Enquête policière sur fond de combat séculaire entre le Bien et le Mal, dans une Suisse provinciale et tranquille. Un commissaire mourant tente une dernière fois de faire tomber un criminel qu’il poursuit depuis sa jeunesse, alors que la société en place freine des quatre fers pour éviter tout scandale ou éclat. Court et compact.
Archives de catégorie : Des livres et nous
Magies Secrètes, de Hervé Joubert
Un bon pastiche des feuilletons d’aventures du genre des Mystères de Paris. Sous Obéron III, un fonctionnaire du corps des ingénieurs-mages participe à la vie mondaine et enquête sur les bouleversements du monde féerique dus au progrès. Ca se lit bien, quelques passages un peu en trop (genre l’automate qui entrecoupe ses paroles de « zboing ») qui font sentir que c’est orienté jeunesse, quelques passages sympa (la narration qui fait une ellipse lors d’une scène d’action, ellipse qui est comblée en deux notes de bas de pages qui prennent le temps de s’excuser pour ne pas avoir filé toutes les informations. De façon générale des notes de bas de page qui anticipent des trucs dans le récit, c’est rigolo) mais cool dans le genre pulp.
Masculin Féminin II : Dissoudre la hiérarchie, de Françoise Héritier
De l’anthropologie féministe.
Je ne sais pas trop quoi en penser. C’était intéressant mais franchement rien de révolutionnaire. Je pense que c’est un niveau de réflexion sur le féminisme que j’ai déjà atteint. Une réflexion intéressante sur l’influence de la contraception (et du contrôle qu’elle donne aux femmes sur leur corps) sur les représentations sociales des différences entre les sexes. Les réflexions sur le clonage et l’origine de la domination masculine m’ont moins convaincu.
Le passage sur le fait de classer des concepts opposés (genre jour/nuit) entre des pôles masculins et féminins, avec le concept qui est vu comme féminin variant selon les sociétés mais toujours considéré comme le moins noble est intéressant (ça se retrouve pas mal dans l’époque moderne avec la considération accordée à certaines professions variant selon leur niveau de féminisation)
La Morale anarchiste, de Pierre Kroptokine
Petit volume répondant à la question de « Mais si vous ne reconnaissez pas une autorité supérieure comme celle de Dieu ou de l’État, d’où tirez-vous votre morale ? » Bah globalement, de la Règle d’Or (ne fait pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’els te fassent) et du sentiment de faire ce qui est bon pour l’Humanité entière, et en ayant la motivation d’agir plutôt que de rester passif devant ce que l’on ressent comme des injustices. C’est intéressant mais je vois des failles dans l’argumentation (un xénophobe qui va aller détruire des campements de réfugiés va dire qu’il agit comme ça pour protéger la communauté d’une invasion), et c’est assez basique comme niveau de théorisation de l’anarchisme. Mais si vous n’y connaissez rien c’est une bonne première lecture je pense.
La Révolte des Élites, de Christopher Lasch
Essai sur le fait que les élites n’aient plus aucune solidarité avec les autres classes de la société. Il y a des points intéressants mais aussi des moments pourris. Clairement l’auteur ne comprend rien aux luttes féministes, antiracistes, anti-LGBTphobies. Y’a beaucoup de points par lequel il est conservateur (et idiot), après il fait aussi des remarques intelligentes sur la nécessité de l’implication des citoyen⋅ne⋅s pour qu’une démocratie fonctionne, et les conditions qui permettent cette implication. Après il a l’air de parer les petits villages et la vie de quartier d’absolument toutes les vertus de façon un peu gratuite.
La Servante écarlate, de Margaret Atwood.
Bouquin publié en 1985, de la SF féministe qui décrit un avenir où les Etats-Unis basculent dans un fondamentalisme religieux chrétien où la natalité est au centre de la société. Les femmes voient leurs droits disparaître et sont divisées en classes, parmi lesquelles les femmes les plus susceptibles de porter un enfant, les servantes écarlates.
Superbe (et terrifiant) roman, écrit à la première personne par une servante. L’autrice révèle son univers au fur et à mesure, avec une narration qui alterne entre passé et présent pour décrire l’avènement de la dictature et son fonctionnement.
Écrire l’histoire avec des « si », sous la direction de Florian Besson et Jan Synowiecki.
Recueil de contributions du séminaire du même nom, sur l’intérêt de l’uchronie et de l’histoire contre-factuelle pour les historiens. Parle de l’intérêt politique de l’uchronie et des différentes formes d’uchronies littéraires. Toutes les contributions ne se valent pas mais c’est court et globalement intéressant.
Planesrunners, de Ian McDonald
Roman d’aventure pour jeune adulte avec des univers parallèles. Ça se laisse lire mais ce n’est pas transcendant.
L’idée d’un univers sans réserves de pétrole, dont la production d’énergie est partagée entre charbon et énergies renouvelables est intéressante. Celle d’une alliance d’univers parallèles aussi, mai c’est assez peu exploité dans ce premier tome.
Je ne lis pas énormément en ce moment.
Les Affinités, de Robert Charles Wilson
Les avancées de la recherche en sociologie, neurologie et biologie permettent de dégager des schémas de pensée communs à certaines personnes, et de classer les personnes dans des groupes d’affinités, des personnes qui se sentent bien ensemble et communiquent facilement entre elleux. Mais tout le monde n’appartient pas à une affinité et les affinités ne s’entendent pas forcément bien entre elles… De la SF sur la sociologie, c’est assez cool. Ça parle d’entre-soi et de radicalisation, de trouver un groupe de personnes avec lesquels on se sent bien, de modèles de société. Et comme toujours chez RCW c’est assez fin et cool à lire.
Burning Paradise, de Robert Charles Wilson
En 2014, le monde s’apprête à fêter 100 ans de paix, la Grande Guerre de 14 ayant été le dernier conflit majeur. Le monde est prospère, le travail de la Ligue des Nations salué. Mais certain-e-s savent que cette paix et cette prospérité ne sont pas dues à l’action humaine : quelque chose manipule l’Humanité pour parvenir à ses fins. Brillant roman de RCW, qui présente une espèce extraterrestre vraiment originale, qui développe en toile de fond une belle uchronie et qui nous présente une histoire absolument pas manichéenne : à la fin, les personnages ont fait des choix, mais je serai bien incapable de dire si c’étaient les bons ou non. Il parle tranquillement de manipulation par les médias, de recherche académique, il subvertit quelques tropes au passage (le leader de la Résistance Mondiale notamment). Cool roman. Il rappelle pas mal Darwinia du même auteur, mais en plus satisfaisant. On peut juste regretter que la « condition de victoire » soit un peu ad hoc pour que les protagonistes humains puissent intervenir sur l’histoire.