Une compilation d’articles sur le sujet de la succession des réformes néolibérales que l’État (français) s’applique à lui-même. On dirait un peu un Manière de voir avec moins d’illustrations. C’était intéressant, tous les articles ne se valent pas, mais c’est cool d’avoir un regard global sur le processus. Le livre a déjà 10 ans, il pourrait être réédité pour prendre en compte les évolutions survenues depuis, mais en l’état il présente comment les filières de recrutement et les valeurs de la haute administration ont évolué depuis le début de la Ve République, faisant disparaître « le sens de l’État », et brouillant les frontières entre dirigeant·e·s d’entreprises et haut·e·s-fonctionnaires, qui auparavant se concevaient comme distincts et surtout avec des intérêts distincts. Le livre se penche aussi sur l’évolution spécifique dans certains secteurs (Poste, Télécom, ESR, EN, hôpitaux, armée, police), et comment les réformes et le New Public Management cascade dans les administrations, les marges de manœuvre ou l’appropriation des principes par les agent·e·s.
Nancy 2020
Une semaine à Nancy avec des amis pour notre traditionnel rassemblement estival. Jeux de société, fabrication de confitures, lecture, une promenade le long de la Meurthe. C’était fort peu actif mais très bien comme ça.




Et le traditionnel bâtiment abandonné, le même quand dans un article de 2016.






Strasbourg 2020
Trois jours à Strasbourg avec OC. Pas mal de glande à l’appart pour éviter la canicule (et gavisionner la saison 3 de Dark). Mais quand même une belle balade à vélo dans la ville.










Soon, de Thomas Cadène et Benjamin Adam
Bonde dessinée de science fiction. On alterne entre deux récits : celui de l’évolution du monde entre notre présent et le présent de la BD, et celui de la relation entre un fils et sa mère. La mère est la commandante de la mission Soon 2, une mission spatiale sans retour vers Proxima du Centaure, et le fils a beaucoup de mal à accepter la décision de sa mère de l’abandonner. Iels partent en roadtrip ensemble, permettant au lecteur d’avoir un aperçu de la société dans laquelle l’histoire se déroule.
J’ai beaucoup aimé. Le dessin et les couleurs sont beaux, l’histoire est réussie et la société présentée non manichéenne.
Dark, de Baran bo Odar
Je recommande la saison 1, et ça vaut le coup de la regarder sans rien en savoir.
Continuer la lecture de Dark, de Baran bo OdarDésastres urbains, de Thierry Paquot
Essai sur des formes actuelles des villes qui pour l’auteur vont a l’encontre de ce que les villes sont censées faire, ie mettre en relation leurs habitants. Ces formes sont les grands ensembles, les tours, les centres commerciaux, les gated communities, ie des formes qui ne s’intègrent pas dans le bâti environnant mais au contraire l’interrompent, et qui communiquent mal avec lui, étant repliées sur leur fonctionnement interne. L’auteur dénonce leurs coûts énergétique, social et écologique (et le greenwashing afférent pour tenter de mettre ces éléments sous le tapis)
J’ai bien aimé le style d’écriture avec les digressions, mais honnêtement je n’ai pas eu l’impression d’apprendre grand chose sur le sujet.
Les Seigneurs de Bohen, d’Estelle Faye
Roman de fantasy français. J’ai bien aimé. Le roman raconte la chute d’un empire millénaire sous les inégalités sociales et la faiblesse du pouvoir qui poussent plusieurs factions à tenter un coup de force. L’univers et sa magie sont intéressante, Estelle Faye écrit bien. Plus ou moins tous les persos sont queers, c’est rare dans la fantasy. Un peu trop de temps passé sur la romance impliquant Sainte-Étoile à mon goût cependant. La chute de la capitale est un peu rapide à mon goût, et la révélation sur les Vaisseaux Noirs pas très satisfaisante, mais sinon j’ai beaucoup aimé l’ambiance.
Why does Patriarchy persist?, de Carol Gilligan et Naomi Snider
Essai sur les fondements psychologiques du patriarcat. La thèse des autres est qu’en plus de la construction sociale de rôles genrés, le patriarcat rempli une fonction psychologique : les rôles masculins et féminins ont chacun un mode de dysfonctionnement (ne pas se montrer vulnérable et s’ouvrir aux autres pour les hommes, ne pas mettre ses besoins en avant pour les femmes) qui fonctionne comme un mécanisme permettant d’éviter les pertes et blessures (on se réfugie derrière une cuirasse), mais ce au prix de vraies relations avec les gens. Ces constructions psychologiques arriveraient à la fin de l’enfance pour les hommes, au milieu de l’adolescence pour les femmes, par de premières blessures dues au fait de rester vulnérable dans un système globalement patriarcal où les autres gens autour de nous, alignés sur le système, vont refuser de répondre de façon ouverte à nos comportements honnêtes sur le même mode (un garçon se montrant vulnérable va être moqué par ses pairs, ou les adultes vont lui dire que maintenant il n’est plus un bébé, il faut s’endurcir ; une fille qui se met en colère ou exige des choses va se voir dire qu’elle est trop égoïste – je trouve quand même que c’est très grossier comme généralisation, perso j’ai l’impression qu’en grandissant mes parents m’ont beaucoup plus reproché d’être égoïste que vulnérable). Ces rebuffades étant douloureuses, on se cuirasse et on finit par se conformer au système. Le patriarcat se perpétuerait ainsi. Ca passe notamment par des inflexions de voix qui vont être considérées comme masculines ou féminines et donc adaptées ou non, sachant qu’une voix considérée comme masculine est une voix qui ne transmet pas d’intention de tendresse. Pensez aux variations vocales qui ont lieu selon le fait de parler aux gens dans l’intimité en couple, dans un lieu public, dans le cadre de relations professionnelles…
Bref, y’a des points intéressants mais je suis plus convaincu par les approches sociologiques de la question.
Tréfonds, 65
Descente express en solo pour aller observer un coin du réseau qui pourrait être refermé bientôt. Des passages d’eau étaient prévus et la canicule se faisait sentir à l’extérieur, je suis descendu en tongs et maillot de bain, avec mes affaires dans un petit sac de plage. Je n’ai malheureusement croisé personne, alors que j’aurais pu lancer un tout nouveau style souterrain, inspiré de Paris Plages.








