Archives de catégorie : Longs métrages

Les Ogres, de Léa Fehner

Film français de 2016. Une troupe de théâtre itinérante qui se déplace en caravane est en tournée dans le Sud de la France avec un spectacle inspirée de deux œuvres de Tchekhov. La vie de la troupe part dans tous les sens. Notamment, le directeur et un des acteurs principaux (nommé Déloyal de façon assez transparente) ont des égos gigantesques, qui laissent assez peu de place aux autres membres de la troupe. Le film suit la troupe sur quelques semaines, montrant leur quotidien toujours un peu précaire, fait d’un bricolage constant des tâches de chacun pour s’adapter aux imprévus, d’une vie intense entre représentations, beuveries, montage et démontage du camp, déplacements en caravane, engueulades, réconciliations, amours et amourettes, concessions (ou non) aux fragilités de chacun.e…

Je recommande très fortement. 

I feel good, de Gustave Kervern et Benoît Delépine

Comédie française de 2018. Jean Dujardin joue un peu paumé qui croit totalement au discours néolibéral. Il cherche l’idée que le rendra « immensément riche » et ne fait pas grand chose d’autre. N’ayant plus aucune ressource, il rejoint sa sœur qui dirige le centre Emmaüs de Lescar, dans les environs de Pau. Là, il tente de vendre l’idée qu’il a enfin trouvée à divers compagnons travaillant dans le centre.

Ça se regarde, mais c’est pas le film du siècle. Y’a des longueurs, des scènes où on sait pas trop où elles vont, des moments pas très subtils. Y’a des trucs cools aussi, mais on aurait voulu que le film élabore plus dessus. Par exemple les compagnons qui jouent de la musique de nuit dans le centre endormi. Le film s’en sert juste pour marquer le passage du temps, mais ça donne parmi les scènes les plus jolies. Les péripéties du voyage en Bulgarie sont aussi parmi les moment les plus sympa du film, mais totalement annexe à son propos : la limousine bricolée, la visite du monument abandonné (aparté : raaaah, j’ai tellement envie d’aller l’explorer), la dispersion des cendres sur les flammes jumelles… Bref, tout les moments où le film fait un peu de la poésie sont cools, mais ils sont pas vraiment reliés au reste du film. Je pense que j’aurai préféré un documentaire un peu poétique sur le centre Emmaüs, dans l’absolu. 

Les Frères Sisters, de Jacques Audiard

Western.

L’histoire de deux frères tueurs à gages en 1851. Sur les ordres de leur patron peu recommandable, ils poursuivent un chimiste parti vers la Californie en pleine ruée vers l’or. On voit leur vie quotidienne, leur relation dysfonctionnelle entre eux et avec le reste du monde, et en parallèle la vie du chimiste et d’un autre homme qu’il rencontre en chemin. C’est bien filmé, les décors sont très beaux. Quelques longueurs mais on passe un très bon moment devant. La relation des frères est bien mise en scène, le côté « monde ouvert » des Etats-Unis de l’époque aussi (toutes ces nuits à la belle étoile en traversant le territoire en ligne droite à cheval). Ca a été tourné en Espagne et en Roumanie, les paysages sont très beaux, et la musique d’Alexandre Desplats rend bien dans le film. 

Mia Madre, de Nanni Moretti

Film italien. Une réalisatrice tourne un film social avec un acteur principal ingérable, et en parallèle doit faire face à la dégradation rapide de la santé de sa mère.

Je l’ai pas regardé dans les meilleures conditions (dans le train en tentant d’avoir du wifi par ailleurs), mais j’ai pas été enthousiasmé outre-mesure. C’était intéressant, mais je m’attendais à ce que ce soit plus sur le deuil post-décès qu’à la période d’anticipation où la santé de la mère se dégrade. Et puis les parties cinéma sont joliment tournées, mais les films sur des persos dans le milieu du cinéma je trouve toujours ça un peu nombriliste.

Après c’était intéressant quand même, mais j’ai largement préféré Habemus Papam du même réalisateur

La Loi du Marché, de Stéphane Brizé

Film français de 2015 avec Vincent Lindon. Après 20 mois de chômage, un homme trouve un emploi de vigile dans un supermarché. Il se retrouve à devoir cautionner des tâches qui clairement lui répugnent : si les premières interpellations sont celles de voleurs qui correspondent au stéréotype (vol d’un câble de smartphone, voleur se confrontant aux vigiles), rapidement les vigiles se retrouvent à interpeller des retraités à court d’argent effectuant des vols alimentaires, puis leurs collègues du magasin qui récupèrent des coupons de réduction oubliés par les clients. Vincent Lindon joue super bien le mec coincé dans cette position (sa famille a besoin d’argent et ils arrivent au bout de leurs économies) qui doit gérer le fait d’appuyer ce système. Le film met aussi très bien en scène la violence sociale qui prive les personnes de choix, présente comme des lois naturelles des décisions managériales.

Je recommande.

I Kill Giants, d’Anders Walter

Sur la côte des États-Unis, dans une petite ville, une préado vit sa vie dans son coin, avec une famille distante. Sa journée est rythmée par une série de rituels : préparation de potions, vérification et réinscriptions de runes sur des murs et arbres, élaboration de pièges… Le tout pour protéger la ville des géants.

