Archives de catégorie : Des livres et nous

Lectures, n

Sans télé, on ressent davantage le froid de Titiou Lecoq. Le livre est composé d’extraits de son blogs Girls and Geeks. J’avais commencé à lire son blog il y a quelques années sur les recommandations de mon autre significatif de l’époque (c’est bien, on dirait une anecdote à elle). C’est un peu comme un fragment d’autobiographie, c’est bien. J’avais pas lu les premiers posts, au bout d’un moment ça a rattrapé ma lecture de son blog, c’était assez intéressant comme phénomène. Comme voir le début d’un film qu’on avait attrapé en cour de route. Je me dis que je devrais rajouter plus de texte entre les photos ici.

À nos amis du Collectif Invisible.

Faites demi-tour dès que possible, recueil de nouvelles régionales de La Volte. Un peu décevant par rapport à la production habituelle de La Volte. Deux nouvelles vraiment bien (une dans le Vercors par Damasio), une en Alsace par je sais plus qui. Les autres sont pas mauvaises mais pas enthousiasmantes. Celle de Beauverger (DCDD), qui ouvre le recueil est cool aussi mais pas transcendante. Mais lisez celle de Damasio.

Pour changer, quelques commentaires sur les films que j’ai vu récemment.

Natural Born Killers
Film d’Oliver Stone sur un scénario de Tarantino, qui fleure bon les années 90. Un couple de tueurs en séries, qui gagnent une notoriété sans cesse plus grande via la couverture des médias. Mélange de plein de styles visuels (sitcom, animé, film de prison, flashs d’image). J’étais perplexe au début, mais l’accumulation crée quelque chose d’intéressant. On est à mi-chemin entre les romans de Thomas Day et un clip de Pryapisme (TW épilepsie). Le film est assez sexiste par contre. On peut noter une apparition de Robert Downey Junior en reporter complètement déglingué.

Dear White People
Film indépendant qui parle des tensions raciales sur le campus d’une université américaine fictive. Le film explore les réactions de plusieurs personnages au racisme, en montrant les différentes approches prises par les Noirs plutôt que d’en faire une communauté homogène comme souvent au cinéma. Là j’ai un peu de mal avec la photographie par contre : pour un film qui parle de question sociales, tout le monde est très beau, très bien habillé, la lumière est douce… Le film s’attarde un peu trop sur les relations sentimentales des différents personnages sans que ça aille vraiment quelque part. Durant le générique de fin, des images provenant de différentes universités rappelle que les événements présentés dans le film (soirée universitaire sur le thème « Déguisez-vous en cliché raciste de Noir ») ne sortent pas de l’imagination des scénaristes mais sont monnaie courante (aux US mais aussi en France).

Le Concile de Fer, de China Miéville

Un roman situé dans l’univers de la Nouvelle-Crobuzon. De la fantasy très éloignée de Tolkien, avec des enjeux politiques, de la crasse, des guerres absurdes…
Ici, l’influence du trotskisme de Miéville se fait sentir à plein. Il parle d’organisation de grèves, de lutte armée, de l’instauration de Communes, de division des gauches… Ses descriptions des réunions de discussion trotskistes sont criantes de vérité.
Ça parle de révolution syndicale lors de la création d’une ligne de chemin de fer, et du fait de réussir ou non à étendre la révolution, et à en perpétuer le souvenir.

Lectures

Essentiellement des livres que j’ai lu pour préparer les concours. Il faudrait que je lise d’autres trucs mais bon, je suis un peu pressé par le temps…

