Archives de catégorie : Séries

Years and Years, de Russell T. Davies

Mini-série anglaise (6 épisodes) qui raconte la vie d’une fratrie de Manchester à travers la décennie à venir, alors que l’Occident s’enfonce dans l’instabilité politique et économique. On suit en parallèle les vies des différents membres de la famille et l’actualité politique du Royaume-Uni, notamment l’ascension politique de Vivienne Rook, sorte de Boris Johnson mieux coiffée.

J’ai tout vu en deux jours, la série est très bien et super efficace, mention spéciale au thème musical de l’inexorable passage du temps, qui accompagne les time-lapse où l’on saute quelques années sur fond de feu d’artifice du Nouvel An, anniversaire des membres de la famille et snippets de l’actualité politique. Sans surprise c’est de Murray Gold, le compositeur qui fait aussi une bonne partie des OST de Doctor Who, et ça renforce l’impression de voir un épisode de Noël de Docteur Who de 6 heures, centré sur la vie des gens ordinaires.

Les personnages sont aussi très réussis en ce qu’ils sont crédibles, il y a peut-être Edith qui a un côté super-héroïne (ce serait la Docteur de la série, en quelque sorte), mais en même temps ses absences prolongées lui sont reprochées par les autres. Vivienne Rook est super bien jouée par Emma Thompson (sans surprise), une bonne partie des personnages sont non-blancs ou non-hétéros. Mention spéciale aussi au personnage de la matriarche, Muriel, qui est super réussi dans son côté à la fois gentille grand-mère et vieille un peu réac malgré ses bonnes intentions.

Watchmen, la série télé, de Damon Lindelof

Série télé de 2019, située dans l’univers du comic éponyme. On est en 2019, Robert Redford est président des États-Unis depuis une vingtaine d’années, l’Oklahoma a un gros problème de suprémacistes blancs, qui a forcé les policiers à dissimuler leur visage et leur identité pour éviter les représailles (what could possibly go wrong?). Au centre de l’histoire, Angela Abar, policière noire qui vient de Tulsa mais a grandi dans le 51e État des USA, le Vietnam. Plusieurs lignes narratives s’entrecroisent, des personnages centraux du comics resurgissent, et les enjeux prennent une importance planétaire.
C’est joliment réalisé, beaux décors notamment, mais j’ai trouvé le tout assez brouillon. Beaucoup d’éléments, une envie de parler de suprémacisme blanc et de racisme mais en ne questionnant pas du tout le rôle de la police. Des personnages qui sont en attente de pouvoir soudain jouer leur rôle, beaucoup de lenteur, des trucs qu’on voit venir à trois kilomètres. De bons éléments aussi cependant : tout l’épisode flashback était très bien et fait un bon complément stand-alone au comics. J’ai bien aimé le trop court passage des aventures de Laurie Blake à Washington, DC, et les flash-back sur Ozymandias (mais pas sa ligne narrative générale).

Il revient quand, Bertrand ?, d’Hélène Lombard et Julien Sibony.

Mini-série d’Arte, en 10 épisodes de 10 minutes. Bertrand (Bertrand Usclat), trentenaire amorphe, se voit imposer un break par sa copine et se fait jeter de son appartement. Se retrouvant par un concours de circonstances chez son voisin du 5e étage, il découvre que celui ci espionne tout l’immeuble via les webcams des ordinateurs. Au lieu d’être horrifié comme une personne normale, Bertrand fait ami-ami avec le voisin et décide d’espionner sa copine pour tenter de revenir dans sa vie, tel un bon psychopathe. Il va aussi profiter des « conseils » dudit voisin, ancien militaire quelque peu rigide. Pour jouer le mec détaché, Bertrand fait semblant d’être parti en tour du monde via des photoshoppages qu’il poste sur les réseaux sociaux, d’où le titre.
C’est plutôt bien joué et assez rigolo par moment, après c’est une histoire ultra cliché de mec un peu looser qui se comporte comme un gros creep «  » » »par amour » » » ». Sympa si vous aimez bien Bertrand Usclat, mais assez anecdotique.

L’effondrement, du collectif Les Parasites

Courte (8x20minutes) série télé française qui traite sous la forme d’une anthologie un effondrement rapide des structures institutionnels et des chaines d’approvisionnement en France.

