Archives mensuelles : juin 2019

Le fils de l’Ursari, de Xavier-Laurent Petit

Bande dessiné sur une famille de Rroms, qui poussée par les circonstances, arrive en France. Endettés auprès d’un réseau de passeurs, atterris dans un bidonville, ils vont faire ce qu’ils peuvent pour survivre, pendant que le plus jeune de la famille se passionne pour les échecs, qu’il voit des joueurs pratiquer au Jardin du Luxembourg.
C’est classé BD jeunesse mais ça aborde pas mal de thèmes adultes : le racisme, les migrations, les réseaux de passeurs, la pauvreté, le crime… Disons que la partie jeunesse c’est qu’il y a un peu trop de gens bien intentionnés près à s’opposer aux « méchants » pour aider une famille de migrants, par rapport à la vraie vie.

Je recommande.

State of the Machin 2019 : doutes sur le travail

Ce n’est jamais totalement évident de faire un point sur sa propre situation. J’ai tendance à osciller entre des états plus ou moins satisfaits de ma situation, en raison de cause physiques (faim ou non, fatigue ou repos…) et psychiques. Dans ce cas, comment dresser un portrait objectif de la situation ? Comment savoir ce qui relève de la tendance de fond et des oscillations locales ? Idéalement, il faudrait garder une trace des différentes opinions, de leur récurrence, des facteurs corrélés, pour tenter d’atteindre une forme de vérité. Mais c’est beaucoup de boulot, pour arriver à une information qui est de toute façon subjective.

Tentons de dégager de façon plus empirique les tendances.
J’ai déménagé à Pau depuis un an. J’aime bien la région. J’ai fait un certain nombre de randonnées et je compte en faire d’autres. La qualité de vie est meilleure qu’à Paris, j’ai un rapport différent à la nature. J’aimerais bien rester plus longtemps dans le coin et continuer à profiter des Pyrénées. Je me dis qu’un jour j’aimerai bien faire le GR 10 en entier (visiblement c’est ~55 jours de marche).

Côté relations humaines, bilan mitigé. Ça se passe très bien avec mes colocataires, j’ai des collègues de mon âge avec lesquels je m’entends bien, et j’ai quelques amis/relations sur place en dehors d’elleux. Néanmoins, je fréquente quand même largement moins de gens qu’à Paris. Il y a une question de moyens de communications aussi, je pense que ne pas être sur des réseaux sociaux limite la facilité avec laquelle je peux proposer et être invité à des événements. J’ai récupéré un ordiphone avec Whatsapp et Telegram pour pallier partiellement à cette situation, mais ce n’est pas encore parfait. Je me rends aussi compte que la non-possession d’un véhicule motorisé est plus handicapant ici : il y a un cœur de ville bien fourni en magasin, mais typiquement pour aller à Décathlon acheter du matériel de randonnée ou des boules de pétanque, c’est compliqué à faire en vélo (je l’ai déjà fait pour du matériel léger, mais les boules de pétanque typiquement je suis un peu refroidi). Il faut peut-être que je me force plus à demander des services aux gens, mais c’est compliqué d’être toujours en position de demander.
En ce qui concerne la relation avec OC ça va bien, il nous a fallu un peu de temps pour nous adapter à la relation plus à distance qu’avant, j’ai l’impression qu’on a trouvé notre rythme de croisière en ce moment, à voir comment ça évolue sur le plus long terme selon nos potentiels déménagements respectifs.

