Archives de catégorie : Screens, thousands of them.

Étude sur Paris d’André Sauvage

Un documentaire muet de 1928 présentant Paris à l’époque. Je l’ai vu en ciné-concert, la bande-son était réalisée par acousmatique (une piste sonore mono ou stéréo est envoyée sur un grand nombre de hauts-parleurs avec des caractéristiques techniques différentes dispersés dans la salle, permettant une spatialisation du son). Les images sont assez folles : on voit un Paris bien plus industriel, certaines parties sont méconnaissables, d’autres identiques (les ponts notamment). La façon de Sauvage de filmer est assez moderne, il s’attache aux détails aussi bien qu’aux vues d’ensemble.

Visionnages

Future Cops de Wong Jing. Un nanar Hong-kongais inspiré des personnages de Street Fighter. C’est du n’importe quoi du début à la fin, toujours de façon surprenante, surjouée, absurde. Du coup c’est assez cool à regarder. Je le place à côté de l’adaptation filmique des Trois Mousquetaires pour ça.

Dikkenek, d’Olivier Van Hoofstadt. Un film belge avec des personnages bêtes et méchants. Pour le coup j’ai pas du tout aimé. C’est supposé être un film culte mais je comprends pas pourquoi. Blagues sur le viol, violence gratuite, y’a effectivement quelques passages/répliques marrant-e-s mais ça vaut clairement pas de se taper tout le film.

Kiss Kiss Bang Bang, de Shane Black. Comédie autour de l’élucidation d’un double meurtre. Un Robert Downey Jr. qui joue un cambrioleur pas très malin qui se retrouve acteur à l’essai puis détective amateur. Le film va à toute vitesse et est très sympa. Quelques réserves sur 1/ Les soudaines capacités de visée et de maîtrise d’une arme du héros à la fin. 2/ La morale très année 50 de certains personnages (au premier lieu le héros qui est chevaleresque mais qui comprend pas qu’une fille puisse avoir envie de coucher et qui passe son temps à faire des blagues sur la sexualité de son mentor détective, gay). Contourné cependant quand le partenaire en question utilise l’homophobie d’un méchant pour détourner son attention du fait qu’il a une arme dissimulée sur lui.

THX 1138, de George Lucas. Dans un univers dystopique ou tout le monde est sous drogue contrôlant l’humeur et où la sexualité est illégale, une femme refuse de se plier au système et supprime sa drogue et celle de son colocataire. Je sais pas trop. L’histoire est confuse, c’est une succession de scènes assez peu reliées entre elles finalement. J’ai pas spécialement vu de message. On se laisse porter, y’a des passages cools, mais voilà. J’ai pas été incroyablement marqué. J’ai vu des bouts du remaster récent et il y a des incrustations 3D dégueulasses.

Locke, de Steven Knight. La veille de la coulée de fondations pour un gratte-ciel, le contremaître du chantier décide de partir vers Londres au lieu de rentrer chez lui et prévient son chef et son assistant qu’il ne pourra pas être présent le lendemain. Le film est entièrement tourné dans et autour de sa voiture durant son trajet. Tom Hardy est le seul acteur si l’on excepte quelques plans au début. Le film tourne autour des conversations téléphoniques qu’il a tout au long du trajet avec sa famille, ses collègues et la personne qui l’attend à Londres. La performance d’acteur d’Hardy est très bonne, je comprends le concept du film, mais il ne m’a pas touché pour autant. Trop de plans qui se répètent (y’a pas tant d’angles que ça depuis lesquels filmer une voiture).

Pourquoi Star Wars n’est pas de la science-fiction

Suite à une discussion avec un ami sur le sujet, je veux défendre ici l’idée que Star Wars est une œuvre de fantasy et non pas de science-fiction.
Je parle ici des deux trilogies de films habituellement appelées Épisodes I à VI. Je ne connais pas énormément de l’univers étendu à part quelques romans et la lecture extensive de certaines sections de Wikipédia donc je ne m’aventurerais pas sur ce terrain (de plus, l’univers de Star Wars a très certainement de la place pour des œuvres avec un caractère de science-fiction plus marqué et je suppose qu’il en a déjà été créées).

