The North Water, d’Andrew Haigh

Mini-série de 2021 en 5 épisodes d’une heure. dans les 1880’s, un chirurgien renvoyé de l’armée coloniale britannique embarque sur un baleinier qui part pêcher dans les eaux arctiques. L’expédition va mal tourner pour plusieurs raisons, et l’équipage va devoir affronter à la fois ses démons intérieurs et les conditions environnementales plus qu’hostiles.

J’ai beaucoup aimé les premiers épisodes – de façon générale j’aime beaucoup les séries sur des bateaux à voile, je pense (cf la saison 1 de The Terror). Moins la seconde partie, une fois que l’équipage a dû abandonner le navire. C’est vraiment le décor du bateau, le côté huis clos que ça permet que je trouve intéressant. Dans la seconde partie, il y a un peu trop de rebondissements dans tous les sens à mon goût, ce qui fait perdre un peu de la crédibilité de la série et des personnages.

Biarritz avec mer agitée

On a eu globalement beau temps sur la semaine, il y a juste eu un jour où la queue de la tempête Aurore est passée sur la côte, ce qui a donné une mer bien agitée. Photos en majorité prises par OC.

Phare de Biarritz
Digue et vagues
Rocher de la Vierge
Montagnes et nuages
pont du basta (le grain de l’image est dû à toutes les gouttelettes en suspension)
Front de mer biarrot

Work in Progress, d’Abby McEnany et Tim Mason

Série télé qu’on a regardé en simultané avec OC, sortie en 2020 et se déroulant à Chicago. On suit la vie d’Abby, femme queer de 45 ans qui commence à sortir avec un mec trans de 22 ans.

C’était fort bien. Le dernier épisode est un peu déstabilisant parce qu’après avoir beaucoup épousé le point de vue d’Abby et fortement empathisé avec elle, on la voit soudain faire de la merde et depuis une perspective plus lointaine.

Je trouve intéressante la présentation d’Abby comme quelqu’un qui à la fois lutte pour gérer ses états mentaux – OCD, parler à la photo de sa psy, mentionner qu’elle est au bord de spiraler à plusieurs moments – et qui en même temps arrive à défoncer les gens qui la font chier, a des ami.e.s, un système de support, bref gère plein de trucs. Et je trouve aussi bien que ses difficultés mentales ne soient pas montrées comme « je rentre chez moi et là à l’abri des regards je fais une crise de panique » comme c’est souvent un cliché dans les films/séries.

De façon générale tous les persos sont très réussis je trouve. Mention spéciale pour sa némésis au boulot, un rôle mineur mais génial.

Saison 2 :

Abby n’est plus avec Chris, sa vie a été bouleversée par pas mal d’événements d’un coup : une promotion, la perte de ses journaux dans une inondation, une colocation avec son amie Campbell. Elle semble à la fois plus stable sur certains points, et en même temps en perte de pas mal de ses repères : un des fils rouges de la saison est constitué de ses tentatives de retrouver un psy qui lui convienne. En plus de ces événements perturbateurs initiaux, plusieurs autres vont arriver dans le cours de la saison, dont notamment l’impact du covid sur sa vie ; la série réussit très bien à mettre en scène l’impact de la pandémie – et je pense que c’est beaucoup lié au réalisme de la série par ailleurs : il est facile d’y intégrer l’impact réel du covid parce que les événements et les personnages montrés sont déjà particulièrement vraisemblables. La série parle toujours beaucoup de santé mentale et de communauté queer, et rajoute tout un pan sur l’enfance d’Abby et sa relation avec son père (là où la première saison parlait plus de sa relation avec sa mère).
On l’a regardé en une semaine avec OC, je pense que c’est une série que je recommande très fortement, qui réussit très bien à parler de sujets complexes et avec un point de vue original.

Schmigadoon!, de Cinco Paul et Ken Daurio

Série télévisée musicale de 2021. Un couple de médecins new-yorkais de notre époque et dont la relation se déteriore se retrouve lors de vacances romantiques coincés dans la ville magique de Schmigadoon, une ville fonctionnant selon les standards des comédies musicales de l’âge d’Or. Là, leurs interactions avec les différents habitants va leur faire prendre conscience que l’amour (comme la Révolution – mais ça c’est moi qui rajoute, pas la série) n’est pas un acquis mais toujours un process.

C’était sympa (mais je suis pas très difficile en terme de série/comédie musicale), mais anecdotique. Le décalage entre les deux protagonistes modernes (dont un des deux n’aime pas les comédies musicales et refuse de chanter) et le reste du cast coincé 75 ans plus tôt et beaucoup trop réjoui fonctionne très bien. Mention spéciale à Kristin Chenoweth qui trippe à fond dans le rôle de la méchante, leader des Mothers Against the Future.

L’Âge des lowtechs, de Philippe Bihouix

Essai de 2014, réactualisé en 2021. Bihouix discute de l’insoutenabilité du fonctionnement de l’économie mondiale et du mode de vie occidental, en terme d’exploitation de ressources finies. Plutôt que d’adopter une perspective catastrophiste dans le style de la collapsologie, il détaille ce que pourraient être des alternatives qui passeraient par l’abandon de la high tech, l’ensemble des technologies et innovations actuellement promues, qui sont là pour minimiser les efforts des utilisateurs et le sentiment de friction avec le monde, mais au prix d’une énorme consommation de ressources et de très gros besoin de maintenance.

