Archives de catégorie : phylactères

Soon, de Thomas Cadène et Benjamin Adam

Bonde dessinée de science fiction. On alterne entre deux récits : celui de l’évolution du monde entre notre présent et le présent de la BD, et celui de la relation entre un fils et sa mère. La mère est la commandante de la mission Soon 2, une mission spatiale sans retour vers Proxima du Centaure, et le fils a beaucoup de mal à accepter la décision de sa mère de l’abandonner. Iels partent en roadtrip ensemble, permettant au lecteur d’avoir un aperçu de la société dans laquelle l’histoire se déroule.

J’ai beaucoup aimé. Le dessin et les couleurs sont beaux, l’histoire est réussie et la société présentée non manichéenne.

Le Profil de Jean Melville, de Robin Cousin

Bande dessinée lisible en ligne le temps du confinement. Une agence de détective se voit confier par une multinationale style GAFA une enquête sur des sabotages de câbles sous-marins. Le privé sur l’enquête creuse les pistes et trouve une affaire bien plus complexe que ce dont elle avait l’air à la base. Assez intéressant dans ce que ça raconte : ça parle bien sûr de la mainmise des multinationales des données sur nos vies, de ce que facilite la collecte de données mais aussi de ce qu’on y perd, de l’intérêt des logiciels ouverts par rapport aux logiciels privatifs, du rapport à la mémoire. Je recommande.

Ministry of Space de Warren Ellis

Comic uchronique du début du XXIe. Durant les dernières heures de la Seconde Guerre Mondiale, les forces anglaises tentent un gambit et enlèvent l’ensemble des scientifiques allemands qui travaillaient sur le programme V-2. Armée de ces connaissances, l’Angleterre va développer seule dans son coin un programme spatial, et étendre l’Empire au delà du globe terrestre. Le récit alterne entre 2001, la date du premier lancement spatial américain, et les différentes étapes du programme spatial anglais, de 46 aux années 70s. Intéressant dans ce qu’il montre d’un développement différent de la course à l’espace et des développement sociaux de l’Angleterre, et dans les questions qu’il pose sur le coût (financier et moral) du développement d’un tel programme.

Le Cirque, d’Ileana Surducan

Journal d’un dompteur de chaises.

Une bande dessinée surréaliste. Dans une ville de plus en plus robotisée, un travailleur ordinaire rêve nuit après nuit d’un cirque, installé dans les montagnes de rebuts juste en dehors des montagnes de la ville. Son rêve serait de le rejoindre, pour devenir dresseur de chaise. Il réussit, mais en parallèle, la technocratie de la ville interdit aux citoyens de dormir, et installe partout des distributeurs de café et des lampes ultrapuissantes…

L’histoire est inattendu et cool à lire, on ne sait pas trop ce qui est réel, allégorique, le statut imaginaire, imaginé ou réel des différents personnages. Ce que j’ai beaucoup aimé c’est comment le dessin évolue avec l’histoire, la ville peu à peu remplie de lumières aveuglante étant dessinée de plus en plus contrastée jusqu’à n’être plus que des cases blanches avec des traits à l’encre de Chine.

Je recommande.

Le Patient de Timothé Le Boucher

J’ai moins aimé que sa BD précédente (Ces Jours qui Disparaissent, que je pensais avoir chroniqué ici mais visiblement non). Le seul rescapé du massacre d’une famille sort de 5 ans de coma. Une psychologue le suit, veut comprendre ce qui s’est passé la nuit du meurtre et si sa sœur, la coupable toute désignée, était bien responsable. Le garçon parle d’une présence qui cherche à l’étrangler les nuits dans sa chambre d’hôpital. Mais le rescapé semble aussi moins innocent qu’il ne le laisse paraître au début.

C’est joliment dessiné mais le propos est un peu confus : je trouve ça étrange de faire un thriller avec des mystères et de finalement ne rien résoudre. Il y a plein de lignes narratives qui montre différentes facettes du héros mais ça ne converge pas. Bref, un peu déçu, je recommande par contre Ces Jours qui Disparaissent).

Les Couloirs aériens, d’Etienne Davodeau et Christophe Hermenier

Une BD sur la crise de la cinquantaine d’un français moyen qui se retrouve au chômage et perd ses parents. J’ai pas été très convaincu. Il y a de jolis pages montrant un village du Jura enneigé, mais à part ça, les doutes et interrogations métaphysiques du héros m’ont laissé froid. Dans le genre réflexion sur la vie, l’héritage et le temps qui passe, j’ai largement préféré Portugal, de Pedrosa.

À l’ancienne, de Monier et Vieillard

Bande dessinée française. On suit dans un futur proche les aventures de trois bandits septuagénaires à travers un Paris au bord de l’insurrection. La narration suit l’un d’eux avec des troubles de la mémoire, du coup on à l’histoire à l’envers, à la Memento. L’idée est sympa, mais j’ai trouvé que ça donnait une bédé assez anecdotique au final. La couverture est sympa par contre, le côté duel de western rend bien.