Côté du Nord
(seconde plaque moins dégradée)



La Crise de la Masculinité : Autopsie d’un mythe tenace, de Francis Dupuis-Déri
Francis Dupuis-Déri analyse le discours sur la crise de la masculinité. Il montre d’abord que c’est un discours que l’ont retrouve dans plein de contexte, que ce soit la fin de l’empire romain, la Bretagne, le Québec, tout le Canada, les « jeunes de banlieue » français, les hommes africains, les hommes blancs… Visiblement les hommes subiraient une crise de la masculinité permanente. Mais peut-on alors encore parler de crise plutôt que d’état de fait ? Par ailleurs, FDD montre que ce discours est mobilisé le plus souvent dans des contextes où les hommes trustent tous les postes de pouvoirs, économique, politique, représentationnels… Mais les hommes seraient quand mêmes menacés dans leur psyché et leur construction mentale par « le féminisme » et les exigences démesurées des femmes.
FDD montre que bien plus qu’une crise de la masculinité, ce qui se déroule quand on soulève ce concept c’est une crise de la légitimité de la domination absolue masculine. La « masculinité » ne serait pas tant une construction psychique qu’une position sociale de dominant : être un homme, c’est être en haut de la hiérarchie. Et quand les dominées remettent en cause cet état des choses comme n’allant pas de soi, bim, crise de la masculinité.
Globalement 4 phénomènes sont mis en avant comme symptomatiques de la crise de la masculinité : les suicides des hommes, les échecs scolaires des garçons, les jugements de divorces défavorables aux hommes et les hommes battus (qui servent surtout à détourner la conversation portant sur la violence domestiques exercée sur les femmes). Ces phénomènes sont réels, mais les attribuer au féminisme ou aux femmes ne tient par contre absolument pas debout. Les attribuer au fait que l’on ne laisse pas les hommes exprimer leur « » »agressivité naturelle » » » encore moins (mais les masculinistes aiment beaucoup les théories d’évopsy à la con disant qu’on est déterminés par la répartition des rôles genrés à l’âge des cavernes, même si on n’a aucune idée de ce qu’était cette répartition et que les représentations reprennent en fait les rôles des années 50s en les plaquant sur les humain.e.s préhistoriques, Flintstones-style).
Bref, un fort bon essai féministe et fort clair, j’en recommande la lecture.