Archives par mot-clé : science-fiction

Ad Vitam, de Sébastien Mounier et Thomas Cailley

Série de science-fiction française diffusée sur Arte. Suite à des recherches sur le génome d’une espèce de méduse, un traitement de régénération des humains, promettant l’immortalité, a été mis au point et est disponible démocratiquement. Dans cette société qui a vaincu la mort, la place de la jeunesse se pose : alors qu’un référendum sur le contrôle des naissances pointe à l’horizon et que l’Humanité fête l’anniversaire de sa doyenne de 170 ans, 7 corps de mineurs avec une balle dans la tempe sont retrouvés sur une plage. Est-ce le retour des vagues de suicides de mineurs qui avaient ravagé le pays il y a 10 ans de cela ? L’enquête est confiée à un policier centenaire qui décide de demander l’assistance de Christa, mineure et seule rescapée des vagues de suicides de la décennie passée.

Y’a une jolie esthétique et la série pose des questions intéressantes, après comme souvent avec les séries de SF fr, le concept est pas exploité à fond parce qu’ils voulaient raconter une histoire précise, et c’est un peu lent et contemplatif. La fin est pas très intéressante malheureusement, ça c’est dommage.

Three Moments of an Explosion, de China Miéville

Recueil de nouvelles de China Miéville. Toutes sont plaisantes à lire, mais elles ne sont pas toutes aussi percutantes (y’en a dans lesquelles il ne se passe pas grand chose). J’ai beaucoup aimé The Dowager of bees (les possibilités de fanfictions sont infinies !), Design et Polynia, ainsi que plusieurs autres dont je n’ai pas retenu le titre. Globalement j’aime toujours autant les œuvres de Miéville.

Johan Heliot vous présente ses hommages, de Johan Heliot

Recueil de nouvelles uchroniques ou science-fictives. J’ai été un peu déçu. J’ai bien aimé la plupart des romans écrit par Johan Heliot, mais là j’ai trouvé que ça faisait un peu trop gimmickesque (surtout qu’il traite très souvent les mêmes thèmes/utilise les mêmes personnages, donc au bout de 15 nouvelles c’est assez répétitif).
J’ai trouvé que la nouvelle Le Grand Duc sortait un peu du lot.

Station : La Chute, d’Al Robertson

Science-fiction. À la fin de la Guerre Logicielle, Jack, soldat augmenté de logiciels de combats – et qui s’était rendu à l’ennemi – est renvoyé chez lui, sur Station, la station spatiale abritant la majeure partie de l’Humanité sous le contrôle de corporations dirigées par des IA. Considéré par la plupart comme un traître et perdant le droit d’usage de son corps sous 3 mois, Jack, ancien enquêteur du fisc, va se replonger dans l’enquête qu’il suivait avant sa conscription, et découvrir que de sacrés jeux de pouvoirs sous-tendent la Guerre et la coexistence des corporations…
Un polar cyberpunk assez original tout en reprenant les codes classiques du polar, ça se lit très bien, on plonge dedans facilement. La fin est un peu forcée, il y a un peu trop les retournements de situation qu’il faut pour que les situations se dénouent, mais le livre est intéressant par ailleurs.

Denise Jones, agente super-héroïque et deux autres nouvelles de John Scalzi.

Trois très courts textes de John Scalzi, offerts par une libraire fort affable. Trois nouvelles de science-fiction humoristique. Une agente qui place des super-héros, une culture de levures pour yaourt qui devient maître du monde, et des interviews sur des animaux extraterrestres. Joue avec les tropes, sympa, mais reste assez anecdotique, notamment parce que se lit très vite, du coup pas le temps de développer grand chose.

Article invité : A Quiet Place, de John Krasinski

Film d’horreur/de SF américain de 2018. L’article est rédigé par OC.

Film d’autant plus décevant que le principe avait l’air extrêmement prometteur (« Ça fait peur et y’a de la langue des signes ») : une famille vit en mode survivaliste (de luxe) dans la campagne américaine, dans un futur proche où des bestioles aveugles mais à l’ouïe très fine repèrent leurs proies (= les humains et, apparemment, les ratons-laveurs) de très loin et les bouffent en moins de temps qu’il ne faut pour dire « hyperacousie ».

