BD-fleuve sur la Révolution Française. Ce premier tome se concentre sur les débuts, l’été 1789 essentiellement. On alterne entre différents points de vue, les députés de l’Assemblée Nationale, la noblesse, le peuple de Paris, différent.e.s révolutionnaires. La BD mèle des figures historiques (Lafayette, Louise-Reine Audu, Marat) et des personnages inventés. Gros travail de documentation en amont, beau dessin, période intéressante et narration non-manichéenne, je recommande fortement.
Archives de catégorie : phylactères
Solanin, d’Inio Asano
Manga de 2005. La vie de deux jeunes adultes en couple, qui tentent de trouver leur place dans la société, entre leurs boulots chiants et leur envie de faire quelque chose de plus épanouissant de leurs vies. C’était sympa mais pas extraordinaire. Du coup je me permet de SPOILER ci-dessous
Continuer la lecture de Solanin, d’Inio AsanoLe Tour des Géants, de Nicolas Debon
Une bande dessinée qui retrace que ce fut le Tour de France de 1910. Le duel entre les deux favoris, mais surtout le quotidien du Tour, un Tour couru essentiellement par des cyclistes amateurs, réparant eux-mêmes leur vélos, toute assistance extérieure étant interdites durant les étapes. Pas de dérailleurs, les freins sont une nouveautés, le parcours est gargantuesque, épuisant peu à peu les participants (ils ne seront que 41 à l’arrivée). J’aime bien son style de dessin, il faudrait que je mette la main sur un exemplaire de L’Invention du Vide, notamment parce que comme illustré ci-contre, ses paysages de montagne sont très beaux.
DMZ, de Brian Wood
Comics publié de 2005 à 2012. La seconde guerre civile américaine s’est déclenchée, entre le pouvoir central, et des milices difficiles à situer politiquement issues du pays profond (un mouvement qui n’est pas sans rappeler les Gilets Jaunes + la culture des armes à feu des US). La Guerre est resté relativement sans dégâts à cause de difficultés à distinguer les populations et les combattants, et la prise par surprise des USA par les milices des Etats Libres. Sans dégâts jusqu’à ce que les armées structurées se rencontrent à New York. Le New Jersey est aux États Libres, Brooklyn aux USA, et Manhattan est devenue une zone « démilitarisée » entre les deux armées.
C’est dans cette zone livrée à elle même, exposé à des bombardements de la part des deux camps, à l’infiltration de compagnies mercenaires, isolée du reste de l’Amérique, que Matthew Roth, un journaliste débutant, va se retrouver parachuter et tenter de faire son métier en conservant son « objectivité journalistique », si tant est que ça ait un sens en zone de guerre. Une excellente bédé. Les deux armées sont présentées comme des connards, ça parle de journalisme, de divisions politiques, de guerre et de la position des civils dedans (un petit côté This War of Mine ou Sunset, pour donner des références vidéoludiques), de l’influence des multinationales, de l’absence de position neutre.
Y, the last man
[02/2016] Série de comics par Brian K. Vaughan (scénario), et Pia Guerra (dessin), que j’ai relue à l’occasion de mon achat du neuvième et pénultième tome. Les auteurices imaginent un monde où tous les hommes sont morts soudainement pour une raison mystérieuse (tous sauf un). C’est intéressant comme pitch, et c’est souvent bien réalisé mais y’a des moments un peu randoms.
[2019] Relue à nouveau maintenant que j’ai mis la main sur le dernier tome. La fin manque un peu d’intensité, mais globalement c’est cool. Le personnage de Yorrick est intéressant (c’est globalement pas lui qui sauve le monde ni les situations dans lesquelles le groupe se trouve, il est plus un fardeau pour ses compagnes qu’autre chose), mais la série reste très centrée sur lui. On sent que les auteurices sont bien intentionné.e.s et iels font des trucs intéressants, mais il leur manque quelques bases en concepts féministes (notamment, y’a un peu un seul type de corps féminin représenté c’est un peu dommage – sur la diversité des caractères des personnages c’est mieux).
L’aigle sans orteils, de Lax
Bande dessinée sur un béarnais qui décide au début du XXe siècle de participer au Tour de France. Enchaînant les ascensions jusqu’au Pic du Midi pour réunir l’argent nécessaire à l’achat d’un vélo, il finit par perdre l’ensemble de ses orteils. Qu’à cela ne tienne, il pédalera avec des prothèses…
C’est un peu anecdotique, mais c’était intéressant comme présentation de la vie à cette époque, et y’a de belles pages représentant les Pyrénées.
