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The Last Duel, de Ridley Scott

Film historique de 2021. Dans la France du XIVe siècle, la dernière ordalie qui aura jamais lieu va impliquer deux chevaliers autrefois amis, suite à l’accusation de viol que la femme de Jean de Carrouges porte envers Jacques Le Gris. Le film va successivement nous montrer les points de vue de Jean de Carrouges, Jacques le Gris et Marguerite de Carrouges, qui se rappellent chacun les événements différemment

En soi l’idée était interessante, mais le film est réalisé à la truelle j’ai trouvé. On sent bien la patte Ridley Scott dans le côté médiéval-violent, mais la photographie est très sombre, le film se perd dans des longueurs, et si le côté « la vérité est relative » m’intéressait, il est malheureusement assez mal réalisé : si on voit bien les divergences de réminiscence entre le passé de Carrouges et de Le Gris, quand on en arrive à la question du viol – bon déjà j’ai pas spécialement envie d’un discours à base de « la vérité est relative » sur ce genre de sujet », mais le film évite quand même en grande partie cet écueil, seulement pour se jeter dans un autre : il ne fait pas de doute quand on voit le point de vue de Le Gris qu’il a violé Marguerite. Les deux personnages de chevalier sont très peu subtils et très peu sympathiques, ce qui rend Marguerite super appréciée par contraste, mais ça donne aussi du victim-porn à la The Handmaid’s Tale, à base de « ralala qu’est-ce que ça devait être dur d’être une femme dans ces conditions ». Je vois la volonté du film de porter un discours féministe, mais c’est avec une absence totale de nuances hélas.

J’ai conscience de descendre un peu le film en flamme dans le paragraphe précédent, mais il y avait aussi quelques bons éléments : toute la scène du duel lui-même est très réussie. La gestion du domaine par Marguerite et plus généralement les questions de gestion quotidienne des finances et des relations entre suzerains et vassaux sont intéressantes. Mais bon ça fait maigre sur un film de 2h.

Globalement, concepts intéressants mais réalisation ratée.

Foundation, de David S. Goyer et Josh Friedman

Série sortie en 2021, adapté très librement des romans d’Asimov. Au sein d’un empire galactique, Hari Seldon, mathématicien, pose les principes de la psychohistoire : une science qui peut statistiquement prédire l’avenir. Et au vu des tendances, l’Empire va prochainement s’effondrer, laissant place à 30 millénaires de barbaries. Mais il serait possible de réduire cette période en suivant méticuleusement un Plan sur un millénaire, permettant à une petite colonie missionnée pour conserver la connaissance scientifique de fédérer à nouveau un Empire à l’échelle galactique après seulement 1000 ans.

Globalement c’était joli. On sent que y’a de l’argent pour les décors et c’est sympa de voir de la SF avec des décors variés et qui semblent à la fois réalistes, grandioses et aliens. Concernant l’histoire par contre, j’ai été assez peu enthousiasmé : trop de lignes narratives, trop de détails qui se concentrent sur la vie de quelques personnages clefs alors que le point clef du concept c’est quand même que les choses ne reposent pas sur les actions individuelles mais sur les mouvements de masse. J’ai été notamment très saoulé par le dernier épisode de la saison dont j’ai eu l’impression qu’il était constitué très majoritairement de gens qui font des discours plutôt que d’une mise en scène de l’action. Après pour autant j’ai regardé toute la saison : ça reste suffisamment plaisant à regarder pour compenser le manque de fond, si on veut une série reposante et esthétique (et je dis ça non ironiquement : parfois c’est ce qui fait plaisir, et ça avec une esthétique SF ça me bien). Je serai pas forcément convaincu sur la durée et je la classerais pas dans les séries à voir absolument, mais c’était pas désagréable.

Candyman, de Nia DaCosta

Film d’horreur états-unien de 2021, suite du film éponyme de 1992. Trente ans après les événements du premier film, Cabrini-Green est un quartier largement gentrifié, où les appartements spacieux sont vendus à des couples aisés. Parmi eux, Anthony – artiste prometteur mais en panne d’inspiration – et Brianna – directrice de la programmation artistique d’une galerie d’art. Anthony est inspiré par l’ambiance des dernières traces de l’ancien Cabrini-Green, et il apprend d’un des résidents la légende de Candyman. Il décide de l’incorporer dans ses nouvelles œuvres, provoquant une résurgence de l’esprit et de ses crimes…

