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Le Sommeil de la Raison

J’interromps ma série d’articles avec de jolies photos du street-art parisien planifiés 15 jours à l’avance pour un nouvel article politique pour discuter de ce qui est en train de se jouer à l’Assemblée Nationale et (pas vraiment)dans les médias. Après la marche des endormis, le Sommeil de la Raison donc. Parce que ça part en roue libre au niveau des parlementaires.

J’ai l’impression que la conversation porte peu là dessus, de voir pas grand monde en parler par rapport à ce qu’il y avait eu en Novembre, ça peut être un biais de perception mais c’est quand même flippant. Certains parlementaires disent fuck au concept d’État de droit. C’est pas une formule, c’est littéralement ce que dit Eric Ciotti (« si vous aviez vu les cadavres, vous ne poseriez pas la question de l’État de droit » : cette mauvaise contrefaçon d’être humain n’hésite donc pas à instrumentaliser les morts et l’émotion à vif pour tenter de faire reculer les droits de ses concitoyens. S’il y a un prix de l’immondice, on a un gagnant tout trouvé, même si l’ordure n’en est clairement pas à son premier coup). Et le Parlement a donc prolongé l’État d’urgence pour six mois d’un coup. La fameuse urgence de six mois. On va donc se coltiner plus d’un an de ce régime d’exception. Et quand je dis un an, franchement, je ne suis pas sûr qu’on en sortira un jour. Pour rappel, Vigipirate aussi c’était censé être temporaire. Ce qui me fait peur (le mot est faible. Ce qui me terrifie) c’est l’absence de débat là dessus, et les propos pire les uns que les autres que sortent les « élites ». On dirait un concours de celui qui dira la pire saloperie. Et franchement entre la détention préventive et le « Guantanamo à la française » y’a du niveau. Mais on réagit pas, ou si peu. Parce qu’en six mois et quelques, l’État d’urgence est devenu notre nouveau normal. Voir l’État nasser préventivement les manifestations c’est normal. Voir l’État interdire à certain⋅e⋅s d’aller manifester c’est normal. Les perquisitions de nuit et sans accord judiciaire c’est normal (bon ça y’a pas tant de gens qui l’ont vécu mais on sait que c’est ok de nos jours). Surtout, les militaires dans les rues avec des armes de guerre c’est normal (on me fait remarquer que ça existait déjà dans le cadre de Vigipirate, mais ça a été largement amplifié en nombre de militaires déployés et en lieux concernés). Les bâtiments fermés, les vigiles à toutes les entrées, c’est normal. Vigipirate aussi ça devait faire drôle au début. Mais quand on a toujours vécu avec, qui s’en soucie ?
J’ai peur qu’on ne sorte pas de l’État d’urgence. Qu’on lui adjoigne un État d’urgence extrême, puis un État d’exception, puis qui sait quoi encore. Oh, pas d’inquiétude, on ne perdra pas les apparences de la démocratie, on aura toujours nos jolies élections tous les cinq ans, avec une saine alternance PS/LR, même éventuellement d’autres partis. Mais les élections tous les 5 ans, si la contestation sociale est défoncée, si le militantisme est réprimé, si l’utilisation de l’espace public est restreint, ça sert à quoi ? On va évoluer lentement mais tranquillement vers des situations comme ce que l’on trouve dans d’autres pays : un pouvoir totalement isolé de la population qu’il gère, avec aucune influence des citoyens sur les décisions prises. Un espace public dangereux et totalement délaissé par les plus riches. Des centres commerciaux et des ghettos pour riches cloisonnés, entre lesquels on circulera en voiture. Et dans lesquels on rentrera pas sans voiture ou laisser-passer, parce que les pauvres c’est suspect. Bref, une ségrégation toujours plus importante selon les classes sociales, et un statu quo de plus en plus écrasant.
On est déjà bien avancé sur cette voie, hein. La classe politique est déconnectée des gens (et consanguine avec les dirigeant⋅e⋅s d’entreprises), les pauvres sont suspect⋅e⋅s et fliqué⋅e⋅s, les richesses sont accaparées, la police tue (comme à Beaumont-sur-Oise) et mutile (comme en manif) avec l’approbation des dirigeants qui l’assurent de tout son soutien. Mais ça peut être largement pire (enfin, j’écris ça depuis un point de vue de classe moyenne supérieure qui avait jusqu’à peu, l’impression d’avoir une influence sur la politique du pays, quelqu’un de moins favorisé dirait probablement que c’est foutu depuis longtemps). Et j’ai pas envie dans 10 ou 15 ans de me dire « C’était pas mal quand même quand on vivait en démocratie, et qu’on avait pas trois attentats par an. »

