Archives de catégorie : Séries

Squid Game, de Hwang Dong-hyeok

Série coréenne de 2021. Seong Gi-Hun, vit chez sa mère à quarante ans. Chômeur qui passe ses journées à jouer aux paris hippiques, il doit une fortune à la banque et à des prêteurs sur gages. Un jour, un inconnu lui propose de participer à une compétition de jeux d’enfants : Il peut y gagner une quantité d’argent phénoménale, mais risque la mort à chaque round.

Le scénario tel que présenté est d’un classicisme éprouvé : ça évoque pèle-mêle Battle Royale, Hunger Games et Liar’s Game. Mais Squid Game réussit à redonner une profondeur au concept. Déjà c’est très bien filmé, le jeu des acteurs est très bon. Ensuite, les différents participants sont bien caractérisés, on voit leur passé (sans que ce soit sous la forme de flash-back récurrents qui cassent le rythme à la Lost. Un épisode s’attache à nous montrer la vie à l’extérieur des jeux de tous ceux qu’on va suivre, et en soit c’est crédible : le monde capitaliste et compétitif dans lequel ils vivent – et la position qu’ils y ont – font que leur choix de participer à ce jeu n’est pas aberrant.) Les épisodes prennent leur temps pour montrer les jeux et s’attachent à l’impact psychologique sur les personnages. La série, sans vraiment explorer les motivations de l’organisation qui a mis en place les jeux en dehors de « des riches cruels avec trop de fric à dépenser », montre par contre les coulisses du fonctionnement quotidien, et comment derrière la façade efficace, des trafics prennent place parmi les gardes.

Quelques bémols cependant : des effets spéciaux assez raté sur l’épisode 7, un épisode final qui traîne en longueur pour rajouter des révélations clairement pas cruciales, et une ligne narrative – celle de l’inspecteur – qui s’interrompt sans conclusion satisfaisante. Mais sinon j’ai pas mal bingewatché les 9 épisodes, et je recommande (si la violence psychologique est votre tasse de thé).

The Chair, d’Amanda Peet et Annie Julia Wyman

Série US de 2021. A 46 ans, Ji-Yoon vient d’être nommée directrice du département d’anglais de son université, première femme et première personne racisée à accéder au poste. Mais le poste en question est un enfer, elle doit gérer crise sur crise alors que la direction générale essaie de mettre à la retraite trois de ses enseignants, que ceux-ci n’ont plus d’étudiants dans leurs cours, que son professeur star (qui est aussi son crush) décide soudain de faire un salut nazi en cours et refuse de s’excuser au nom de la liberté d’expression… Et par dessus tout ça, elle doit gérer sa vie personnelle qu’elle case dans les trous qui restent dans son emploi du temps, sa fille étant compliquée, son père peu aidant et ses amis limités à son idiot de crush.

J’ai beaucoup aimé. J’ai trouvé tous les personnages et toutes les lignes narratives réussis : côté vie privée, le personnage de Ju-Hee est très réussi, le côté gamine précoce et vindicative qui est très cool quand on interagit avec elle de loin ou qu’on la voit en temps que spectateur, mais qui est infernale à élever. La relation que Bill a avec elle, en mode « je te parle comme à une adulte » = exactement ma façon d’interagir avec des enfants. L’ensemble de la communauté coréenne est très drôle, dommage qu’on ne les voit que dans un épisode à part le père de Ji-Yoon.

