Archives par mot-clé : pas ouf

Maleficent II : Mistress of Evil, de Joachim Rønning

C’était assez mauvais. Déjà le premier n’était pas fou, mais là on descend encore plus bas. Ils ont viré les éléments un peu stylés visuellement du premier pour des trucs assez insipides (on perd le côté badass de Maléfique elle même pour en faire une personne fragile au milieu des autres Dark Fey), y’a une adversaire qui est très méchante pour zéro raison, beaucoup trop de temps d’écran pour Aurora qui est insipide au possible.
Y’a probablement 15 minutes à récupérer pour les rajouter dans un Alternate Cut du 1, sinon vous pouvez passer votre chemin.

Vox, de Christina Dalcher

The Handmaid’s Tale, mais en carrément moins bien.

Assez déçu. J’avais vu une jolie couverture en librairie, j’avais feuilleté le premier chapitre qui commençait bien – je pensais être parti pour une dystopie féministe intéressante. Et puis non. Si la prémisse est intéressante – un gouvernement américain fondamentaliste décide littéralement de réduire les femmes au silence, le scénario est totalement implausible, empilant facilité sur facilité. Les personnages ne sont pas crédibles (et particulièrement manichéns) et les coïncidences abondent. Et en plus c’est mal écrit, avec des passages qui se répètent.

Bref, je ne recommande pas.

Nox, de Fred Cavayé, Quoc Dang Tran et Jérôme Fansten

Série Canal + sur une enquête policière dans les sous-sols de la Ville-Lumière. C’est pas très bien. Les actions et motivations des personnages n’ont aucun sens, les sous-sols sont totalement fantaisistes mais sans proposer quelque chose d’intéressant, et y’a pas mal de personnages clichés/de fausse subversion « ooooh, la témoin du meurtre est une actrice porno ! Oh là là on va montrer un studio de porno ! Bon on va montrer rien en fait, et puis de toute façon le potentiel subversif du porno en France en 2018 je demande à voir, mais whoooou on s’est fait plaiz’ en insistant bien sur le fait qu’elle était actrice porno. »

Ne recommande pas.

2012, de Roland Emmerich

Eh bien c’était très mauvais, sans surprise. C’est rigolo à regarder entre ami·e·s, mais rien ne fait sens. C’est dégoulinant de faux bons sentiments, les femmes ne jouent aucun rôle et attendent jusque que les mecs leur disent quoi faire, la physique ne fait sens à aucun niveau, les pistes d’atterrissage sont toutes dans le bon sens pour que l’explosion suive en ligne droite l’avion, le plan pour sauver l’Humanité implique de sauver des vieux riches de 80 ans comme la Reine d’Angleterre plutôt que des gens jeunes et avec des compétences en agriculture et mécanique, et pour sauver la biodiversité on emporte des couples de grands mammifères sans penser au fait que tu recrées pas une population stable depuis 2 individus. Bref, non non non.

Et puis y’a une bonne partie des effets spéciaux qui sont même pas bien faits et donc pas crédibles pour un sou.

Après y’a probablement des fanfics rigolotes à faire avec les deux mecs (le chirurgien-pilote et l’auteur raté) qui se mettent ensemble, ou avec une révolution des travailleurs qui ont construit les arches et qui partent sans tous les connards riches.

Le Château des Millions d’Années, de Stéphane Przybylsi

J’ai pas aimé du tout. j’ai lu un tiers du bouquin avant d’abandonner. Une histoire d’espion SS observé par des extraterrestres et qui trouve des artefacts dans des vallées du Moyen-Orient tout en séduisant toutes les femmes sur son passage. On dirait un mauvais pulp avec une grosse tartine de décor historique et une fascination malsaine pour les nazis (et dire « mais oh là là ils sont méchants et le protagoniste il est pas d’accord avec leur idéologie » ça suffit pas à dédouaner). Bref, je recommande pas et je comprends pas du tout l’engouement de la critique, notamment parce que j’ai trouvé en plus le style très plat.

Iron Man III, mieux vaut être une armure qu’une minorité.

Revenu du dernier blockbuster en date. Assez navrant. Il est mieux que le II (mais qu’est-ce qui est pire qu’Iron Man II ?) mais clairement pas à la hauteur du I. Ça part dans tous les sens sans savoir où aller, ça traine en longueur dans les séquences qui ont le moins d’intérêt… Et au milieu de tout ça, de vraies bonnes idées. C’est le plus navrant. On sent qu’il y avait du potentiel mais qu’il a été étouffé du début à la fin.

ATTENTION, LES SPOILERS COMMENCENT ICI.

Déja, le scénario. C’est exactement celui des deux premiers : Tony Stark est immature, mais des épreuves vont le faire grandir. Il affronte un terroriste étranger qui se révèle être soutenu par un industriel américain. A chaque film on en revient au même point, aux mêmes problématiques. Autant revoir le un.

