Toulouse, le retour

J’avais passé un peu de temps à Toulouse il y a 3 ans, en août 2015. J’y suis revenu pour une semaine de vacances entre amis. Nous étions hébergés à l’Union et disposions d’une piscine, nous n’avons donc pas énormément vu Toulouse. Mais nous nous y sommes tout de même promené deux jours, et avons fortement apprécié l’offre de librairies (notamment  Terra Nova, la librairie des gauchistes).

Quelques photos prises au fil des promenades :

Sculpture dans le jardin Compans Caffarelli
Immeuble moderne
Arbre blessé dont on voit le cœur
Immeuble moderne
Toits végétalisés
Street-art : fantôme
Street art : photo collée depuis le point de vue où elle a été prise
Immeuble de briques rouges
Immeuble de briques rouges
Clocher de Saint-Sernin

Au Service de la France, de Jean-François Halin

Série française diffusée sur Arte. Une série qui parle sur un ton humoristique des services secrets français des années 60s, persuadés que la France est la plus grande Nation du monde.

J’ai beaucoup aimé la première saison, passés deux/trois épisodes pour rentrer dans l’esprit. La photographie est très belle, il y a un côté « OSS 117 meets MadMen », la toile de fond des événements historiques de l’époque est bien exploitée, le côté franchouillard et bureaucratisation à l’extrême est réussie, les enjeux et la structure narrative de la saison sont équilibrés.

La saison 2 commençait très bien, avec une plus grande place donnée aux personnages féminins (même si on peut regretter la disparition de l’agent Clayborn, qu’on ne voit que dans l’épisode 1). Mais à mi-saison, je trouve que la tendance s’inverse : la montée en puissance et en temps d’écran du personnage de Marie-Jo laisse la place à sa sexualisation, et l’essentiel des actions des personnages tourne autour d’enjeux internes au Service, sans qu’ils se positionnent sur les crises qui touchent la France et le monde (typiquement « quoi, il y a eu un attentat sur le Général de Gaulle ? Ça m’embête bien parce que je voulais lui parler d’un problème administratif », de la part du directeur des Services Secrets…)
Et autant je trouve que la série sait être équilibrée entre humour et contexte historique dans sa représentation des enjeux de la Guerre d’Algérie, autant dans sa représentation de l’URSS c’est assez baroque. Globalement je trouve que la saison 2 peine beaucoup plus à trouver son ton entre son intrigue sérieuse et ses moments de  comédie.

Dans l’ensemble j’ai passé de bons moments devant la série, des personnages et des scènes sont très bien trouvés même si la série peut patiner un peu par moment, je recommande.

Éclaircir les Ténèbres, de Nicolas Bouchard

Le pitch était joli : en 1640, des phénomènes inexpliqués frappent une petite vallée du Jura. Le cardinal de Richelieu envoie sur place une troupe de mercenaires, dont René Descartes,pour faire la lumière sur les événements mystérieux.

Sauf que bon. Les personnages sont tous très clichés : les mercenaires au grand cœur, le philosophe pragmatique enquêteur à la Sherlock Holmes, les méchants très très méchants sans que l’on sache pourquoi, les persos féminins sans grand intérêt… Et au final les phénomènes inexpliqués sont bien dus à des puissances magiques avec une explication vaseuse de pourquoi elles se manifestent, du coup tu comprends pas trop pourquoi on a voulu te vendre Descartes et la méthode scientifique là dedans.

Bref, je ne recommande pas.

Ernest et Célestine, de Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier

Film d’animation français.

Deux mondes qui vivent en parallèle, celui des ours et celui des souris. Les souris se glissent la nuit chez les ours pour récolter des dents, mais chaque espèce est terrifiée par l’autre. Une nuit, une souris plus téméraire que les autres va s’allier avec un ours misanthrope (misursin ?). Poursuivi par les polices des deux espèces, ils vont hiverner isolés de tout pour faire de la musique et du dessin. Mais avec le printemps, le monde extérieur les rattrape…

C’était très sympa, très beau (dessins à l’aquarelle), ça aurait pour être tourné sur un mode épique (typiquement ça ferait un bon scénar de film young adult), mais là c’est traité de façon plus paisible. Y’a aussi un petit message « ordre établi, police partout, justice complice » qui est intéressant.

Je recommande.

Denise Jones, agente super-héroïque et deux autres nouvelles de John Scalzi.

Trois très courts textes de John Scalzi, offerts par une libraire fort affable. Trois nouvelles de science-fiction humoristique. Une agente qui place des super-héros, une culture de levures pour yaourt qui devient maître du monde, et des interviews sur des animaux extraterrestres. Joue avec les tropes, sympa, mais reste assez anecdotique, notamment parce que se lit très vite, du coup pas le temps de développer grand chose.