Avis mitigé.
J’étais excité parce que Jordan Peele était au scénario et que j’ai beaucoup aimé ce qu’il a fait dans Get Out, mais si les thèmes sont là, la réalisation de Candyman n’est pas au niveau. Y’a un faux rythme que je trouve assez problématique pour un film d’horreur qui repose quand même beaucoup dans le principe sur la montée de la tension. La question de la gentrification est intéressante mais traitée de façon beaucoup trop didactique, c’est présenté dans les dialogues, pas dans la mise en scène du film.
Par ailleurs, il y a des choses très bien aussi. Quelques jolis plans (les gratte-ciels filmés à l’envers – mais c’est trop déconnecté du reste pour vraiment fonctionner, Anthony qui marche dans un tunnel de verre sur lequel il pleut), un éclairage réussi. Sur le plan du scénario, l’incarnation du Candyman dans plusieurs personnes racisées qui ont été victimes d’injustice qu’elles cherchent à venger marche plutôt bien, et la conclusion du film fonctionne très bien : le Candyman n’est plus un monstre mais un protecteur contre des injustices systémiques autrement plus flippantes qu’un mec armé d’un crochet. C’est un peu frustrant de voir qu’il y avait un vrai potentiel là dessus qui n’a pas assez été exploité le long du film.

Ça m’a donné envie de voir le film original du coup.

Contes et Légendes, de Joël Pommerat

Pièce de théâtre. Une série de saynètes jouées par des acteurs adultes et enfants, sur le thème de la construction et de l’image de soi, et sur les rapports humains/robots.

Sur le point humains/robots, ça n’avait aucun intérêt, des questionnements vus et revus (et mieux traités) dans une quantité d’œuvre de SF. Sur la construction du soi et le passage à l’âge adulte y’avait des éléments intéressants et d’autres moins. Un gros malaise sur une scène qui dénonçait les discours masculinistes mais le faisait avec pas assez de recul pour que ça passe vraiment j’ai trouvé (d’ailleurs seul moment où il y a des gens qui ont hué, à raison). Une autre qui marche mieux pour dénoncer le privilège masculin par rapport à la charge mentale. Bon jeu d’acteurs de l’ensemble du cast, notamment le jeu sur les gestes pour celleux qui interprétaient les robots. Le texte n’est par contre pas toujours très naturel dans son énonciation (il y a un petit côté « faux langage de jeune » notamment).

Bref, avis mitigé, j’attends de voir son Petit Chaperon Rouge la semaine prochaine.

Places in the darkness, de Chris Brookmyre

En orbite autour de la Terre, Ciudad del Cielo, une gigantesque station spatiale gérée par un consortium de multinationales, est officiellement la première ville sans crime de l’histoire de l’Humanité. Dans les faits, le néolibéralisme exacerbé du projet fait qu’en dehors des classes dirigeantes tout le monde a un boulot au noir en plus de son travail officiel, et que les trafics en tous genres pullulent. La nouvelle et idéaliste officier de liaison des ~Nations Unis auprès de la force de sécurité privée de CdC va cependant rapidement se voir confronter à un meurtre indéniable, et va tenter de travailler avec Nikki Fixx, une ancienne détective du LAPD et flic ripou de CdC pour comprendre ce qui s’est passé.

L’univers est cool et bien rendu. On croit à la station spatiale néolibérale, à son fonctionnement quotidien, beaucoup de détails bien imaginés. L’intrigue principale de polar était assez décevante par contre. Si le personnage de Nikki est plutôt réussi au début, il s’étiole au fur et à mesure, quand on découvre que la flic ripoue a en fait un petit cœur battant plein de sentiments sous sa carapace. Le personnage d’Alice était assez peu crédible dès le début, et ça ne va pas en s’arrangeant. Beaucoup de révélations ou même de setup qu’on voit venir à des kilomètres, j’ai fini le roman assez blasé. Dommage au vu de l’univers mis en place.

Comment je suis devenu super-héros, de Douglas Attal

Film français produit par Netflix et sorti en 2020. Une France alternative où certaines personnes ont des super-pouvoirs. On suit un policier, ancien agent de liaison d’une équipe de super-héros, désormais flic ordinaire et dépressif, qui est affecté à une enquête sur une drogue qui donne des super-pouvoirs temporaires à des gens ordinaires.