Quelle est donc l’histoire racontée dans les Guerres de l’Étoile ? Et, oui, je me permet de rétablir une traduction correcte du titre parce que la traduction fautive m’a agacé d’aussi loin que j’ai eu suffisamment de notions d’anglais pour me rendre compte du problème. L’Étoile en question c’est l’Étoile Noire, les autres étoiles on s’en fiche éperdument dans l’histoire, y’a guère que les planètes et les satellites, éventuellement artificiels, qui comptent. Mais je diverge. Quelle est donc, écrivais-je, l’histoire racontée dans les Guerres de l’Étoile si on enlève les vaisseaux spatiaux ?

[Spoilers juste après, évidemment. En même temps, c’est Star Wars, il y a des chances que ça ne spoile qu’assez peu de monde]

L’histoire d’un jeune garçon ordinaire vivant dans une province reculée d’un empire hégémonique. Il reçoit par erreur l’appel au secours d’une princesse, destinée au magicien vivant à côté de chez lui (quelqu’un qui fait de la télékinésie et peut rendre les gens confus, c’est un magicien. Quand en plus il porte un capuchon et une barbe de vieux sage, le doute n’est plus permis). Il se font découvrir par les sbires de l’empire, s’échappent, achètent leur passage sur le vaisseau de deux contrebandiers, rejoignent la résistance, se battent à l’épée, sauvent la princesse, le héros découvre qu’il est magicien aussi et qu’il y a un combat immémorial entre le bien et le mal, il va s’entraîner avec le magicien en chef, l’Empire contre-attaque, le héros découvre que la princesse est sa sœur jumelle longtemps perdue de vue et le méchant en second son père, le héros affronte quelques monstres en combat singulier (un yéti et un ver des sables), ils affrontent l’empereur maléfique, le père change de côté et se sacrifie, l’Empire prend fin, et ils vécurent heureux et eurent plein de produits dérivés.

On a donc un combat immémorial, un ordre de chevaliers défendant la Lumière, un empire maléfique, de la magie, des monstres, des forbans, des liens familiaux cruciaux. Si on ajoute la prélogie, on obtient une prophétie mal interprétée (« Tu apporteras l’équilibre à la Force, Anakin. » Faudra m’expliquer comment tu penses que quand tu es un ordre religieux avec l’oreille du pouvoir suprême et que tes adversaires sont proverbialement deux clampins et jamais plus, un rééquilibrage ça va jouer en ta faveur), une Immaculée Conception, plus de combats singuliers avec des monstres ou à l’épée et une romance très mal amenée (mais ça n’est pas d’intérêt pour mon argumentation. Ni pour quiconque d’ailleurs).

Les éléments sont ceux que l’on retrouve dans une histoire de fantasy « traditionnelle » (parce qu’on m’objectera que depuis le genre a été bien déconstruit, reconstruit, subverti et bien plus encore, et c’est tout à fait vrai. Lisez Gagner la Guerre c’est de l’excellente fantasy qui se passe fort bien de combat immémorial entre le bien et le mal). C’est l’histoire d’une personne qui quitte sa province miteuse et découvre un monde bien plus vaste dans lequel il a un rôle à jouer (salut Frodon). Cette focalisation sur le personnage, pour moi c’est ça qui caractérise la fantasy par rapport à la SF (bon ok, ça et les magiciens). La SF est plus là pour présenter un univers ou des concepts (quand c’est de la SF consciente, celle que je définis pompeusement comme « conjuguant les questions actuelles au futur ». Ceci était une auto-citation assumée). C’est pour ça aussi que les uchronies, quand elles ne relèvent pas juste du gadget narratif, sont aussi rattachables à la SF. Parce qu’elles posent des questions sur l’évolution de nos sociétés actuelles (ou de la façon dont on perçoit l’Histoire. Bon, et parfois aussi c’est juste un péplum avec des dirigeables, mais aussi badass que ça paraisse de loin ça vaut rarement le coup si y’a pas une réflexion derrière.)

Star Wars c’est donc un récit de fantasy somme toute classique. Le génie de George Lucas c’est de l’avoir placé dans l’espace. Les gens n’ont pas des navires mais des vaisseaux spatiaux, et il y a aussi un sacré travail sur le visuel pour intégrer plein de signifiants venant de plein d’origines différentes : religions, empires réels (romain, nazi, britanniques). Mais ça reste de la fantasy dans les ressorts narratifs et dans le focus de l’histoire. Mon ami disait que Star Wars était un space opéra. Pour moi le space opéra présente quand même des personnages qui (déjà ne font pas de magie ni de combats d’épée mais surtout) ne sont pas centraux dans leur monde. Ils peuvent avoir une action mais ils ne sauvent pas la galaxie à eux seuls. Ils sont trop petits par rapport à la toile de fond qu’est l’univers. Et là, je pourrais commencer à argumenter que Game of Thrones n’est pas de la fantasy mais un fantastic medieval opera mais ce sera pour une autre fois.