Et tout ça pour quoi ? Parce que désolé mais « lutter contre le terrorisme » c’est bien gentil, mais on lutte *pour* quoi exactement ? C’est une question importante parce que si on a rien a défendre, autant pas se battre, ça évitera les morts. Donc on lutte pour quoi ? Pour défendre notre modèle de société, me dit-on. Ah, fort bien. Mais quelles parties ? Ce qui a vaguement l’air de devoir être défendu contre les dictatures (parce que ce qui me pose problème chez l’EI c’est le coté dictature. Le côté islamique, bah figurez-vous que je défend le droit pour chacun⋅e d’exercer sa religion), ce qui a l’air de valoir le coup de défendre donc, ce sont les libertés individuelles : liberté de religion, liberté de rassemblement, liberté de pensée, liberté d’expression, droit à un procès équitable… Sauf que c’est précisément ce que les connards partisans d’un « Guantanamo à la française » veulent nous retirer. Tou⋅te⋅s suspect⋅e⋅s et pas de procès à partir du moment où on a un vague soupçon.
Soyons clair : si vous avez pour but de retirer autant de libertés individuelles aux citoyen⋅ne⋅s français⋅e⋅s que l’État Islamique voudrait le faire, alors vous êtes dans leur camp. Le camp adverse c’est celui qui veut préserver les libertés, pas celui qui envoie des bombes qui font plus de mort chez les civils là-bas que ce que les dirigeants de là-bas en font ici. Bombarder des civils, soupçonner des gens sur la base de leur religion, enfermer des gens sans procès, torturer, ce n’est pas lutter contre le terrorisme, c’est l’alimenter.
Et c’est pas des trucs neufs que je raconte, c’est pas une idée un peu folle dans mon coin. C’est des fucking concepts prouvés et reconnus (au parlementaire surdébile qui veut un Guantanamo à la française : y’a des études menées par la CIA – pas les plus gros gauchistes du monde – qui montrent que la torture est inefficace. C’est prouvé, et c’est ton boulot, littéralement, de te renseigner sur ce genre de choses avant de proposer des trucs à tort et à travers. Tu veux torturer des gens pour rien. Comme ? Comme l’État Islamique. On a aussi l’autre génie qui propose de légaliser le port d’arme pour empêcher les attentats. Mais bon sang, il suffit de regarder 5 secondes la situation aux USA pour voir que ça fonctionne pas et que ça fait des morts. C’est prouvé. Pourquoi proposer ça ? C’est quoi le but ? Ajouter à l’insécurité ambiante pour gagner plus facilement les élections avec un discours de connards sécuritaire derrière ? Favoriser l’industrie de l’armement ?) Avoir le droit à un procès équitable avec une défense et la présomption d’innocence, avoir le droit de vivre sans être fiché⋅e⋅s, scruté⋅e⋅s, contrôlé⋅e⋅s, pouvoir aller là où l’on veut, pouvoir contester le gouvernement, avoir la possibilité matérielle de renverser le gouvernement s’il ne respecte pas la loi ou son mandat, avoir un équilibre des pouvoirs et des contrôles, c’est ce qui nous différencie (différenciait ?) d’une dictature. Pas « les élections ». Pas le fait que notre chef à nous il a un costard cravate et non pas un uniforme militaire ou une tenue traditionnelle pas de chez nous.
Une fois de plus, je ne suis pas le premier à le dire, très loin de là, on lutte contre le terrorisme en intégrant les gens dans la société. Les gens qui passent à l’acte ce sont des gens qui se trouvent une cause dans le djihadisme parce que la société française les a tellement stigmatisés et isolés qu’une idéologie de mort leur a paru préférable. Je ne dis pas qu’il faut plaindre les connards qui sont passés à l’acte, mais je dis que l’on peut prévenir les redites en arrêtant de stigmatiser les immigré⋅e⋅s et les musulman⋅e⋅s, en mettant du fric dans le développement des banlieues, en arrêtant de taper sur les pauvres et les chômeurs/chômeuses pour vivre des conditions qu’els n’ont pas choisi. Et aussi, peut-être, en demandant des comptes à Lafarge, société française pour laquelle visiblement c’était plus important de continuer à faire des profits en Irak que d’avoir des valeurs et qui a financé l’État Islamique.

