Lovecraft Country, de Misha Green et Jordan Peele

Adaptation en série télévisée du roman éponyme. J’ai eu un peu de mal à rentrer dedans. Comme le livre, ça part un peu dans tous les sens, il faut accepter que c’est une anthologie, avec des styles et genre qui varient assez fortement d’un épisode à l’autre malgré la trame globale. Mais au bout d’un moment (vers l’épisode 4 je dirais pour moi) la mayonnaise prend et c’est assez cool. Du coup c’est de l’horreur, pas du tout lovecraftienne par contre malgré le titre, et du pulp de façon plus générale, avec des héros racisés – principalement noirs – qui doivent composer avec les menaces horrifiques, et celles d’une société raciste en parallèle. Évidemment les détenteurs de pouvoirs magiques sont blanc.he.s, les dominations se recoupant. La série parle un peu de féminisme et d’intersectionnalité, mais le prisme des discriminations racistes reste prééminent.

Je suis un peu dubitatif des retournements de situation dans l’épisode final, mais sinon je recommande la saison.

Hocus Pocus, de Kenny Ortega

Film d’Halloween de Disney de 1994. EN 1693, trois sorcières sont exécutées à Salem. Elle réussissent à placer un sort loophole : si qq allume une bougie dans leur maison un soir d’Halloween, elles pourront revenir pour la nuit.
300 ans plus tard, un gamin idiot qui ne croit pas aux sorcières fait exactement ça. Les sorcières tentent alors de créer en 2-2 une potion magique de jeunesse éternelle pour vivre plus longtemps que juste la nuit. Pour ça elles ont besoin de leur livre de sorts et de l’âme d’enfants. Les héros (le gamin idiot, son love interest et sa petite sœur + un chat qui parle) vont tenter de les en empêcher.

C’était étrange. Ça n’a pas super bien vieilli, avec des personnages lourdement dragueurs.
Le trio de sorcières est très réussi par contre (les actrices cabotinent à mort), avec une cheffe implacable et deux sidekicks idiotes. Des gags réussis sur le fait qu’elles ont du mal avec la modernité, un peu ruinées dans leur cohérence par le fait qu’à la moitié du film ça leur pose plus de problèmes et que les persos font des blagues basées sur de la culture G d’aujourd’hui. L’intrigue est classique pour un film pour enfant mais un peu dark (pendaison, vol d’âmes, chat écrasé…), avec les habituels adultes inutiles et des antagonistes stéréotypés.

Pic d’Anéou

Dernière randonnée avant le confinement, dernière randonnée de l’année du coup. Montée avec G. au pic d’Anéou. Très beau temps, rando pas très longue parce que je devais récupérer un train le soir. Départ du col du Pourtalet, passage par Cuyalaret, le col d’Anéou, puis le pic, redescente depuis le col vers les plateaux et le Pourtalet. On a vu quelques chocards, et des bouquetins/isards.

Les quadrupèdes non identifiés
Pic du midi d’Ossau
Pic du midi d’Ossau, zoom
Vers l’Espagne
Espagne depuis la frontière
Espagne encore
Crête frontière
Plateau

Les derniers Parfaits, de Paul Béorn

Roman de fantasy occitane. L’histoire se passe dans un univers assez sombre où la magie existe. Suite à un cataclysme qui a touché l’Empire Romain, la carte de l’Europe a été remodelée. Des siècles plus tard, l’Occitania est indépendante du royaume de France, la religion cathare y est officielle, et les légion catharis montent à l’assaut du royaume de France, aidée d’alliés surnaturels. Au milieu du conflit, un groupe de 4 prisonniers de guerre réussissent à s’évader et décident de descendre au cœur du territoire occitan…

C’était intéressant d’avoir de la fantasy avec des prémices françaises, y’a matière à. C’est de la dark fantasy, pas mon genre favori, mais c’est plutôt bien fait, l’univers est cohérent et réussi. C’est pas le bouquin de fantasy du siècle mais c’était une bonne lecture.

Potentiel du Sinistre, de Thomas Coppey

Un jeune cadre dynamique prometteur est engagé dans Le Groupe, n°2 du secteur bancaire. Intégré à une équipe de R&D pour imaginer et gérer de nouveaux produits financiers exotiques, il développe l’idée de titriser la réassurance des catastrophes naturelles. On suit sur plusieurs années son évolution dans Le Groupe, son adhérence initiale puis sa dissociation d’avec les valeurs corporate.

