La Terre et le Sang, de Julien Leclercq

Film d’action sorti par Netflix ce mois-ci. Le butin en cocaïne du braquage d’une gendarmerie est confié par un des braqueurs à son frère réticent, qui le planque dans la scierie où il est en réinsertion. Le commanditaire du braquage débarque avec son gang à la scierie pour récupérer la drogue.

Le film dure 1h20, c’est bien, je trouve qu’on fait trop peu de films concis ces temps-ci. J’ai trouvé les images très belles. La scène d’ouverture dans la voiture sous la pluie est très réussie. Les plans sur le travail à la scierie avant que l’action ne débarque sont super aussi. De façon générale le lieu est très bien filmé, c’est cool d’avoir ce genre d’endroits rarement filmés à l’écran.
Par contre je trouve que ce n’est pas très bien joué, surtout au début ; une fois que la tension prend il n’y a plus trop de dialogue, et c’est surtout ça qui péchait. Le seul rôle féminin ne sert pas à grand chose, ça c’est dommage. Un point scénaristiquement intéressant c’est que les dealeurs tentent par deux fois de négocier la situation, c’est le patron de la scierie qui choisit de régler la situation par la violence. Mais à part ce point, les personnages de dealeurs sont assez clichés.

Globalement, plein d’éléments intéressants, mais il manque un truc pour que le film prenne vraiment.

Frostpunk, de 11 bit studios

Jeu de gestion de ressources à l’échelle d’une ville. Le monde connaît un âge glaciaire imprévu à l’époque victorienne. L’Angleterre décide d’établir des cités colonies au pôle Nord, ou les écosystèmes sont a priori déjà adaptés, dans l’espoir de réussir à préserver la civilisation. On joue une de ces colonies, qui doit s’organiser pour maintenir à tout prix le générateur au charbon en son centre en état de fonctionner, alors que les températures baissent de plus en plus. On développe un arbre des technologies, on peut explorer le monde autour de nous, accueillir des réfugiés, étendre la ville, exploiter le charbon et le bois autour de nous, construire des bâtiments spécifiques permettant de débloquer de nouvelles capacités…

Ce qui est intéressant c’est que c’est du développement dans un contexte où on sait que ça va mal se passer, l’objectif est que ça se passe le moins mal. La façon dont les créateurs ont développé leurs scénarios (parce que c’est pas comme SimCity un truc paisible, on a des événements qui se passent qui influent sur notre ville et nos capacités) est assez intéressante (Cet article en parle bien, avec logiquement des spoilers), et l’idée de devoir naviguer un chemin étroit entre faire des sacrifices pour survivre et devenir des connards égoïstes. Et sans surprise j’aime beaucoup l’esthétique steampunk du jeu.

Je recommande, si la gestion de ressource c’est votre truc de base.

Little Inferno, de Tomorrow Corporation

Un jeu par le même studio indépendant que World of Goo, 7 Billion Humans et Human Resources Machine. C’est assez court – je l’ai fait en 4h – et basique : on est devant une cheminée, on peut brûler des objets pour récolter des pièces et acheter plus d’objets. Si on fait des combos prédéfinis, on peut récolter des timbres, accélérant la livraison des objets. Ce qui est intéressant c’est l’histoire autour :

Continuer la lecture de Little Inferno, de Tomorrow Corporation

Confinement et conséquences

Well well well, here we are again. Un événement bouleversant, et mon mécanisme de vouloir lire tout ce qui est publié sur le sujet pour tenter de mieux comprendre se réactive.
Je vais recenser ici les liens et textes que je trouve les plus intéressants, histoire que ça ne reste pas que dans ma tête. Je vais publier en l’état, actualiser au fur et à mesure, et potentiellement remanier l’article pour faire des catégories, rajouter mon ressenti personnel de la situation.

Sur l’épidémie elle-même :

Sur la gestion de la crise par le gouvernement :
Je suis très en colère contre ce gouvernement. Je veux dire, j’étais déjà bien vénère contre elleux avant le début de la crise sanitaire, mais là on atteint un niveau où ce n’est plus seulement une colère sur le plan intellectuel mais un truc qui vient des tripes. Il y a une arrogance, une nullité dans la communication, un refus de reconnaître leurs erreurs, leur méconnaissance du sujet, qui dans cette situation est criminelle.

