été un peu trop mince pour tout un roman par contre.

Article-invité : La Quête de la Chaussette du Destin

Article par Stram : Recension romancée de la randonnée autour du Capcir que nous avons faite avec Stram et P.

C’est le cœur lourd que nous quittions Toulouse ce dimanche 28 juillet 2024. Une fois de plus, les ténèbres menaçaient les Pyrénées et le seul espoir pour les stopper était de détruire la chaussette du destin sur les cimes de Puig Peric. C’est dans notre fidèle calèche que nous fîmes le trajet entre Toulouse et Planès, le village de nos ancêtres d’où nous pourrions partir sans attirer l’attention… C’est ainsi que la Confrérie des Sombreros commença la quête de la chaussette du destin !

Grâce aux faux papiers faits par nos camarades de l’UHTG1, nous franchîmes les barrages des gendarmes francs, alliés notoires du berger des ténèbres. Nous commençâmes notre épopée loin de Puig Peric et le premier jour fut bien calme. Après une nuit au refuge du col del Torn avec ses fameux hamacs, nous continuâmes notre périple vers Puyvalador. Après nous avoir écouté, le seigneur de Puyvalador nous fournit un laissez-passer afin que nous puissions continuer notre voyage sans embûches. Hélas, la cour de Puyvalador était minée par les traîtres acquis à la cause du berger des ténèbres. Juste après notre passage, un coup d’état renversa le seigneur et les forces des ténèbres s’élevèrent dans tout Puyvalador. Heureusement nous avions changé nos plans de couchage et aucun combi volkswagen2 n’arriva à localiser notre campement cette nuit là. Mais les troupes du berger des ténèbres connaissaient notre destination : les portes du grand duché d’Orlu, pour quémander assistance au grand duc. Ainsi juste après avoir dépassé les terres des mercenaires de la compagnie Marguerite, nous entendîmes les échos des tambours de guerre des troupes du berger des ténèbres. La compagnie Marguerite, célèbre troupe de mercenaires assoiffées de sang mais loyaux à la lumière – et à l’argent – se sacrifia pour nous faire gagner de précieuses heures.

Aux portes du duché d’Orlu, le grand duc écouta notre requête et nous confia une troupe de 15 vautours fauves pour nous aider. En partant des portes d’Orlu nous vîmes en bas le carnage sur le champ de bataille. On raconte qu’une seule jeune recrue de la compagnie Marguerite a survécu au massacre de Las Bassetes et qu’elle devint 20 ans plus tard l’héroïne de la bataille du mont Canigou qui chassa les bergers des ténèbres définitivement hors des Pyrénées.

Conscient que les troupes du berger des ténèbres étaient très proches, nous nous dépêchâmes de rejoindre les grandes prairies de Castel Temporell, la dernière zone franche avant les montagnes de Puig Peric. Les chevaliers de l’éternelle Castel Temporell nous accueillirent en grande pompe et nous passâmes la nuit à l’intérieur alors que l’orage de grêle frappait les forces des bergers des ténèbres qui se préparaient à l’assaut. À la faveur de la nuit, sans prévenir personne de peur qu’un espion ne soit là, nous partîmes vers Puig Peric. Nous franchîmes discrètement les lignes ennemies. C’est à l’aube, en commençant l’ascension de la montagne, que nous entendîmes les cloches du guet de Castel Temporel préparer les troupes à la bataille. Les vaches de Castel Temporel, bien conscientes de la menace que représente le berger des ténèbres, réveillaient tout Castel Temporel aussi tôt que possible afin que toute surprise soit impossible. Touché par la force de caractère de ces vaches, prêtes à tout pour ne pas subir l’oppression, nous continuâmes la longue et difficile ascension de Puig Peric. Le temps nous était compté car les troupes du berger des ténèbres s’étendaient jusqu’à l’horizon sur la route qui reliait Castel Temporell à Puyvalador. Castel Temporell ne pourrait tenir que quelques heures dans de telles conditions.

