Archives par mot-clé : uchronie coloniale

Summerland, d’Hannu Rajaniemi

Uchronie fantastique. A la fin du XIXe siècle, la rencontre entre le spiritisme et la science rend possible la communication avec l’au-delà. L’Angleterre découvre que la préservation des âmes après la mort est possible, en fournissant aux esprits un point d’ancrage et un apport régulier d’énergie psychique. La société se réorganise autour de cette nouvelle conception de la mort : la reine Victoria règne depuis l’au-delà, les progrès en terme de médecine sont abandonnés (à quoi bon ?), l’usage des médiums louant leur corps aux décédés pour qu’ils reviennent socialiser avec les vivant se répand.

Au sein du monde de l’espionnage, les capacités de déplacement instantané et de discrétion à toute épreuve des esprits sont des plus appréciés. Les services secrets britanniques se divisent en une section vivante, la Winter Court, et une section défunte, la Summer Court, avec bien évidemment de la rivalité interservices. On suit Rachel White, une agente de la Winter Court, désavantagée à la fois par son statut de vivante et son statut de femme dans un monde très masculin et très classiste. White tente de conserver sa place dans le monde de l’espionnage alors que la guerre d’Espagne devient un point d’affrontement de plus en plus important entre l’Empire Britannique et l’URSS, où l’au-delà prend la forme d’une unique conscience agrégée autour du noyau de la personnalité de Lénine…

J’ai beaucoup aimé. Le côté « le Grand Jeu, mais avec des médiums » fonctionne très bien, les personnages, leur passé et leurs motivations sont réussis. Le fonctionnement de l’Univers est expliqué au fur et à mesure, l’histoire est prenante, en terme d’uchronie avec des éléments fantastiques c’est une réussite.

Ministry of Space de Warren Ellis

Comic uchronique du début du XXIe. Durant les dernières heures de la Seconde Guerre Mondiale, les forces anglaises tentent un gambit et enlèvent l’ensemble des scientifiques allemands qui travaillaient sur le programme V-2. Armée de ces connaissances, l’Angleterre va développer seule dans son coin un programme spatial, et étendre l’Empire au delà du globe terrestre. Le récit alterne entre 2001, la date du premier lancement spatial américain, et les différentes étapes du programme spatial anglais, de 46 aux années 70s. Intéressant dans ce qu’il montre d’un développement différent de la course à l’espace et des développement sociaux de l’Angleterre, et dans les questions qu’il pose sur le coût (financier et moral) du développement d’un tel programme.

Civilizations, de Laurent Binet

Uchronie publiée en 2019 sur la découverte de l’Europe par les Incas vers 1530.

Assez déçu (alors que j’avais beaucoup aimé ses deux précédents romans, notamment HHhH), l’auteur sombre dans le problème d’être tellement content de son univers qu’il le décrit aux dépens de raconter une histoire intéressante. C’est un peu atténué par le fait qu’il décrit essentiellement son point de divergence donc il y a de l’action, mais bon ça reste fortement dans le descriptif. Ça fait très brouillon de roman, en fait.

De plus comme le soulignent plusieurs critiques, c’est très européocentré. Le roman commence en Amérique mais dès qu’on met un pied en Europe on n’en sort plus.

In the cage where your saviours hide, de Malcolm Mackay

Polar qui se déroule dans une uchronie. Un royaume d’Ecosse indépendant du Royaume-Uni a colonisé une partie de l’Amérique centrale, et a contrôlé jusqu’aux années 60s les colonies du Nicaragua, Panama et Venezuela. Les banques écossaises sont puissantes et les ports écossais ont été des centres d’influence majeure, de par leurs liens privilégiés avec la Nouvelle-Calédonie, dont les immigrés forment une part importante du prolétariat écossais.

L’univers est cool et sa présentation plutôt bien amené, mais il reste une toile de fond et l’histoire et l’enquête ne sont pas très intéressante par contre, avec des personnages dont on comprend assez mal les motivations pour leurs actions. Dommage.

Pax Germanica, de Nicolas Le Breton

Uchronie steampunk en deux tomes. Sous le règne de Napoléon III, les prototypes d’aérostat d’Henri Giffard sont soutenus par le pouvoir. La technologie se développe et prend de l’ampleur dans l’ensemble de l’Occident et même au-delà, bouleversant le développement technique et notamment des transports.
Dans cet univers, l’histoire commence en 1912. L’introduction d’éléments surnaturels permettant à la fois de réanimer des cadavres et d’alimenter des dirigeables avec une puissance supérieure à tout ce qui était possible jusqu’alors pousse l’ancien préfet de Paris Louis Lépine à se lancer dans une aventure rocambolesque autour du monde…