(et c’est une histoire vraie visiblement)
Le Château des Étoiles, d’Alex Alice
BD dessinée à l’aquarelle. Dans les années 1870, après un vol expérimental confirmant l’existence de l’éther au delà de l’atmosphère, un programme de conquête spatial est lancé par le roi Ludwig de Bavière, amoureux des arts et sciences, avec l’assistance d’un ingénieur français et de son fils. Mais la prouesse technologique intéresse fortement Bismarck, qui en voit l’intérêt militaire pour l’empire allemand…
J’ai beaucoup aimé. Il y a des influences de Jules Verne et d’Hayao Miyazaki clairement assumée, avec le côté ingénierie et les châteaux féeriques perdus dans la Bavière rurale. Beau contexte uchronique avec Bismarck, la princesse Sissi qui vient au secours de son cousin. Mention spéciale pour le prince Ludwig d’ailleurs, avec son coté héros romantique avec sa grande cape, qui va probablement réapparaitre plus tard dans l’histoire en mode Albator.
Le second cycle (se déroulant sur Mars plutôt que sur la Lune) m’a un peu moins plu, on voit l’influence des Chroniques Martiennes dessus, mais j’ai trouvé le rythme de l’histoire plus haché, et il y a moins le côté défis techniques à résoudre.
Magasin Général, de Loisel et Tripp
Série de bande dessinées en 9 tomes, qui raconte la vie dans un petit village rural du Québec des années 20. L’arrivée d’un nouveau curé, Réjean, et d’un étranger, Serge, va bouleverser la vie du village pour le mieux.
C’était vachement bien. Je sais pas trop quoi dire de plus. C’était tendre et bienveillant ? Je recommande.
et il foula la terre avec légèreté, de Mathilde Ramadier et Laurent Bonneau
Bande dessinée sur un géologue travaillant pour une grosse compagnie pétrolière française, qui part en mission de terrain en Norvège pour évaluer le potentiel d’un réservoir. Sur place il discute avec les habitants de leur rapport à la Nature, des changements récents de la société et de ceux qu’amènerait l’implantation d’une plate-forme de forage.
Le dessin est très beau, et le propos avait l’air intéressant, mais au final je l’ai trouvé un peu vide. Le mec se pose des questions, ok, fort bien, et ? On ne voit pas ce qu’il en fait dans son taf où dans son rapport personnel au monde. Les persos sont un poil caricaturaux aussi.
Rex Mundi, d’Arvid Nelson
France, 1933. La Réforme n’a pas eu lieu, et la Révolution Française a échoué. A quelques cellules de terroristes calvinistes près, l’Europe et catholique, et la France est dirigée par une monarchie constitutionnelle où le pouvoir est partagé entre Louis XXII, la Chambre des Épées et la Chambre des Robes. L’Inquisition est la force de maintien de l’ordre principale, même si elle commence à accepter de coopérer avec des forces de police laïques dans les différents empires. Oh, et la magie existe.
Dans cet univers, un membre de la Guilde des Médecins va accepter de mener une enquête pour le compte d’un de ses amis. Très vite, il va se retrouver sur la piste d’une conspiration ancestrale (avec des Templiers, comme toute bonne conspiration), sur le point de remettre en cause le pouvoir de l’Eglise et l’ordre politique de la France.
L’univers est très bien. Les premiers tomes, où on le découvre progressivement, avec l’enquête du personnage principal, sont vraiment bien. Les ajouts sous la forme de une de journaux à la fin de chaque chapitre qui donne une idée plus large de ce qui se passe dans le monde, sont une excellente idée pour approfondir l’univers sans ralentir l’histoire.
Je suis moins convaincu par la fin, où l’histoire de l’enquête et les grands enjeux politiques, qui devraient se mélanger, ne le font pas : c’est deux histoires parallèles, certains personnages passent de l’un à l’autre mais sans qu’une histoire n’influe vraiment sur l’autre. De plus, la politique devient trop un décalque de notre monde dans les enjeux, toute la partie magie et église en disparaît, alors que les premiers tomes réussissaient à vraiment donner quelque chose d’alternatif intéressant.