Sur les différences de vécu de l’expérience du confinement, et leurs médiatisations :

https://twitter.com/Rosenlev_/status/1241293729119580161
  • Parodie de journal de confinement :

Confinement et santé mentale :

Santé mentale toujours, un article de La Croix : Confinement : « Il est indispensable de maintenir une sociabilisation ». En résumé, garder une structuration temporelle de la journée, limiter son exposition aux infos sur la pandémie à certaines plages horaires, maintenir une sociabilité sous les formes qu’on arrive à lui faire avoir. AJOUT 16/04

Divers :

  • Survivre au virus – une méthode anarchiste, sur Mars-infos auto-organisation face à l’urgence sanitaire
  • This Is Not the Apocalypse You Were Looking For, de Laurie Penny, sur Wired
    Les représentations culturelles de l’apocalypse ne correspondent en rien à ce qui nous arrive.
  • Humans are not the virus. Don’t be an ecofascist, sur wearyourvoice.
    L’article est intéressant en soi, mais je suis pas convaincu par le terme écofascisme. Jean-Baptiste Fressoz affirme que pendant qu’on fantasme un écofascisme, on est actuellement beaucoup plus sur des dérives autoritaires qui vont de pair avec la promotion de l’industrie lourde, et que la vraie menace reste le thermofascisme. Quand on vous vend parle d’écofascisme, on cherche à trouver des aspects positifs à un fascisme dont le programme sera bien plus le fascisme que l’écologie, et promouvra sans souci l’industrialisation pour ses happy few. Bref c’est du greenwashing du fascisme, rien de plus profond.
  • Les quatre scénarios pour l’hégémonie politique du «monde d’après» sur Mediapart. Article dense qui explore les possibilités d’évolution politique : néolibéralisme-zombie (on continue comme si de rien n’était avec une couche de santé-washing en plus), néoillibéralisme (plutôt que vraiment du fascisme, qui supposerait d’effacer l’individu derrière l’Etat, un mélange d’individualisme et de démocraties autoritaires), réformisme mou à la PS-EELV (les auteurs parlent de gauche élitaire) ; ou enfin (le plus enthousiasmant mais clairement pas le plus probable) un scénario de gauche inclusive. (AJOUT 29/05)

C’est tout pour le moment, je rajouterai des trucs au fil de mes lectures, et j’essayerai de développer un peu plus mon analyse propre au delà de la liste de liens. On verra.

Under the Skin, de Jonathan Glazer

Assez contemplatif. C’est un film de science-fiction mais assez low-key. Une créature qui à l’apparence d’une femme parcourt les rues de Glasgow et les routes d’Écosse dans un van, drague des hommes et les capture. Au bout d’un moment elle dévie de son pattern. C’est filmé avec lenteur, c’est assez joli, par contre je trouve la symbolique de la femme à la fois prédatrice et sans agency propre assez nulle.

Le Profil de Jean Melville, de Robin Cousin

Bande dessinée lisible en ligne le temps du confinement. Une agence de détective se voit confier par une multinationale style GAFA une enquête sur des sabotages de câbles sous-marins. Le privé sur l’enquête creuse les pistes et trouve une affaire bien plus complexe que ce dont elle avait l’air à la base. Assez intéressant dans ce que ça raconte : ça parle bien sûr de la mainmise des multinationales des données sur nos vies, de ce que facilite la collecte de données mais aussi de ce qu’on y perd, de l’intérêt des logiciels ouverts par rapport aux logiciels privatifs, du rapport à la mémoire. Je recommande.

Star Wars IX : The Rise of Skywalker, de JJ Abrams

C’était… chiant. J’ai fini par regarder le film en x1,5 parce que je voulais quand même savoir ce qui se passait mais que j’étais vraiment saoulé par le déroulement de l’histoire. Y’a pas de construction des personnages, y’a 4000 retournements de situation ce qui fait qu’on a zéro enjeu qui crée de la tension, dont tous les morts qui reviennent à la vie et font des trucs. Y’a yet another menace de destruction de planètes comme dans les trois précédents, encore plus puissantes que les fois précédentes. Eh bah c’est super.

Les gens se baladent toujours d’un bout à l’autre de la galaxie en 5 minutes pour voir le village unique d’une planète entière (sérieusement, l’ensemble de la Galaxie tient sur la carte de Breath of the Wild, c’est vraiment mal dimensionné). Trop de persos secondaires, de lignes narratives introduites et aussitôt jetées. C’est du scenario design by committee.
Y’a des trucs très jolis visuellement par contre (l’Empereur raccordé à une machine, les ruines de l’Étoile de la Mort), mais ça n’en rend que plus frustrant le grand n’importe quoi scénaristique.

Bref, je ne recommande pas.

Ministry of Space de Warren Ellis

Comic uchronique du début du XXIe. Durant les dernières heures de la Seconde Guerre Mondiale, les forces anglaises tentent un gambit et enlèvent l’ensemble des scientifiques allemands qui travaillaient sur le programme V-2. Armée de ces connaissances, l’Angleterre va développer seule dans son coin un programme spatial, et étendre l’Empire au delà du globe terrestre. Le récit alterne entre 2001, la date du premier lancement spatial américain, et les différentes étapes du programme spatial anglais, de 46 aux années 70s. Intéressant dans ce qu’il montre d’un développement différent de la course à l’espace et des développement sociaux de l’Angleterre, et dans les questions qu’il pose sur le coût (financier et moral) du développement d’un tel programme.