Archives de catégorie : Longs métrages

God’s Own Country, de Francis Lee

Film anglais de 2017. Johnny travaille dans la même ferme que son père et sa grand-mère. Vu leurs âges et l’AVC de son père, c’est lui qui s’épuise à faire la majorité des travaux de la ferme, sous la férule de son père qui désapprouve sa façon de gérer les choses. Un jour arrive Gheorghe, un travailleur journalier roumain. Si Johnny l’antagonise à chaque occasion au début, les deux hommes vont développer une attirance l’un envers l’autre, qui s’épanouit quand ils campent ensemble sur le plateau où les moutons de la ferme passent leurs journées, mais qui va devoir ensuite affronter la complexité de la vie dans le reste du monde, avec les autres personnes autour.

C’est un bon film, je recommande. Un contexte pas joyeux qui en fait un film social sur le monde paysan anglais, de beaux paysages ruraux, un très beau pull rouge (et un très beau Gheorghe), une romance assez jolie à voir se développer. Le personnage de Johnny n’est pas très sympathique, mais c’est volontaire et il est bien caractérisé. Gheorghe au contraire à l’air d’avoir toutes les qualités, il apparait dans la vie de Johnny comme un deus ex machina.

The Medium, de Banjong Pisanthanakun

Film d’horreur thaïlandais paru en 2021. Une équipe de tournage suit pour un documentaire Nim, une chaman qui explique être possédée par l’esprit de Ba Yan, une divinité bienveillante. Lors du tournage, l’équipe observe des comportements étranges de la part de Mink, la nièce de Nim. S’il est d’abord envisagé que l’esprit de Ba Yan souhaite lui être transmis, les protagonistes découvrent finalement que Mink est possédée par un esprit maléfique, dont l’influence sur la jeune femme va s’étendre progressivement, alors que sa famille tente de réaliser à temps un exorcisme pour sauver leur nièce.

C’était un film de possession assez réussie. Des jump scare qui marchent bien, une tension qui va croissante (et bien appuyée par la bande-son), des fausses pistes sur l’origine de la possession qui gachent les efforts des protagonistes, des décors intéressant (l’usine incendiée notamment). Dans l’absolu c’est un film de possession assez classique, on trace facilement des parallèles avec L’Exorciste, mais le fait que ce soit pas un film européen, la place différente accordée aux esprits par une partie de la société thaïlandaise fait des choses intéressantes). Le crescendo des actes commis par la possédée, jusqu’au point d’orgue de l’exorcisme raté qui s’inverse fonctionne bien.

Je recommande si vous aimez les films d’horreur.

Past Lives, de Celine Song

Film étatsunien de 2023. Nora Moon est une Coréenne de 12 ans vivant à Séoul dont la famille émigre au Canada. Elle était très proche d’un de ses camarades de classe, Hae Sung.

Douze ans plus tard, Hae Sung ajoute Nora sur un réseau social. Les deux anciens amis reprennent leurs échanges, mais s’il se confirme qu’ils ont des sentiments l’un pour l’autre, il apparaît aussi qu’aucun des deux ne pourra venir voir l’autre dans un futur proche. Ne voulant pas s’investir émotionnellement dans une relation dont elle ne sait pas où elle va, Nora coupe le contact. Peu de temps après, elle rencontre lors d’une retraite d’écriture celui qui deviendra son mari.

Encore 12 ans plus tard, Hae Sung vient voir Nora à New York. Se retrouvant physiquement pour la première fois après 24 ans, les deux adultes échangent sur et réfléchissent à ce qu’auraient pu être leurs vies et leur relation, et aux différences culturelles entre eux.

C’était sympa à regarder, et plus intéressant que si c’était juste une histoire d’amour classique du type « perdu.es de vue, ils tombent dans les bras l’un de l’autre à leurs retrouvailles », mais ça ne m’a pas embarqué comme ont pu le faire d’autres films.

Le Comte de Monte-Cristo, de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière

Ze Darke Knighte

Film français à grand spectacle de 2024, adaptation du feuilleton de Dumas. Edmond Dantès, jeune marin idéaliste, s’oppose à son capitaine au sujet d’un sauvetage en mer. Leur armateur donne raison à Dantès, et le nomme capitaine. Avec sa nouvelle position, il va pouvoir épouser son amour d’enfance, Mercedès. Mais le cousin de Mercedes est amoureux d’elle. L’ancien capitaine, le cousin et un procureur conspire ensemble pour faire accuser Dantès à tort. Il est emprisonné à perpétuité au chateau d’If. Là, un coprisonnier l’aide à s’évader et lui révèle l’emplacement d’un trésor gigantesque. Dantès revient à Paris sous l’identité du comte de Monte-Cristo, et va exercer sa vengeance sur les trois hommes qui ont causé sa perte.

L’histoire est prenante comme du Dumas, et on sent que le film a des moyens, mais c’est aussi d’un classicisme un peu trop parfait. J’y vois les mêmes défauts que dans l’adaptation des Trois Mousquetaires (avec peut-être un peu moins de cabotinage de la part des acteurs dans Le Comte), les personnages sont trop des archétypes pour qu’on s’y attache. Si ça peut marcher pour Dantès lui-même (et ses trois nemesis), qui campe une figure extrémiste habitée par son désir de vengeance, une espèce de monolithe comme Batman peut l’être dans le même style, on aurait souhaité plus de nuances de la part de ses Robins protégé.es ou des familles de Danglard, Morcef et Villefort.