Mad Max: Fury Road, de George Miller

Je suis allé voir ce film le jour de sa sortie, alléché par sa bande annonce. Je n’ai pas été déçu :)
Il s’agit d’un film d’action de George Miller, définissable comme « post-apocalyptique et dieselpunk », ce qui veut dire qu’il prend place dans un monde dévasté (catastrophes environnementales) et où la technologie toute entière est orientée vers les engins à combustion. L’univers de Mad Max semble avoir divergé du notre quelque part dans les années 70/80 (à l’époque des premiers films de la série, donc).
Le personnage titre, Max n’est pas ici le héros mais juste le point de vue que l’on adopte. L’héroïne du film est Furiosa, une femme au service d’un seigneur de guerre local qui décide de se rebeller contre son pouvoir et d’aider ses esclaves sexuelles à s’échapper vers une utopie matriarchique. Dans un monde parfait, Mad Max ne serait pas un film féministe. Ce serait un film d’action avec une héroïne. Mais dans le monde réel, le fait de présenter une femme comme une héroïne prête à se battre à égal avec des hommes, décidée à mettre fin à l’exploitation d’autres femmes et s’appuyant pour ça sur une bande de bikeuses, est clairement un acte féministe. Ce qui est un excellent point en faveur de Mad Max.
À part ça, le film est visuellement splendide : les couleurs sont sursaturées, les véhicules créés pour le film sont magnifiques et inventifs (sérieusement, bosser comme accessoiriste sur ce tournage ça se rapproche très fortement de mon job idéal). J’ai aussi trouvé très réussie la mise en scène d’un monde dont le système de valeurs et de croyance est très éloigné du notre, avec des croyances organisées autour de la vitesse, de la mécanique, de la rareté (un détail brillant pour l’exemple : au début du film, les méchants utilisent Max comme banque de sang, et lui tatouent son groupe sanguin et son indice d’octane, supposé représenter son agressivité, passée avec son sang à ceux qui sont transfusés. Ça montre d’un seul coup le culte de la voiture et l’abandon des connaissances scientifiques). (Les valeurs restent cependant très proches sur certains points, pas besoin d’aller voir une dystopie au cinéma pour trouver des connards qui considèrent que les autres gens sont leur propriété).
Je trouve aussi que Tom Hardy est très bon pour jouer le personnage complètement incapable de communiquer, hanté par ce qu’il considère comme ses échecs passés. Le scénario peut être décrit en deux phrases, par contre : « Course poursuite dans le désert. Les gentils fuient puis affrontent les méchants. » et les dialogues sont parfois absurdes et grandiloquents, mais clairement pas plus que dans n’importe quel autre film d’action (I’m looking at you, Die Hard).

EDIT: comme le fait remarquer un tumblr que je suis, la musique est aussi vachement bien.

Funny Games (version de 1997), de Haneke

J’avais déjà vu la fin de la version US tournée en 2007. Comme elle est identique plan à plan j’ai pas été trop dépaysé. Le film interroge à la fois la représentation de la violence à l’écran et le rôle du spectateur (les psychopathes demandant directement à la caméra ce qu’ils en pensent, mentionnant que l’on en est pas encore à la longueur d’un film et qu’il faut continuer) et montre aussi assez brillamment le détournement des codes sociaux : les deux tueurs réussissent à garder la famille sous leur emprise pendant une bonne partie du film en affirmant très calmement qu’il s’agit juste de dissiper un malentendu. Le décalage de leur comportement leur permet de profiter à plein du phénomène de fascination (incapacité à réagir provoquée par le décalage entre une situation et les repères mentaux que l’on a).