Y’a aussi celleux qui veulent qu’on se batte pour des valeurs qui sont pas celles de la démocratie mais celles de « la France » : visiblement ça veut dire être une nation blanche et chrétienne, qui mange du fromage et harcèle les femmes dans l’espace public. Désolé mais les musulmans qui vivent ici sont français, les femmes qui vivent ici sont françaises, les personnes racisées qui vivent ici sont françaises, et même les personnes qui ne mangent pas de fromage sont françaises. La France n’a pas toujours été chrétienne, l’immigration est ce qui a maintenu la France comme un pays important durant les 30 Glorieuses, se comporter comme un connard envers les femmes ne fait pas de vous un homme mais juste un connard. Si vous défendez vraiment la laïcité, vous vous en fichez que de plus en plus de gens soient musulman.e.s (ou chrétien.ne.s, ou juif/ves, ou bouddhistes ou whatever), vous vous en fichez qu’els l’affichent dans l’espace public, du moment qu’els ne tentent pas de vous convertir ou de faire passer des lois pour forcer votre conversion. La laïcité c’est la liberté de conviction, pas l’interdiction d’afficher des convictions. Interdire d’afficher des convictions c’est renforcer le statu quo, les pouvoirs déjà en place et les dominations installées.
Donc bon. Vous avez le droit d’être attaché⋅e⋅s à ces valeurs (sauf le harcèlement des femmes, évidemment), mais de la même façon que vous ne voulez pas qu’un hypothétique califat français (sérieusement, quoi…) vous les interdise, vous n’avez pas le droit de les imposer aux autres. Les autres cultures, les autres religions, les autres modes de vie que le votre représentent tout autant la France, et ce pour quoi il faut se battre c’est pour la liberté pour chacun⋅e d’avoir celui qu’el veut.

Si vraiment la France était « le pays des Lumières », au lieu de se prétendre comme tel, si on défendait vraiment des valeurs humanistes (plutôt que de faire des courbettes devant des dictateurs pour leur vendre des armes), si on affirmait haut et fort nos valeurs (et qu’on alignait l’argent pour défendre des mesures allant dans le sens de la justice sociale, de la redistribution des richesses, de l’intégration des populations immigrées…), mécaniquement le terrorisme chuterait.

Fallait que ça sorte.

EDIT 22/07 : un truc qui m’étonne aussi avec les gens qui veulent se débarrasser du contrôle judiciaire ou de la Constitution, c’est qu’ils ont l’air de faire comme si la justice ne condamne pas, comme si la Constitution ne permet pas de poursuivre, juger et emprisonner les gens. Mais c’est le cas. Demander un contrôle judiciaire c’est pas avoir des mecs tatillons qui vont dire « ah bah non c’est mort la pièce B23 est pas bonne, du coup même si vous avez totalement prouvé que c’est un terroriste tueur d’enfants, on fait que dalle ». Des gens arrêtés avant de lancer des attentats, une fois qu’on a des preuves qu’ils vont le faire, il y en a, dans le cadre de l’État de droit. Ce que le contrôle judiciaire fait, c’est que y’a pas un policier random qui dit « Ok je suis sûr de moi, je vais défoncer ce mec que je pense être un terroriste » sans qu’il y ait une vérification par une seconde personne. Ça évite les erreurs grossières du type défoncer la porte du mauvais appartement et menacer des gamines de 6 ans avec une arme à feu. Ça évite que les procédures anti-terroristes soient détournées vers des maraîchèr⋅e⋅s bio qui ont l’air de pas trop aimer la COP21, ou vers des musulman⋅e⋅s qui auraient le tort de ne pas avoir la bonne religion.

Je vais probablement sourcer un peu tout ça dans les jours qui viennent (et corriger l’orthographe), éventuellement faire une petite recension de liens comme la dernière fois.
Vers un État « d’exception » permanent ? ­— Politis.fr
Manifestations interdites, manifestations réprimées, comment détruire l’État de droit — Analyse – Synthèse

State of the Machin 2016

[Bon, à la base cet article avait un long préambule auto-référentiel qui devenait de plus convolu au fur et à mesure que je revenais dessus et que je changeais la date de publication dans ma tête ; essentiellement ça se résume à : j’ai commencé à faire un petit bilan avant de me rendre compte que c’est la période de l’année où je le fais habituellement. Je suis pas au jour près mais qu’est-ce qu’on s’en fout.]

