Archives par mot-clé : science-fiction

They Live, de John Carpenter

Film de science-fiction de 1988. Un ouvrier acquiert par hasard des lunettes lui permettant de voir la propagande dissimulée dans la publicité et les extraterrestres dissimulés parmi la classe dominante.

C’était un film emblématique des années 80s que je voulais voir depuis longtemps. Superbe intro, super musique. Une scène de bagarre incroyable. Un sous-texte (enfin un surtexte, il est très peu subtil) de lutte des classes. Un personnage féminin intéressant. Par contre clairement trop de flingues et de tentatives de régler les problèmes avec.

Je recommande, c’est un truc à avoir vu.

The Dispossessed, d’Ursula K. Le Guin

Roman de science-fiction de 1974. L’autrice expose le fonctionnement d’une société anarchiste via le point de vue d’un de ses membres, Shevek, un physicien frustré par certain des immobilismes de son monde. Il rentre en contact avec le monde jumeau et capitaliste pour des échanges scientifiques, et les contrastes entre les deux mondes permettent de mettre en lumière ce qui fonctionne ou non dans le monde anar. C’est essentiellement de la socio-fiction. Le fonctionnement du monde est très intéressant. Le Guin montre aussi qu’il ne suffit pas de décréter qu’un monde est anarchiste et d’avoir fait la Révolution à un moment dans le passé pour que tout ce passe bien : les organisations et hiérarchie, même informelles, ont tendance à se réétablir si on ne continue pas à les combattre. La révolution est un mouvement, pas un événement.

Très bon roman, super original, il est cependant dommage d’avoir uniquement le point de vue de Shevek, qui se révèle excellent penseur de l’anarchisme en plus de physicien de génie : ça fait quand même retour en force du Grand Homme ; alors que tout le livre dénonce ça par ailleurs.

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Under the Skin, de Jonathan Glazer

Assez contemplatif. C’est un film de science-fiction mais assez low-key. Une créature qui à l’apparence d’une femme parcourt les rues de Glasgow et les routes d’Écosse dans un van, drague des hommes et les capture. Au bout d’un moment elle dévie de son pattern. C’est filmé avec lenteur, c’est assez joli, par contre je trouve la symbolique de la femme à la fois prédatrice et sans agency propre assez nulle.

Star Wars IX : The Rise of Skywalker, de JJ Abrams

C’était… chiant. J’ai fini par regarder le film en x1,5 parce que je voulais quand même savoir ce qui se passait mais que j’étais vraiment saoulé par le déroulement de l’histoire. Y’a pas de construction des personnages, y’a 4000 retournements de situation ce qui fait qu’on a zéro enjeu qui crée de la tension, dont tous les morts qui reviennent à la vie et font des trucs. Y’a yet another menace de destruction de planètes comme dans les trois précédents, encore plus puissantes que les fois précédentes. Eh bah c’est super.

Les gens se baladent toujours d’un bout à l’autre de la galaxie en 5 minutes pour voir le village unique d’une planète entière (sérieusement, l’ensemble de la Galaxie tient sur la carte de Breath of the Wild, c’est vraiment mal dimensionné). Trop de persos secondaires, de lignes narratives introduites et aussitôt jetées. C’est du scenario design by committee.
Y’a des trucs très jolis visuellement par contre (l’Empereur raccordé à une machine, les ruines de l’Étoile de la Mort), mais ça n’en rend que plus frustrant le grand n’importe quoi scénaristique.

Bref, je ne recommande pas.

El Hoyo, de Galder Gaztelu-Urrutia

Film de science-fiction espagnol. Un homme se réveille au sein du Trou, une structure carcérale consistant en un empilement d’étages où vivent à chaque fois deux personnes. Chaque jour, une table descend à travers les niveaux, et chacun se nourrit à son tour. Si les premiers niveaux se gavent, rapidement la table est vide… La métaphore sociale n’est pas ultra subtile, mais le film est bien réalisé, et visuellement réussi. Y’a une forte vibe Transperceneige.

Amatka, de Karin Tidbeck

Roman dystopique suédois. L’histoire se déroule dans un lieu indéterminé, une nature hostile – probablement une autre planète mais ce n’est pas précisé – dans laquelle les humain.e.s ont installé 5 colonies. On suit Vanja, qui part de la colonie principale pour étudier la possibilité de commercialiser des produits d’hygiène ne sortant pas des usines d’Etat dans une colonie agricole. L’histoire montre comment la vie des citoyen.ne.s est contrôlée par le collectif, une pratique omniprésente et renforcée par l’impératif de nommer et marquer les objets de façon régulière pour ne pas qu’ils se désagrègent et deviennent une menace. Il y a donc une réalité d’Etat qui influe sur la matière même des choses. Progressivement, Vanja en vient à questionner le pourquoi de cette organisation et la remet en cause. C’est intéressant, c’est assez fortement dans la ligne de Nous Autres j’ai trouvé, mais avec un propos beaucoup plus subtil sur cette question du contrôle par l’État.
Je recommande.

