La Passe-Miroir, de Christelle Dabos

Série de fantasy française

Tome 1 : Les Fiancés de l’Hiver

On suit Ophélie, une femme avec la capacité de lire le passé des objets et de leurs propriétaires en les touchant, et d’utiliser deux miroirs géographiquement proches comme des portails. Ophélie est née sur Anima, une partie du monde où tou.te.s ont des pouvoirs de lecture d’objets comme elle, mais doit partir au début du livre au Pôle, où se trouve la famille de l’homme à qui elle a été mariée pour des raisons diplomatiques. Elle découvre une société fortement différente de la sienne, stratifiée en classes, avec une élite divisée en clans qui se livrent à une lutte violente pour les places de pouvoir.

L’univers est intéressant mais ce premier tome met pas mal de temps à démarrer. L’héroïne comme le/la lecteurice sont perdu.e.s dans un monde dont ils n’ont pas les codes, et la logique de l’histoire se met en place progressivement. C’est réaliste, mais c’est aussi un peu frustrant au début. On est parti sur de l’intrigue de cour avec plusieurs niveaux de bluff, et on découvre petit à petit le passé et l’organisation de l’univers, et les différents pouvoirs dont disposent les familles humaines.

On verra ce que ça donne dans les tomes suivants, ça se lit relativement vite.

Tome 2 : Les Disparus du Clairdelune

Le tome commence directement à la suite du précédent ; le mariage d’Ophélie est Thorn est imminent, et la cour de la Citacielle est secouée par de mystérieuses disparitions dans l’Ambassade, supposée son lieu le plus sûr. L’histoire avance vite et est bien prenante, mais la fin du tome a été gâchée pour moi par le retour du refoulé du Jedi d’une bonne grosse relation hétéronormée où pour zéro raison Ophélie tombe amoureuse de Thorn (et vice-versa, même si le vice-versa on avait des indices depuis le tome précédent). C’est vraiment un élément assez artificiel et qui mine l’intérêt de l’histoire. La dynamique entre les perso d’Archibald et d’Ophélie est bien plus intéressante par exemple.

Tomes 3 et 4 (La Mémoire de Babel, La Tempête des Échos)

M’ouais. Les défauts du tome précédent n’ont fait que s’accentuer. Autant le premier tome était un peu trop lent, autant là c’est le défaut contraire. L’autrice introduit toujours plus de lieux, concepts, personnages… La répétition de la dynamique ou Ophélie se retrouve dans des endroits nouveaux dont elle doit peu à peu apprendre les règles tout en étant maintenue dans l’obscurité fait très artificiel. En parallèle, sa capacité à tout comprendre au passé du monde à partir d’indices ultra-ténus dans le dernier tome est particulièrement peu crédible.

Globalement, les décors mis en place par Dabos font rêver : on visualise facilement les arches, les lieux différents, les atmosphères. Elle arrive à leur donner des caractéristiques propres et marquantes. Par contre la façon dont ses personnages principaux évoluent dans ce décor n’est pas du tout satisfaisante. La romance Thorn/Ophélie est de plus en plus cringeante. L’intrigue principale devient de plus en plus confuse et la résolution en est fort peu satisfaisante. Il y a un peu un côté mauvais jeu vidéo dans ces lieux et événements qui sont en attente de l’héroïne pour se remettre à se dérouler, je trouve. Tout tourne autour d’elle, sa présence débloque l’avancée de l’histoire, ça fait très artificiel.

4 réflexions sur « La Passe-Miroir, de Christelle Dabos »

  1. Attention, légers spoilers.

    J’ai lu les trois premiers tomes il y a un an je crois, ça commence à faire, donc je ne peux pas en faire une critique très précise. Je viens de finir le quatrième. J’ai eu beaucoup de mal à le lire, et, contrairement à beaucoup de gens je crois, pour des raisons similaires à celles qui avaient diminué le plaisir que j’avais eu à lire les premiers tomes : le manque de travail éditorial de ces volumes. Il y a plein de très bons éléments, j’aime l’idée centrale et plus généralement l’univers, mais sérieux il y a parfois d’énormes problèmes de style et, plus grave, de recul de l’autrice sur ce qu’elle écrit. Son héroïne est calquée sur elle, c’est très (trop) transparent, et l’histoire d’amour m’a juste crispée. Par ailleurs pour un roman jeunesse/YA c’est décalé, ça fait vraiment fantasme cliché de trentenaire cette histoire de mec profondément meurtri mais fondamentalement bon que la femme et l’amour vont réparer (je lève présentement les yeux au ciel d’agacement). Et je pense que ce n’est pas la faute de l’autrice (on a les fantasmes qu’on veut après tout !), c’est à l’éditeur/éditrice de faire remarquer ça pour que l’autrice puisse reprendre en améliorant, en rendant son histoire un peu plus universelle et en laissant leur autonomie à ses personnages. C’est normal que ça n’ait pas eu lieu pour le premier tome puisqu’il a été édité à la suite d’un concours, mais pour les suivants c’est vraiment dommage, ça aurait pu être une *très* bonne série de livres, alors que là j’ai un sentiment d’inachevé.

  2. Alors pareil, j’ai lu le 4ème tome récemment. J’avais enchaîné les 3 premiers, dans une situation assez spécifique (première série de romans que je relisais après un long temps sans lectures « distrayantes », fin de thèse assez prenante) mais l’univers m’avait happée.
    Après lecture du 4ème tome et recul pris sur la découverte de tout l’univers, je n’en conseillerais pas vraiment la lecture ; ou plutôt parmi les quelques romans que j’ai ce n’est pas celui-là que je prêterais à quelqu’un·e si je devais en choisir un. Au delà d’un sentiment d’inachevé, je trouve qu’il y a des facilités prises dans la gestion de l’univers et des perso, un peu décevantes par rapport à ce que cela aurait pu être. Cependant, je conçois bien que créer tout un univers et en faire quelque chose de cohérent est hautement difficile.

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