Or donc : ça va mieux. J’ai eu une année de formation et de stage, j’ai rencontré des nouvelles personnes intéressantes, je me suis davantage engagé politiquement, je continue à photographier du street-art, je suis dans une relation avec OC depuis bientôt 7 mois, relation qu’on arrive (je trouve) plutôt bien à faire fonctionner.
Je suis content de ma formation, plus appliquée et concrète que mes études précédentes, ce qui me convient mieux. Après tout n’est pas encore parfait : je suis toujours angoissé par rapport à mon avenir (y’a des moments où je me dis que je me vois pas du tout être adulte, que toutes ces décisions et cette gestion au quotidien c’est épuisant), je dois trouver un emploi mais faire de la recherche d’emploi me déprime en cinq minutes. C’est jamais les bonnes compétences, le bon profil. Mais déjà je suis davantage motivé par le boulot décrochable derrière :)

Je pourrais être plus efficace dans mon stage, y’a des moments où je ne suis vraiment pas motivé. Mais de façon générale le service dans lequel je travaille n’est pas très nerveux, ça pousse pas à repousser ses limites.

Que dire d’autre ? Je vais moins dans les tréfonds ces temps ci et je regrette un peu, j’ai un peu l’impression d’être souvent débordé alors qu’il y a beaucoup de moments où je ne fais pas grand chose. Mais ça je pense que c’est un peu mon stress inhérent (plus peut-être des temps de trajet un peu plus long que ce que je voudrais (et où je ne fais rien vu que c’est pas des transports en commun ; après tenter d’optimiser chaque moment de sa vie c’est pas top non plus). Ou alors faudrait que je vois moins de gens, me lance dans moins de trucs différents. Peut-être qu’habiter dans une ville où je connais moins de monde serait pas mal de ce point de vue. Parce que je suis toujours content de voir les gens mais j’ai souvent l’impression de laisser passer plus d’occasion que je n’en saisis.

Bref, on verra bien pour la suite, mais les choses vont mieux.

Nature morte

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Au passage, la bouteille vient du magasin Houblon ou brune, cave à bière dans le XIIe arrondissement aux tenanciers forts sympathiques et forts expérimentés sur le sujet de la bière. Je les connais et je recommande l’endroit si vous voulez acheter des bières qui sortent de petites brasseries et non des grandes marques commerciales.
Le tournesol m’a été offert par OC :)

La marche des endormis

Article écrit à chaud. C’est un peu dans le désordre, ça ne se veut pas une analyse, j’ai linké des gens plus doués que moi pour faire ça à la fin de cet article. Mais j’ai l’impression que si je reste sans réagir publiquement à l’inflexion que prends la vie politique française je me rends complice de ce qui se passe (oui, ça fait très grandiloquent mais ce qui se passe m’inquiète vraiment donc voilà).
EDIT 20/11/2015 : orthographe, féminisation, précisions.
EDIT 21/11/2015 : le titre de l’article était censé être une référence vachement érudite et brillante à « Les somnambules. Été 1914 : comment l’Europe a marché vers la guerre » de Christopher Clark. Sauf que je retrouvais plus le titre sur le coup et voilà comment ça s’est mélangé dans ma tête.

