Archives par mot-clé : espionnage

Tinker, Taylor, Soldier, Spy, de John Le Carré

Roman d’espionnage britannique paru en 1974. George Smiley, ancien espion récemment à la retraite depuis une opération qui a catastrophiquement mal tourné, est rappelé officieusement par des agents toujours actifs. Une découverte récente laisse penser qu’il y aurait une taupe russe au plus au niveau du Cirque, l’agence britannique de renseignements. Smiley doit conduire une enquête en dehors de tous canaux officiels, pour démasquer la taupe sans l’alerter. Vont suivre 300 pages d’espionnage débridé, a base de courses poursuites à Venise, gadgets astucieux et… Non. Ce n’est pas ce genre de roman d’espionnage. 300 pages d’espionnage dans les règles de l’art à base de coups de fils passés depuis une cabine téléphonique à chaque fois différente, code a base de bouteilles de lait laissées sur le perron et entretien avec d’anciens agents pour corroborer leurs versions d’une nuit cruciale arrivée 3 ans auparavant. L’ambiance est crépusculaire, avec des agents vivant dans le souvenir d’un Empire britannique au centre du Grand Jeu alors que l’Empire n’est plus, professant se battre pour des valeurs quand finalement l’espionnage ne vaut plus que pour lui même, et des recrutements effectués au sein de la noblesse britannique et des grands colleges anglais avec un élitisme décomplexé.

Je recommande.

Projet Orloff, de Tanguy Blum, Antoine Piombino et Christian Brugerolle

Fiction radiophonique de France Culture. On suit une histoire au sein des services d’espionnage français au lendemain de la victoire de Mitterrand à la présidentielle, avec le contexte de la guerre froide et de l’intelligence économique et industrielle. C’était sympa, mais sans plus. Le feuilleton ne s’attarde pas sur ce qu’entraîne une présidence socialiste pour la politique fr à cette époque, il y a un personnage de journaliste à l’Humanité avec des origines kabyles mais sa ligne narrative se termine en eau de boudin.

Dans le même style, privilégiez 57, rue de Varenne.

Counterpart, de Justin Marks

Série en 2 saisons. Howard Silk bosse pour une mystérieuse agence de l’ONU qui a ses bureaux à Berlin. Il découvre que cette agence gère dans le plus grand secret les relations avec un monde miroir du nôtre, dont l’Histoire diverge lentement depuis 1987. Howard rencontre notamment son double de l’Autre Côté, monté bien plus haut dans la hiérarchie de l’Agence et qui travaille dans leurs services d’espionnage.

J’ai beaucoup aimé la première saison, la seconde fonctionne malheureusement beaucoup moins bien. Le côté espionnage feutré de la série marche bien, avec cet univers très bureaucratique et formalisé qui gère un énorme secret en compartimentant tout. Les interrogations des deux Howard sur ce que leur reflet dit d’eux-même sont plutôt bien menées, et la performance de JK Simmons dans les deux rôles est très bonne.

La seconde saison par contre veux expliquer trop de choses, rajouter trop d’éléments et de lignes narratives, faire plus dans le spectaculaire : la cohérence interne de l’univers et l’intérêt des intrigues s’effondre un peu. La saison 1 se suffit à elle-même, je recommande de ne regarder que ça.

Our Kind of Traitor, de John Le Carré

Premier Le Carré que je lisais en VO (et j’ai lu La Constance du Jardinier quand je devais avoir 15 ans). Une histoire d’espionnage bien foutu, notamment parce qu’il y a très peu d’espionnage et encore moins d’action qui est montré : tout est très feutré, on est dans la psychologie des personnages, leurs réactions à une tension qu’ils ne sont pas sûrs de ne pas imaginer, leurs hésitations et interrogations.

Le style de John Le Carré fait que ce n’était pas le bouquin le plus évident à lire en anglais, mais c’est aussi pour pouvoir apprécier le style plutôt qu’une écriture blanche que c’est intéressant de lire en VO.

Kingsmen, de Matthew Vaughn

Un film d’espions britannique un peu dépoussiéré. C’est créatif au niveau de la violence et de la mise en scène, le méchant est fort bon (déjà, c’est Samuel L. Jackson, ça aide) mais le scénario est réac à souhait. Ça partait bien pourtant avec un héros issu des classes populaires, mais il adopte juste tous les codes d’une aristocratie élitiste sans se poser de questions, les personnages féminins sont inutiles à souhait (sauf la femme de main du méchant, mais qui visiblement couche avec lui…) et se comptent sur les doigts d’une main. Et en plus la solution du méchant au changement climatique c’est « tuer les pauvres » alors que la majeure partie des émissions sont dues à quelques mégacorporations et à leur politique de profit des actionnaires. Bref, vous pouvez regarder pour la photographie mais avec votre sens critique en action.