On sent que l’auteur a travaillé en entreprise, il rend à merveille le vocabulaire et l’ambiance corporate, la façon de parler par éléments de langage qui permettent de se raccrocher à ce qui est dicible, dans des rapports qui sont très largement hiérarchiques même si on a un vernis de cool dessus.

C’est un roman assez peu joyeux du coup, on sent bien toute la puissance du néolibéralisme qui pèse sur les personnages qui veulent dévier du credo. Mais c’est un roman réussi dans ce qu’il montre.

Bliss, de Joe Begos

Film de vampires de 2019. Dezz’, une peintre de la scène punk de ce qui a l’air d’être Los Angeles dans les années 90s tombe sur une nouvelle drogue, le Diablo, puis sur une de ses amies qu’elle n’a pas vu depuis longtemps et qui la transforme en vampire. Sous l’influence combinée de ces deux facteurs, Dezz retrouve l’inspiration qui lui manquait et peint le tableau qu’elle avait en chantier lors de long blackout où elle fait apparaître une divinité maléfique comme sujet central du tableau.

C’était assez mauvais. D’un point de vue image et cinéma y’a des trucs intéressants, la pellicule est grainée, y’a des couleurs artificielles qui éclairent la plupart des scènes pour faire ressentir le côté vie nocturne et enfermement. Mais par contre niveau scénario… Je sais pas, peut-être que ça aurait été transgressif si ça avait vraiment été tourné dans les années 90’s, là c’est juste grand guignolesque. La peintre s’isole dans sa folie créatrice et dans son addiction à la drogue et au sang. Elle tue des gens, elle est odieuse avec ses proches. Bon et puis comme le personnage principale est une femme, on va la faire coucher avec sa pote et un mec, et puis la grande scène où elle peint à la fin, elle peint pas vraiment, elle danse en culotte devant la toile et se frotte contre. Bref, elle n’est pas créatrice mais vecteur d’une force supérieure qui crée à travers elle (on la voit très peu peindre dans le film, la plupart de la peinture est faite hors champ et lors de ses blackouts), et évidemment sexualisée parce que pourquoi se priver ?

Bref c’était un film de vampires très peu original et sexiste.

Nouvelle Vague

On pourrait parler de cinéma français, ce serait cool. Malheureusement, c’est plutôt de l’épidémiologie amatrice que je vais faire ici.

Or donc, wouhou c’est la seconde vague. On y est, on y est bien, l’Europe se reconfine, le gouvernement s’offre un petit trip années 30s avec un couvre-feu (moi ça m’évoque la scène d’ouverture de V pour Vendetta les couvre-feu, c’est super sympa et totalement une réponse adaptée à un virus sans aucune dérive possible).

Au delà de râler sur le fait qu’on a un gouvernement de connards incompétents, que faire ?

Premièrement, parlons d’épidémiologie. On est dans la même situation qu’en mars, donc les mêmes recommandations s’appliquent : avant tout, distanciez-vous socialement (et physiquement). Vous devriez y être aidé par les mesures liberticides, mais n’appliquez pas bêtement les consignes gouvernementales. Prenez le temps de vous poser pour vous demander quels sont les interactions physiques que vous êtes prêt.e.s à (ou en capacité de) repousser ou annuler. Voyez moins de gens à la fois. Voyez les gens en extérieur, et en gardant vos distances. Mettez un masque si vous devez rester longtemps proche de quelqu’un d’autre.

Sur les masques d’ailleurs, si vous en avez à volonté, c’est cool. Sinon, stratégisez. Demandez-vous quelles interactions sociales ou quelles personnes vous voulez protéger à tout prix, et réservez des masques propres ou jetables pour celles-là, que vous ne gardez que 4 heures (idéalement évidemment vous feriez ça pour toutes vos interactions – mais perso j’ai un stock limité de masques, je gère le réel tant que l’État distribue pas des masques à tout le monde).

Lavez-vous les mains avant de sortir, régulièrement à l’extérieur, et dès que vous rentrez chez vous, ne vous touchez pas le visage à l’extérieur (le masque aide pour ça), touchez moins de trucs à mains nues si vous pouvez. Reprocurez-vous du gel hydroalcoolique si vous n’en avez plus.