Je ne comprends pas ce qui se passe depuis une semaine. Je ne comprends pas que trois jours après les cérémonies du 11 novembre, dont l’idée est quand même « plus jamais ça », on puisse adopter une rhétorique martiale, parler de guerre totale et se féliciter de bombardements aériens. Les bombardements aériens, pour rappel, ça tue indistinctement terroristes, civil⋅e⋅s, otages, enfants, tout le monde.
Je sais qu’on a peur et qu’on est sonné. J’ai peur. Je n’ai pas envie de mourir en allant au ciné, au resto ou autre. Mais si je veux que ce risque diminue, ça ne passe pas par un tapis de bombes sur un autre pays. On va tuer les têtes pensantes de Daech, et après ? Il y aura un vide du pouvoir parce qu’aucun des problèmes de la Syrie ni de l’Irak n’aura été résolu, et des gens encore plus fanatiques prendront leur place ? Comment, après des décennies d’interventionnisme occidental allant d’échec en échec, on peut encore penser que des tapis de bombes vont régler quoi que ce soit ?
Je ne comprends pas qu’un représentant de la Nation puisse proposer de mettre des gens qui n’ont pas commis de crime dans des camps d’internement et qu’on le laisse continuer à assumer ses fonctions. Il faut voir ce que ça veut dire. Ça veut dire qu’un jour on vient vous voir, on vous dit « votre neveu est terroriste, du coup vous allez en prison ». C’est contraire à toutes les règles de l’État de droit. Et je pensais qu’en plus en France, on avait appris quelques leçons du passé sur le fait de mettre arbitrairement des gens dans des camps.
Sur le plan intérieur, je ne comprends pas que tout le discours politique ait changé du jour au lendemain sans que ça ne semble déranger personne. L’austérité semblait sacrée, maintenant elle peut être balancée sans une seconde de regret si c’est au nom de la sécurité ? Les libertés peuvent être restreintes sans problème ? Personne dans une position officielle (ou si peu, 6 député⋅e⋅s sur tout l’hémicycle) ne remet en cause l’idée d’un état d’urgence qui fait disparaître le contrôle judiciaire ? Les discours sont dignes de 1984 (« l’état d’urgence c’est l’état de droit », sérieusement ?)
On nous dit que c’est pour pouvoir lutter contre la menace terroriste, mais quand on envoie le RAID déloger des squatteu⋅se/r⋅s, avec des armes à répétition, c’est contre le terrorisme ou c’est immédiatement abuser de ces nouveaux pouvoirs de police ? Les mesures que fait passer le gouvernement, on sait qu’elles ne marchent pas contre le terrorisme. On sait qu’elle ne permettront pas d’arrêter les prochains terroristes. La surveillance de masse ne permet pas de détecter les terroristes, qui sont des raretés statistiques. Ce qu’il faut pour détecter le terrorisme ce sont des moyens humains, du suivi, des enquêtes. Mais personnellement je ne veux pas détecter les terroristes, je veux qu’il n’y ait plus plus de terroristes. Et pour ça, il faut arrêter de stigmatiser des gens pour leur religion, pour leur couleur de peau, pour « ne pas s’intégrer » dans une société qui ne leur a jamais donné la moindre chance de le faire en les traitant comme des citoyen-ne-s de seconde zone. Si on veut que les « jeunes de banlieue » ne se radicalisent pas, il faut leur filer des perspectives dans la société, et ce n’est pas avec 50% de chômage dans leur catégorie sociale et des contrôles d’identité au faciès que ça va arriver.
Les mesures actuelles prises par la classe politique, elle permettent de mieux encadrer la population, de banlieue comme d’ailleurs. Elle permet à l’État de montrer ses biceps en étant débarrassé des contrôles pour faire peur aux gens. En leur rappelant avec des militaires en armes dans les rues que décidément non, ils ne sont pas en sécurité, et qu’ils feraient bien de réclamer un peu plus de sécurité. Je suis désolé mais personnellement, des militaires armé-e-s dans la rue c’est ça qui me fait peur. Il y a déjà eu des méprises, des accidents et des abus, des contrôles d’identités qui tournent mal parce que la personne avait eu une mauvaise journée et a refusé d’obtempérer, et le policier avait aussi eu une mauvaise journée et lui il avait une arme. J’ai peur que ça m’arrive à chaque fois que je croise quelqu’un avec une arme apparente, et encore, moi j’ai la « bonne » couleur de peau pour ce genre de situation.

Que des gens en marge de la société se laissent endoctriner par une idéologie fascisante, intolérante et mortifère, c’est horrible, il faut faire tout ce que l’on peut pour l’empêcher, mais je comprends que ça arrive.
Que des gens qui sont aux postes de pouvoir et parfaitement intégrés dans la société, qui ont eu la chance de pouvoir faire des études et de bénéficier de conditions matérielles confortables décident sciemment que la réponse adaptée aux attentats qui ont eu lieu est la vengeance, le largage de bombes et la limitation des libertés, dans un monde qui a connu deux guerres mondiales, l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, le constat d’inefficacité de la surveillance de masse, je ne le comprends pas. Enfin, je comprends que ce sont des manœuvres politiques profitant du choc de la population, mais je ne comprends pas que l’on ose les faire dans un moment comme celui-ci. Et je ne comprends pas que la population, nous, ne réagissions pas plus.
Oui il faut lutter contre le terrorisme, mais avec des moyens que l’on sait adaptés, en favorisant une transition démocratique dans les pays en guerre civile, en appuyant celleux qui semblent être à même d’exercer le pouvoir dans la population de ces pays, sans interventionnisme armé. Et en intégrant, éduquant, accueillant l’ensemble de la population française, en filant vraiment les mêmes opportunités à tou⋅te⋅s.