Ça a les qualités et défauts habituels d’un film Netflix : y’a de bons éléments, le côté « super-héros dans un contexte franchouillard » est assez attirant, l’installation de l’univers plutôt réussie. Y’a de bons acteurs (Poelvoorde qui joue un ancien super-héros avec Parkinson est très réussi et très touchant), mais clairement il aurait fallu quelqu’un pour relire le scénario. On n’est pas au clair sur le statut des gens avec super-pouvoirs : on voit que peu deviennent des héros et que ça pose beaucoup de questions psychologiques aux gens avec des pouvoirs qui se sentent surtout différents, mais on ne sait pas pourquoi certains cachent leurs pouvoirs, on sait pas pourquoi les vilains veulent écouler une drogue qui donne des super-pouvoirs, on a une romance qui sert totalement à rien, des gens qui se relèvent magiquement de blessures ultra graves… On a vraiment l’impression qu’ils ont totalement rushé l’écriture, avec des trucs pas résolus dans tous les sens parce que la flemme.
Sur la façon dont c’est filmé, pas de recherche de style particulière, le film est vraiment là pour raconter une histoire. Quelques jolis décors dans un centre commercial abandonnés, pour le reste c’est Paris, filmé à hauteur de passant, ce qui marche bien avec le côté « vie ordinaire mais y’a des pouvoirs ».

Sympa à regarder mais loin d’être inoubliable.

Loki, de Michael Waldron

Série Marvel sortie en 2021, assez décevante. Loki, dieu de la malice et antagoniste des héros dans les films Avengers, est capturé par une organisation en charge de veiller à ce que l’histoire de l’univers se déroule telle qu’elle est censée se dérouler. Il est censé aider à chasser une version déviante de lui-même mais se retrouve rapidement à se demander qui a créé cette organisation et quels secrets elle cache.

Y’avait de bons éléments et l’esthétique de la TVA et du générique est cool. Par certains côté il y a une petite vibe Doctor Who : on peut voir l’ensemble du temps et de l’espace et les personnages courent beaucoup. Mais il y a aussi beaucoup beaucoup beaucoup trop de dialogues statiques, et un rythme très très inégal. Le final est particulièrement décevant, rien n’est résolu, c’est juste un prologue à une saison 2/de nouveaux films.

Un article intéressant sur cette série (en anglais) : It’s Not TV, It’s MCU: Thoughts on Loki.

Godzilla: King of the Monsters, de Michael Dougherty

Film d’action américain de 2019. C’était assez mauvais. J’étais attiré par le côté « il y a une organisation gouvernementale qui étudie les kaijū pour les comprendre », mais en fait ça prend cinq minutes du film. Pour le reste, le scénario n’a aucun sens (y’a la Terre Creuse ! y’a de la fausse science ! y’a des gens qui se téléportent pour les besoins du scénario !), les personnages sont très peu crédibles, et malgré les gros moyens dans les effets spéciaux, si les deux monstres principaux (Godzilla et Gidorah) sont cools, le design des autres est assez raté. Regardez plutôt Pacific Rim pour un film de kaijū sympa.

Le poster est joli cependant.

Le jour où Kennedy n’est pas mort, de R. J. Ellory

Uchronie sans grand intérêt.

Kennedy ne meurt pas à Dallas. À la veille de la convention démocrate à Atlantic City en 64, un ancien journaliste reprend l’enquête que menait son amour d’enfance, morte d’une overdose, sur le truquage de l’élection de 1960. Sauf qu’il n’y a aucune analyse ou même indication de ce que change la poursuite de la présidence Kennedy pour les US. On sait juste que Kennedy est pas mal décrédibilisé par ses frasques aux yeux de son équipe, pas grand chose de plus. Le monologue intérieur du héros éploré de la mort de la femme de sa vie est sans grand intérêt et assez réac, l’enquête qu’il mène n’est pas passionnante, et le style du livre (lu en VF) assez pauvre. Je ne recommande pas.

Maleficent II : Mistress of Evil, de Joachim Rønning

C’était assez mauvais. Déjà le premier n’était pas fou, mais là on descend encore plus bas. Ils ont viré les éléments un peu stylés visuellement du premier pour des trucs assez insipides (on perd le côté badass de Maléfique elle même pour en faire une personne fragile au milieu des autres Dark Fey), y’a une adversaire qui est très méchante pour zéro raison, beaucoup trop de temps d’écran pour Aurora qui est insipide au possible.
Y’a probablement 15 minutes à récupérer pour les rajouter dans un Alternate Cut du 1, sinon vous pouvez passer votre chemin.