Pendant les deux heures qui suivirent, nous continuâmes notre ascension en entendant les cris de la bataille qui faisaient rage en bas. Dès notre arrivée au sommet, nous sacrifiâmes la chaussette du destin et sonnâmes le cor pour annoncer le succès de notre quête ! Le berger des ténèbres était vaincu et son sort de confusion sur les troupes de Puyvalador s’arrêta immédiatement, mettant fin à la bataille. Castel Temporell et l’ensemble des Pyrénées étaient sauvés !

Fous d’allégresse, nous nous baignâmes plusieurs fois ce jour-là et la nuit, nous festoyâmes sous les étoiles filantes en regardant les somptueuses constellations du ciel nocturne d’août. Le lendemain, en passant au roc de la Calme, nous discutâmes avec le grand forgeron. Il nous apprit que les skieurs de l’Apocalypse menaçaient de remplir les Alpes de canons à neige artificiels. La communauté des sombreros décida donc de forger – malgré les risques – le bâton du destin sur la mythique enclume du roc de la Calme. C’est préparés au pire et le cœur lourd que nous partîmes du roc de la calme pour rejoindre SuperBolquère. Nous étions en effet à court de provisions et n’avions pas d’autre choix que de payer aux marchands avaricieux de SuperBolquère des denrées hors de prix, la guerre ayant ravagé les cultures…

Le lendemain, notre retour à Planès fut triomphal et c’est le cœur plein de joie que la Confrérie des Sombreros partit des Pyrénées pour continuer à lutter contre les ténèbres ailleurs…

  1. Ultime Hyper Totale Gauche, à gauche de la gauche de la gauche de l’extrême gauche ↩︎
  2. traditionnel véhicule des indicateurs du berger des ténèbres ↩︎

The once and future witches, d’Alix E. Harrow

One witch you can laugh at. Three, you can burn. But a hundred?

Roman de fantasy étatsunien publié en 2020. L’action se déroule en 1893. Agnès, June et Bella Eastwood sont trois sœurs qui sont arrivées à la Nouvelle Salem depuis leur county provincial. Leur grand-mère était une sorcière qui leur a appris quelques sorts, mais la magie n’est plus ce qu’elle était, depuis que durant les temps médiévaux l’Inquisition à brûlé la majorité des sorcières et leur savoir avec elles. Mais pourtant, en ces temps de progrès, les sœurs Eastwood vont tomber sur un sortilège qui promet de faire advenir un Second Âge de la Sorcellerie. Et il est clair que les Eastwood ne sont pas les seules femmes du Nouveau Monde qui accueilleraient avec enthousiasme un peu plus de pouvoir que ce que le patriarcat veut bien leur accorder…

C’était fort chouette. Il y a quelques répétitions ici et là qui auraient pu être retiré par un passage éditorial de plus, mais à part ce léger défaut c’est une histoire originale, bien construite, qui alterne entre les points de vue des trois sœurs et qui crée tout un univers alternatif crédible. J’ai beaucoup aimé le genderbending de certains contes et des folkloristes (Charlotte Perrault et les sœurs Grimm ♥ ), la façon dont le roman rappelle qu’il s’agit d’une histoire occidentale (la magie des autres cultures fonctionne différemment, il y a toujours de la sorcellerie ailleurs, le combat initial pour le droit de vote est mené de façon séparé par les organisations de femmes noires et blanches). La façon dont les enjeux ne cessent de s’amplifier jusqu’à la bataille finale est bien écrite, les thèmes féministes fonctionnent bien (clairement y’a du Caliban et la sorcière dans les inspirations de l’autrice), peut-être les personnages masculins sont un tout petit peu trop caricaturaux mais c’est un défaut très très mineur).

Je recommande si vous voulez de la fantasy féministe/si vous avez aimé La Scholomance.

