Free Solo, de Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi

Documentaire sur l’ascension d’El Capitan, une paroi rocheuse de 900m à mains nues et sans dispositif de sécurité, par Alex Honnold.

Le film montre la préparation d’Honnold, sa pratique de l’escalade, sa relation à ses proches et sa compagne, sa relation avec l’équipe de tournage. On voit ses incertitudes sur ce projet, la peur de son entourage et celle des réalisateurs, inquiets que la présence des caméras soient une pression supplémentaire sur le grimpeur et qu’ils se retrouvent à assister à et filmer sa chute et sa mort. C’est intéressant en terme d’autoréflexivité, c’est impressionnant en terme d’escalade. On voit Honnold tenter l’ascension une première fois et renoncer à un quart du parcours, ne le sentant pas, avant de retenter quelques mois plus tard et finalement réussir.

Un point sur lequel je suis ambivalent est qu’Honnold n’est pas très sympathique. Le film montre clairement qu’il est totalement dévoré par la passion de l’escalade, qu’il fait tout passer après, et qu’il a du mal avec les relations interpersonnelles et la communication, ce n’est pas mis sous le tapis. Mais en même temps, vu que le sujet principal du film est son exploit sportif, il est assez héroïsé par le dispositif du film, du coup c’est difficile de voir si le film a une position là-dessus.

Perso j’en suis sorti en me disant que ok c’était très impressionnant comme exploit, mais qu’il aurait mieux fait de ne pas le faire, pas dans ces conditions, avec ces impacts sur son entourage. Et euh, faut clairement qu’il réfléchisse à la place qu’il laisse à sa compagne dans sa vie.

Turron d’Arrey

Dernière randonnée avant le confinement. Nous sommes partis à deux au Turron d’Arrey, petit sommet des contreforts pyrénéens, culminant à 1200m. On a commencé par une ascension bien brumeuse, on a rapidement vu juste le chemin, et on est arrivé dans un sommet d’où on ne voyait rien. Puis en redescendant par l’autre côté la brume s’est levée, et là super panorama. Du coup on a pas mal modifié notre trajet en chemin pour aller voir les trucs sympas au loin (enfin au loin mais pas trop).

Aperçu
Dernières terres avant la brume
La suite
Au bord
Turron d’Arrey vu depuis la crête d’à-côté
Les ennuis commencent (on s’est planté de chemin, on a décidé de désescalader un truc super raide)
Turron et verdure

Nous n’irons plus aux urnes, de Francis Dupuis-Déri

Plaidoyer en faveur de l’abstention, comme le dit le sous-titre. Ça part dans pas mal de directions. Les points qui m’ont semblés les plus intéressants que j’en ai retenus :

  • On reproche aux abstentionnistes de risquer de faire élire les mauvais·es candidat·e·s. Ça suppose qu’il y en ait de bons, et c’est quand même un reproche qu’il serait un peu plus pertinent d’adresser aux votant·e·s qui ont fait le choix en question. Au contraire, une forte participation légitime l’élection, du coup l’abstention est tout à fait raisonnable si on considère que tous les choix sont insatisfaisants, et encore plus si on considère que le mécanisme même de l’élection de représentant·e·s à mandat non-impératif n’est pas bon comme système politique (ce qui est très fortement le point de vue de l’auteur : voter une fois tous les 5 ans pour une personne et non un programme, dans un contexte ou l’électabilité est réservée aux classes supérieures, dépend du fait d’avoir de l’argent et est très fortement influencée par une presse détenue par un oligopôle de milliardaires, n’est pas du tout démocratique à son sens, même si tout le monde dans le système se gargarise du mot démocratie. Parler d’aristocratie élective serait plus juste.
  • On est incité depuis l’enfance, avec les élections de délégué·e·s, les Parlements des enfants et autres mesures, à considérer l’élection de représentants comme la bonne façon de gérer une démocratie. Même si on élit dans ce cas des représentants pour de faux, sans pouvoir d’action concret : l’important est d’apprendre à se déposséder du pouvoir politique : à l’échelle d’une classe, pourquoi a-t-on besoin de délégu·e·s ? On peut très bien faire de la démocratie directe avec une assemblée générale sur les heures de vie de classe, pour gérer les questions qui concernent la vie du groupe.
  • On retrouve souvent à gauche l’argument de la double stratégie pour faire changer la société : participer au processus électoral pour avoir une légitimité et faciliter l’installation des idées défendues dans le débat public, et travailler en dehors du processus électoral : grèves, manifestations, autres actions… Les deux allant de concert. Sauf qu’en fait ça ne marche la plupart du temps que dans un seul sens : la participation aux élections voire aux instances de gouvernement prend du temps, de l’énergie, des moyens qui pourraient être consacrés au militantisme plus direct. A l’inverse les partis ou instances gouvernementales soutiennent peu les syndicats et actions qui leur sont extérieurs. En participant aux élections, on les légitime donc sans gagner beaucoup en retour, assez paradoxal quand le but politique de départ était de sortir de la démocratie représentative. FDD donne des exemples de tentative d’entrisme politique par des groupes anarchistes, satiriques ou prônant le vote blanc/nul qui ont plus ou moins bien marché, mais souvent moins, qu’ils se fassent invalider leur candidature, prennent une taule ou finissent par se détourner de leurs objectif initial, avec une personnalisation du pouvoir.

The Room, de Christian Volckman

Film fantastique. Un couple emménage dans une nouvelle maison isolée. Ils y découvrent une pièce qui fait apparaître tout ce qu’ils y demandent. Au début ils se vautrent dans le luxe avec enthousiasme, puis ils demandent un enfant, et là les choses commencent à mal se passer.