Ouvrir le film sur Blue de Eiffel 65 annonce clairement la couleur au niveau du mauvais goût, au moins on est prévenu. Ça va de pair avec le blabla scientifique qui n’a juste pas de sens « je peux décoder l’ADN et le réécrire, comme il y a une case vide dans ton cerveau (il n’y en a pas) tu vas devenir explosif mais tes bras vont repousser ». Le film n’est pas à une incohérence près, puisque la majeure partie repose sur le fait que Stark ne possède qu’une armure déchargée quand on apprend à la fin qu’il en a 41 autres en attente intacte dans sa cave, qu’il peut toutes contrôler à distance. Cool. Tout ça ne sert donc juste qu’à nous refourguer un gamin sidekick comique, une idée profondément originale. Entre ça et les références à Noël on pouvait penser que l’hommage à Maman j’ai raté l’avion était assez appuyé, mais non, Stark décide d’un coup de se faire des gadgets maison pour aller prendre d’assaut les méchants. Là ça vire à Die Hard, le héros solitaire qui va sauver sa belle à Noël. Sauf que Stark n’est pas censé être un homme d’action. Mais là, infiltration tranquille sans aucun problème. Merci la continuité.

Merci la continuité aussi quand Stark dit à Rhodes que non il ne peut pas avoir d’armure. Elle sont configurées pour lui seul. Ah, et Rhodes en avait pas volé une à l’épisode précédent ? Et Pepper n’en a pas mis une deux fois dans le film ? Oui mais non, Rhodes peut bien crever contre les méchants en hyperthermie.

La scène qui m’a fait le plus frémir est celle qui pouvait paraitre féministe dans la bande annonce : Pepper dans une armure, qui sauve Tony. Sauf qu’en fait c’est Tony qui lui a collé l’armure sur le dos, et qui la lui reprend sans plus de consentement : Let the patriarchy empowers you, baby. On a un très rapide rattrapage sur la fin quand Pepper et ses nouveaux pouvoirs EXTREMIS vainquent le méchant. Tony s’empressera de les lui retirer plutôt que de les stabiliser. Faudrait pas qu’elle puisse être à niveau égal avec lui, hein. Étonnamment le film passe le Bechdel test, grâce à une discussion entre Pepper et Maya. Mais à part ça, Pepper est totalement inactive, un trophée disputé entre Tony et Killian.
[EDIT 17/05 : Un bon article qui analyse le problème de l’absence d’agenda de Pepper et du fait que ses pouvoirs lui sont toujours conférés puis retirés par les hommes.]

Le film est aussi bien classiste : Tony Stark chez les bouseux, avec notamment sa rencontre avec Gary.
Il massacre allègrement les concepts derrière l’Iron Patriot (supposé être une incarnation du nationalisme dans le comics, ici pas grand chose)

Il y a quand même des choses à sauver, hein : La performance de Kingsley en acteur complètement drogué, la réplique « Honestly? I hate working here, they’re all weird… », le PTSD de Stark (largement sous exploité et qui semble plus être un teaser pour le prochain Avengers qu’autre chose…)

En résumé, le film hésite entre des genres et des histoires différentes sans jamais arriver à faire un choix, ce qui appauvrit énormément son potentiel.

The Dark Knight Rises : critique

Caveat lector : l’article à venir contient bien évidemment des spoilers. Passez votre chemin si vous souhaitez voir le film sans en connaitre les ressorts.

Je ne suis pas le public ciblé par ce genre de film. Je représente la petite minorité de nerds qui connaissent trop les comics dont sont issus les films pour ne pas râler à la plus petite trahison faite au matériel original. Cependant, même en passant outre ces détails, j’ai un avis sur The Dark Knight Rises. J’ai vu le film dans d’excellentes conditions, en VO non sous-titrée sur IMAX, dans un multiplexe de la banlieue de Philadelphie, mais je n’ai pas été transporté par le film. Là où The Dark Knight avait été une excellente surprise, TDKR retombe pour moi dans les travers de Batman Begins.