Vaisseau d’Arcane, d’Adrian Tomas

Roman de fantasy française paru en 2020. Dans un monde où l’Arcane (la magie) peut prendre plusieurs formes, Solal, journaliste prometteur, est frappé par un éclair d’Arcane, qui le transforme en Touché : sa personnalité a été effacée, mais il peut générer de l’énergie magique, à la base du fonctionnement de toute l’industrie du Grimmark, à volonté. Les autorités veulent logiquement le récupérer comme tous les autres Touchés pour le mettre au travail, mais sa sœur est persuadée que sa personnalité est encore là, simplement en sommeil. Elle va donc s’enfuir avec lui et découvrir le monde et les secrets derrière le gouvernement du Grimmark…

J’ai pas été très fan. L’univers est original (mention spéciale à la variation sur les orcs), mais l’écriture et les personnages ne m’ont pas trop touchés : y’a un côté enfantin/comique dans la façon dont sont présentés les enjeux et les relations entre personnages (l’ambassadeur naïf, l’infirmière dont la colère fait reculer un assassin) qui je trouve colle assez mal avec le côté « fantasy de la révolution industrielle » et « assassinats politiques » (et après avoir lu La Ville au plafond de verre qui traite les mêmes thèmes plus finement, c’est sûr qu’il pâtit de la comparaison).

Le Sang des Princes, de Romain Delplancq

Roman de fantasy français en 2 tomes, parus en 2016 et 2019. On est dans le même univers que dans La Ville au plafond de verre, mais pas dans le même pays ni la même époque. Nous sommes en Slasie, un pays féodal où la famille ducale des Spadelpietra va marier l’héritier du titre à la famille royale. Les Spadelpietra sont des modèles de vertu : adulés par le peuple, ils ont mis fin à la corruption qui était le lot des familles nobles jusqu’ici. Dépensant sans compter pour construire des moulins, des fontaines, des relais de poste, il semble pourtant qu’une partie de la famille est prête à mettre toute cette image publique aux orties pour mettre la main sur l’auteur de tableau qui semblent terrifier les chefs de famille. En parallèle, les clans austrois, des ingénieurs et artistes nomades, accueillent un peintre qui a dû quitter le monastère qui l’hébergeait en catastrophe, et découvrent que certains secrets de leur art semble avoir été découverts par des populations sédentaires, remettant en cause l’équilibre des pouvoirs entre les différents royaumes et nations où ils voyagent…

C’était assez cool, j’ai bien aimé le lire après La Ville… et avoir une autre visions sur le dynamon et ses usages. L’univers est original et bien construit, on s’y plonge vite. La résolution est assez rapide, mais c’est toujours un truc compliqué à faire dans de la fantasy un peu épique. A part ça, on arrive bien à s’y retrouver dans toute une galerie de personnages bien caractérisés, la géographie est relativement claire, les mécanismes « magiques » originaux et clairs.

Recommandé si vous aimez l’epic fantasy à la sauce Renaissance avec une touche de steampunk.

La ville au plafond de verre, de Romain Delplancq

Roman de fantasy français paru en 2023. Korost est la capitale économique des Trois Terres, dont la richesse est assise sur la maîtrise des techniques de forge de l’arnoire par la classe bourgeoise. Ce métal, correctement forgé, est capable de réagir à la lumière du soleil pour produire de l’énergie alimentant des machines. Mais Korost est aussi la cité des verriers, ces ouvriers qui soufflent les ouvrages permettant de canaliser la lumière du soleil vers les mécanismes d’arnoire. Et les verriers, rassemblés en soviet velast, en ont assez de ne récupérer que des miettes de la richesse de la ville. On va suivre le destin de trois personnages de trois classes sociales différentes qui vont traverser les troubles politiques et militaires d’une cité en pleine révolution industrielle.

J’ai beaucoup aimé, et ça vaut le coup de le lire sans en savoir davantage.

