Archives de catégorie : Séries

The Third Day, de Dennis Kelly et Felix Barrett

Thriller psychologique diffusé par HBO, en 6+1 épisodes. 6 +1 parce que l’épisode central durait 12h et était diffusé en direct, une performance intéressante.

Les trois premiers épisodes se déroulent en été : Jude Law incarne un père de famille qui se retrouve sur Osea, une île au large des côtes anglaises avec des croyances païennes toujours d’actualité. Venu pour ramener une enfant insulaire perdu sur le continent, il se retrouve rapidement impliqué dans les secrets que recèle l’île.

La seconde partie se déroule 9 mois plus tard en hiver, quand Cass, l’épouse de Jude Law jouée par Naomie Harris vient sur l’île avec leurs deux filles. J’ai bien aimé la première partie, beaucoup moins la seconde : on s’attend à ce qu’elle résolve les questions mises en place durant la première, mais ce n’est pas le cas. Tout les éléments un peu mystiques sont ignorés – ce qui peut être intéressant si on considère qu’on avait le pt de vue de Sam, plus prompt à y croire et à se laisser influencer dans la première partie – mais sans être remplacé par des explications rationnelles : à la place on nous balance une nouvelle histoire – et qui perd en force du fait de se diviser entre les 3 points de vue de Cass, Lu et Ellie (ses deux filles) alors qu’on avait une focalisation sur un point de vue unique dans la première partie.

Bref, bon concept mais réalisation ratée.

Tiger King, d’Eric Goode et Rebecca Chaiklin

Série documentaire produite par Netflix. En 7 épisodes, le documentaire détaille le fonctionnement et les interactions de plusieurs zoos privés aux USA. Quand on dit zoos privés ça a l’air plutôt propre sur soi, mais on parle de gens qui possèdent à titre privé des centaines de tigres (et autres félins) et fonctionnent totalement à l’arrache, tout en brassant des quantités d’argent énorme. On suit plus particulièrement Joe Exotic, un directeur de zoo dont la vie part totalement en latte, notamment du fait de l’escalade de sa rivalité avec une autre propriétaire de zoo. On croise des fonctionnements sectaires, des arnaqueurs professionnels des mystérieuses disparitions, la contractualisation d’un tueur à gages, une candidature à la présidentielle, une enquête du FBI… Chaque épisode est encore plus improbable que le précédent, et on sort de là bien content de vivre dans un pays avec un minimum de régulations.

I May Destroy You, de Michaela Coel

Série anglaise en partie autobiographique sur la vie d’une jeune écrivaine noire et sur les conséquences que son viol a sur sa vie. On suit principalement la vie d’Arabella (et ses difficultés à écrire son second livre), et de deux ami·e·s les plus proches, Terry, aspirante actrice, et Kwame, prof de fitness en club.

La série décrit un milieu et des personnes rarement montrées à la télévision, et auquel je suis moi-même profondément étranger. C’était très interessant pour ça, pour cette défamiliarisation. Je me rends notamment compte que j’ai des réflexes classistes devant, genre « ralala ils consomment trop de drogues » ou « mais comment ils peuvent dire que le réchauffement climatique osef ? », c’est d’autant plus intéressant pour moi de pouvoir réfléchir à pourquoi c’est ça ma première réaction et comment faire pour l’éviter.

Les personnages sont intéressants parce qu’absolument pas manichéens. Arabella n’est pas la « bonne victime », Terry et Kwame tentent de la soutenir comme ils peuvent mais font des erreurs, les personnages secondaires sont nuancés aussi. L’impact psychique de l’agression sur Arabella est montré de façon détaillée, les mécanismes de coping qu’elle met en place aussi, qu’ils soient sains ou non. J’ai juste été déçu par la ligne narrative de Kwame ; le jeune gay qui se perd dans le sexe et qui est sauvé par une relation longue et pas centrée sur le sexe, c’est assez cliché et conservateur par rapport au reste de la série.

Point de vue bande-son, parfois la série verse un peu trop dans le côté « on va mettre des morceaux obscurs ou des reprises edgy pour montrer qu’on est une série hype », mais l’utilisation qu’ils font de la musique est sinon intéressante, notamment le fait de la couper abruptement pour montrer des changements d’ambiance.

Enfin, le dernier épisode est très réussi dans sa construction je trouve, alors que c’était loin d’être évident de réussir à conclure proprement une série comme ça.

Snowpiercer, de Josh Friedman

Série télé adaptée du film éponyme (lui-même une adaptation de la BD Le Transperceneige, de Rochette). Suite à une tentative de régler le changement climatique par géoingénierie, la Terre est rentrée dans un nouvel âge glaciaire. Une fraction de l’Humanité survit dans le Snowpiercer, train gigantesque qui devait être une croisière de luxe à la base, et qui peut produire de l’énergie tant qu’il est en mouvement, grâce à un moteur à mouvement perpétuel.

Le Snowpiercer est divisé en classes – à la fois des classes de billets de train et des classes sociales. Tout au fond du train, la Queue représente quelques wagons de passagers clandestins embarqués au dernier moment, maintenus en esclavage et traités comme une force de travail d’appoint dispensable.