Du point de vue de l’effondrement lui-même on est pas sur quelque chose de très réaliste : tout se délite en quelques jours, ça permet d’avoir une série avec de la tension, des files d’attentes aux stations services, des urgences à traiter dans tous les sens.
La série elle-même est cependant sympa à regarder, à chaque épisode on suit un groupe de personnages différents (même si on a quelques liens entre certains épisodes) a un stade différent de l’effondrement, et qui se retrouve tous avec des choix merdiques à faire. La série n’est pas très optimiste, ça tourne souvent mal.

Counterpart, de Justin Marks

Série en 2 saisons. Howard Silk bosse pour une mystérieuse agence de l’ONU qui a ses bureaux à Berlin. Il découvre que cette agence gère dans le plus grand secret les relations avec un monde miroir du nôtre, dont l’Histoire diverge lentement depuis 1987. Howard rencontre notamment son double de l’Autre Côté, monté bien plus haut dans la hiérarchie de l’Agence et qui travaille dans leurs services d’espionnage.

J’ai beaucoup aimé la première saison, la seconde fonctionne malheureusement beaucoup moins bien. Le côté espionnage feutré de la série marche bien, avec cet univers très bureaucratique et formalisé qui gère un énorme secret en compartimentant tout. Les interrogations des deux Howard sur ce que leur reflet dit d’eux-même sont plutôt bien menées, et la performance de JK Simmons dans les deux rôles est très bonne.

La seconde saison par contre veux expliquer trop de choses, rajouter trop d’éléments et de lignes narratives, faire plus dans le spectaculaire : la cohérence interne de l’univers et l’intérêt des intrigues s’effondre un peu. La saison 1 se suffit à elle-même, je recommande de ne regarder que ça.

Les Sauvages, de Sabri Louatah et Rebecca Zlotowski

Assez déçu. La série commençait bien, j’ai beaucoup aimé le premier épisode, mais ça se perd totalement en route. Le rôle de Marina Foïs est complètement inutile (c’est quand même assez triste de réussir à gâcher Marina Foïs), la série balance très vite toute cohérence par la fenêtre. Ça commence comme une série politique (le premier épisode, donc), ça embraye sur le drame familial, et ces deux possibilités m’allaient, mais ensuite ça part en enquête solo sur la radicalisation par un ancien acteur (dont la célébrité n’est absolument jamais abordée), avec en parallèle… on sait pas trop quoi, le suivi de la directrice de campagne et fille du président, mais dont je serai bien en peine de dire ce qu’elle fait à part constater les événements autour d’elle.
D’ailleurs globalement tous les rôles féminins sont ratés, alors qu’ils avaient installé des trucs intéressants dans le premier épisode, mais à part Marion (Marina Foïs, qui est donc raté pour la raison de servir strictement à rien dans le scénario), toutes les femmes se positionnent par rapport à des hommes en tant que fille mère ou copine/compagne de, sans agenda propre.

Déception donc, mais j’en retiens quelques beaux passages : le premier épisode, donc, l’audition de Krim, le face à face entre Idder Chaouch et Lambofili. Globalement, les scènes de tension, où la série décide de mettre le spectateur mal à l’aise. Mais ça ne suffit pas, elles sont trop délayées. Le personnage d’Idder Chaouch était intéressant aussi, mais en définitive on sort de la série en ne sachant rien de lui. Bonne bande-son par contre, le thème principal (Les Sauvages, une partie des Indes Galantes de Rameau) reste bien dans la tête, et les différentes variations autour pour illustrer les différentes ambiances sont plutôt réussies.

La Zona, d’Alberto Sanchez-Cabezudo et Jorge Sanchez-Cabezudo

La série imagine un accident type Tchernobyl dans une centrale nucléaire au Nord de l’Espagne. Des populations ont été déplacées, une zone d’exclusion créée, le gouvernement a géré plutôt mal la situation. 3 ans après l’accident, un inspecteur doit enquêter sur un meurtre qui a eu lieu dans la zone d’exclusion…

J’ai beaucoup aimé. La série prend le temps de poser son ambiance, de montrer comment les gens ont tous été affectés par cette catastrophe mais qu’en même temps la vie continue : le but de la série n’est pas de revenir sur l’accident, de découvrir une vérité cachée sur ce qui s’est passé (mais elle met en scène des complotistes qui pense qu’il n’y a pas eu d’accident, c’est assez brillant), et ce n’est pas non plus de nous détailler sa gestion. Non, tout tourne autour de l’après : comment les gens ont fait leur deuil, comment la décontamination de la zone d’exclusion crée des emplois légaux et illégaux et de nombreuses opportunités de trafics, et comment il faut gérer tout ça.