J’ai bien aimé le film, notamment le début, la description des rituels, le quotidien de l’héroïne, son amitié avec la nouvelle venue dans la ville.
Quelques points un peu gérés avec lourdeur : le discours du Titan, notamment, qui fait très préchi-précha, la persécutrice de l’école qui a l’air d’être méchante essentiellement pour le plaisir, la psy scolaire totalement bien intentionné et qui à autant de temps qu’il faut à consacrer à une unique élève.
Le « plot-twist » du film se voit venir de loin mais le but c’est pas vraiment de faire une révélation choquante donc c’est pas très gênant. Mais c’est vraiment pour moi le début du film avec la description des rituels enfantins élaborés, conçus pour essayer d’avoir une certaine maîtrise du monde, que j’ai trouvé intéressant et bien fait.
Le cast très majoritairement féminin du film était une bonne surprise

Beyond Flamenco, de Carlos Saura

Un documentaire de 2016 qui montre différents style de Jota, la famille de danse dans laquelle on trouve le flamenco et le fandango. Un léger carton explicatif au début, puis le film consiste en un enchaînement des différentes danses de la famille par différent.e.s danseuseurs.
J’aurais bien voulu un peu plus d’analyse ou d’explication des différentes danses parce que si pour certaines on est directement pris par la performance technique/le rythme, globalement quand on y connait rien on ressort du film en en sachant pas beaucoup plus à part qu’il y a une grande diversité. Mais ça reste globalement beau à voir. 

The Lost City of Z, de James Gray

Film de 2015 basée sur la vie d’un explorateur anglais du début du XXe siècle qui part cartographier la frontière entre le Brésil et la Colombie, et revient, en ayant découvert des fragments de poteries, persuadé qu’il existe une civilisation et une cité perdue qui auraient vécu dans l’Amazonie, contre toutes les croyances des Occidentaux de l’époque qui la voyait comme un désert vert. Il fera deux expéditions de plus pour retrouver cette cité qu’il a surnommé Z, sans succès, et finira par disparaître dans l’Amazonie. L’histoire est intéressante mais le film manque un peu de rythme, il hésite entre différentes structures, sans qu’on sache trop s’il veut rendre hommage aux grands films du genre (Apocalypse Now, Aguirre) ou s’il n’arrive juste pas à se décider. Et le film raconte beaucoup trop de choses aussi. Du coup y’a des choses qui se passent d’un coup et qu’on doit tenir pour acquises sans que le film n’ait pris le temps de les installer.

Pas convaincu, mais jolie photographie.

The Avengers: Infinity War, de Joe and Anthony Russo

Interminable. 2h30 de film, pour un truc à grand spectacle, désolé mais c’est trop. Surtout quand c’est pour caser des scènes pseudo-sentimentales et des discours grandiloquents. Y’a trop de lignes narratives, trop de trucs qui s’entrecroisent artificiellement. Les niveaux de pouvoirs varient artificiellement, les gens se téléportent à 10 minutes de leurs destinations pour avoir le temps de faire un petit discours à leurs potes lors de la phase d’approche… Le film craque aux coutures de partout.

Surtout qu’avec tout ça, c’est qu’une moitié de film, FFS. Ça finit sur un cliffhanger avec zéro résolution. Du coup faut se retaper 2h30 pour savoir ce qu’il en est ? C’est dommage en plus parce que je vois ce qu’ils ont tenté de faire, mais je trouve que ça ne marche pas : l’idée c’est que le film ne raconte pas la lutte des Avengers contre Thanos, mais le parcours de Thanos pour acquérir les Pierres d’Infinité : de ce point de vue on a une structure correcte : le héros a n items à acquérir en se battant contre des ennemis, il sacrifie qq chose qui lui est cher sur son chemin, il manque de mourir dans le combat final mais prévaut malgré tout, et on finit avec un petit plan de lui posé dans sa cabane en pleine campagne, en paix une fois sa mission accomplie. Cette structure fonctionne, mais elle est totalement parasitée par les lignes narratives des Avengers, ce qui déjà dilue l’histoire de Thanos dans un film interminable avec plein d’autres enjeux, et d’autre part fait qu’on a son histoire que par la bande, vu que les points de vue que l’on a (surtout au début, y’a plus de focus sur lui à la fin) c’est ceux des Avengers.

Bref, overinflated, do not recommand

Ernest et Célestine, de Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier

Film d’animation français.

Deux mondes qui vivent en parallèle, celui des ours et celui des souris. Les souris se glissent la nuit chez les ours pour récolter des dents, mais chaque espèce est terrifiée par l’autre. Une nuit, une souris plus téméraire que les autres va s’allier avec un ours misanthrope (misursin ?). Poursuivi par les polices des deux espèces, ils vont hiverner isolés de tout pour faire de la musique et du dessin. Mais avec le printemps, le monde extérieur les rattrape…

C’était très sympa, très beau (dessins à l’aquarelle), ça aurait pour être tourné sur un mode épique (typiquement ça ferait un bon scénar de film young adult), mais là c’est traité de façon plus paisible. Y’a aussi un petit message « ordre établi, police partout, justice complice » qui est intéressant.

Je recommande.