Film suédois de 2018. C’était vachement bien et original, et ça dure 1h45, je vous recommande de le voir sans plus d’informations dessus.
Continuer la lecture de Gräns, d’Ali AbbasiLe Discours, de Fabrice Caro
Court roman français. Adrien participe à un dîner de famille chez ses parents. Il a envoyé avant d’arriver un texto sans réponse à sa copine avec qui ils sont « en pause », et au début du repas, le copain de sa sœur lui demande de faire un discours pour le mariage. On suit le discours intérieur d’Adrien tout au long du repas, alors que l’absence de réponse de Sonia et l’absurdité de la vie humaine le dépriment de plus en plus, qu’il se remémore sa relation, et qu’il imagine différentes amorces de discours tout en tentant de suivre la conversation autour de la table.
Ça se lit très vite et c’est exactement dans la même veine que toutes les BDs de Fabcaro, avec la tendance des personnages à prendre tout sur le mauvais niveau de lecture et à faire de grands non-sequitur.
Éloge de la Plante, de Francis Hallé
Essai de botanique. Francis Hallé détaille les grandes lignes du fonctionnement des plantes, et surtout les différences entre les fonctionnements animaux et végétaux. Il déplore que la botanique et la biologie plus largement souffrent d’un certain zoocentrisme de la part des chercheurs, conduisant à vouloir calquer certains mécanismes végétaux sur ce qui a été étudié plus en détail chez les animaux, et à considérer que les animaux font mieux/sont plus évolués/plus adaptés.
Au contraire, pour lui la vie végétale montre une inventivité et une variabilité incroyable pour s’adapter aux conditions environnementales, là où les animaux se contentent de se déplacer. De façon générale, il base son livre sur plusieurs dichotomies fondamentales entre animaux et végétaux :
- La vie fixée vs la vie mobile. La plante reste sur place, se déploie dans l’espace pour exploiter une énergie ubiquiste mais faible (le rayonnement solaire), les animaux se déplacent et vont acquérir d’un seul coup de l’énergie concentrée.
- Le niveau auquel on définit un individu. Pour lui considérer l’arbre comme un individu est un zoocentrisme : l’arbre est potentiellement immortel, son génome n’est pas unitaire, il y a potentielle compétition interne, différentes lignées de méristèmes assurent une réitération et une reproduction : Les plantes peuvent être considérées comme des êtres coloniaires que comme des individus. Il fait d’ailleurs des comparaisons intéressantes avec les coraux (formes de vies animales coloniaires et fixées), les insectes sociaux et les cristaux (pour la réitération de la structure à partir d’unités simples au vu de certaines contraintes extérieures)
C’était fort intéressant (et très bien vulgarisé, c’est lisible sans bases en biologie, tout est réexpliqué), je ne suis pas toujours fan de son style d’écriture, mais les idées développées sont super intéressantes.
They Live, de John Carpenter

Film de science-fiction de 1988. Un ouvrier acquiert par hasard des lunettes lui permettant de voir la propagande dissimulée dans la publicité et les extraterrestres dissimulés parmi la classe dominante.
C’était un film emblématique des années 80s que je voulais voir depuis longtemps. Superbe intro, super musique. Une scène de bagarre incroyable. Un sous-texte (enfin un surtexte, il est très peu subtil) de lutte des classes. Un personnage féminin intéressant. Par contre clairement trop de flingues et de tentatives de régler les problèmes avec.
Je recommande, c’est un truc à avoir vu.
The Dispossessed, d’Ursula K. Le Guin
Roman de science-fiction de 1974. L’autrice expose le fonctionnement d’une société anarchiste via le point de vue d’un de ses membres, Shevek, un physicien frustré par certain des immobilismes de son monde. Il rentre en contact avec le monde jumeau et capitaliste pour des échanges scientifiques, et les contrastes entre les deux mondes permettent de mettre en lumière ce qui fonctionne ou non dans le monde anar. C’est essentiellement de la socio-fiction. Le fonctionnement du monde est très intéressant. Le Guin montre aussi qu’il ne suffit pas de décréter qu’un monde est anarchiste et d’avoir fait la Révolution à un moment dans le passé pour que tout ce passe bien : les organisations et hiérarchie, même informelles, ont tendance à se réétablir si on ne continue pas à les combattre. La révolution est un mouvement, pas un événement.
Très bon roman, super original, il est cependant dommage d’avoir uniquement le point de vue de Shevek, qui se révèle excellent penseur de l’anarchisme en plus de physicien de génie : ça fait quand même retour en force du Grand Homme ; alors que tout le livre dénonce ça par ailleurs.