Divulgâchage ci-dessous

Damsel, de Juan Carlos Fresnadillo

Film Netflix paru en 2024. C’était mauvais de façon semi-intéressante et très clairement netflixienne, je dirais. Monde de fantasy générique. Elodie est l’héritière d’un royaume sans ressources dans la toundra. Surprise, la famille royale d’Auria, royaume richissime vient demander sa main contre une dot importante, qui sortira son peuple bien aimé de la misère. Sa famille accepte l’offre, pour découvrir qu’il s’agissait d’un piège sinistre : génération après génération, le royaume d’Auria sacrifie ses princesses à un dragon. Mais Elodie ne va pas se laisser faire, et réussir à déjouer le sort et vaincre le dragon…

C’est clairement un film qui a été généré par algorithme. Une bonne inspiration Game of Thrones (le père d’Élodie, règne sur un royaume glacé et à le look de Ned Stark, il y a une princesse qui se bat contre puis apprivoise un dragon, la famille royale d’Auria a ce dragon pour emblème…), une pincée de Frozen pour les deux princesses sœurs dont l’amour sororal va triompher de tous les obstacles, une storyline pour l’héroïne qui sonne Rise of the Tomb Raider dans le côté meuf qui se fait trainer dans la boue (littéralement) et souffre dans son corps mais va vaincre l’adversité grâce à sa détermination inébranlable, quelques acteurs célèbres (Robin Wright surtout), mais pas des masses d’acteurs en tout parce que ça coûte moins cher (ce qui se voit un peu sur les scènes de mariage princier), beaucoup d’effets spéciaux parce que ça coute moins cher que de tourner en décors réels… Globalement il y a plein de défauts très apparents, mais y’a quand même quelques trucs réussis dedans. Revenir à l’histoire des meufs qui sont sacrifiées aux dragons, ça marche bien. La sororité des princesses (pas Elodie et sa soeur, plutôt les messages que se laissent les différentes princesses sacrifiées au dragon) fonctionne bien, tout l’environnement de la caverne fonctionne bien (avec un côté jeu vidéo dans sa construction, jusqu’à la map laissé par une autre princesse, mais qui est clairement assumé) et la partie chat et souris avec le dragon au début. Le dragon comme métaphore du patriarcat est peut-être un peu heavy-handed mais ça fonctionne quand même pas mal, avec Auria qui est un royaume qui se construit sur le sacrifice des femmes des royaumes voisins (limite un petit côté Thésée et le minotaure), donc finalement une puissance coloniale (qui a en plus réécrit sa propre histoire dans les deux sens : en prétendant être victime du dragon alors qu’ils sont responsables de la situation et en faisant croire au dragon que ce sont les filles de la lignée régnante qui lui sont sacrifiées). Je note aussi la tentative de subvertir le trope de la evil stepmother, qui est immédiatement contre-subverti en remettant une seconde stepmother tout à fait officiellement evil.

Bref, pas ouf, mais des trucs à sauver, ce qui en fait un film finalement plus intéressant qu’un truc totalement vanilla.

Le Chevalier aux Épines, de Jean-Philippe Jaworski

Série de roman de fantasy en trois tomes, dont le dernier n’est pas encore sorti. On retrouve l’univers du Vieux Royaume, plus précisément le duché de Bromael. Suite à la décision du duc de répudier sa femme et de se remarier avec la fille du Podestat de Ciudalia, les fils du duc organisent un tournoi pour défendre les couleurs de leur mère, entrant ainsi en rébellion feutrée contre leur père. Cet affront a lieu alors que le duc souhaite mener une campagne militaire contre les clans Ouroumands, que de la nécromancie fait sa réapparition dans le Duché et que des Elfes semblent enlever des enfants…

J’ai beaucoup aimé, surtout le premier tome. Dans le second on retrouve le point de vue de Benvenuto Gesufal, le narrateur de Gagner la Guerre, qui est gouailleur mais un peu trop cynique pour nous faire totalement vibrer en empathie. Dans le premier tome par contre, on suit plusieurs points de vue mais les principaux appartiennent tous à des chevaliers de Bromael, qui ont une vision très « amour courtois et intrigues de cour ». C’est très bien écrit, avec des descriptions qui font qu’on s’immerge dans le pays, et avec de beaux effets de style : on va par moment adopter le point de vue d’une rivière, d’un chat ou d’anguilles pour passer d’un lieu à un autre. On a aussi une énigme sur l’identité du narrateur de toute l’histoire (qui relate depuis une mystérieuse maison la chronique de la Guerre des deux duchesses, et qui est allé demander ses souvenirs à Benvenuto, ce qui forme la matière du second tome). L’intrigue fonctionne bien, les rebondissements, les différents fils narratifs et même ce qui se cache dans les ellipses est prenant.

