Archives de catégorie : Longs métrages

Ouvrir la Voix, d’Amandine Gay.

Séance à l’Assemblée Nationale en présence de la réalisatrice. C’était fort cool. Le documentaire était très bien, des entretiens avec plusieurs femmes noires vivant en France ou en Belgique, pour discuter de l’expérience d’être une femme noire dans un pays avec un passé colonial/impérialiste. Plein de thématiques abordées (sexualité, racisme quotidien, religion, …) dans une perspective afroféministe. Débat à la fin du film avec la réalisatrice, Danièle Obono (députée de Paris) et Rokhaya Diallo. Le débat aussi était super intéressant.

Grosse recommandation.

L’Île aux Chiens, de Wes Anderson

Film d’animation américano-japonais de 2018. Très beau visuellement, très réussi en terme d’animation (j’ai notamment énormément aimé les parties avec les complexes industriels dévastés, aussi brèves soient-elles ♥). L’histoire que l’on suit est sympa (suite à un décret municipal, tous les chiens de la métropole de Megasaki sont expulsés sur l’île dépotoir. Le pupille du maire décide d’aller y chercher son chien garde du corps, et il est révélé que l’exil des chiens cache un sombre complot). Mais c’est traité de façon très conservatrice : les votes des humains sont truqués et ceux des chiens sont une perte de temps, les chiens errants sont bien content de se trouver un maître… Par ailleurs les personnages féminins sont tous des relations amoureuses et des accessoires des personnages masculins (la reporter un petit peu moins que les autres mais ça ne va pas bien loin).

J’ai aussi été assez gêné par les parallèles avec la Solution Finale (déporter les chiens, les rassembler dans un camp, puis les tuer avec du gaz) que j’ai trouvé d’assez mauvais goût (après moi ça m’a sauté aux yeux mais j’ai des ami⋅e⋅s qui me disent que cette partie là les a pas marqué⋅e⋅s)

Moonlight, de Barry Jenkins

Un film sur la jeunesse d’un homme noir et gay de Miami. On le suit à trois moments de sa vie, vers 7/8 ans, dans son adolescence au lycée, et dans sa trentaine. Le film est très beau, mais pas très joyeux : Chiron (le héros) est confronté à l’homophobie, au harcèlement scolaire, et à l’omniprésence de la drogue. Je ne saurai pas trop comment décrire davantage, mais c’est très bien, forte recommandation.

Pitch Perfect  1, 2 et 3, de Jason Moore

Une comédie sur un club féminin de chant a cappella dans un collège US. C’est vachement cool, les chansons sont entraînantes, les blagues sont cools, c’est féministe, les seconds rôles sont géniaux (mention spéciale aux deux présentateurs réacs). Le 2 est sympa aussi mais c’est vraiment un décalque du premier par contre, c’est un peu dommage de pas avoir étendu un peu l’univers (c’est plus rigolo de regarder les scènes coupées du premier que le second).
Petit bémol cependant (see what I did there?), la question du consentement est quand même vachement laissée de côté. Je recommande chaudement le film (et je chante un peu en boucle les chansons ces temps-ci).

Pitch Perfect 3, de Trish Sie :
C’était… je dirai bien médiocre, mais non, c’était vraiment mauvais. Ils changent le genre du film vers un truc d’espionnage à mi-chemin, ce qui n’apporte rien si ce n’est des incohérences. Y’a quelques bonnes blagues mais elles sont noyées dans une mélasse de trucs totalement randoms et poussifs, ou juste là pour faire avancer le scénario de façon visible… C’était visible dès le trailer tbh, et ce n’est pas surprenant que le concept du premier film ne se prête pas à des suites.

Annihilation, d’Alex Garland

Film adapté du livre éponyme de Vandermeer. Quatre scientifiques veulent atteindre le centre d’une zone de quarantaine observée par l’armée américaine : s’étendant progressivement, cette zone d’un parc national américain semble entourée par une bulle de savon irisée, et aucune des équipes ou du matériel envoyé dedans n’en est ressorti. A l’intérieur, elles sont rapidement désorientées et constate des croisements interespèces aberrants.

C’était sympa mais c’était pas incroyable. Quelques belles scènes du point de vue de la mise en scène des formes de vie hybridées, mais globalement on sent un peu le manque de budget par rapport aux ambitions. Dans le même genre j’avais bien aimé Monsters, dont j’avais trouvé qu’il se débrouillait mieux sur un thème similaire avec son petit budget (mais je l’ai vu y’a longtemps, il faudrait que je le revois pour un avis éclairé).