Continuer la lecture de The Dispossessed, d’Ursula K. Le GuinLa Terre et le Sang, de Julien Leclercq
Film d’action sorti par Netflix ce mois-ci. Le butin en cocaïne du braquage d’une gendarmerie est confié par un des braqueurs à son frère réticent, qui le planque dans la scierie où il est en réinsertion. Le commanditaire du braquage débarque avec son gang à la scierie pour récupérer la drogue.
Le film dure 1h20, c’est bien, je trouve qu’on fait trop peu de films concis ces temps-ci. J’ai trouvé les images très belles. La scène d’ouverture dans la voiture sous la pluie est très réussie. Les plans sur le travail à la scierie avant que l’action ne débarque sont super aussi. De façon générale le lieu est très bien filmé, c’est cool d’avoir ce genre d’endroits rarement filmés à l’écran.
Par contre je trouve que ce n’est pas très bien joué, surtout au début ; une fois que la tension prend il n’y a plus trop de dialogue, et c’est surtout ça qui péchait. Le seul rôle féminin ne sert pas à grand chose, ça c’est dommage. Un point scénaristiquement intéressant c’est que les dealeurs tentent par deux fois de négocier la situation, c’est le patron de la scierie qui choisit de régler la situation par la violence. Mais à part ce point, les personnages de dealeurs sont assez clichés.
Globalement, plein d’éléments intéressants, mais il manque un truc pour que le film prenne vraiment.
Frostpunk, de 11 bit studios
Jeu de gestion de ressources à l’échelle d’une ville. Le monde connaît un âge glaciaire imprévu à l’époque victorienne. L’Angleterre décide d’établir des cités colonies au pôle Nord, ou les écosystèmes sont a priori déjà adaptés, dans l’espoir de réussir à préserver la civilisation. On joue une de ces colonies, qui doit s’organiser pour maintenir à tout prix le générateur au charbon en son centre en état de fonctionner, alors que les températures baissent de plus en plus. On développe un arbre des technologies, on peut explorer le monde autour de nous, accueillir des réfugiés, étendre la ville, exploiter le charbon et le bois autour de nous, construire des bâtiments spécifiques permettant de débloquer de nouvelles capacités…
Ce qui est intéressant c’est que c’est du développement dans un contexte où on sait que ça va mal se passer, l’objectif est que ça se passe le moins mal. La façon dont les créateurs ont développé leurs scénarios (parce que c’est pas comme SimCity un truc paisible, on a des événements qui se passent qui influent sur notre ville et nos capacités) est assez intéressante (Cet article en parle bien, avec logiquement des spoilers), et l’idée de devoir naviguer un chemin étroit entre faire des sacrifices pour survivre et devenir des connards égoïstes. Et sans surprise j’aime beaucoup l’esthétique steampunk du jeu.
Je recommande, si la gestion de ressource c’est votre truc de base.
Little Inferno, de Tomorrow Corporation
Un jeu par le même studio indépendant que World of Goo, 7 Billion Humans et Human Resources Machine. C’est assez court – je l’ai fait en 4h – et basique : on est devant une cheminée, on peut brûler des objets pour récolter des pièces et acheter plus d’objets. Si on fait des combos prédéfinis, on peut récolter des timbres, accélérant la livraison des objets. Ce qui est intéressant c’est l’histoire autour :
Continuer la lecture de Little Inferno, de Tomorrow CorporationConfinement et conséquences
Well well well, here we are again. Un événement bouleversant, et mon mécanisme de vouloir lire tout ce qui est publié sur le sujet pour tenter de mieux comprendre se réactive.
Je vais recenser ici les liens et textes que je trouve les plus intéressants, histoire que ça ne reste pas que dans ma tête. Je vais publier en l’état, actualiser au fur et à mesure, et potentiellement remanier l’article pour faire des catégories, rajouter mon ressenti personnel de la situation.
Sur l’épidémie elle-même :
- Quelques pensées sur Covid-19, de David Madore.
Parenthèse : Je ne vais pas faire le détail précis de comment j’ai chronologiquement intégré des informations sur la pandémie, c’est pas le truc le plus intéressant du monde, même si je dois pouvoir retrouver des logs irc où on fait des blagues référençant le strip d’xckd sur le foreshadowing avec une amie en janvier à propos des articles sur les cas en Chine. Mais c’est à partir de la lecture de l’article de Madore ci-dessus, que j’ai commencé à vraiment passer en mode « ok faut que je comprenne ce sujet et ses implications ». De manière plus générale, je suis assez impressionné par la capacité de Madore de parler de plein de sujets, de développer sa réflexion dessus par écrit d’une façon accessible, et de parler de ses sentiments aussi ouvertement. Fin de la parenthèse (si seulement on avait des signes typographiques pour signaler les ouvertures et fermetures de parenthèses !). - Past Time to Tell the Public: “It Will Probably Go Pandemic, and We Should All Prepare Now”, de Virology Down Under. Cité dans l’article de Madore ci-dessus, et qui était très clair et très utile en temps de préparation de la crise, pour réfléchir à quoi faire pour anticiper une quatorzaine en cas d’infection. Ça s’est révélé aussi pertinent pour anticiper un confinement.