Oui, la France a peur et nous avons peur, et c’est un sentiment qu’il faut déjà que nous combattions.

Quelques liens que je trouve pertinents sur ce sujet :

État d’urgence, État policier — La Quadrature du Net
Vos guerres, nos morts — Résisteràl’airdutemps.blogspot.fr
J’ai peur — blog de p4bl0 sur médiapart
Le retour du boomerang — Libération.fr
Nos bombes tuent aussi — lmsi.net
Déroger aux droits de l’Homme, voici comment ça peut être légal — Numérama
À qui sert leur guerre ? — Tribune sur Libération
Et respirer on a le droit ? — Quartiers XXI
« Le flic m’a dit tu vas prendre 30 ans » — L’Humanité
Sécurité ou Libertés : faut-il choisir ? — Le Monde
Il est fascisme moins le quart — Babordages

L’autoritarisme rampant à la française — Slate
Petit bilan 7 mois après. Les dérives dénoncées à chaud se sont installées dans la durée, le gouvernement méprise aussi bien les syndicats que l’Assemblée, le racisme est de plus en plus décomplexé et les violences policières se multiplient (enfin, se multiplient envers les classes moyennes, parce que comme beaucoup l’ont souligné, les violences policières ça fait un moment qu’elles existent en banlieue et que tout le monde s’en fout).

Pour moi, ces mois auront été l’occasion de me rendre compte que si dans les livres d’Histoire on te présente « les démocraties » d’un côté et « les dictatures » de l’autre, avec une belle ligne bien nette entre les deux, bah la réalité c’est que y’a un continuum entre les deux et que l’on passe assez facilement de l’un à l’autre, sans avoir à changer les institutions, sans coup d’État, sans changement de vocabulaire, il suffit juste de vider les mots de leur sens et de contourner ou même simplement ignorer les institutions.

Un État d’urgence permanent, mais pour quel résultat ? — Le Monde
Article du 19/07/2016, après l’annonce de la sortie puis du maintien dans l’État d’urgence après l’attentat de Nice. Globalement, l’État d’Urgence prive de libertés sans apporter plus de sécurité, et en transformant en routine l’autoritarisme (et les détournements type utilisation contre les mouvements sociaux) et en épuisant les forces de l’ordre.

All these good intentions and here we are again

L’année dernière à la même date j’avais fait un petit bilan de mon année. Je me suis dit que ce serait une bonne idée de refaire la même chose cette année. Certain-e-s parlent des vertus thérapeutiques de la tenue d’un blog, je pense que vu à quel point je parle peu de ma vie je suis peu concernée, but let this be my annual reminder.

Le bilan n’est pas brillant. De façon générale ce fut une année pas folle. J’ai tenté de passer un concours et si les sujets m’ont intéressé, je me suis trop mal pris pour le réussir. J’ai été angoissé par mon avenir over and over and over. Je suis retourner habiter chez mes parents et s’ils sont adorables on ne peut pas en dire autant de l’espèce de boule de mesquinerie haineuse qu’est un de mes frères. Habiter sous le même toit que lui, sous la menace permanente d’une explosion de colère, d’invasion de ma sphère privée (et je tiens énormément à ma sphère privée) a été un poids énorme sur mon bien-être psychique. Je sais qu’il est probablement bourré de problèmes lui aussi et que ça ne doit pas être facile pour lui, mais les problèmes n’excusent pas tout.
J’ai perdu une relation dans laquelle j’étais heureux parce que la fatigue, parce que la distance, parce qu’on était à ce moment ni l’un ni l’autre assez fort-e pour faire fonctionner une relation sur le moment.
J’ai réussi encore moins que d’habitude à communiquer aux gens ce que je voulais, ce que j’attendais de ma relation avec eux, ce que je ressentais. J’ai blessé des gens, j’ai été blessé par des gens qui n’en avait probablement pas la moindre intention, simplement parce que j’étais à vif. Il y a eu des moments où tout semblait dur, insurmontable, épuisant.