Côté professionnel, les différents collègues sont très bien caractérisés. Pour commencer par un personnage mineur, le Dean en personnage visqueux et secrètement méprisé par les enseignants qui le considèrent comme un bureaucrate parvenu est très bien mis en scène. David Duchovny et tout l’arc autour de lui est très réussi aussi, mais impacte peu l’histoire générale. Dans les enseignants du département d’anglais, Joan vole la vedette avec son side-plot sur son bureau et son enquête sous couverture pour trouver son élève nemesis. Le côté ultra intense du personnage fonctionne très bien en tant que ressort comique. Les autres collègues âgés sont plus effacés. Yaz est un personnage super intéressant mais qui aurait mérité plus de temps d’écran, elle fonctionne surtout comme un miroir plus jeune de Ji-Yoon, mais sinon elle agit peu. Le personnage de Bill est à mon sens une très grande réussite. Le côté chien battu, professeur-star-mais-qui-a-été-marqué-par-la-vie et décide plus ou moins consciemment de tout saborder marche très bien. Il a objectivement des côtés attachants (il fait bien la cuisine, il sait donner des cours passionnants, il est drôle), et en même temps il est près à se comporter comme un connard total et refuser d’assumer, quelles que soient les conséquences, pour lui ou pour les gens autour de lui. Il est persuadé d’être dans son bon droit et qu’il lui suffit d’attendre pour que le monde se rallie à son point de vue. Et du coup même s’il aime beaucoup Ji-Yoon, il est la source de 90% de ses emmerdes et ne fait strictement rien pour les prendre en charge (après Ji-Yoon arrive à générer une partie de ses propres emmerdes : elle n’arrive pas à choisir sa posture face au Doyen, alternant coups de pression et soumission, elle vole les notes de cours de Bill, elle abandonne le cas de Joan, elle ne soutient qu’à moitié Yaz et se lave les mains de la suite… Comme elle le dit, elle a récupéré le département dans un état de merde (et elle a zéro supporting crew), mais elle empire encore la situation (mais il n’est pas clair qu’elle avait des ressources et un environnement qui lui permettait de faire mieux). Globalement, tous les personnages sont attachants, mais tous les personnages font de la merde. Pour moi la fin n’est pas un happy-end de romcom, mais une appeased end : les personnages n’ont plus de responsabilités, la pression est partie : oui c’est un échec – Ji-Yoon a été démissionné de son poste ; Bill est viré, mais en même temps c’est une situation où Ji-Yoon n’a plus à stresser en permanence pour gérer 4000 trucs. Est-ce que c’est pas mieux pour elle ? On a l’impression que le poste à responsabilités, dans la configuration, ne pouvait juste pas bien se passer (the only winning move is not to play?), quelle que soit la personne (et bonne chance à Joan d’ailleurs). Alors on voit l’échec d’une femme de couleur, mais le tenant précédent du poste était Bill, est visiblement ça n’était pas la folie non plus, et rien n’est résolu au départ de Ji-Yoon en terme d’enjeux liés au poste.

Loki, de Michael Waldron

Série Marvel sortie en 2021, assez décevante. Loki, dieu de la malice et antagoniste des héros dans les films Avengers, est capturé par une organisation en charge de veiller à ce que l’histoire de l’univers se déroule telle qu’elle est censée se dérouler. Il est censé aider à chasser une version déviante de lui-même mais se retrouve rapidement à se demander qui a créé cette organisation et quels secrets elle cache.

Y’avait de bons éléments et l’esthétique de la TVA et du générique est cool. Par certains côté il y a une petite vibe Doctor Who : on peut voir l’ensemble du temps et de l’espace et les personnages courent beaucoup. Mais il y a aussi beaucoup beaucoup beaucoup trop de dialogues statiques, et un rythme très très inégal. Le final est particulièrement décevant, rien n’est résolu, c’est juste un prologue à une saison 2/de nouveaux films.

Un article intéressant sur cette série (en anglais) : It’s Not TV, It’s MCU: Thoughts on Loki.

Feel Good, de Mae Martin et Joe Hampson

Série anglaise de 2020. Mae Martin, canadienne, débarque en Angleterre pour se produire dans un club de stand-up. Elle commence une relation avec George, une anglaise pour qui c’est sa première relation non-hétéro. La série est légère au début, mais prend un tour plus tendu : George cache sa relation avec Mae à ses amis et à sa famille, Mae essaye de dissimuler et de ne pas gérer son passé d’opiomane, même si elle finit par aller à reculons à des réunions des Addicts Anonymes.

J’étais un peu dubitatif au début, mais on se laisse bien prendre par la série. Elle traite beaucoup de thèmes à la fois, c’est très dense (Mae, le personnage et l’actrice visiblement aussi, est une boule d’énergie qui parle super vite et ne tient pas en place). Les personnages secondaires (la mère de Mae, Phil le coloc de George, la sponsor de Mae et sa fille) sont très réussis. La façon dont la série parle de la relation à la drogue est intéressante aussi. En comparaison avec Elementary qui abordait (de loin, même si c’était un des traits qui définissait le personnage principal) aussi ce point, on a ici des personnages plus crédibles malgré l’angle comédie : ils ont de bonnes intentions mais ça ne suffit pas toujours, et pour autant ils peuvent se comporter comme des connards ou faire des erreurs.