Enfin côté travail. C’est surtout là que j’ai de grandes oscillations sur ce que je pense de ma situation. Je ne suis pas satisfait du travail que j’effectue au quotidien en ce moment. C’est beaucoup de tâches administratives reloues, et pas/peu de fond technique. J’ai déjà râlé sur la situation auprès de mes deux hiérarchies, tout le monde me dit que c’est normal, que c’est un passage temporaire le temps de lancer le programme (en gros je suis en charge d’un portefeuille de projets. Le début du poste, choisir les thématiques que l’on devait mettre dans le portefeuille, était intéressant. Maintenant il faut lancer les actions sur les différentes thématiques, et ça veut dire faire les procédures internes pour lancer des contrats, relancer des gens pour avoir les informations à mettre dedans, communiquer sur les actions choisies dans le portefeuille… Toutes choses que je trouve fort peu intéressantes), que le technique va revenir quand je ferai les réunions de suivi des différents projets, et que de toute façon cette partie administrative, c’est inévitable jusqu’à un certain point dans tous les postes. Alors je veux bien mais perso je trouve quand même ça démesuré, et si ce niveau correspond à un niveau basal, je ne veux pas continuer dans ce genre de carrière. Si ça redescend ensuite, il faut voir…
Autre point, l’isolement. Je travaille dans deux structures, dans lesquelles je suis la seule personne à travailler dans mon domaine. Les deux structures veulent lancer un département de ce domaine, dont je serai la première pierre. C’est valorisant, mais du coup au quotidien pour le moment je n’ai personne de calé sur mon sujet avec qui discuter. Ça devrait changer à la rentrée avec un recrutement, et c’est quelque chose que j’attends avec impatience pour voir comment ça change ma dynamique de travail. Rétrospectivement, je pense que lancer ce domaine dans les deux structures à la fois était une erreur, ça aurait été beaucoup plus confortable d’avoir du backup d’un des deux côtés pour plus facilement développer l’autre.
Enfin, l’indépendance. J’ai eu pas mal de choix pour décider des sujets dans mon portefeuille. Certains m’ont été imposés mais assez peu. Au quotidien je m’organise comme je veux pour choisir sur quoi travailler, quelles actions lancer, quoi suivre aujourd’hui. D’un côté c’est très confortable et satisfaisant, je suis un adulte autonome. Mais d’un autre côté parfois c’est décourageant. J’ai l’impression que je brasse du vent et que mon utilité est très limitée : les objectifs sont lointains et je me les suis fixés moi-même pour une bonne part, les structures de décision, de validation et de transfert des résultats de ce que je fais sont floues, les limites de mon domaine sont peu claires. C’est en bonne partie dû au fait de travailler pour une entreprise gigantesque qui est fortement bureaucratisée, mais je n’interroge souvent sur ce qui est structurel à cette entreprise, au salariat, et ce qui relève de ma responsabilité personnelle : vu que je suis si libre, est-ce que ce n’est pas moi qui m’organise mal, qui ne va pas parler aux bonnes personnes, qui ne relance pas assez les couches du mille-feuille administratif ? D’ailleurs, un effet pervers de cette liberté, c’est que j’ai tendance à me raccrocher aux aspects administratifs relous : contrairement à lire des documents de fond et à réfléchir sur la structure du programme ou sur un sujet technique, quand je relance d’un courriel, d’une part c’est une action unitaire courte donc plus facile à réaliser, et je vois un résultat concret à court terme, c’est plus satisfaisant. Du coup je me retrouve à faire beaucoup de la partie que je trouve la moins intéressante sur le long terme parce qu’elle est rassurante sur le court terme.
Bref, ça fait un certain nombres de points non-satisfaisants, mais qui sont potentiellement amenés à évoluer dans les 3 à 6 prochains mois. Je pense que si rien n’a évolué à Noël par contre il faut sérieusement que j’envisage un changement de métier. J’y songe déjà actuellement, mais les points négatifs sont contrebalancés par des conditions de travail confortables : salaire décent, journées pas trop longues, collègues et supérieur hiérarchique direct sympa… Je me demande parfois si ce cadre confortable ne permet pas de masquer les problèmes structurels d’organisation du travail, mais comme je le disais c’est difficile d’arriver à regarder ça objectivement, et je me dis parfois que je risque de tomber sur les mêmes problèmes ailleurs moins les conditions confortables.