Il y a un mois ou deux je me serai arrêté là. The world was a cold dark place and that was it. Tout n’est pas devenu rose d’un coup, malheureusement. Mais il fait plus beau, plus chaud, je me sens mieux. Je pense que de manière très basique je suis fortement sensible à la luminosité ambiante, et que ça a joué. Et puis j’ai des ami-e-s sur lesquel-le-s je peux m’appuyer dans ce genre de moment. Paradoxalement, savoir que certain-e-s n’étaient pas au top (et osaient en parler), m’a fait aller mieux. Pouvoir voir des gens à chaque fois que j’en avait besoin m’a aidé. Voir que des gens cherchaient ma compagnie, étaient intéressé par mon avis, a été crucial. Avoir lu des trucs sur ce genre de situation et garder une certaine hygiène de vie même quand j’avais envie de rien a été utile (habiter chez mes parents et avoir un frigo toujours plein aussi).
Et dernièrement certains points ont commencé à s’éclairer : j’ai trouvé des gens avec qui faire une coloc, donc j’aurais un environnement plus sain l’année prochaine (ie à la fois disposant d’une intimité et avec du monde chez moi). J’ai postulé à une formation (j’ai un entretien bientôt, mais il y a visiblement beaucoup de candidat-e-s et 5 places, donc je ne sais pas trop ce que ça va donner :/ ). J’ai recommencé à parler de façon active à une personne avec laquelle j’avais ~coupé les ponts (toi aussi, parle en périphrases vagues comme si tu rédigeais un statut facebook).
Tout n’est pas parfait, loin de là. Je serais strictement incapable de vocaliser ce post. Je suis toujours aussi terrifié des incertitudes de mon avenir (malgré le fait d’être l’enfant chéri du système éducatif français). J’ai peur que l’idée de dire que je vais pas bien ne fasse concrétiser le fait (mais n années de littératures sur le sujet semblent dire que non, donc me voici en train de tapoter sur un clavier).

À la question « Are we out of the woods? » je répondrais que non. Mais on se rapproche de l’orée. Merci à tous les gens qui m’ont fait office de système de support cette longue année. Que vous ayiez su que j’allais mal ou non, qu’on soit restés proches ou pas depuis. I’m not okay but that’s okay.

Howto: vin chaud à l’arrache.

Sortez du boulot. Pédalez jusqu’à votre lieu de vie communautaire de prédilection.
Entrez au BdE. Empruntez une casserole et une cuillère avant de vous faire virer par le mec qui en part.
Récupérez vos trois bouteilles de vins et vos deux agrumes astucieusement achetés la veille.
Montez le tout dans une cuisine.
Constatez qu’il n’y a aucune épice en libre service.
Tombez sur la personne à qui vous avez transmis la clef de votre local favori deux jours avant. Empruntez-la lui.
Dans le local, récupérez du sucre, un couvercle pour la casserole et du poivre.
remontez le tout et rendez la clef. Constatez que vous n’avez pas pris de tire-bouchon et que le détenteur de la clef vient de se barrer.
Redescendez vos bouteilles au bar de l’école et faites les ouvrir sur place.
Mettez deux bouteilles sur trois dans la casserole (elle n’est pas assez grande), et commencez à chauffer.
Ajoutez du sucre et du poivre.
Constatez qu’il n’y a même pas un couteau pour ouvrir les agrumes en cuisine. Ralez d’abondance. Allez frapper chez un ami et empruntez-lui un couteau. Coupez, pressez et zestez les agrumes.
En rendant le couteau, spottez du piment. Empruntez-le aussi. Mettez en trop. Tentez de compenser au sucre. Remarquez quelqu’un en train de rentrer au BdE. Suivez-le, empruntez de la canelle et de quoi transvaser dans des bouteilles.
Transvasez le début. Mettez la dernière bouteille dans la casserole. Remettre du sucre et mettre de la cannelle.
Laissez cuire en nettoyant. Transvasez. Rangez tout en vrac parce que vous êtes en retard.
C’est prêt !