Globalement, j’ai bien aimé l’univers technologique du livre. Le côté « Empire coloniaux sous stéroïde steampunk » donne un univers intéressant, des extraits de divers documents en début de chapitre permettent d’avoir une vue plus large du monde (c’est un procédé que je trouve toujours intéressant dans les uchronies) et l’auteur trippe avec et décrit bien tous les différents aérostats qu’il met en scène et le monde qui en découle, avec des classes supérieures qui ne se déplacent que par les airs, un abandon des bateaux, des enjeux politiques de contrôle des sources d’énergie et des gaz de remplissage des ballons…
Mais par contre le premier tome se concentre sur une intrigue surnaturelle qui m’a laissé un peu froid : énergie mystique, cité de Shangri-La, exotisme un peu de pacotille avec l’Himalaya… et les enjeux géopolitiques sont un peu simplistes avec une gentille France universaliste qui rassemble des savants dans une société futuriste et une Allemagne très méchante et belliciste, appuyée sur une société de Thulé qui exploite à fond les Arts Occultes… Ça se lit bien, hein, mais c’est quand même assez réducteur. Les personnages principaux sont intéressants, même si le héros principal, Louis Lépine, est un peu trop gimmickesque (mais les personnages autour de lui sont intéressants et variés, les méchants par contre sont assez unidimensionnels).
Le début du deuxième tome par contre est beaucoup mieux : on a lâché l’histoire un peu brouillonne du premier pour se concentrer beaucoup plus sur le côté uchronique intéressant ; suite aux événements du premier tome, la Triplice a gagné la Première Guerre Mondiale et dispose d’une supériorité technologique incontestable. L’aérostatisme a été décrétée réservée à la noblesse, un roi de France fantoche a été rétabli, républicains et bonapartistes forment une alliance malaisée pour se lancer dans la Résistance. La Révolution Russe a échoué au profit des Romanovs, les communistes sont donc aussi dans la Résistance à l’échelle mondiale, qui s’appuie notamment beaucoup sur les colonies des anciennes métropoles vassalisées… Mais l’auteur en revient à son surnaturel à la moitié du tome, et nous rajoute une intrigue amoureuse et sexuelle dont on n’a pas grand chose à faire.

Bref, l’uchronie, les intrigues géopolitiques, le monde et ses descriptions sont sympa, le surnaturel et l’histoire proprement dite étaient un peu relous. C’est le genre de livre où je vois assez nettement ce que j’aurais modifié pour en faire un livre vraiment très sympa, du coup c’est un peu frustrant de voir qu’il ne réalise pas son plein potentiel.

Steampunk World, édité par Sarah Hans

Recueil de nouvelles steampunk. Une introduction au début du recueil explique la démarche : il s’agit de faire sortir le steampunk du monde occidental (et de la période de la révolution industrielle) pour voir comment les éléments constitutifs s’adaptent à d’autres contextes historiques.
Et ça marche ma foi assez bien. Toutes les nouvelles ne sont pas du même niveau, mais il y en a de très cools dont on voudrait bien voir les univers étendus, notamment celle qui raconte le mélange du steamkraft inventé en Prusse avec les traditions de l’empire Ottoman, celle au Siam, celle avec l’enquêtrice néo-zélandaise du Bureau des Phénomènes Inhabituels de la Couronne Britannique. 

Premier contact

[EDIT : Comme promis, les photos.]

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Beaucoup de choses à dire sur ce premier jour.

(Mon bureau est juste derrière la porte)Déjà, j’ai eu une vue claire de l’Institut. C’est grand, vieux, peint en jaune, clairement pas fait pour accueillir un labo à la base, et plein de plantes, de livres, de vues sur la mer et de post-docs détendus.
J’ai pris mon petit dej dans un hôtel quelques rues plus loin, et sur mon chemin, j’ai croisé un éléphant. Normal.
Pas des masses de boulot pour le moment, mon maitre de stage étant très pris. J’ai relu les papiers qu’il m’avait filé, commencé quelques démarches administratives et surtout, rencontré beaucoup de gens.
Dans les gens, il y a Mathilde, l’autre stagiaire déjà arrivé. Elle vient de l’Agro Montpellier, fait une année de césure et revient de 6 mois de stage à Bangkok en passant par l’Île Maurice. Elle va bosser sur l’influence humaine sur les paysages, et elle a un mois de terrain dans le Nord de l’Inde pour ça.
J’ai aussi rencontré Vincent, qui va superviser mon stage plus directement que le chef de Département. Il m’a conseillé de profité du répit actuel puisque « ça a l’air assez trapu ce qui t’attend ». Il a l’air très détendu, mais comme un peu tout le monde ici.
Ce qui me fait une magnifique transition avec le paragraphe sur l’ambiance générale. Qui est plutôt relaxé ; le labo mélange je dirais à 50% chercheurs indiens et français, on a deux pauses cafés/jour, avec un café dans l’Institut, où le chai est excellent (thé infusé dans du lait avec masse d’épices). La plupart des gens parlent français et la moyenne d’âge est basse.

Visiblement, y’a plein de trucs à faire et les gens sont motivés pour bouger un peu. On (=les anciens) nous (=Mathilde et moi) a conseillé de chercher un appart plus sympa que la guest house et de louer un scooter pour faciliter les déplacements dans Pondichéry (Maman, je sais que tu palis en lisant ça.)
Je suis sorti trop tard ce soir pour prendre des photos, mais demain vous y aurez droit.

La vue depuis ma chambre

Le jardin de l’institut

Carcasse de voiture