Dans ce contexte, un meurtre à bord du train va pousser la Direction à recourir aux services d’un ancien détective qui fait partie de la Queue, lui donnant l’occasion de récolter des informations techniques sur le Train pour préparer une révolution.

J’ai bien aimé. La série a des faiblesses, clairement plus que le film, mais il y a de bons points. J’aime beaucoup Daveed Diggs dans le rôle principal, et l’antagoniste principal·e est très réussi·e, ce qui aide beaucoup à faire une bonne série. Bon par contre ça se perd sur les deux derniers épisodes, qui ratent la scène de bataille et qui rendent leurs personnages incohérents avant de faire rentrer des enjeux inutiles dans l’histoire.

Inversement, une critique intéressante d’un autre blog qui n’a pas aimé et soulève des points valides, notamment sur les questions d’espace.

Run, de Vicky Jones

Série comico-romantique de 2020. 15 ans après leur séparation, Billy et Ruby décident de tout plaquer du jour au lendemain pour se retrouver et traverser ensemble les États-Unis en train. C’était leur promesse de jeunes adultes idéalistes, mais la réalisation 15 ans plus tard est plus compliquée, leurs deux vies ayant bien changé depuis.

J’ai beaucoup aimé le début. De façon générale c’est bien filmé et y’a plein de bons passages aussi bien en terme de comédie que de relations humaines. La fin de la saison est plus faible pour moi, dans le sens où il y a un événement majeur qui arrive, et qui devrait faire changer le ton de la série plus que ce qu’il ne le fait, là où il n’est traité que comme une péripétie de plus.

Steven Universe Future, de Rebecca Sugar

Une courte série en 20 épisodes qui vient à la suite de la beaucoup plus longue série Steven Universe. Il y avait eu un long métrage animé à la fin de la série, qui était assez décevant. Il fallait caser en 1h et quelque une histoire compréhensible par des novices de la série, ça s’était pas mal fait au détriment du développement des personnages, c’était assez décevant de finir SU là dessus après le joyau qu’avait été la série.

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The Plot Against America, de David Simon

Série uchronique adaptée du roman éponyme de Philip Roth. En 1940, l’aviateur-star Charles Lindbergh se présente à l’élection présidentielle US en tant que républicain et bat Roosevelt. Pro-isolationniste et surtout pro-nazi, Lindbergh signe un pacte de non-agression avec l’Allemagne et refuse toute interférence dans la « guerre européenne ».
Mais le but ici n’est pas de montrer une uchronie à grande échelle avec le basculement du monde dans une autre direction. Le focus est placé sur la famille Levin, une famille juive du New Jersey qui se sentait parfaitement à l’aise aux États-Unis. La série comme le livre montre comment la famille est affectée par l’accession au pouvoir de Lindbergh, la mise en place de politiques discrètement antisémites et surtout le blanc-seing qui est donné à l’antisémitisme de la société de s’exprimer.
La série fait 6 épisodes d’une heure, elle est super bien jouée, décorée et filmée. Les parallèles avec l’Amérique de Trump ne sont pas toujours subtils, mais le bouquin de Roth avait été écrit en 2004, c’est la réalité qui s’est alignée sur la fiction hélas. L’Amérique des années 40 est très bien rendue, la série joue sur une tension grandissante, le dogwhistling des supporters de Lindbergh et le sentiment d’impuissance des personnages à faire qq chose à leur niveau. La tension reste à bas bruit sur toute la série sauf le dernier épisode où tout monte d’un cran d’un coup. La performance d’acteur d’Azhy Robertson, qui joue Philip Levin (le fils de 10 ans de la famille, et dans le roman le point de vue principal, qui s’appelle alors Philip Roth) est impressionnante, et illustre très bien comment la tension de la série a un impact sur tous les personnages.

Westworld, de Jonathan Nolan et Lisa Joy

Série à gros budget de la HBO, adaptation du film éponyme de 1973.

Un parc d’attraction immense pour touristes surfriqué⋅e⋅s, recréant un Far-West cliché où les invités peuvent tout se permettre, tou⋅te⋅s les figurant⋅e⋅s étant des robots ultra-réalistes. La série explore le thème de l’accession à la conscience des robots, en mettant en parallèle les histoires des robots, des invités et du management du parc. Bien faite, brouillant habilement les pistes pour faire des révélations intelligentes. La saison 1 présente une histoire complète et qui rebat bien les cartes, je suis intrigué par ce qu’ils vont faire de la saison 2.

Bon alors du coup j’ai pas fait de revue de la saison 2 quand elle est sortie mais c’était moins enthousiasmant que la 1, on suit des révélations en interne au parc où les hôtes tentent de gagner leur liberté par différents procédés, avec moults retournements de situation et révélations assez forcés. C’était un bon cran en dessous de la S1.

Cue in la saison 3, où la réalisation fait le choix assez audacieux de changer totalement l’environnement, puisqu’on suit des Hôtes qui ont réussi à sortir du parc, et notamment Dolores, qui veut garantir la sécurité des Hôtes en s’opposant aux humains.

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