Méandre, de Matthieu Turi

Film de science-fiction de 2020. Une femme est prise en voiture sur une route déserte. Elle se réveille dans une pièce métallique, vêtue d’une combinaison futuriste et d’un bracelet qui laisse s’écouler un décompte. Elle est dans un labyrinthe rempli de pièges, dont elle doit s’échapper en un temps limité.

On est sur un scénario ultraclassique (vous aurez tous pensé à Cube), mais plutôt bien mis en scène, avec une économie de moyens (il y a en tout et pour tout 4 persos à l’écran dans le film, dont 2 qui pourraient être joués par le même acteur). Y’a un côté Cube donc, mais aussi un côté Gravity, avec l’histoire d’une femme qui doit sans cesse aller de l’avant alors que tout s’effondre autour d’elle (et avec un arc deuil/renaissance). C’est pas parfait comme film, mais y’a du potentiel. J’ai préféré à Gueules Noires du même réalisateur. Il faudrait un peu plus de direction d’acteur, et un scénario un peu moins elliptique, et ce serait très bien.

Abigail, de Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin

Film étatsunien de 2024. Des criminels kidnappent une gamine de 12 ans et attendent la rançon dans un manoir. Ils découvrent que la fille est en fait un vampire, qui va s’attaquer à eux jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une final girl.

C’était nul. Tous les persos sont clichés, le scénario fait pas sens (les persos passent leur temps à se séparer pour chercher une vampire dans un manoir, après avoir constaté qu’ils ont une unique arme potentiellement efficace contre elle…), c’est filmé comme un film des années 80s sans budget. Franchement c’était une purge.

Ne recommande pas du tout.

Comme un lundi, de Ryo Takebayashi

Film japonais paru en 2024. Akemi Yoshikawa travaille dans une petite agence de publicité, qui est dans le rush pour sortir une campagne sur une soupe miso en comprimé. Alors qu’elle tente désespérément de boucler son dossier, deux collègues juniors persistent à l’interrompre pour lui dire que l’agence est prise dans une boucle temporelle. Akemi va progressivement réaliser qu’ils ont raison, et que ses semaines font plus que toutes se ressembler un peu…

C’était fort chouette. Un film de boucle temporelle à petit budget, une satire du monde du travail (satire qui reste très en surface, y’a pas de grosse remise en question), des acteurs qui jouent bien, un film qui ne se prend pas au sérieux (la scène avec les lunettes et les marteaux), c’était un très bon moment.

Je recommande.

Girl on the third floor, de Travis Stevens

Film étatsunien de 2019, par le même réalisateur que A wounded Fawn. Un homme arrive dans une maison de banlieue pour la rénover avant que son épouse et lui-même n’habite dedans. Des phénomènes étranges se produisent, des parties de la maison semblent pourrir ou se déliter très rapidement, et l’homme se trouve rapidement débordé par la tâche… Y’a de l’imagination sur les symptômes de la maison hantée et sur les effets spéciaux analogiques, à base de liquides gluants qui sortent des prises et de billes qui roulent sur le plancher, mais l’histoire tient sinon sur un timbre-poste, c’était clairement pas du tout au niveau de Wounded Fawn (après j’ai de hautes attentes en termes d’histoires qui parlent d’architecture et de surnaturel).

Furiosa: a Mad Max saga, de George Miller

Film australien de 2024, préquelle de Mad Max: Fury Road. On suit la vie de Furiosa, de sa jeunesse une fois séparée de sa famille qui habitait the Green Place (une utopie écologiste au milieu du monde ravagé de la saga Mad Max) jusqu’à sa vengeance contre Dementus, le chef du gang qui l’a enlevée et a tué sa mère.

Ça souffre un peu du problème habituel des préquelles, qui est qu’on a une bonne idée de quels personnages seront là à la fin et dans quel état et qu’on perd l’effet de surprise – ici on connaissait quasiment tous les personnages et lieux. Quelques longueurs sur la fin (quand on en arrive au face à face Dementus/Furiosa, c’est trop verbeux) et il n’arrive pas à se hisser au niveau du précédent, mais ça reste un film très sympa à voir, qui en met plein la vue. J’ai beaucoup aimé toute la séquence des attaques aériennes sur le war rig, avec l’espèce de méduse de toile, c’était assez poétique. J’aurai bien voulu voir plus de la Green Place par contre (ça pourrait être rigolo de faire un Mad Max optimiste qui se passe dans un endroit où les choses vont bien). En soi c’est de l’exploration du lore et c’est rarement le plus satisfaisant, mais il y a quelques belles séquences (l’attaque aérienne sur le war rig qui est le moment qui rappelle le plus Fury Road ; la séquence au Bullet Mill, tout le début jusqu’à la capture de la mère de Furiosa) qui valent le coup.

A voir si vous avez vraiment beaucoup aimé Fury Road et que vous en voulez plus, sinon (re)regardez Fury Road