Tout d’abord, les sources de Nolan : c’est un mélange d’un certain nombre d’arcs présent dans les comics, et franchement peu de choses me semblent originale dans ce film, jusqu’à certaines répliques que j’ai pu identifier.
Batman reclus depuis bien longtemps ? The Dark Knight Returns de Frank Miller. Bane arrivant à Gotham et brisant le dos de Batman ? Knightfall. Gotham isolée et dirigée par des bandes ? No Man’s Land. Un personnage qui veut de quoi effacer son passé ? C’est Bane lui-même dans Veritas Liberat. L’héritier de Ras Al Ghul ? Talia est un des personnages proéminent dans tout Batman. Globalement, ce sont de bon concepts que Nolan a choisi de reprendre, des arcs forts et brillants. Et on ne peut pas vraiment lui demander de trouver une histoire complètement neuve sur un personnage tel que Batman sur lequel la plupart des possibilités ont déjà été explorées. Cependant, avec The Dark Knight, il avait pris l’histoire la plus classique de Batman et il en avait fait quelque chose de brillant. Ce n’est pas le cas ici.
Au visionnage, je n’ai pas vu tant de trous que ça dans le scénario, mais ils sont tout de même gênants. Bruce Wayne ruiné s’échappe d’une prison du bout du monde et en moins de deux jours il est à Gotham City, en costume, pimpant et prêt à sauver le monde ? Même chose pour les policiers enfermés depuis cinq mois dans les égouts, qui en sortent dans une telle forme qu’on se demande si après avoir réglé son compte à Bane ils ne vont pas aller participer aux Jeux de Londres.

Bref. Ce que Nolan nous offre, c’est une histoire à propos de dépasser sa peur, d’accepter de la regarder en face et de vivre avec. C’est l’histoire d’un homme sociopathe et paranoide qui dédie sa vie et sa fortune à combattre le crime pour se punir de n’avoir pas pu en empêcher un quand il était enfant, et qui se rêve en créature d’ombres, un croquemitaine surpuissant qui ne pourrait jamais mourir ni avoir peur et qui s’enferme dans cette image, se coupant de toute joie de vivre. Sauf que. Sauf que quand on passe 2h30 à expliquer qu’il faut accepter la peur de la mort parce que c’est ce qui nous connecte à l’Humanité, on ne brise pas le dos du personnage central pour lui remettre en place VINGT PUTAIN DE MINUTES APRÈS ! C’était le gros problème de l’arc Knightfall (qui était résolu par une tempête magique) et c’est le même problème ici, avec une résolution encore plus foireuse : « T’as le dos brisé ? C’est pas grave, je suis médecin et j’ai le summum de la technologie à ma disposition : une corde ! Abracadabra ! ». Tout le début du film est fait pour montrer à quel point la situation est désespérée pour Batman, mais au final tout se résout en trois coup de rebondissement scénaristique approprié, sans aucun sacrifice. Imaginez le film si Batman avait du revenir dans un exosquelette ou amputé des jambes (je vous laisse imaginer le crossover De Rouille et d’Os/The Dark Knight Rises), ou n’importe quoi d’autre qui montre que les deux premières heures du film n’étaient pas totalement superflues.
Ce que je reproche ici à Nolan, c’est de prendre deux directions complètement opposées à la fois : il veut inscrire ses films dans la réalité (exit la science-fiction, les gadgets, l’esthétique fantasmagorique) et en même temps il s’accroche fermement au coté « Rien n’a de vraies conséquences, tant que tu crois au pouvoir de la volonté tout ira bien mon enfant »).

Un autre truc absurde ? La soudaine révélation que Bane n’est pas le fils de Ras Al Ghul mais que oh mon dieu, en fait, Miranda ! Déja c’est amené avec la subtilité d’une bande annonce pour un film de Michael Bay, mais en plus, qu’est-ce que ça apporte à l’histoire ? La conclusion du combat Bane/Batman est complètement mise de coté par cette révélation, juste pour nous rajouter une course-poursuite, une mort sans intérêt d’un personnage qui aura été développé sur cinq minutes et une nouvelle situation sans issue qui sera résolue dans la minute.

J’ai aussi grincé des dents devant le fait que Gotham City soit si évidemment New York. D’accord Gotham City est très fortement inspirée de New York, Gotham est un des surnoms de New York, mais Gotham N’EST PAS New York. Et ça a son importance. Parce que Gotham est au final une ville qui n’a pas tant d’influence que ça. Que c’est une ville avec une place dans l’économie des États-Unis, mais ce n’est pas ce pôle essentiel qu’est New York. Et que c’est pour ça que dans les comics les États-Unis laissent Gotham échapper à leur juridiction. Si Gotham était si centrale et importante économiquement que New York et un tel symbole aux yeux du monde entier, les États-Unis ne laisseraient pas un fou en faire son terrain de jeu pour cinq mois. Ils tenteraient quelque chose, quel que soit le prix en vies humaines. (et en plus les vues aériennes dans le film ne correspondent pas du tout à la carte de Gotham, mais je doute que ce détail dérange beaucoup de gens). Là encore, on est dans ce coté conflictuel entre réalisme et grand spectacle. TDR fonctionnait parce qu’aussi tordu soit-il, le Joker était un méchant à taille humaine. Il se battait au couteau et torturait les gens un par un (bon, il prenait aussi deux ferrys entiers en otage, mais en comptant plus sur la manipulation psychologique que sur la tonne d’explosif qu’il avait acquis on ne sait comment). Bane se balade avec une bombe atomique dans New York, cinq millions d’otages retenus cinq mois durant (dans une cité portuaire) et a planifié le tout sur tellement de temps qu’il a refait toutes les fondations de Gotham en béton explosif. (et pourtant un mec seul va l’arreter sans moyen mais juste avec sa détermination. Si la résolution avait pris place un jour férié, j’aurais juré avoir vu Die Hard 5 plutôt que Batman). Et au final il n’a pas plus de plan que le Joker, mais avec des motivations puisées dans l’intrigue de Batman Begins : « On va foutre le bordel partout … parce que Gotham est corrompue ».