- Coronavirus : « l’origine de l’épidémie de Covid-19 est liée aux bouleversements que nous imposons à la biodiversité », une interview de Philippe Grandcolas, écologue, sur Le Monde. (AJOUT 05/04). Et sur le même sujet, avec des éléments en commun entre les deux textes, Coronavirus : la dégradation de la biodiversité en question, un second article du Monde reprenant une tribune du New York Times.
- « Ce n’est pas le niveau de soins qu’on est en droit d’attendre en France » : interview de Wilfrid Sammut, médecin du SAMU, par Les Jours. Une description du dénuement dans lequel opèrent les hôpitaux en ce moment et des décisions qu’ils ont a prendre. De façon générale la couverture de la pandémie par Les Jours est très bien, si vous cherchez un média à soutenir je vous recommande celui là. (AJOUT 04/04)
- « Il faut cartographier les cas de porteurs du virus et renforcer la surveillance là où existent des clusters », sur le Monde : une interview d’un médecin parasitologue/épidémiologue sur la suite de la gestion de de l’épidémie d’un point de vue sanitaire (AJOUT 09/04)
- Coronavirus en France : « En matière de prévention, nous ne sommes pas à la hauteur de l’épidémie », le Monde aussi : une interview d’un autre épidémiologue. Pour lui l’ensemble de l’effort de prévention, sous la forme du confinement, est porté par la population. Il y a un manque flagrant d’action de l’Etat sur ce point, alors que des efforts d’isolation des chaines de transmission et d’isolation des cas en dehors de la cellule familiale devraient être menés. AJOUT 16/04
- Coronavirus : ce que la science ignore encore à l’heure du déconfinement : article du monde sur les incertitudes scientifiques qu’il reste en France au moment du déconfinement, notamment sur des points d’épidémiologie sur lesquels il aurait été plus que pertinent de faire du suivi durant le confinement (AJOUT 12/05)
Sur la gestion de la crise par le gouvernement :
Je suis très en colère contre ce gouvernement. Je veux dire, j’étais déjà bien vénère contre elleux avant le début de la crise sanitaire, mais là on atteint un niveau où ce n’est plus seulement une colère sur le plan intellectuel mais un truc qui vient des tripes. Il y a une arrogance, une nullité dans la communication, un refus de reconnaître leurs erreurs, leur méconnaissance du sujet, qui dans cette situation est criminelle.
- Savoir et Prévoir, sur La vie des Idées : chronologie des connaissances sur la pandémie et actions du gouvernement.
- Un long thread twitter par Maitre Pandaï sur le même sujet, plus récent.
- La France échoue au crache-tests, sur Les Jours. Parle à la fois des différentes stratégies de détection et de lutte contre la propagation de l’épidémie, des (non-)choix du gouvernement sur le sujet, et des contraintes géopolitiques et matérielles sur le sujet (AJOUT 01/04)
- Dans la même veine mais sur le sujet des masques, l’enquête de Mediapart Masques : les preuves d’un mensonge d’État (AJOUT 05/04)
- On navigue à l’aveugle et je vais de plus en plus mal, de David Madore
- Covid-19 : impréparation et crise de l’État, par Olivier Borraz et Henri Bergeron, sur AOC. Comment le Gouvernement a créé des structures ad hoc au dernier moment pour gérer la crise, au lieu de se reposer sur les structures existantes, faisant de l’empilement de structures et créant un besoin de mise en contact, apprivoisement mutuel qui est vraiment pas ce dont on a besoin durant une phase de crise. Ce problème étant directement lié à l’hypercentralisation des instances de décision autour de la figure du Président en France, dans une structure Étatique hiérarchisée et qui n’arrive pas à décentraliser. (AJOUT 02/04)
- Il faut dénoncer l’état d’urgence sanitaire pour ce qu’il est, une loi scélérate, une tribune de Raphaël Kempf dans Le Monde. Sur la question de la restriction des libertés publiques, et de la tendance toujours accrue à transposer ces dispositions d’urgence dans le droit commun.