La Femme gelée, d’Annie Ernaux

C’était vachement bien. Livre sur l’enfance, les années d’études et le début du mariage d’une femme française des 30 Glorieuses. Sur sa perception des différences genrées, de la position spécifique de sa famille (où les tâches quotidiennes ne sont pas réparties comme habituellement selon les genre notamment parce que ses parents tiennent un petit commerce). Parle de son attirance pour les garçons, ses relations avec d’autres filles, les injonctions à certains comportements qu’elle reçoit du monde extérieur, comment elle s’y plie plus ou moins, comment son mariage et ses enfants modifient sa vie malgré sa volonté d’éviter ça.

Le style d’écriture est assez prenant, avec des retours en arrière quand elle décrit quelque chose de façon péremptoire (pour dire, « bon là j’ai dit ça comme si c’était une vérité absolue en laquelle j’ai toujours cru, mais en fait… »), le signalement du fait qu’elle pense d’une telle façon maintenant mais qu’à l’époque ce n’était pas du tout des éléments qu’elle prenait en compte…

Grosse recommandation.

Article invité : A Quiet Place, de John Krasinski

Film d’horreur/de SF américain de 2018. L’article est rédigé par OC.

Film d’autant plus décevant que le principe avait l’air extrêmement prometteur (« Ça fait peur et y’a de la langue des signes ») : une famille vit en mode survivaliste (de luxe) dans la campagne américaine, dans un futur proche où des bestioles aveugles mais à l’ouïe très fine repèrent leurs proies (= les humains et, apparemment, les ratons-laveurs) de très loin et les bouffent en moins de temps qu’il ne faut pour dire « hyperacousie ».

On voit donc toutes les stratégies mises en place par la famille pour vivre sans faire de bruit : langue des signes (ce qui est facilité par le fait que l’aînée est sourde – le personnage est d’ailleurs incarné par une comédienne elle-même sourde, ce qui est appréciable), sable ou peinture sur le sol pour atténuer les bruits de pas ou mettre en évidence les planches de l’escalier qui ne craquent pas, communication en morse ou par signaux lumineux, couffin insonorisé pour le bébé à naître… Visuellement c’est plutôt réussi.

En revanche, le scénario est grevé de ficelles tout aussi énormes que les trous, ce qui rend difficile de rentrer totalement dans le film. Classiquement, le scénario repose quasi intégralement sur le fait que les personnages font des trucs idiots (est-il donc à ce point impossible d’imaginer un scénario un peu ambitieux où les gens fonctionneraient de manière un peu rationnelle ?) et qu’ils ne se parlent pas. Là, ça pourrait se justifier en partie par le fait que, bah, les gens ne peuvent pas se parler de vive voix (sinon ils sont morts), sauf que justement le nécessaire silence ne les empêche pas de communiquer de plein d’autres manières. Du coup, il y a un gros déséquilibre entre la mise en place d’un univers assez stylé, plein de trouvailles, et l’utilisation plus que réduite qu’en fait le scénario, qui tient sur pas grand chose.

En ce qui concerne les (très) vilains monstres, il ne faut pas longtemps au/à la spectateurice pour imaginer quelques techniques qui auraient permis de faire diversion, de les attirer dans un piège, ou de réaliser des cachettes sonores. Plusieurs plans s’attardent sur des unes de journaux qui titrent « Rien ne peut les arrêter ! » alors que ce qui les arrête, finalement, est un truc plutôt trivial (à savoir « balancer du son à haute fréquence », ce qui est quand même une technique employée par un certain nombre de municipalités pour faire fuir les jeunes qui font tache dans le paysage urbain bourgeois). Mais bon, du coup le film aurait été un peu court, forcément.

Un autre point qui m’a déçue est le traitement du son au long du film. Certes, je ne l’ai pas regardé dans des conditions excellentes et n’ai peut-être donc pas profité de toutes les subtilités. Certaines choses m’ont parues intéressantes mais pas assez assumées (des scènes perçues du point de vue de la jeune fille sourde où le son est coupé, mais seulement pendant quelques secondes ; la scène très touchante où le cadet crie, profitant du bruit de la cascade, mais qui se transforme en fin de compte en set-up d’une autre scène avec la mère). D’autres choses sont franchement vues et revues (enfin… entendues et ré-entendues ?). Je pense notamment aux cris et grognements des méchants monstres qui m’ont évoqués… tous les cris et grognements de tous les méchants monstres dans tous les films américains. Pour moi, aucun sound design un peu original, alors que ce film était l’occasion de faire quelque chose de génial.