Globalement c’est un polar social réussi, ou le meurtre du début va être le déclencheur d’une enquête qui va rapidement devenir bien plus large. Du point de vue narratif, ils arrivent bien à raccrocher tous les fils, les personnages secondaires sont intéressants, il n’y a pas de manichéisme. Forte recommandation.

The Terror, de David Kajganich

Saison 1 :

Série fantastique produite par David Kajganich, Ridley Scott et Dan Simmons, entre autres. Adaptation d’un roman éponyme de Dan Simmons, la série raconte ce qu’il est advenu de l’expédition (réellement) envoyée par le Discovery Service de la marine anglaise pour trouver un passage navigable dans les glaces du Pôle Nord. Les deux navires, pris dans les glaces, sont contraint d’hiverner en totale isolation. Les conditions extrêmes, l’isolation et d’autres éléments plus fantastiques vont conduire à la disparition des équipages.

J’ai beaucoup aimé, notamment le côté costumes d’époque et série « maritime » (y’a des bateaux mais passé le premier épisode y’a plus des masses de navigation). C’est bien filmé, bien mis en scène. Il va visiblement y avoir une saison 2, mais qui n’aura rien à voir avec la première, en mode anthologie.

Saison 2 :
Déception. Le cadre choisi était super intéressant : les camps d’internements américains pour les citoyens américains avec des origines japonaises, durant la WWII. Mais l’histoire ne prend absolument pas, il ne se passe rien, et t’as des plot-twists pourris. J’ai arrêté en cours de saison.

Marianne, de Samuel Bodin

Emma, romancière horrifique, retourne à Elden, le village breton de sa jeunesse, juste après avoir tué les personnages principaux de sa série best-seller. Elle se retrouve confronté à la sorcière de ses œuvres, qu’elle avait tiré de ses cauchemars enfantins.

Ce n’est pas incroyable. Il y a de jolis plans, mais l’horreur est ultra convenue : un seul type de jumpscare, un personnage méchant tout puissant, des héros qui savent perdre tout bon sens juste quand le scénario le demande. C’est dommage parce qu’il y avait le potentiel de faire bien mieux. L’alcoolisme de l’héroïne principale aurait été intéressant à traiter, le décalage entre sa vie parisienne et la vie de ses potes qui sont restés au village, les croyances catholiques et païennes…

Ca fait très série netflix traitée par dessus la jambe pour être bankable. Le personnage du policier est quand même à sauver, ainsi que celui de CamCam. L’actrice qui joue la sorcière est très bonne dans son rôle aussi.

Neon Genesis Evangelion, d’Hideaki Anno

Animé de 1995, une saison, 26 épisodes de ~20 minutes. En 2000, un événement, le Second Impact, a dévasté l’Antarctique, déclenchant une montée des eaux, un changement climatique massif et la mort de millions de personnes. Suite à ce cataclysme, l’ONU a déplacé son siège à New Tokyo et initié le programme NERV, une initiative de défense consistant en des robots géants se synchronisant mentalement avec leurs pilotes, pour défendre l’Humanité contre les Anges : des créatures mystérieuses à l’origine du Second Impact et convergeant sur New Tokyo.

Ça a l’air bourrin dit comme ça, mais en fait non. Parce que la série se concentre sur les deux (puis 3) pilotes des méchas. On parle d’enfants de 14 ans chargés de protéger l’Humanité entière, avec une pression de dingue sur les épaules, qui ne sont pas en super forme mentale. La série nous fait surtout suivre Shinji, pilote et fils du directeur de la NERV, qui pilote parce qu’il a l’impression que c’est la seule chose qui fait qu’il a une valeur aux yeux des autres.

J’ai beaucoup aimé. L’animation est belle, les thèmes intéressants. Un peu trop de fanservice (y’en a pas des masses dans la série mais ça sert vraiment à que dalle), et les deux épisodes finaux sont très WTF. La série est très elliptique, ça vaut le coup de lire wikipédia ou l’adaptation manga pour comprendre tous les enjeux.