On voit donc toutes les stratégies mises en place par la famille pour vivre sans faire de bruit : langue des signes (ce qui est facilité par le fait que l’aînée est sourde – le personnage est d’ailleurs incarné par une comédienne elle-même sourde, ce qui est appréciable), sable ou peinture sur le sol pour atténuer les bruits de pas ou mettre en évidence les planches de l’escalier qui ne craquent pas, communication en morse ou par signaux lumineux, couffin insonorisé pour le bébé à naître… Visuellement c’est plutôt réussi.

En revanche, le scénario est grevé de ficelles tout aussi énormes que les trous, ce qui rend difficile de rentrer totalement dans le film. Classiquement, le scénario repose quasi intégralement sur le fait que les personnages font des trucs idiots (est-il donc à ce point impossible d’imaginer un scénario un peu ambitieux où les gens fonctionneraient de manière un peu rationnelle ?) et qu’ils ne se parlent pas. Là, ça pourrait se justifier en partie par le fait que, bah, les gens ne peuvent pas se parler de vive voix (sinon ils sont morts), sauf que justement le nécessaire silence ne les empêche pas de communiquer de plein d’autres manières. Du coup, il y a un gros déséquilibre entre la mise en place d’un univers assez stylé, plein de trouvailles, et l’utilisation plus que réduite qu’en fait le scénario, qui tient sur pas grand chose.

En ce qui concerne les (très) vilains monstres, il ne faut pas longtemps au/à la spectateurice pour imaginer quelques techniques qui auraient permis de faire diversion, de les attirer dans un piège, ou de réaliser des cachettes sonores. Plusieurs plans s’attardent sur des unes de journaux qui titrent « Rien ne peut les arrêter ! » alors que ce qui les arrête, finalement, est un truc plutôt trivial (à savoir « balancer du son à haute fréquence », ce qui est quand même une technique employée par un certain nombre de municipalités pour faire fuir les jeunes qui font tache dans le paysage urbain bourgeois). Mais bon, du coup le film aurait été un peu court, forcément.

Un autre point qui m’a déçue est le traitement du son au long du film. Certes, je ne l’ai pas regardé dans des conditions excellentes et n’ai peut-être donc pas profité de toutes les subtilités. Certaines choses m’ont parues intéressantes mais pas assez assumées (des scènes perçues du point de vue de la jeune fille sourde où le son est coupé, mais seulement pendant quelques secondes ; la scène très touchante où le cadet crie, profitant du bruit de la cascade, mais qui se transforme en fin de compte en set-up d’une autre scène avec la mère). D’autres choses sont franchement vues et revues (enfin… entendues et ré-entendues ?). Je pense notamment aux cris et grognements des méchants monstres qui m’ont évoqués… tous les cris et grognements de tous les méchants monstres dans tous les films américains. Pour moi, aucun sound design un peu original, alors que ce film était l’occasion de faire quelque chose de génial.

Je finirai en parlant la morale sous-jacente du film, et notamment les représentations genrées (puisque c’est ça qui m’intéresse dans la vie, avec les autobiographies de mathématicien-nes). Sur ce point, je suis assez partagée. Le fonctionnement de la famille est ultra patriarcal : le père gère les aspects techniques et technologiques, la chasse, la protection physique de la famille. La mère s’occupe de la santé, de la lessive, de la nourriture, du soin émotionnel. Cette répartition (appuyée de manière lourdingue) est perpétuée par le père, qui oblige son fils à l’accompagner à la pèche alors que ce dernier n’en a aucune envie, et refuse à sa fille d’y aller alors qu’elle en meurt d’envie. De ce point de vue, le positionnement des enfants opère une remise en question du modèle parental : le garçon exprime ses émotions, fait preuve de sensibilité et aide à rétablir les liens affectifs brisés, la fille est bricoleuse et butée. A la fin, c’est la fille qui trouve la solution pour se débarrasser des monstres, soulignant au passage que son père était bien bête de lui interdire l’accès à son atelier car la solution était là depuis l’début. Je pense (j’ose espérer) que c’est l’un des buts du film : un semi-bon point, donc. M’enfin le modèle qui perdure c’est quand même l’autarcie du noyau familial hétéro et la puissance de la carabine face à l’envahisseur. Politiquement (quand par ailleurs on peut déceler un positionnement plutôt pas mal) c’est assez limité, voire un peu craignos.

et puis j’ai pas eu peur :(

The Handmaid’s Tale

Série adaptée du roman éponyme de Margaret Atwood. C’est très bien fait, c’est glaçant, c’est à voir, mais faut être bien accroché (much much violence psychologique). La série a été renouvelée pour une saison 2, mais la 1 couvre l’intégralité du bouquin, je me demande ce que ça va donner.