Système D et instantanés

Le chargeur de mon ordinateur m’a récemment lâché. À force d’être trimballé partout il a fini par se casser et les deux fils électriques sont rentrés en contact. J’ai donc coupé le câble et après une certaine période à faire rentrer les deux fils dénudés dans le port d’alimentation, j’ai fait une réparation plus propre.

Ça n'a pas l'air très safe comme ça mais ça fonctionne
Ça n’a pas l’air très safe comme ça mais ça fonctionne
Il faudrait encore un peu d'isolation mais c'est déjà mieux
Il faudrait encore un peu d’isolation mais c’est déjà mieux

Mon baladeur m’a lâché aussi et là mes réparations à la patafix n’ont rien pu y faire. J’ai par contre recousu les poches et doublures qui lâchait dans mon blouson.

Sinon récemment j’ai oublié d’emporter mon appareil photo quand je suis descendu dans les tréfonds de la ville, ce qui ne m’a pas aidé à alimenter ce blog. J’ai par contre vu un joli nouveau mural dans le XIIIe :

J'ai pas la signature, il faisait trop sombre, faudrait que j'y retourne de jour.
J’ai pas la signature, il faisait trop sombre, faudrait que j’y retourne de jour.

EDIT : réalisée par Vinie.

Ça c'est dans le XIe par contre
Ça c’est dans le XIe par contre

Retour sur les derniers jours

Or donc, j’ai presque fini mon rapport de stage. Presque, parce que j’attends encore que l’on m’envoie les sorties d’un modèle que mes données ont aidé à paramétrer et que ça ferait bien d’avoir ça dans le rapport. J’ai plus de place pour les caser, mais passons.

Les derniers jours ont été intéressants. J’ai bossé. Beaucoup bossé, parce que j’étais clairement en retard sur ce rendu. Par un certain côté ça a été satisfaisant de bosser comme ça, je ne l’avais plus fait depuis la prépa et c’est cool de m’apercevoir que j’en ai encore la capacité, quand y’a une motivation. En même temps, j’aurais largement préféré faire les choses plus tôt et plus calmement, et aussi mieux. Parce que je suis pas vraiment satisfait de ce stage.
J’aurais dû plus m’impliquer dans la vie du labo. J’aurais dû faire plus de bibliographie au départ. J’aurais dû me souvenir de trucs basiques que je savais très bien faire dans mes stages précédents.
J’ai réalisé des trucs cependant. Je bosse mieux quand je suis pas en France, parce que je suis éloigné des gens qui me proposent des distractions. Je suis pas sûr que ce soit très positif, cependant. J’ai réalisé qu’il me fallait des deadlines à court terme et pas juste un « t’auras un rapport à taper dans quatre mois ». Ça confirme que j’ai bien fait de faire une prépa et pas la fac, c’est plutôt cool.
Tout ça me laisse tout de même un peu inquiet sur mon avenir professionnel. Disons que le monde de la recherche semble de moins en moins être celui qu’il faut pour que je m’épanouisse dans mon travail, sans pour autant que se dessine une alternative viable. Mon implication dans mes différentes activités extra-professionnelles a été productive, cependant. Y a-t-il moyen de professionnaliser l’exploration urbaine, la gestion du logement de 400 étudiants ou le détournement d’affichages publics ? Ce serait pratique.

Étape 4 : finitions.

Bon, je commence à être à peu près correctement installé sur ma mezzanine. J’ai récupéré une échelle déjà faite, je l’ai vissée au mur. J’ai installé une barre de penderie, j’ai ajouté des étagères. J’ai monté le lit, une table et une chaise. Il me faudrait encore quelques rangements en plus mais je commence à être posé.

Je suis assez content du coté « thurne ouverte » qui se développe : y’a pas mal de gens qui passent me voir, qui viennent discuter, prendre un café, mater des séries…

Bas

Échelle

Canapé

Bureau

Étape 3 : installation.

Bon, je profite d’une petite flemme dans le découpage de planche pour faire un point sur l’avancée du chantier.

Les piliers sont fixés aux murs et le cadre de poutres est fixé dessus. Reste à scier à la bonne taille et accrocher une poutre de support indispensable pour soutenir le plus grand des deux cotés.
Ensuite il faudra fixer les panneaux sur le cadre et construire une échelle.

Quelques photos :
Premiers morceaux

Mise en forme

Cadre

De haut

Détail - 1

Détail - 2