Un autre problème est le manque de subtilité, particulièrement dans la conclusion. De nombreuses choses aurait pu être simplement suggérées. Quelqu’un a installé un pilote automatique dans le batplane ? On se doute bien que c’est Bruce Wayne et pas Fred Astaire. John Blake s’appelle en fait Robin et on va lourdement insister dessus dans une scène où il est dans un orphelinat ? Pourquoi ne pas lui donner l’état civil d’un des Robins, ou le mentionner juste en passant ? Et la toute fin, ne pouvait-on pas voir juste Alfred juste sourire, sans nous montrer que oui, là dans le café où il espérait le rencontrer, oui c’est bien Wayne, oui Bruce Wayne, qui est là aussi.
On peut aussi s’attarder sur ce réacteur à fusion qu’on pourrait si facilement transformer en bombe nucléaire oui mon bon Lucius ce serait terrible si cela arrivait gardons-le intact plutôt que sous forme de plans. Niveau réalisme et subtilité on se croirait dans Iron Man II.

Deux des grandes idées qui parcourent TDKR, la révolte contre l’autorité si celle-ci n’agit pas pour le bien des citoyens, et l’idée que l’Idée que le Masque symbolise est plus importante que l’Homme qui le porte, ont déja été abordée dans V pour Vendetta et avec plus de réussite pour moi (voire la géniale scène de fin de V pour Vendetta où une armée de citoyens/V ôtent leur masque et où tous les personnages du film – vivants ou morts – en font partie).

Ce que j’ai bien aimé (il en faut bien un peu) :
– Le tribunal dont l’esthétique renvoie directement à l’Asile d’Arkham et à Tim Burton
– Le costume de Bane, avec son manteau de seigneur de guerre russe.
– Le fait que Nolan clôt sa trilogie sur la mort de Batman. C’est pour moi LE point de réalisme de ce film par rapport aux comics, où Bruce Wayne revient encore et toujours. Il ne peut pas être Batman indéfiniment. Son corps est détruit de partout, il ne tient qu’en se consumant de l’intérieur. Pour que Batman vive, il est indispensable que Bruce passe la cape à quelqu’un d’autre. Le comics se refuse à laisser cette transmission arriver, malgré plusieurs tentatives (et des résultats intéressants, notamment l’arc Battle for the Cowl, où après compétition dans la Batfamily, Nightwing reprenait l’identité de Batman, passation immédiatement perçue par Gordon étant donné que le nouveau Batman le laissait finir ses phrases avant de disparaître. Je m’égare, mais si vous êtes intéressés par le sujet des passations de costume chez les superhéros, sachez juste que dans la collection Ultimate Marvel, Peter Parker est mort et un gamin de quatorze ans nommé Miles Morales a pris l’identité de Spiderman).

Enfin, une théorie personnelle : tout le monde sait qui est Batman. Wayne et Batman était en Asie en même temps, ils se sont retirés de la vie publique en même temps, y sont revenus en même temps, Blake et Bane connaissait son identité (et tous les hommes de main de Bane avec, du coup). Il n’y a que Gordon, aveuglé par sa loyauté au symbole, qui ne peut pas voir l’homme derrière et qui a besoin de se le faire dire. Pour tous les autres c’est évident, et c’est juste mis de coté. Tant que Batman n’est plus là, pas la peine d’aller embêter Wayne, c’est une grosse huile et il pourrait causer des problèmes. Une fois qu’il est revenu, il a juste le temps de sauver le monde avant de mourir, c’est pourquoi personne ne lui cherche des noises. Et après même si tout le monde sait, tout le monde est aussi d’accord que Batman en tant que symbole est plus important que Bruce en tant qu’homme. C’est pourquoi la question n’est pas abordé et que personne n’est mon plus abasourdi par leurs morts conjointes (et l’absence de corps pour Bruce.)

 

Enfin, quelques lectures complémentaires sur le sujet :
Une descente en règle (et d’assez mauvaise foi) du scénario chez l’Odieux Connard.
Les thématiques du film chez Slate.
Une critique de la façon de filmer de Nolan.
Et enfin une critique positive du schmilblick.