Lectures et films, m

Livres :

Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud. J’ai beaucoup aimé. Livre miroir de L’Étranger de Camus, la contre-enquête donne un nom (Moussa) à l’homme tué par Meursault. Il ne raconte pas sa vie mais celle de son frère après le meurtre, la construction de sa vie autour de ce frère disparu, de cette mort absurde, l’arrivée de l’indépendance du pays et son rapport à sa mère. Ici, le livre s’appelle L’Autre et a été écrit par Meursault lui-même, et le héros n’y reconnaît ni son frère ni son pays. D’où la nécessité de livrer sa version. Le livre joue sur les codes de l’hommage, de la fanfiction et de la réécriture à la fois.

Une brève histoire du néolibéralisme de David Harvey. Essai sur l’apparition et la diffusion du néolibéralisme. Assez intéressant. J’étais pas d’accord avec toutes les analyses du livre (et je trouvais que certains points étaient avancés sans vraiment être étayés). La thèse principale d’Harvey est que le projet néolibéral vise en premier lieu à la restauration d’un pouvoir de classe pour les dominants en permettant notamment un accaparement des richesses. Ainsi la théorie du néolibéralisme est écartée à chaque fois qu’elle est en contradiction avec ce projet. Du coup le livre critique peu la théorie néolibérale, puisque pour l’auteur, cette théorie n’a que peu d’importance par rapport à la réalité du déploiement des projets néolibéraux.

La Plage d’Alex Garland. Dans les 90’s, un backpacker anglais entend parler d’une plage mythique en Thaïlande épargnée par le tourisme de masse. Il la trouve et très vite l’Éden se révèle un enfer. Ça se lit vite mais c’est prenant. Influences d’Apocalypse Now et de Robinson Crusoé, voire même de Las Vegas Parano.

L’Emprise de Marc Dugain. Thriller politique français. Ça évoque le nucléaire, Anne Lauvergeon en filigrane, des rétrocommissions… Mais pas très convaincant. Tout l’appareil politico-industriel semble dans les mains de trois clampins, les politiciens sont très corrompus et les patrons très corrupteurs… Un peu trop simpliste.

Antimanuel d’économie de Bernard Maris. Exposition de plusieurs concepts ou idées reçues de l’économie. Le but de Maris est de montrer que la mathématisation de l’économie est surtout une manière de lui donner une « scientificité » et une technicité nullement justifiées, pour cacher une difficulté de l’économie à décrire le monde tel qu’il est.

Good Omens de Neil Gaiman et Terry Pratchett. Les 7 derniers jours avant l’Armageddon, du point de vue d’un ange, d’un démon, d’une sorcière, d’un chasseur de sorcière, des cavaliers de l’Apocalypse et de l’Antéchrist. Mais rien ne se passe comme prévu par les pouvoirs qui sont : l’ange et le démon ont pactisé, l’Antéchrist a été égaré, et la seule personne qui comprend quoi que ce soit est une sorcière morte depuis 400 ans. J’avais lu ce bouquin il y a longtemps et je l’ai relu à l’annonce de la mort de Pratchett. La ligne narrative de Crowley et Aziraphale est bien, celle des cavaliers aussi même si un peu convenu, mais celle d’Adam a mal vieilli (où convenait mieux à mes 14 ans). Ça reste un bon bouquin mais il n’est clairement pas au niveau du souvenir que j’en avais.

 

Films :

Birdman d’Alejandro González Iñárritu. Un acteur de blockbuster qui a connu la gloire dans les années 90 (joué par un acteur de blockbuster qui a connu la gloire dans les années 90) tente de se faire connaître avec l’adaptation à Broadway d’un roman de Carver. Il entend son personnage de super-héros lui parler et possède des supers-pouvoirs. Il travaille avec sa famille et un acteur obsédé par la réalité du théâtre. Tout le film est tourné en un seul plan-séquence. La musique est soudainement diégétique. Le film est complètement méta sur l’univers des acteurs, très noir et très drôle, parfois au même moment (il y a quand même quelques longueurs). Je recommande

Réalité, de Quentin Dupieux. Un cameraman qui veut produire son propre film doit trouver le meilleur gémissement du monde pour être financé. Parallèlement, Vérité trouve une cassette dans un sanglier et tente de la visionner. Mélangeant rêve, réalité, films dans les films, temporalité, personnages, Réalité devient de plus en plus déconstruit et méta au fur et à mesure qu’il avance. À voir.

We were here. Documentaire composé d’images d’archives et de témoignages sur l’épidémie de SIDA à San Francisco. C’est parfois assez dur, mais je pense que c’est intéressant d’avoir une connaissance de ces événements.