C’est court, 7 épisodes (je sais pas s’il y aura une S2, les pistes sont ouvertes pour mais il faut voir si c’est considéré comme rentable par Netflix), et ça vaut le coup d’être regardé, on passe un bon moment devant sans que ce soit révolutionnaire.

Saison 2 :

Il y a eu une seconde saison. Six épisodes, donc encore plus court, mais très réussie. La série oscille entre le Canada et l’Angleterre, alors que Mae essaye de comprendre, exprimer et gérer une partie des événements de son adolescence. La relation entre Mae et George est plus complexe et plus équilibrée, les personnages secondaires sont toujours très réussis (Phil ♥). C’est une saison qui parle de façon très intéressante de la gestion du trauma (pas du tout comme un how-to mais plutôt comme un « voilà ce qui est fait parfois, c’est pas top mais c’est la seule façon de gérer que certains ont ».
J’ai été beaucoup plus enthousiaste sur cette seconde saison que ce que j’avais dit sur la précédente (mais mon souvenir de la 1 était aussi avec le temps plus enthousiaste que ma revue à chaud). Je recommande l’ensemble du coup.

Lupin, de George Kay

Nouvelle série Netflix, qui réactualise le personnage de Maurice Leblanc. On sent une inspiration du côté du Sherlock de Moffat, qui est visible ne serait-ce que dans les habits du personnage principal. Par contre on a un héros qui est moins un connard et des mécanismes narratifs assez différents.

Le paragraphe suivant spoile l’épisode 1.

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Paris Police 1900, de Fabien Nury

En 1899, suite à la mort du président Faure, un nouveau gouvernement est formé, et Lépine est nommé préfet de police de Paris, alors que les ligues antisémites rallient leur troupe dans l’attente du second procès de Dreyfus. On suit les aventures de Lépine, de sa femme et de plusieurs policiers et informateurs de police dans ce contexte politique de plus en plus inflammable.

J’ai été déçu. La reproduction historique est réussie et semble bien documentée – depuis mon point de vue naïf sur la période. Mais la série se concentre surtout sur des hommes, policiers ou puissants, qui jouent des poings et croient en leurs valeurs : bref, c’est idéologiquement de droite. La série choisit aussi d’adopter une esthétique trash : y’a du sang, du sexe, de la boue, de la drogue, et on n’y va pas avec le dos de la cuillère. Et y’a évidemment beaucoup d’antisémitisme, et même s’il est montré pour le dénoncer, c’est quand même beaucoup montré et répété, j’ai pas trouvé ça fou d’un point de vue mise en scène. La série met brièvement en scène des anarchistes, des personnages de la communauté juive, mais ils sont toujours présents en temps que personnages secondaires, ceux que l’on suit vraiment se sont les policiers et les antisémites, c’est vraiment pas le cadrage le plus intéressant possible je trouve.

Dans le genre reconstitution historique européenne stylée avec des enquêtes de police au milieu, regardez plutôt Babylon Berlin.

Chernobyl, de Johan Renck

Série mettant en scène la gestion de crise de l’accident nucléaire de Tchernobyl. J’ai bien aimé, même si le fait que les acteurs n’ont clairement pas des têtes de slaves est parfois un peu déstabilisant. Mais à part ce détail, c’était intéressant d’avoir une description de ce qui a été fait pour gérer un désastre de cette ampleur, quels ont été les différents acteurs en jeu et les problèmes rencontrés. Le premier épisode met bien en scène comment les premiers acteurs sur le terrain (« first responders« , je sais pas trop comment le traduire) ont été envoyés à la mort, avec aucune idée du danger qu’ils affrontaient et aucun matériel de protection adéquat. Le dernier épisode, qui explique comment la catastrophe a eu lieu est assez effarant aussi en terme d’accumulation d’erreurs humaines, de protocoles de sécurité contournés voire juste inexistants et d’erreurs de conception. La série insiste beaucoup sur le fait que la culture du secret de l’URSS a été responsable en bonne part ; sans nier que ça a aggravé les problèmes, y’a eu le même genre de désastre dans des environnements absolument pas liés à l’URSS ; Fukushima ça s’est passé en pays capitaliste, DeepWater Horizon aussi.