Si vous êtes en position de télétravailler, faites-le. Même partiellement, vous limitez vos expositions. Si vous êtes en position d’imposer le télétravail à d’autres gens, faites-le encore plus. Faites toutes vos courses pour la semaine en une seule fois pour limiter votre présence en magasin. Si vous le pouvez, visez les horaires avec peu d’affluences, ou les retraits façon drive.

Anticipez votre possible contamination et quatorzaine : pour ça comme en mars, faites un stock de produits qui vous permettrons de tenir 15 jours sans sortir de chez vous. Conserves, soupes, mouchoirs, PQ. Visez 15 jours, ne dévalisez pas les magasins. Prenez de la confort food aussi, parce qu’être malade et n’avoir que du riz sans assaisonnement à bouffer, c’est nul.

C’est aussi le bon moment pour vous poser la question de où et comment est-ce que vous allez passer un potentiel reconfinement : parlez avec vos proches si ça implique une décision collective. Réfléchissez aux questions de logistique. Anticiper les choses vous simplifiera tout. Si y’a un jeu de société que vous voulez tester depuis longtemps ou un livre que vous vouliez lire, procurez-vous le maintenant plutôt que dans 15 jours (et même si ça confine pas, ce sera toujours pratique pour le couvre-feu).

Question santé mentale, prenez des nouvelles des gens, skypez ou équivalent, comme durant le confinement. Essayez de sortir un peu dans des endroits où l’on peut être seul·e. Réfléchissez à comment vous réorganiser une routine si elle a été perturbée par les restrictions (sociabilisation, occupation du temps, façon de faire du sport). Le couvre-feu c’est chiant, et tant qu’on sera pas en confinement y’aura en plus des relents de responsabilités individuelles sur les contaminations. Prenez soin de vous, prenez soin des autres.

Pour référence, l’article précédent qui parlait d’épidémio et de confinement : Confinement et Conséquences.

Pour un thread d’épidémiologie et de comparaison des stratégies : Thread de Maître Pandaï.

Century Rain, d’Alastair Reynolds

200 ans dans le futur, les humains sont divisés en deux factions, les Treshers qui limitent leur usage de la technologie, et les Slashers, qui l’embrassent sans restriction. Les premiers contrôlent le voisinage de la Terre inhabitable, les seconds un réseau de trous de vers à travers la galaxie. Alors que les relations entre les deux factions se tendent de plus en plus, promettant une nouvelle guerre dans un futur proche, les autorités Treshers recrutent une archéologue : une réplique de la Terre des années 50s – dont l’Histoire aurait divergé dans les années 30 – a été découverte dans un artefact alien gigantesque. Une planète entière déjà habitable, une découverte majeure qui pourrait changer le cours de la guerre à venir.
On suit en parallèle l’Histoire de cette archéologue envoyée infiltrer Terre-2, et celle d’un natif de ce monde, un détective privé franco-américain. Évidemment les deux vont se rencontrer et s’épauler.

J’ai bien aimé. Les codes du polar noir mis en œuvre sont intéressant, avec de brusques changements de tons suite à l’irruption de partie SF. Ca donne parfois un peu trop dans le cliché du détective dur à cuire qui tombe amoureuse de clientes mystérieuses et dangereuses mais ok. J’aurai bien voulu plus de détails sur ce monde au développement arrêté (la prémice fait un peu penser à celle de Burning Paradise, de RC Wilson). Sans être le roman de la décennie, on passe un très bon moment avec.

Dans un rayon de soleil (On a sunbeam), de Tillie Walden.

Roman graphique de 400 pages. Mia termine ses études en pensionnat et rejoint l’équipage d’un vaisseau spatial qui rénove des bâtiments. On découvre en parallèle sa vie avec l’équipage du vaisseau et ses années en pensionnat. C’est difficile d’en dire plus sans divulgacher, et ça vaut le coup de rentrer dedans sans en savoir trop. L’univers est très original, limite onirique et très clairement poétique. Ça parle d’exploration spatiale, d’Histoire, d’architecture et de rénovations, de Sentiments, de liens familiaux. Le dessin est juste magnifique. J’avais bien aimé Sur la route de West de la même autrice mais sans plus, là c’est une grosse claque, probablement ma recommandation de l’année 2020.