J’ai été assez déçu. Il y avait du potentiel, visuellement c’est assez joli, mais le film n’a vraiment rien à raconter. La dynamique du couple est perrave, on est sur des schémas de relations personnelles un peu réac, tu comprends pas les motivations des personnages…
Bref, meh.

La Panthère des neiges de Sylvain Tesson

Je n’ai pas du tout aimé. Le livre raconte comment l’auteur est parti dans l’Himalaya avec un photographe animalier pour pister et voir des animaux sauvages, dont une panthère des neiges qu’ils réussiront à voir 3 fois. Ça pourrait être une belle histoire sur la rencontre Humain/Nature, comme il le dit au début, sauf qu’en fait il passe son temps à namedropper des philosophes sans que ça apporte rien, à étaler sa culture, à faire des remarques sexistes, racistes ou antisyndicalistes. Il est aussi en mode « oh la la regardez comme c’est simple de voir la beauté du monde » alors que rappelons-le, le mec a décidé pour faire ça d’aller dans l’Himalaya pendant plusieurs semaines, pas exactement ce que peut se permettre le/la français·e moyen·ne. Mention spéciale au passage « un chasseur m’a dit que de toute façon j’avais une position de citadin… » [là je me dis que je vais être d’accord avec lui] « … or je revenais justement d’un trek en Afghanistan, clairement c’est moi qui ait la plus grosse légitimité » Merci connard. Bref, je ne recommande pas. J’avais commencé Éloge de la plante en parallèle, je vais aller le finir, ça m’a l’air de pertiner carrément plus sur le rapport à la Nature.

Le Capitalisme paradoxant, de Vincent de Gaulejac et Fabienne Hanique

Essai sur le néolibéralisme et le management en entreprise. La thèse du livre est que ces deux concepts fonctionnent à base d’injonctions contradictoires, qui placent les gens qui les subissent dans la position inconfortable d’avoir à travailler sans pouvoir faire tout ce qu’on leur demande ou sans pouvoir mettre en adéquation la réalité de leur travail avec les descriptions officielles qui en sont faites.

Les injonctions contradictoires les plus classiques :
– Soyez autonomes et exercez votre libre arbitre, mais dans le cadre des valeur et référentiels de la compagnie
– Surpassez-vous en permanence (si c’est permanent on va bien atteindre une limite de ce qu’on peut faire, et what then?)
– Soyez le meilleur, mais dans le cadre d’une collaboration avec les autres (rien que soyez le meilleur, comme injonction adressée à tou.te.s, c’est fort toxique : par définition il ne peut y en avoir qu’un.e)

Dans beaucoup d’organisation modernes, le cadre d’action est défini par un ensemble complexe de référentiels et normes : plus personne n’est responsable, on ne peut pas s’opposer à des décisions personnifiées : d’une part ça enlève la responsabilité juridique, mais aussi ça enlève du pouvoir aux employés, et surtout ça gomme les conflits : ces référentiels sont présentés comme des évidences naturelles et non pas comme la cristallisation d’un processus de décision qui a impliqué des choix et qui avantage certain.e.s. Cette gouvernance est présentée comme neutre alors qu’elle ne l’est pas du tout. On demande une adhésion aux valeurs de l’entreprise plutôt qu’à la figure du Président/Directeur/whatever. On peut même en arriver à vouloir faire fonctionner la boîte malgré des désaccords flagrants avec le PDG/la hiérarchie, parce qu’on a l’impression qu’on est celle/celui qui a mieux compris les valeurs et que ce sera reconnu. Sauf que des valeurs affichés ne représentent pas la réalité de l’action effectuée.
Le langage managérial et les référentiels promeuvent l’efficience et autres valeurs consensuelles (qui peut être contre l’efficience ? Vous voulez que les choses soient inefficaces, vous ?) sans expliciter ce qu’est cette efficience, qui elle arrange, sans permettre la remise en cause des indicateurs de ce que serait l’efficience.

Démultiplication du temps passé en évaluation des activités plutôt que dans les activités elles-même, avec en plus une incitation à déformer la production pour qu’elle aille dans le sens des indicateurs.

Faute de pouvoir être perçus comme dépendant de l’organisation, les conflits qui peuvent surgir sont le plus souvent perçus comme relationnels et interpersonnels (même si ce n’est pas forcément incompatibles, les deux peuvent exister et se nourrir l’un l’autre).

On demande aussi aux manageurs/euses à la fois de s’impliquer totalement dans leur métier, et de ne pas exprimer d’émotions négatives, de ne pas apparaître faibles, de toujours afficher un discours de réussite même s’ils ont sous les yeux une réalité toute autre. Grosses dissonances cognitives en perspectives.

J’ai trouvé ça intéressant. Il n’y a rien de révolutionnaire dans le livre, mais ça articule pas mal d’éléments que j’avais déjà perçu, j’y retrouve beaucoup mon expérience de travail des deux dernières années. Un peu trop psychologisant par moment, mais ça reste circonscrit à de courts passages.

Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul

Weekend à Nantes ! Le temps a été atroce mais on a quand même tenté de se promener un peu dans la ville le samedi entre deux averses et deux interruptions de ligne de bus demandées par la préfecture. On a pu visiter la cathédrale, plutôt jolie et vaste.

Façade de la cathédrale de Nantes
Vitrail moderne
Nef de la cathédrale
Orgue et vitrail
Restauration d’une chapelle latérale
Ornement qui reprend l’aspect d’une des tours (j’aime beaucoup quand les artisans font ça dans les églises, ce petit trip de l’ornement fractal)
Divers vitraux et formes de fenêtres
Bas-relief légendé
Nef et lumière
Vitrail moderne