- Sur la question des trucs pas cool que le gouvernement est en train de pousser, il y a le traçage des personnes pour des raisons sanitaires. Pour le moment c’est annoncé comme volontaire, temporaire et par Bluetooth, mais c’est le genre de saleté qui a tendance à rester en place. Une interview intéressante d’Alexandre Archambault sur le sujet, sur Les Jours : « Une appli du gouvernement, c’est l’État qui entre dans ma vie privée ». Y’a aussi une interview des ministres de la santé et du numérique dans le Monde si vous voulez le point de vue gouvernemental sur le sujet.
- Les Jours toujours, sur le même sujet, avec le point de vue de la Quadrature du Net dans l’article : StopCovid : Questions sur un mouchard de poche. Globalement c’est too little too late comme outil, et c’est sans surprise pousser le solutionnisme technologique et la surveillance globalisé pour des bénéfices sanitaires incertains au mieux. AJOUT 16/04
- Sur le traçage toujours, un white paper de l’ACLU (une note blanche ? Je sais pas comment ça se traduit) sur les différentes formes que ça peut prendre et leur efficacité potentielle. AJOUT 09/04.
- Les Connards qui nous gouvernent, de Frédéric Lordon
- L’urgence d’un autre exercice du pouvoir et L’épidémie grossit à la loupe les failles du pouvoir, sur Médiapart
- « Le gouvernement ne se rend pas compte de l’exposition des ménages modestes à la crise », tribune de Michaël Zemmour sur le Monde
- Un thread de Romain Jeanticou sur la mise en balance de la responsabilité individuelle (dans le respect du confinement) avec la gestion globale par l’État, et le focus qui est fait sur les « mauvais comportements ». AJOUT 08/04
Sur les différences de vécu de l’expérience du confinement, et leurs médiatisations :
- La catastrophe du confinement pour les mal-logés, sur Reporterre.
- Familles en HLM : «Si je craque, je fais craquer tout le monde», sur Libération
- Parodie de journal de confinement :
Confinement et santé mentale :
Santé mentale toujours, un article de La Croix : Confinement : « Il est indispensable de maintenir une sociabilisation ». En résumé, garder une structuration temporelle de la journée, limiter son exposition aux infos sur la pandémie à certaines plages horaires, maintenir une sociabilité sous les formes qu’on arrive à lui faire avoir. AJOUT 16/04
Divers :
- Survivre au virus – une méthode anarchiste, sur Mars-infos auto-organisation face à l’urgence sanitaire
- This Is Not the Apocalypse You Were Looking For, de Laurie Penny, sur Wired
Les représentations culturelles de l’apocalypse ne correspondent en rien à ce qui nous arrive. - Humans are not the virus. Don’t be an ecofascist, sur wearyourvoice.
L’article est intéressant en soi, mais je suis pas convaincu par le terme écofascisme. Jean-Baptiste Fressoz affirme que pendant qu’on fantasme un écofascisme, on est actuellement beaucoup plus sur des dérives autoritaires qui vont de pair avec la promotion de l’industrie lourde, et que la vraie menace reste le thermofascisme. Quand on vous vend parle d’écofascisme, on cherche à trouver des aspects positifs à un fascisme dont le programme sera bien plus le fascisme que l’écologie, et promouvra sans souci l’industrialisation pour ses happy few. Bref c’est du greenwashing du fascisme, rien de plus profond. - Les quatre scénarios pour l’hégémonie politique du «monde d’après» sur Mediapart. Article dense qui explore les possibilités d’évolution politique : néolibéralisme-zombie (on continue comme si de rien n’était avec une couche de santé-washing en plus), néoillibéralisme (plutôt que vraiment du fascisme, qui supposerait d’effacer l’individu derrière l’Etat, un mélange d’individualisme et de démocraties autoritaires), réformisme mou à la PS-EELV (les auteurs parlent de gauche élitaire) ; ou enfin (le plus enthousiasmant mais clairement pas le plus probable) un scénario de gauche inclusive. (AJOUT 29/05)
C’est tout pour le moment, je rajouterai des trucs au fil de mes lectures, et j’essayerai de développer un peu plus mon analyse propre au delà de la liste de liens. On verra.
Under the Skin, de Jonathan Glazer
Assez contemplatif. C’est un film de science-fiction mais assez low-key. Une créature qui à l’apparence d’une femme parcourt les rues de Glasgow et les routes d’Écosse dans un van, drague des hommes et les capture. Au bout d’un moment elle dévie de son pattern. C’est filmé avec lenteur, c’est assez joli, par contre je trouve la symbolique de la femme à la fois prédatrice et sans agency propre assez nulle.