Comment tout peut s’effondrer, de Pablo Servigne et Raphaël Stevens

Essai de collapsologie publié en 2015. Les auteurs expliquent vouloir poser les bases d’un nouveau champ scientifique, la collapsologie, donc. L’idée est la suivante : la trajectoire sur laquelle est actuellement l’espèce humaine est non-soutenable, et ce à court terme. On a dépassé pas mal de limites planétaires, les rendements énergétiques sont très largement décroissants, le climat s’emballe et les écosystèmes s’effondrent. Il est certain que la fin de la civilisation thermo-industrielle est proche.

Deux points cependant :
– la « fin de la civilisation thermo-industrielle est proche » ça ne veut pas dire « la fin du monde est proche ». Il y a aura un après. Il ne va pas s’agir d’une apocalypse soudaine nous laissant dans un monde post-apo à la Mad Max, mais d’une perte graduelle de niveau de vie, qui sera ressenti d’autant plus durement dans les territoires les plus connectés à la mondialisation.
– on ne peut pas donner de date précise. D’une part parce qu’il ne va pas s’agir d’un phénomène soudain, et que ce sera sûrement appréhendable surtout a posteriori, comme souvent avec les processus ; d’autre part parce qu’il y a plein d’incertitude sur la finitude des ressources, les réponses qu’on peut donner aux crises, la résilience des écosystèmes, du climat, du système financier, des systèmes humains…
Ce qui reste cependant certain c’est qu’une sortie du modèle actuel de développement est inéluctable à l’échelle d’environ une génération.

Pourtant, on ne s’y prépare pas, c’est largement vu comme un non-sujet (même si de fait la collapsologie a gagné en traction depuis 2015). Les auteurs analysent ce phénomène à la lumière d’autres effondrement de civilisations locales : la difficulté à prévoir les changements de trajectoire, le poids des choix socio-techniques passés sur nos trajectoires présentes, la complexification des structures sociales qui les rigidifie énormément…

Le but de la collapsologie est alors de rassembler des données sur les effondrements passés, les trajectoires possibles, les réaction des sociétés, des individus, pour permettre de négocier un peu plus facilement la transition. Le champ d’étude couvrirait à la fois l’Histoire, la psychologie, la sociologie, l’écologie…

Le projet est ambitieux et intéressant, le livre n’a pas le temps de rentrer dans les détails mais pose des bases prometteuses.

Randonnée dans les calanques

Départ de Callelongue, montée au sommet de Marseilleveyre, suivi de la ligne de crête pour passer le col de la Selle, remontée sur le plateau de l’Homme mort, descente par le Grand Malvallon jusqu’à arriver à la mer au niveau de la calanque de Marseilleveyre, côte longée jusqu’à revenir à Callelongue. Le tout recommandé par Visorando.

Une complainte habituelle pour les lecteurices de ce blog : la lumière n’était pas très satisfaisante pour faire des photos (d’extérieur, les grottes on gérait nous même à la frontale). Mais en même temps, un grand ciel bleu et un soleil de plomb ça aurait probablement compliqué la randonnée. Il faut accepter les compromis, je suppose. Bref, du coup ça rend mal sur les photos mais les paysages était superbes, faisant penser à la Bretagne par endroit avec le ciel gris et le vent qui agitait la mer. Grande variété de points de vue, de formations rocheuses, de paysages de façon générale. Les grottes sur le chemin sont un bonus appréciable (il y avait aussi des voies d’escalade et des grimpeureuses qu’OC a regardé avec envie).

Vue sur Callelongue
Asphodèle ramifié
Entrée d’une première grotte peu profonde
Stalactites
Concrétions
Concrétions
Concrétions toujours
Éclairage depuis l’entrée
Vers l’entrée de la grotte
Vallon
Vue d’ensemble de la ville
Vue d’ensemble de la calanque
Vers la mer
Marseille sur Armor

Exposition Dubuffet au MUCEM

Nous sommes allés à la première de l’exposition « Dubuffet, un barbare en Europe » qui s’ouvrait au MUCEM. Je ne connaissais pas du tout l’œuvre et la philosophie de Dubuffet, c’était fort intéressant.

Pour résumer à grand traits, il s’intéresse à la pratique artistique non-influencée par l’histoire de l’Art et les conceptions communes de l’art, notamment tout l’héritage de la tradition européenne. Il réfute notamment la coupure entre cet art européen et tout le reste, rassemblé en « art primitif » à son époque. Il s’est du coup intéressé aux dessins d’enfants, aux œuvres d’aliéné·e·s, aux productions des artisan·e·s et aux traditions européen·ne·s pour les rapprocher des soi-disant arts primitifs et montrer les convergences entre eux.

Bon Courage, Dubuffet, 1982
Affiches diverses par Dubuffet
Chambranle Kanak, auteurice inconnu·e, XIXe siècle
Personnages et écritures, Johann Knopf, circa 1910
Maquette du pavillon à deux étages, Dubuffet, 1967 (et une excellente proposition de remplacement de la flèche de Notre-Dame)
Oriflammes, Dubuffet, 1984
Texte qui accompagnait le livre compilant les « Oriflammes ».
Le Triomphateur, Dubuffet, 1973.
Tarlatane amidonnée, bristol d’époxy et latex
Peuplements au sol, Dubuffet, 1952
Vue d’ensemble du bâtiment du MUCEM où se tenait l’exposition

Le Tour des Géants, de Nicolas Debon

Illustration provenant du blog de Nicolas Debon.