Quiz, de James Graham

Mini-série documentaire anglaise en trois épisodes. On suit la création du programme télé Who wants to be a millionnaire (adapté en France comme Qui veut gagner des millions), énorme succès d’audience et qui est vendu par la télé anglaise au reste du monde et notamment aux américains (plutôt que l’inverse, ce qui était le cas habituel). On suit surtout l’engouement que le programme suscite, et comment une communauté de fans de pub quiz vont s’unir pour passer les étapes de présélection. Et surtout comment parmi ceux là, le cas d’une famille ou un frère, une sœur et son mari vont successivement se retrouver candidats du jeu, le mari devenant la seconde personne de l’histoire du programme à atteindre le million, mais d’une façon qui mènera à un procès pour fraude. On suit alors les arguments de l’accusation puis de la défense, la question de la médiatisation du procès et de la présentation des preuves (la chaine télé qui est partie au procès éditant le montage mettant en évidence les éléments de fraude).

J’ai bien aimé le côté fiction documentaire. La période couverte est à la fois proche de nous (le jeu est inventé en 1997, l’émission où le mari est soupçonné d’avoir triché est filmée le 09/09/2001, l’enquête se passe dans les jours qui suivent le Onze Septembre) et fort différente dans l’accès aux informations – internet existe mais n’est pas du tout omniprésent comme aujourd’hui. Les personnages sont très très anglais (la série en joue), c’est sympa à regarder sans être inoubliable.

Planètes, de Gorō Taniguchi

Adaptation en animé du manga éponyme de Makoto Yukimura. J’avais lu le manga ado, j’avais les DVDs des premiers épisodes depuis très longtemps, le second confinement a été l’occasion de s’y mettre. En 26 épisodes de 20 minutes, on suit le quotidien de la section Débris, une équipe d’éboueurs de l’espace dans les années 2070. L’histoire tourne principalement autour de deux membres de cette section, Tanabe, jeune novice idéaliste, et Hakimachi, un éboueur plus âgé qui a toujours rêvé de posséder son propre vaisseau et de participer à la conquête spatiale.

C’est très cool. L’univers montre une version relativement réaliste de l’exploration spatiale. Passée l’ère des premières fois épiques, l’espace est devenue une ressource comme une autre, exploitée par des firmes multinationales qui ont assez de capitaux pour se lancer dans des projets très coûteux mais très rentables. Le fait de centrer le point de vue sur la section Débris est très bien pensé : sans ce travail de récupération des déchets et débris, les voyages dans l’orbite terrestre serait impossible. Pour autant c’est un job sans prestige, les pilotes de navette sont ceux qui font rêver, pas les éboueurs. La Technora ne garde une section Débris, sous-financée et sous-staffée, que parce qu’elle reçoit des subventions de la Fédération (l’alliance des pays riches) pour ce faire. La géopolitique de l’univers est très réussie aussi : l’exploitation spatiale profite aux transnationales et aux pays riches, et un mouvement terroriste conteste la dépense énorme de ressources qu’engendrent les projets spatiaux et qui pourraient êtres alloués à la réduction des inégalités sur Terre. La série réussit très bien à balancer ces facteurs réalistes avec le pouvoir d’attraction que les mots « exploration spatiale » peuvent avoir. Elle montre aussi les risques pour la santé de la vie en dehors de la Terre, que ce soit les multiples accidents ou plus insidieusement les cancers liés aux radiations non-filtrées par l’atmosphère.