À la place, il propose de se tourner vers les low techs, des technologies moins efficientes mais plus résilientes, faisant la part belle à une sobriété d’utilisation des ressources rares, une augmentation drastique de la réparabilité, du réemploi et du recyclage des différents composants des appareils techniques nous entourant. Il avertit que cela passe par une modification importante des modes de vie, un renoncement à un certain confort matériel mais au profit d’une diminution énorme de leurs coûts cachés, qu’ils soient délocalisés dans des pays non occidentaux ou aux classes moins aisées de ces pays : on perd la possibilité de la voiture individuelle et des trains à grande vitesse, mais au profit d’une diminution énorme de la pollution et d’une augmentation du temps libre. On renonce aux projets mégalos d’énergies fossiles comme renouvelables pour le fait de mettre davantage de pulls en intérieur en hiver, en promouvant la sobriété énergétique.

C’est une approche intéressante, pas forcément très optimiste sur le succès que nous aurons a effectivement effectuer cette transition, mais qui rassemble des éléments que j’avais pu lire chez Fressoz, Servigne, Négawatt… un ouvrage intéressant pour penser la transition de façon globale et en évitant les pièges du marketing autour du développement durable et de la croissance verte ou autres équivalents greenwashants.

Spinning, de Tillie Walden

Bande-dessinée autobiographique où l’autrice de On a sunbeam raconte les années de sa jeunesse où elle faisait du patinage artistique et synchronisée. Elle détaille comment les entrainements et les compétitions dans des patinoires du sud des États-Unis rythmaient sa vie, ses amitiés féminines, son coming out auprès de sa famille, son premier amour…

C’est une BD assez volumineuse mais très agréable à lire, Walden est très douée pour faire partager des sentiments, des émotions. Le dessin est en noir et blanc et jaune, avec le jaune utilisé pour mettre en valeur certaines illuminations, ça marche très bien.

Je recommande.

A Ghost story, de David Lowery

Film de 2017. Suite a un accident de voiture, un homme meurt. Il devient un fantôme qui reste dans la maison dans laquelle il vivait, et voit s’écouler l’histoire du lieu.

J’ai bien aimé. Le fantôme est représenté par un acteur recouvert d’un immense drap blanc avec deux trous noirs pour les yeux, c’est tout simple mais ça marche très bien. On le voit percevoir le temps différemment des humains, assistant à des scènes de la vie des différents occupants de la maison, se manifestant occasionnellement, discutant avec un autre fantôme. Le rythme du film retranscrit bien ça, avec des scènes qui s’étirent (pas mal de longs plans fixes), d’autres où les moments s’enchainent, le décor change, des ellipses temporelles surviennent. Le personnage avant sa mort n’est pas particulièrement sympathique, c’est intéressant de voir sa version fantôme devenir un personnage plus intéressant.

Je recommande.

16 Ways to defend a walled city, de KJ Parker

Roman de fantasy britannique de 2019. Orhan, le narrateur, est un militaire de l’empire Robur.
Chef du Corps des Ingénieurs, il a réussi à obtenir son poste à force d’intrigues et d’astuces, alors même qu’il ne fait pas partie de l’ethnie dominante de l’empire, qui affiche ouvertement des opinions et politiques racistes. Par la force des circonstances, Orhan se retrouve à devoir organiser la défense de la capitale de l’empire, alors que celle-ci se retrouve assiégée par un ennemi qui a très exactement su comment exploiter les faiblesses de l’organisation centralisée de l’Empire.

J’ai bien aimé. C’est beaucoup de descriptions présentant comment arranger in extremis des situations désespérées en détournant les procédures et les fonctions, il y a un petit coté « la version fantasy de The Martian ». Le narrateur a un humour pince-sans-rire qui passe très bien et ça se lit tout seul. L’univers mis en place est intéressant aussi, avec un empire qui rappelle l’Empire romain + le côté puissance navale de l’empire britannique, avec une technologie fin du Moyen-Âge et des politiques ségrégationnistes. Quelques défauts cependant : la fin ouverte est un peu frustrante, on a l’impression que l’auteur en a eu marre de son histoire au bout d’un moment. De plus, sur certains passages on sent que l’univers est excessivement organisé pour que le narrateur puisse tenter de mettre en place ses hacks. C’est détourné par le fait que le narrateur dit explicitement à un moment qu’il n’est pas forcément un narrateur fiable, mais quand même.

Très bonne lecture si vous aimez le worldbuilding et les ingénieurs désabusés.

Tome 2 : How to run an Empire and get away with it

Petite baisse de niveau par rapport au tome 1. On est dans le même univers, 7 ans plus tard. Le siège de la Cité est toujours en cours, Orhan est mort. Notker, un acteur de théâtre est recruté par la junte en place pour jouer le rôle de Lysimachus, l’ancien garde du corps d’Orhan et visage du régime. A force de jouer le rôle du régent, Notker va peu à peu assumer la fonction, et trouver des solutions aux différents problèmes qui minent la Cité.

On est sur le même type d’intrigue que dans 16 Ways…, mais Notker est un dirigeant moins crédible qu’Orhan (au vu de son passé et de la façon dont il se retrouve au pouvoir) – et un personnage moins intéressant, étant Robur et non pas d’une minorité ethnique. De plus, le principe du fix-it fonctionne moins bien quand on est sur des questions de politique que sur des questions d’ingénierie comme dans le premier tome. Le point de vue de vue d’un outsider sur les événements des premiers tomes et comment le rôle d’Orhan a été effacé de l’Histoire même seulement sept ans après est intéressant, mais globalement l’histoire fonctionne quand même moins bien que dans le tome 1.