Le casse du continuum de Léo Henry. Un Ocean’s Eleven à l’échelle galactique. Les personnages sont bien trop des clichés, et la bonne idée du livre (le chronominot) est complètement sous-exploitée. Dommage.
La Constitution, commentée par Guy Carcassonne et Marc Guillaume, douzième édition. Bien plus sexy que ce à quoi je m’attendais, ce livre est vraiment intéressant. Un commentaire du bloc de constitutionnalité article par article, avec une perspective historique et juridique, dans un style enlevé.
Introduction à l’économie de Jacques Généreux. Je l’avais déjà lu, un court livre qui explique clairement les notions de base de l’économie.
Discours de la Servitude Volontaire d’Étienne de la Boétie. Court texte du BFF de Montaigne, sur la façon dont le contrat social soumet un pays entier à un tyran, par un renoncement collectif à la liberté.
L’administration Le sujet est intéressant (et puis je prépare un concours là dessus donc je ferai mieux d’être intéressé), mais le livre est mal fait, avec beaucoup de répétitions.
Qu’est-ce qu’une Nation ? d’Ernest Renan. Je vais vous spoiler, mais pour Renan c’est un sentiment de communauté (dû à une histoire commune ou autre) et une volonté de vivre ensemble. Ça semble pas absurde.
Que sais-je ? – Droit du travail d’Alain Supiot. Présente les différentes formes de droit du travail dans différents pays et le rôle des négociations sociales. Parle de la notion de droit du travail en France comme standard minimal pour la défense des travailleurs (et comment cette notion de seuil minimal est mise à mal par les négociations qui peuvent passer en dessous de certains seuils à condition de faire mieux que le seuil sur d’autres points).
Les Institutions de l’Union Européenne. Même collection que L’administration. Cette fois-ci c’est le sujet qui est mal fait. L’UE c’est un sacré bordel. Du coup je n’arrive pas à savoir ce que je voudrais en garder. Tout casser ça me semble dommage, y’a quand même des trucs sympa, mais quand on voit les montages absurdes que c’est et le verrouillage du libéralisme que ça entraîne….
Introduction à la politique économique de Jacques Généreux. Il m’a fallu pas mal de temps pour le lire, pourtant il n’est ni gros ni complexe, au contraire il expose plutôt bien les concepts lui aussi. J’ai l’impression de beaucoup mieux en profiter avec tout le bagage économique que j’ai récupéré en lisant les autres livres autour (et notamment tous les trucs pas directement économiques mais important quand même comme les histoires de partenaires sociaux et compagnie)

Julian, de Robert Charles Wilson

Extension par RCW de sa novella Julian, un conte de Noël. Le livre se passe au XXIIe siècle, dans une Amérique que la disparition de l’énergie bon marché a ramené au niveau technologique du XIXe siècle. Si l’Amérique décrite est intéressante (étendue à 60 États par la conquête du Canada, retournée à un système féodal tout en se réclamant des symboles d’une démocratie vidée de son sens), le côté hommage à Mark Twain et roman d’aventure d’un protagoniste campagnard à qui il arrive des aventures étonnantes est quand même agaçant par moment.

Lectures

Une nouvelle fournée de critiques littéraires, ce que j’ai lu depuis fin août.

Le Chemin des âmes de Joseph Boyden, raconte l’histoire d’un indien cree engagé dans les troupes canadiennes durant la première guerre mondiale. Revenu au Canada, il se rappelle les combats en flashbacks entremêlés avec les récits de la vie de sa tante. Bien écrit et prenant.

Petit éloge de l’anarchisme de John C. Scott. Texte sous forme de fragments, qui propose un regard anarchiste sur différentes facettes de la société. Les fragments sont d’intérêt inégal, mais le livre était globalement intéressant. Il y a pas mal de recoupements avec le point de vue communiste (logiquement), mais diverge sur la possibilité d’un gouvernement central de ne pas dégénérer en État plu ou moins policier.

Ce qu’il advint du sauvage blanc de François Garde : sous Napoléon III, un noble fortuné inscrit à la Société de Géographie recueille un matelot français qui a vécu pendant 18 ans parmi une tribu aborigène. Le livre oscille entre les lettres d’Octave de Vallembrun au Président de la Société de Géographie et le récit de la vie du matelot Pelletier en Australie. Le livre parle de préjugés culturels et tacle joliment le mythe du Robinson.