Autour du Mont Valier

Randonnée du parking du Pla de la Lau jusqu’au refuge des Estagnous, et retour jusqu’au parking par le col de Milouga. Belle randonnée sur deux jours, avec nuit au refuge. J’y ai mystérieusement perdu un T-shirt, jamais retrouvé au matin.
Par manque de crampon, nous n’avons pas tenté d’atteindre le sommet du Valier, mais la randonnée était déjà très belle, avec des paysages très variés selon les étages et les versants.

Depuis le fond de la vallée
Mini-cascade
Plus grande cascade
Cascade en contre-plongée
Détail de la cascade
Vue sur la vallée
Ancienne station météo ?

Iron Sky II : The Coming Race, de Timo Vuorensola

La suite d’Iron Sky, logiquement. Clairement plus de moyens que le premier, mais toujours autant de WTF. Suite aux événements du premier film, la surface de la Terre est dévastée. L’Humanité survit dans l’ancienne base nazie sur la Lune, qui se dégrade de jour en jour. Une mission de la dernière chance se monte pour aller récupérer sur Terre, ou plutôt dans la Terre, une source d’énergie qui permettrait de remettre en marche une navette et d’atteindre Mars. Mais récupérer cette source d’énergie ne sera pas de tout repos : la Terre Creuse est le foyer d’une race reptilienne extraterrestre qui contrôlait l’Humanité avant la destruction de la surface de la Terre… oh, et il y a des dinosaures aussi.

Le scénario est plein de trous, mais on regarde pas le film pour ça. On le regarde pour voir des Nazis montés sur des dinosaures, dans une base lunaire. Et pour toutes les idées WTF que le film place. Ça se regarde bien, j’aurai juste bien voulu qu’on se passe de la romance inutile de la toute fin du film.

Machines like me, de Ian McEwan

Angleterre, années 80s. La flotte partie reprendre les Malouines se fait détruire par les missiles argentins, dont le logiciel embarqué de reconnaissance visuelle sait parfaitement viser les navires ennemis. Il faut dire que la science informatique a bien bénéficié de la longue et fructueuse vie d’Alan Turing, toujours fringant en cette fin de siècle. C’est notamment grâce à ses travaux sur le Machine Learning que les premiers humains artificiels ont pu être commercialisés, et notre narrateur, Charlie Friend, en a acheté un…

Vous l’aurez compris, le livre est une uchronie technologique qui se focalise sur l’impact de ces technologies dans la vie de quelques protagonistes, un peu comme dans Never Let Me Go, de Kazuo Ishiguro. On suit la relation entre Charlie, sa voisine, et Adam l’humain artificiel. C’est lent comme l’Angleterre, le paysage politique rappelle l’Angleterre actuelle (il y a un socialiste charismatique qui dirige le Labour dans l’opposition, ça parle de sortir de l’UE, une potentielle récession…) Ca se lit bien, quelques facilités d’écriture par moment (notamment le narrateur est particulièrement amorphe et laisse tout arriver autour de lui, c’est volontaire mais c’est un peu agaçant parfois).

Gentleman Jack, de Sally Wainwright

Série basée sur la vie d’Anne Lister, une propriétaire terrienne anglaise ayant vécu au XIXe siècle. Anne Lister est lesbienne et n’a pas peur de l’affirmer à une époque où le mariage hétérosexuel est la norme pour les femmes. De façon générale elle n’a pas peur de mener sa vie comme elle l’entend, de voyager seule, de gérer ses terres, de se former à la médecine, et de dire aux mecs d’aller se faire voir.
J’ai beaucoup aimé. Le personnage d’Anne est très intéressant, elle n’est pas présenté comme archétypalement bonne parce qu’elle est l’héroïne : c’est une propriétaire, elle est sans pitié avec ses gens, elle traite mal sa sœur qu’elle considère comme inintéressante, et en même temps elle se jette à corps perdu dans ses relations amoureuses.
C’est super bien joué, grosse recommandation.