Lectures, n

Sans télé, on ressent davantage le froid de Titiou Lecoq. Le livre est composé d’extraits de son blogs Girls and Geeks. J’avais commencé à lire son blog il y a quelques années sur les recommandations de mon autre significatif de l’époque (c’est bien, on dirait une anecdote à elle). C’est un peu comme un fragment d’autobiographie, c’est bien. J’avais pas lu les premiers posts, au bout d’un moment ça a rattrapé ma lecture de son blog, c’était assez intéressant comme phénomène. Comme voir le début d’un film qu’on avait attrapé en cour de route. Je me dis que je devrais rajouter plus de texte entre les photos ici.

À nos amis du Collectif Invisible.

Faites demi-tour dès que possible, recueil de nouvelles régionales de La Volte. Un peu décevant par rapport à la production habituelle de La Volte. Deux nouvelles vraiment bien (une dans le Vercors par Damasio), une en Alsace par je sais plus qui. Les autres sont pas mauvaises mais pas enthousiasmantes. Celle de Beauverger (DCDD), qui ouvre le recueil est cool aussi mais pas transcendante. Mais lisez celle de Damasio.

Pour changer, quelques commentaires sur les films que j’ai vu récemment.

Natural Born Killers
Film d’Oliver Stone sur un scénario de Tarantino, qui fleure bon les années 90. Un couple de tueurs en séries, qui gagnent une notoriété sans cesse plus grande via la couverture des médias. Mélange de plein de styles visuels (sitcom, animé, film de prison, flashs d’image). J’étais perplexe au début, mais l’accumulation crée quelque chose d’intéressant. On est à mi-chemin entre les romans de Thomas Day et un clip de Pryapisme (TW épilepsie). Le film est assez sexiste par contre. On peut noter une apparition de Robert Downey Junior en reporter complètement déglingué.

Dear White People
Film indépendant qui parle des tensions raciales sur le campus d’une université américaine fictive. Le film explore les réactions de plusieurs personnages au racisme, en montrant les différentes approches prises par les Noirs plutôt que d’en faire une communauté homogène comme souvent au cinéma. Là j’ai un peu de mal avec la photographie par contre : pour un film qui parle de question sociales, tout le monde est très beau, très bien habillé, la lumière est douce… Le film s’attarde un peu trop sur les relations sentimentales des différents personnages sans que ça aille vraiment quelque part. Durant le générique de fin, des images provenant de différentes universités rappelle que les événements présentés dans le film (soirée universitaire sur le thème « Déguisez-vous en cliché raciste de Noir ») ne sortent pas de l’imagination des scénaristes mais sont monnaie courante (aux US mais aussi en France).

Whiplash, de Damien Chazelle

Film primé au festival de Sundance, qui décrit la relation malsaine entre un prof abusif et un élève dans un conservatoire new-yorkais.

J’ai bien aimé le film, avec quelques réserves : un peu d’outrance parfois, un film avec un focus très étroit (les autres élèves sont évoqués au début mais très vite écartés pour se concentrer sur la seule relation Fletcher/Carl, ie un affrontement d’ego entre deux mecs hétéros blancs) et des injures racistes/homophobes un peu gratuites (ie, à mon sens, elles dressent surtout un portrait de l’abuseur comme « oh regardez, il dit des horreurs, c’est un méchant ». Les autres aspects par lesquels il est abusif (souffler le chaud et le froid, provoquer des confidences pour savoir sur quels points faibles appuyer, sont plus intéressants et réalistes à mon sens). Mais j’ai trouvé intéressant la façon dont Carl se laisse facilement prendre au piège de son prof, va lui même couper ses relations et donc faciliter son isolement et sa dépendance aux jugements de Fletcher, se positionner lui aussi dans cette optique de compétition. Le film montre aussi que toutes les justifications de Fletcher sont des conneries : tenter d’humilier Carl devant un parterre de critiques n’est qu’un abus de plus, qui ne permettrait en rien de le motiver pour devenir « le prochain Charlie Parker ». Il est donc exposé pour l’ordure qu’il est et il me semble que le film est assez inambigu sur ce point. Par contre, il laisse en suspens la question de savoir si Carl va retomber dans cette relation abusive et de comment il va évoluer lui. J’ai beaucoup aimé aussi la bande-son (jaaaazz) et la photographie du film.