[EDIT 02/2024 suite à lecture du 3e tome] On retrouve dans ce tome le style du premier. On suit très majoritairement le point de vue d’Ædan de Vaumacel, le chevalier aux Épines du titre, qui s’accroche aux valeurs chevaleresques (au point d’en agacer fortement ses interlocuteurices qui voudraient souvent plus que des déclarations de principe) et sa loyauté partagée entre plusieurs dames qu’il sert. L’action est relativement resserrée par rapport aux premiers tomes, puisqu’après une première partie autour de Vekkinsberg, l’essentiel de l’action va se concentrer autour du château de Vayre, ses cours, ses souterrains, ses toitures et sur quelques jours. C’est très prenant (j’ai lu les 500 pages sur 2 jours), mais pas grand chose n’est résolu à la fin, tbh. Ce qui est logique pour un roman qui se présente comme la chronique des retournements politiques d’un pays, mais j’avoue une certaine frustration à ne pas avoir les tenants et aboutissants des affrontements entre les différentes factions, ni de certitudes sur l’identité du narrateur. Ça manque d’un tome 4, à mon sens (en ce moment, clairement je suis preneur de tout ce que Jaworski écrit, et je vais me remettre à lire Les Rois du Monde.) Mais même sans résolution, tout le roman se lit très bien, c’est toujours super bien écrit, super puissance d’évocation pour plonger dans des embrouilles politiques ou des lieux avec une géographie compliquée.

Je recommande fortement.

The Killing Moon, de NK Jemisin

Roman de fantasy publié en 2012. Dans un pays de fantasy inspiré par l’Égypte antique, les prêtres de la Déesse des Rêves peuvent recueillir les rêves des gens pour alimenter une magie de guérison. Un tribut en rêves est donc requis de tous les habitants du pays, et une caste spéciale de prêtres va récupérer les rêves de ceux qui refusent de les transmettre ou qui sont incapables de le faire car trop malade ; dans ce cas, la collecte des rêves se solde par la mort du rêveur. Ces prêtres servent aussi d’exécuteurs de justice, éliminant les personnes « mauvaises ». Mais comme tout système, celui ci peut être détourné, et va être mis au profit des ambitions du prince du pays…

Pas très convaincu, y’a des faiblesses d’écriture et des longueurs. Au delà des prêtres, le pays n’est pas très incarné, et tous les personnages ressemblent à des archétypes plus qu’à des personnes particulières.

Article invité : Babel or the necessity of violence, de R.F. Kuang

C’est la semaine des articles invités ! Cette fois-ci, une recension de roman par Stram.

Babel or the necessity of violence est un roman sur le colonialisme et le racisme systémique, avec des héro.ines racisé.es dans une réalité parallèle en 1830, où le charbon et l’électricité ont été remplacés par la science de la traduction et un matériau magique, « l’argent ».

Sur le papier, ça a l’air vraiment très chouette. Et pourtant je n’ai pas vraiment accroché et je n’arrive pas à trouver la raison. Je pense que c’est un mélange de pleins de petits trucs : les longueurs (le livre est vraiment long), l’impression de lire un essai politique plutôt qu’un roman à certains endroits, l’intrigue assez prévisible et la sous-utilisation de la magie (en fait, il y a juste à remplacer tout ce qui a trait à l’argent par le charbon ou l’électricité et on retombe dans la réalité des années 1830 que l’on connaît).

Je serais intrigué d’avoir d’autres avis sur ce livre en tout cas. Car ça fait quand même plaisir d’avoir un roman qui parle très justement à la fois de racisme systémique, du capitalisme à l’ère industrielle, du colonialisme et du rôle de la science et des scientifiques dans tout ça.