Archives mensuelles : février 2017

La présidente et Totalitaire, de François Durpaire et Fabrice Boudjellal

De la politique fiction imaginant l’arrivée du FN au pouvoir. Le premier tome est assez glaçant par la justesse des prédictions (plusieurs trucs, notamment l’application d’un État d’urgence permanent, ayant été faits sous le mandat de Hollande), la deuxième paraît plus irréaliste mais bon, j’aurais dit ça de la première il y a quelques années…

Il y a un troisième tome qui est sorti depuis (La Vague, je crois) qui parle des relations de la France de cet univers avec la Russie de Poutine et les USA de Trump. Pas encore lu.

La La Land, de Damien Chazelle

Un film sur Hollywood. Un énorme travail sur les couleurs, beaucoup d’hommages (La Fureur de Vivre, Mulholland Drive, les comédies musicales, les comédies romantiques,  probablement plein d’autres que je n’ai pas su reconnaître), super musique que je vais probablement écouter en boucle. Film de l’année ça me parait un peu trop élogieux, mais j’ai beaucoup aimé, même si ça a les côtés problématiques d’une comédie romantique. La scène d’ouverture est magnifique (honnêtement j’aurais bien aimé qu’elle donne le la (see what I did there) pour le reste du film et que ce soit davantage une comédie musicale) et a dû être un enfer à tourner. Après la romance des deux personnages, aussi centrale qu’elle soit, fait un peu McGuffin pour voir l’évolution de Mia (et en arrière-plan celle de Seb qui sert plutôt à donner des ailes à Mia qu’il n’est vraiment développé).

Ex Machina, d’Alex Garland

Un programmeur de la plus grosse compagnie technologique du monde est invité par son patron, misanthrope et génial à passer une semaine dans sa résidence perdu au milieu de nulle part. Il découvre que son patron a inventé une intelligence artificielle et qu’il doit la tester pour décider si elle passe ou non le test de Turing.

J’ai bien aimé le portrait du patron en brogrammeur (programmeur connard avec les codes de conduites de étudiants des fraternités américaines : grosses cuites et détox le matin, sport et propension à appeler tout le monde « dude »). Mais bon, en terme d’IA je trouve ça relativement limité. Ok ça met en scène la question de l’IA qui doit persuader un agent extérieur de la laisser sortir de sa boîte, mais après ça joue sur le mec un peu reclus qui rencontre une fille intéressante et bon, merci mais j’ai déjà vu ce film trop de fois.

Ça met bien en scène le male gaze mais je trouve que y’a pas tant de recul que ça dessus. Les décors et la maison moderne perdue dans les bois sont très jolis aussi mais pareils, les décors immaculés et somptuaires ça revient trop, je préfère les films un peu plus réalistes.

Après, je suis partagé, parce que y’a plein d’éléments ridicules (genre le mec qui décrète « mon IA peut faire l’amour, y’a une cavité entre ses jambes qui lui donne une sensation de plaisir quand stimulée », vision super triste de la sexualité, dont j’arrive pas trop à dire si c’est une satire volontaire (parce que c’est le personnage connard qui le dit) ou si c’est un manque de recul du film lui-même

Sherlock, S04E01, The Six Teachers

J’ai pas aimé. C’est lent, c’est mal filmé (toutes ces surimpressions, bon sang, on est dans les 80’s ou quoi ?), les énigmes sont prévisibles et sans trop d’intérêt, on a un bon cliché de Woman in the Fridge ainsi que de meuf qui est totalement downgradé par rapport à la puissance qu’elle devrait avoir, plus quelques clichés orientalistes pour la bonne mesure. C’est tous les tics d’écriture pourris de Moffat, sans les côtés intéressants. Donc je vais arrêter les frais là pour cette série et garder du temps pour regarder des trucs intéressants au moins par un aspect à la place.

Post agrégé : Snicket

J’ai rassemblé ici mes recensions des différents textes (j’ai laissé l’adaptation sérielle de côté) de – ou affiliés à l’œuvre de – Lemony Snicket, pour être plus cohérent. Voir aussi le post de MNL référencé dans le paragraphe suivant. Voir aussi  : désespoir et littérature jeunesse.

Ouragan sur le lac, de Lemony Snicket. Troisième tome des désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire. Ça se lit plus vite que dans mes souvenirs d’enfance, mais c’est cool à lire. Toujours aussi peu joyeux par contre. MNL a raison, je ne sais pas comment Snicket a réussi à faire passer ça pour une série pour enfants.

The Vile Village, The Hostile Hospital et ainsi de suite jusqu’à The End, de Lemony Snicket. Je relis la série en VO. C’est bien plus sombre que dans mon souvenir et c’est vachement bien. J’ai relu jusqu’à The End (qu’il me semble ne jamais avoir lu enfant).  Y’a des incohérences dans la description des conséquences du schisme (enfin on a l’impression que le côté lumineux pensait pas que leurs ennemis retiendrait la localisation de leurs bases et qu’ils ont rien prévu pour les protéger, c’est un peu absurde), mais globalement c’est vachement bien, notamment dans la vision nuancée du monde que ça file aux lecteurices.

All the Wrong Questions, de Lemony Snicket, commencé sur les conseils de M.N.L. Sympa, méta, plein plein de références à d’autres livres, do recommend.

[REDACTED], by M. Je ne peux pas vous dire grand chose sur cette œuvre, même pas son titre, sinon je serai obligé de vous tuer. Je peux vous dire que ça dérive de l’œuvre de Lemony Snicket, que ça a été écrit dans le cadre d’une série d’énigmes, de mystères et de dissimulations et que si vous cherchez un scénario manichéen, je vous conseille de chercher une autre fanfiction. Excellente lecture, difficilement séparable de son contexte et paratexte néanmoins. Si jamais vous en trouvez une version manuscrite annotée dans une bibliothèque désaffectée et à moitié ravagée par le feu, dans une boîte hermétique arborant discrètement la marque d’une organisation aussi légendaire qu’inconnue, je ne peux que vous recommander de lire quelque chose de plus recommandable et moins fouillis, le Da Vinci Code par exemple.

La Septième Fonction du Langage, de Laurent Binet

Un polar qui imagine que derrière la mort de Roland Barthes en 80 se cachait une conspiration. Un flic bien de droite et un prof de sémiologie de l’Université de Vincennes font équipe pour aller au fond de l’affaire, en rencontrant Todorov, BHL, Giscard, Genette, Foucault, Derrida et bien d’autres. C’est très rigolo, surtout quand on connaît un peu le milieu universitaire, le côté années 80 est très bien rendu, c’est méta, BHL et Sollers en prennent comme il se doit pour leur grade, bref, c’est merveilleux, et c’est par l’auteur qui a aussi écrit HHhH, que j’avais beaucoup aimé aussi.