Concernant les personnages principaux, on a une focalisation d’abord sur le personnage de Tanabe, qui découvre cet univers, permettant de filer les clefs de compréhension aux spectateurs. Mais rapidement on comprend que le vrai héros de l’histoire est Hakimachi, prêt à sacrifier énormément de choses à sa passion de l’espace. Si Tanabe fait pas mal avancer l’histoire et est beaucoup mise en lumière, on est quand même sur une répartition très classique des rôles genrés dans ce couple de personnage, avec le mec taiseux qui veut être indépendant et aller explorer, et une fille idéaliste qui va apprendre à son contact mais lui faire découvrir la puissance de l’amour. De ce point de vue les personnages secondaires sont cependant plus réussis, notamment Fay Carmichael, la pilote de la section Débris colérique et prête à tout pour fumer tranquillement ses clopes. Tous les fils narratifs secondaires permettent de bien développer ces personnages et l’univers dans lequel ils évoluent.

Je recommande.

Patria, d’Aitor Gabilondo

Série espagnole de 2020. La série suit deux époques en parallèle : les semaines qui suivent l’annonce de 2011 de l’ETA de leur renoncement à la lutte armée, et les événements menant à et suivant le meurtre d’un petit patron et père de famille basque, Txato, 20 (checker) ans plus tôt.

J’ai été assez déçu. J’avais été alléché par le pitch, et le premier épisode posait plein de pistes intéressantes, avec la focalisation sur Bittori, la veuve obstinée de Txato qui décide d’obtenir la vérité sur le meurtre de son mari 20 ans plus tard. Avoir une femme de 70 ans comme personnage principal c’était intéressant, la faire enquêter sur un sujet politique sensible c’était super.

Mais en fait, Bittori n’enquête sur rien. La série montre les événements selon une narration non linéaire, mais l’histoire est très manichéenne. Bittori finira par avoir l’info qu’elle veut, mais après avoir écrit deux lettres. Quant à l’exposition d’une situation politique complexe, comment dire.

Je ne demandais pas à la série d’être une grande fresque pédagogique sur l’indépendantisme basque, mais là on n’a aucune idée de pourquoi l’ETA a pris les armes ni des enjeux du mouvement indépendantiste. Le mouvement est présenté surtout via des cellules d’actions composées de jeunes adultes un peu idiots. Il a du soutien dans la population, mais on sait pas trop pourquoi : visiblement les gens trouvent que la lutte armée c’est un peu abusée, mais quand même iels soutiennent. La violence de l’État espagnol n’est pas totalement occultée, mais elle est complètement disjointe de la question de l’indépendance : on a une scène où le GAL arrête la voiture de trois jeunes filles et où ils profitent de la fouille pour les agresser sexuellement, une autre scène de violence policières interminables quand un des ettara est arrêté. En fait on a l’impression que la situation politique est prise comme un état de fait et une toile de fond pour dérouler l’histoire. La série est clairement contre l’indépendantisme, mais je trouve que même dans cette optique elle dessert son propos : ne pas montrer pourquoi certaines personnes se retrouvent à considérer la lutte armée comme acceptable tout en les montrant comme insérées dans leur communauté, ça crée juste une dissonance, le terrorisme devient juste une tradition comme une autre.

Autre problème, les personnages sont pour la plupart totalement unidimensionnels. La famille de Txato ne se définit que par rapport à son meurtre, et Txato lui-même est un saint : après la présentation par les yeux de sa famille je m’attendais à un twist où on montrait que sur d’autres aspects il était moins parfait et que ça expliquait pourquoi il y avait du ressentiment contre lui, mais non, il est désigné comme cible de l’ETA juste parce que les gens sont jaloux et l’imaginent ultra-riche.

Bon qu’est-ce qu’il reste de positif, quand même ? Une série avec des moyens, qui montre des gens avec des têtes qui ne sont pas celles d’acteurs hollywoodiens. De beaux paysages du Pays Basque, on reconnaît les Pyrénées, on voit la côte. Un bon premier épisode, deux actrices principales âgées intéressantes qui jouent bien leurs rôles de mères de famille inflexibles (Bittori et Miren). Une caméra qui fait des plans intéressants (le recul progressif dans le train quand Nerea part pour l’Allemagne), le cadre qui se resserre progressivement sur Miren en excluant Joxian quand ils rendent visite à Joxe Mari en prison pour la première fois). Mais c’est assez frustrant de voir le potentiel qu’avait cette série et qui a été gâché.