Saison 2 :

Ça part un peu dans tous les sens, c’est dommage. Y’a des pistes narratives (l’exfiltration de June) qui sont lancées mais la série décide finalement de les annuler au bout de quelques épisodes pour revenir au statu quo, c’est assez frustrant. Y’a aussi des trucs qui tournent en rond sans que tu saches où ça va : tout ce qui est montré aux Colonies notamment. Oui, ok, et ? Fort agacé aussi 16par le fait que la série a piétiné pendant toute la saison et tout d’un coup il se passe plein de trucs pendant le final juste pour te faire des cliffhangers d’ici la prochaine saison. Surtout des cliffhangers qui n’ont aucun sens comme la décision de June de ne pas partir…
Il y a aussi des trucs intéressants par ailleurs : l’attentat, les tentatives de relations internationales de Gilead, les évolutions de Serena, et la façon dont est mis en scène l’accouchement de June.

Et je suis d’accord avec cet article de The Cut qui explique que la série dans cette seconde saison utilise les violences envers les femmes pour être plus edgy, montrant explicitement les actes de violence plutôt que de se concentrer sur les mécanismes qui peuvent mener à l’acceptation ou à la résistance envers le nouveau régime.

Pacific Rim II: Uprising, de Steven S. DeKnight

Sympathique. Rien d’incroyable mais je l’ai trouvé plus réussi que le premier, le personnage de John Boyega est vachement cool. J’ai préféré la présentation de l’équipe de scientifique dans cet opus que dans le précédent. Le concept de la fusion Kaiju/Jaeger est assez cool, ainsi que les Jaeger recréé depuis les parties des Jaeger détruits, même s’ils auraient pu davantage insister sur le rafistolage dans leur esthétique (là on a l’impression qu’ils ont pris le temps de remettre une couche de peinture dessus à la fin. De façon générale pour moi les Jaeger sont trop esthétiques, ils seraient plus « crédibles » (ouais, j’ose utiliser « crédible » pour parler d’éléments de Pacific Rim) s’ils étaient un peu plus bruts de décoffrage, en métal brut avec les rivets visibles par ex).

The Last Jedi, de Rian Johnson

C’était joli, mais c’était long. De très beaux trucs visuels (le combat sur la planète avec des cristaux de sel rouge), mais pas grand chose qui se passe.

Un truc qui me frappe au passage dans cet épisode, c’est l’absence totale de gens pas impliqués directement dans le conflit : à trois gamins logeant dans une écurie près, les seuls civils que l’on voit ce sont des vendeurs d’armes, montrés comme riche et décadent. Dans les deux premières trilogies on voyait des planètes pas totalement désertes (Tatooïne, Coruscant, Bespin…) avec des gens qui vivaient leur petite vie civile, en composant plus ou moins avec qui l’Empire, qui la Fédération du commerce. Un effet lié à ça, c’est qu’on se retrouve avec une résistance qui a l’air totalement inexistante : à la fin du film, « la Résistance » c’est une grosse dizaine de personnes. Dans la trilogie originale tu avais une Résistance assez forte mine de rien, s’appuyant sur des systèmes entiers qui lui fournissait de l’appui logistique. Là que dalle, c’est une poignée de clampins coupée de tout et tou⋅te⋅s.

Et puis beaucoup de retournement/contre-retournement de situation (Luke est mort/non il était pas là/mais en fait il est mort quand même, Kylo est gentil/non il est méchant/non il se retourne contre son maître/mais c’est pour prendre sa place…) qui rallonge un peu inutilement l’histoire. Bref, un peu trop boursouflé comme film, less is more.