Radicalized, de Cory Doctorow

Quatre nouvelles qui parlent de différentes formes de radicalisation. C’était fort bien.
La première parle d’une réfugiée aux US vivant dans un logement subventionné qui vient avec de l’électroménager propriétaire qui n’accepte que des marques chères et spécifiques de pain ou d’assiettes ou de capsules de café. L’héroïne va tenter de jailbreaker ses appareils, mais ça ne plaît pas trop aux gérants de l’immeuble…
La seconde met en scène un équivalent de Superman qui décide un jour de ne plus accepter la violence policière. Ca n’enthousiasme pas le gouvernement. Elle était très sympa à lire, mais c’est je pense la plus faible du recueil en ce qu’elle fait davantage fanfiction que texte indépendant (j’ai rien contre les fanfics, j’ai moi-même d’excellents amis qui sont des fanfictions), mais c’était ça fait que le texte ne tient pas seul sans avoir une idée des personnages.
La troisième parle d’un mouvement terroriste visant les politiciens et assureurs US qui empêchent d’avoir une sécurité sociale pour tou.te.s. Intéressante et probablement celle qui parle le plus de radicalisation au sens le plus courant, mais elle passe un peu sous le tapis que ces mécanismes sont plus associés à la radicalisation d’extrême-droite.
Enfin la dernière prend le point de vue d’un connard survivaliste qui avec ses rêves d’un monde apocalyptique à la Mad Max se retrouve à totalement foirer son expérience de l’effondrement par rapport aux gens autour de lui qui connaissent le mot solidarité.

J’ai vu une critique qui reprochait à Doctorow de faire des essais politiques déguisés en fiction, perso je trouve que c’est un des points forts du livre. Recommandé.

Years and Years, de Russell T. Davies

Mini-série anglaise (6 épisodes) qui raconte la vie d’une fratrie de Manchester à travers la décennie à venir, alors que l’Occident s’enfonce dans l’instabilité politique et économique. On suit en parallèle les vies des différents membres de la famille et l’actualité politique du Royaume-Uni, notamment l’ascension politique de Vivienne Rook, sorte de Boris Johnson mieux coiffée.

J’ai tout vu en deux jours, la série est très bien et super efficace, mention spéciale au thème musical de l’inexorable passage du temps, qui accompagne les time-lapse où l’on saute quelques années sur fond de feu d’artifice du Nouvel An, anniversaire des membres de la famille et snippets de l’actualité politique. Sans surprise c’est de Murray Gold, le compositeur qui fait aussi une bonne partie des OST de Doctor Who, et ça renforce l’impression de voir un épisode de Noël de Docteur Who de 6 heures, centré sur la vie des gens ordinaires.

Les personnages sont aussi très réussis en ce qu’ils sont crédibles, il y a peut-être Edith qui a un côté super-héroïne (ce serait la Docteur de la série, en quelque sorte), mais en même temps ses absences prolongées lui sont reprochées par les autres. Vivienne Rook est super bien jouée par Emma Thompson (sans surprise), une bonne partie des personnages sont non-blancs ou non-hétéros. Mention spéciale aussi au personnage de la matriarche, Muriel, qui est super réussi dans son côté à la fois gentille grand-mère et vieille un peu réac malgré ses bonnes intentions.

Counterpart, de Justin Marks

Série en 2 saisons. Howard Silk bosse pour une mystérieuse agence de l’ONU qui a ses bureaux à Berlin. Il découvre que cette agence gère dans le plus grand secret les relations avec un monde miroir du nôtre, dont l’Histoire diverge lentement depuis 1987. Howard rencontre notamment son double de l’Autre Côté, monté bien plus haut dans la hiérarchie de l’Agence et qui travaille dans leurs services d’espionnage.

J’ai beaucoup aimé la première saison, la seconde fonctionne malheureusement beaucoup moins bien. Le côté espionnage feutré de la série marche bien, avec cet univers très bureaucratique et formalisé qui gère un énorme secret en compartimentant tout. Les interrogations des deux Howard sur ce que leur reflet dit d’eux-même sont plutôt bien menées, et la performance de JK Simmons dans les deux rôles est très bonne.

La seconde saison par contre veux expliquer trop de choses, rajouter trop d’éléments et de lignes narratives, faire plus dans le spectaculaire : la cohérence interne de l’univers et l’intérêt des intrigues s’effondre un peu. La saison 1 se suffit à elle-même, je recommande de ne regarder que ça.