Pour en finir avec Eddy Bellegueule, d’Édouard Louis. Chronique de la violence ordinaire dans les classes populaires. Édouard Louis raconte son enfance dans un village ouvrier du Nord. Le livre est court mais très percutant.

The Outsorcerer Apprentice, de Tom Holt. Dans un pays de conte de fées, une petite fille qui porte son repas à son père bûcheron dans la forêt s’interroge sur la viabilité d’un modèle économique où toutes les familles coupent du bois pour le vendre à une ville lointaine. Non loin, un chevalier se demande quelle taille fait le royaume si chaque tueur de dragons reçoit en partage la main de la fille du roi et la moitié du royaume. Surtout qu’il semble y avoir un nombre affreusement grand de dragons à tuer… Tom Holt fait se rencontrer avec succès les modèles économiques et les schémas narratifs des comptes de fées, avec comme résultat un roman vraiment plaisant à lire.

L’insurrection qui vient du Collectif Invisible. Présentation d’une pensée radicale d’extrême-gauche. C’est intéressant par moment, mais ça devient rapidement verbeux et il y a pas mal d’affirmation gratuites. Le tract Mise au point, par les mêmes, est plus intéressant à mon sens. Après je suis d’accord avec l’importance de mettre en place des Communes, une action locale et des réseaux de solidarité.

Boneshaker et Clementine de Cherie Priest

Du bon gros steampunk. On a pêle-mêle des zombies, des dirigeables, des inventeurs fous, des corsets et des armes d’une puissance démentielles. Et le mélange fonctionne. Si la ligne narrative du gamin dans Boneshaker n’est pas toujours passionnante, les autres sont intéressantes, ça fait plaisir de voir des personnages féminins forts et capables et l’univers du Clockwork Century est intéressant à lire.

The Black Opera, de Mary Gentle

Une déception de la part de Mary Gentle. Le niveau de ce livre est bien inférieur à celui de Cendres. Placé dans un univers uchronique où Napoléon a gagné à Waterloo mais surtout où la musique peut provoquer des miracles quand elle déclenche une réaction émotionnelle d’un public. Mais il ne se passe pas grand chose dans le livre, les personnages et l’univers n’ont clairement pas la complexité de ceux de Cendres, et le livre se finit un peu en queue de poisson. Dommage.

Worlds that weren’t de Turtledove, Stirling, Gentle et Williams.

Quatre nouvelles uchroniques par des habitués du genre. J’ai passé celle de Stirling, poussive. Turtledove se place à son point de divergence, dans l’Athènes démocratique de Socrate. Sympa, mais pas transcendant. Gentle donne un prélude intéressant à Cendres (sa fresque uchronique médiévale que je recommande grandement), et Williams se place dans le Far-West, avec une nouvelle intéressante que je conseille, la plus réussie des quatre à mon sens.

Lectures encore

Étant donné que j’ai pas mal voyagé récemment, j’ai surtout lu sur liseuse. Ce qui me permet de savoir quels sont mes livres récemment lu.

The Immortal Empire de Kate Locke. Série de trois livres se passant dans une Angleterre fantastique où la reine Victoria – une vampire comme la plupart de l’aristocratie – est toujours au pouvoir en 2012. L’univers est intéressant, le personnage principale (féminin et compétent) est sympathique (même si sa romance parfaite est parfois un peu agaçante), mais le livre souffre cruellement d’un bon éditeur : certains passages se répètent, les personnages se rendent compte à multiples reprises de la même chose…

Le Président des Riches des Pinçon-Charlot. Analyse des actions et des réseaux de Nicolas Sarkozy durant sa présidence. Une lecture citoyenne.

The Long War et The Long Mars de Stephen Baxter et Terry Pratchett. Suite de La Longue Terre, un univers où il existe une infinité de terre parallèles, inhabitées à part la notre. Il se passe peu d’action dans ces romans qui décrivent pour l’essentiel des voyages dans la suite des Terres, mais ils sont assez plaisant à lire, l’imagination de Pratchett et la rigueur scientifique de Baxter se mariant bien.