Une bande dessinée qui retrace que ce fut le Tour de France de 1910. Le duel entre les deux favoris, mais surtout le quotidien du Tour, un Tour couru essentiellement par des cyclistes amateurs, réparant eux-mêmes leur vélos, toute assistance extérieure étant interdites durant les étapes. Pas de dérailleurs, les freins sont une nouveautés, le parcours est gargantuesque, épuisant peu à peu les participants (ils ne seront que 41 à l’arrivée). J’aime bien son style de dessin, il faudrait que je mette la main sur un exemplaire de L’Invention du Vide, notamment parce que comme illustré ci-contre, ses paysages de montagne sont très beaux.

Marseille 2019

Une semaine de vacances avec OC à Marseille. De l’urbex, une rando, du farniente, des balades en ville, un musée… la semaine a été bien remplie. Pas trop de soleil, mais c’était très bien néanmoins, j’ai bien envie de retourner dans cette ville.
Une série d’articles pour partager une partie du millier de photos que j’ai prises durant le séjour.

Et on commence par :

Le Panier

Le quartier populaire bien cliché de Marseille, la réalité qui a inspiré Plus Belle la Vie, effectivement fort joli et couvert de street art et de petits cafés hispters (on a mangé dans un fort bon avec cependant une addition fort salée puisque pour deux personnes, ie une part de tarte, un toast à l’avocat et deux boissons, on en a eu pour 26e). On a principalement vu la rue des belles écuelles dedans, ça vaudrait le coup de revenir photographier les œuvres qui couvrent les murs plus extensivement.

Escalier pour monter au Panier
Assis sur un banc, rien d’autre à faire…
Media
Vive la Commune
Oiseau
Bazar du Panier (énorme potentiel d’instagrammabilité, je suis sûr qu’ils délavent soigneusement l’enseigne exprès)
Resist : fille masquée et plantes
Oeuvres diverses, dont Resist et « Tu me fais fondre comme un iceberg »
Wildstyle Ryno/Makak/Relax
Relax et porte calligraphiée
Tête de femme (Tetal Joke?)
Un ange parti trop tôt…
Mosaïque et QR code
Sur le vieux port : quelques #backtothestreet délavés par le soleil

Une Vieille Histoire (nouvelle version), de Jonathan Littell

Sept chapitres racontant sept variations d’une même histoire. Un.e narrateurice sort d’une piscine, court dans un couloir, ouvre une porte, se retrouve en famille, ouvre une porte, se retrouve en couple, ouvre une porte, se retrouve seul, ouvre une porte, se retrouve dans une orgie, ouvre une porte, se retrouve dans une zone de guerre, ouvre une porte, repart plonger dans la piscine. Sept fois de suite, donc. Le genre et l’âge de la/du narrateurice varie, les péripéties dans les différentes situations évoluent, mais quand même ça fait long.

On retrouve des éléments communs entre toutes les variations : une femme au chignon blond, une robe en jersey gris sans coutures, un chat, la composition des repas, un somme sur une couverture verte et or… On essaye d’y trouver une logique, mais s’il y en a une, Littell la garde pour lui. Et il y a du sexe. Beaucoup de sexe. Trop de sexe. C’est un bouquin sur la variabilité des rapports humains, mais visiblement pour Littell le sexe est une constante fondamentale de l’univers. Les passages les plus intéressants sont évidemment ceux qui s’éloignent du schéma établi, notamment le chapitre ou la narratrice ne revient pas dans le couloir entre chacune des instances famille/couple/solitude… mais se déplace dans un espace réel, et le chapitre ou le narrateur est enfant (encore que la narration interroge sur le fait que Littell ait jamais fréquenté un enfant). La description de la course dnas le couloir est beaucoup trop répété ( une trentaine de fois environ, avec des variations minimes, au bout d’un moment je n’en pouvais plus).

Globalement : concept intéressant mais réalisation que j’ai trouvé ratée.

La Grande Panne, d’Hadrien Klent

C’était assez anecdotique. Suite à un attentat d’extrême gauche dans une mine de graphite, un nuage de graphite remonte l’Europe au gré des courants aériens. Aucun risque pour la santé humaine, mais le contact avec les lignes haute tension l’enflamme, provoquant des incendies. Contraints et forcés, les gouvernements italiens puis français coupent les réseaux électrique le temps du passage du nuage, provoquant une parenthèse dans la vie économique du pays.

La prémice était intéressante, mais derrière c’est surtout les états d’âme du microcosme du gouvernement français, délocalisé sur l’île de Sein bénéficiant d’un réseau indépendant du réseau métropolitain. Y’a quelques passages rigolos sur (mais pas tendre avec) les anarcho-autonomes, mais c’est tout.

Faillir être flingué, de Céline Minard

Roman qui se passe durant la Conquête de l’Ouest Américain. Le destin d’une dizaine de personnages s’entremêle dans une petite ville nouvelle. J’ai bien aimé la narration de Minard. On retrouve des scènes de western classique, des passages qui font penser au Grand Jeu, des idées originales dans le traitement des personnages et dans ce qu’ils décident de faire.
Bref, je recommande. Je suis content d’avoir persévéré après Bastard Battle, j’aime bien le reste de ce qu’écrit Minard.