Hunt for the Wilderpeople, de Taika Waititi

« I didn’t choose the skux life. The skux life chose me. »

Nouvelle Zélande. Un gamin maori de 13 ans placé de famille d’accueil en famille d’accueil atterrit en pleine campagne chez Bella et Hector. Hector communique par monosyllabes, mais Bella lui donne un amour inconditionnel. Mais Bella meurt, et les services sociaux décrètent qu’au vu du changement de situation, Ricky va devoir être placé de nouveau. Il décide alors de s’enfuir dans le bush, 1 million d’hectares de forêt vierge.

Je ne veux pas en dire beaucoup plus parce que la bande-annonce révèle beaucoup du film et c’est un peu frustrant : Disons que c’est un film sur des gens qui partent vivre dans la forêt pour échapper à la société et sur des amitiés improbables. C’est drôle à voir, bien filmé, j’ai beaucoup aimé. De façon générale je pense que j’aime bien les films de Taika Waititi.

The Disaster Artist, de James Franco

Film sur le tournage du film The Room, généralement considéré comme un des plus mauvais film jamais tourné (je l’ai vu il y a quelques années, et c’est vrai que c’est mauvais au point de verser dans l’absurde). On suit la vie de Greg Sestero, un des acteurs du film, de sa rencontre dans un cours de théâtre avec Tommy Wiseau à San Francisco jusqu’à la première de The Room. Entre temps, Tommy Wiseau, l’a invité à venir habiter avec lui à LA, et s’est lancé dans l’autofinancement à hauteur de plusieurs millions de dollars de The Room, qu’il a écrit et produit tout en en assumant le rôle principal, malgré visiblement une méconnaissance totale de comment on faisait un film. C’est sympa à voir, surtout quand on a vu The Room, mais ce n’est pas transcendant pour autant. Ca laisse très perplexe sur qui est Tommy Wiseau, qui fait un excellent personnage de film mais reste très mystérieux (le film raconte que l’origine de sa fortune est totalement inconnue et que l’âge et le lieu d’origine qu’il se donne sont très manifestement faux)

Debout ! Une histoire du MLF, de Carole Roussopoulos

Pas été enthousiasmé par le format. Beaucoup d’interviews face caméra qui mettaient surtout en avant le côté féminisme blanc et bourgeois. Après je ne sais pas exactement quelle a été la position du MLF, si ça ne reflète pas la réalité du féminisme visible de l’époque, mais c’est parfois bizarre. Notamment l’évocation des tensions entre féministes hétéras et queer dans le mouvement, où dans les interviews des hétéras, tu as quand même une certaine fétichisation de leurs camarades queers qui apparait, et c’est pas du tout recontextualisé ou remis en question par le film. Les documents d’archives sont plus intéressants.

J’ai été bien plus intéressé par les extraits de l’Abécédaire de Christine Delphy, qu’on a regardé ensuite (on a regardé Travail Domestique et Zizi).

(Pour référence, j’avais vu en 2016 La Belle Saison et Je ne suis pas féministe, mais…, qui me paraissent plus intéressant sur le thème du MLF que Debout !  et s’articulent bien avec L’Abécédaire).

La Nuit a dévoré le monde, de Dominique Rocher

Un film de zombies se déroulant à Paris :) Un homme s’endort dans une chambre au cours d’une soirée. Le lendemain, il constate qu’il semble être la seule personne n’ayant pas été transformée en zombie dans tout Paris. Il organise sa survie dans un immeuble haussmannien.

J’ai beaucoup aimé. Le film se concentre sur comment le protagoniste gère sa vie dans cet environnement. Un film de zombies intimiste, en quelques sortes. Peu de scènes d’actions et de moment épique, on est plus dans le huis-clos et les clairs obscurs, l’organisation d’une vie en dehors de toute forme de sociabilisation. Quelques incohérences, mais peu, et en contrepartie des scènes très réussies, notamment la scène où il se débarasse des corps de ses ex-voisins.

Je recommande.

Affiche du film

Affiche du film

Mustang, de Deniz Gamze Ergüven

Film turc de 2015. 5 sœurs sont élevées ensemble par leur grand-mère dans un village de Turquie. Elles ont une vie libre jusqu’au jour où la voisine dit à leur grand-mère qu’elles fricotent avec les garçons et sont la honte du village. Elles deviennent alors cloîtrées à la maison et leur éducation entièrement tournée vers le fait de trouver un mari.

Le film montre le lien fort entre les sœurs et le poids des traditions, la perpétuation des oppressions par la communauté entière, hommes et femmes. Les sœurs sont des personnages intéressants et complexes mais tous les autres (la grand-mère exceptée peu-être mais on la voit peu) sont dans des rôles très stéréotypés juste pour faire avancer l’intrigue.

Il était projeté dans le cadre d’une soirée « films et documentaires féministes » En le voyant en tant que Français qui ne connaît pas grand chose à la Turquie, c’est facile de se dire « Oh la la c’est terrible  comment ça se passe là-bas » sans trop mettre en perspective avec ce qui peut se passer en France en terme d’oppression des femmes.