Je finirai en parlant la morale sous-jacente du film, et notamment les représentations genrées (puisque c’est ça qui m’intéresse dans la vie, avec les autobiographies de mathématicien-nes). Sur ce point, je suis assez partagée. Le fonctionnement de la famille est ultra patriarcal : le père gère les aspects techniques et technologiques, la chasse, la protection physique de la famille. La mère s’occupe de la santé, de la lessive, de la nourriture, du soin émotionnel. Cette répartition (appuyée de manière lourdingue) est perpétuée par le père, qui oblige son fils à l’accompagner à la pèche alors que ce dernier n’en a aucune envie, et refuse à sa fille d’y aller alors qu’elle en meurt d’envie. De ce point de vue, le positionnement des enfants opère une remise en question du modèle parental : le garçon exprime ses émotions, fait preuve de sensibilité et aide à rétablir les liens affectifs brisés, la fille est bricoleuse et butée. A la fin, c’est la fille qui trouve la solution pour se débarrasser des monstres, soulignant au passage que son père était bien bête de lui interdire l’accès à son atelier car la solution était là depuis l’début. Je pense (j’ose espérer) que c’est l’un des buts du film : un semi-bon point, donc. M’enfin le modèle qui perdure c’est quand même l’autarcie du noyau familial hétéro et la puissance de la carabine face à l’envahisseur. Politiquement (quand par ailleurs on peut déceler un positionnement plutôt pas mal) c’est assez limité, voire un peu craignos.

et puis j’ai pas eu peur :(

The Handmaid’s Tale

Série adaptée du roman éponyme de Margaret Atwood. C’est très bien fait, c’est glaçant, c’est à voir, mais faut être bien accroché (much much violence psychologique). La série a été renouvelée pour une saison 2, mais la 1 couvre l’intégralité du bouquin, je me demande ce que ça va donner.

Saison 2 :

Ça part un peu dans tous les sens, c’est dommage. Y’a des pistes narratives (l’exfiltration de June) qui sont lancées mais la série décide finalement de les annuler au bout de quelques épisodes pour revenir au statu quo, c’est assez frustrant. Y’a aussi des trucs qui tournent en rond sans que tu saches où ça va : tout ce qui est montré aux Colonies notamment. Oui, ok, et ? Fort agacé aussi 16par le fait que la série a piétiné pendant toute la saison et tout d’un coup il se passe plein de trucs pendant le final juste pour te faire des cliffhangers d’ici la prochaine saison. Surtout des cliffhangers qui n’ont aucun sens comme la décision de June de ne pas partir…
Il y a aussi des trucs intéressants par ailleurs : l’attentat, les tentatives de relations internationales de Gilead, les évolutions de Serena, et la façon dont est mis en scène l’accouchement de June.

Et je suis d’accord avec cet article de The Cut qui explique que la série dans cette seconde saison utilise les violences envers les femmes pour être plus edgy, montrant explicitement les actes de violence plutôt que de se concentrer sur les mécanismes qui peuvent mener à l’acceptation ou à la résistance envers le nouveau régime.

Lo Chiamavano Jeeg Robot, de Gabriele Mainetti

Film italien de 2015. Un petit délinquant romain acquiert une force surhumaine après avoir été en contact avec un produit radioactif. Il commence par s’en servir pour faire des braquages faciles, sans rien changer à son style de vie (il achète juste une plus grosse télé et rempli son frigo de Danettes). Mais il rencontre une fille obsédée par le dessin animé Jeeg robot d’acier, qui est persuadé qu’il en est le héros et qu’il doit réaliser son destin de protecteur de l’Humanité…

J’ai beaucoup aimé. C’est une origin story de super héros ultra classique (avec les défauts du genre, comme l’intérêt amoureux qui meurt pour donner au héros une raison de se battre), mais c’est intéressant d’en avoir une version pas américaine. C’est très bien filmé, l’action se passe dans les banlieues défavorisées de Rome, le héros est un anti-héros très classique (sa rédemption finale est un peu trop rapide pour être crédible), et mention spéciale au personnage du Gitan, méchant particulièrement réussi.

(J’ai cru que je pourrais voir le film en italien sous-titré italien mais que dalle. Entre le parler populaire, les gens qui parlent vite et les romanismes, j’ai très vite abandonné pour des sous-titres fr)

Gorge de Kakuetta et sommets pyrénéens

Randonnée avec deux de mes colocataires. Nous sommes allés visiter la Gorge de Kakuetta, un canyon creusé par un torrent de montagne. Le site est magnifique, accès payant qui sert à entretenir les aménagements, à un tarif très raisonnable et largement justifié. La randonnée elle-même était courte (3h en tout en comptant les pauses), mais on a un peu vu du Béarn et du Pays Basque en se rendant sur le site. Après la randonnée nous sommes montés à la frontière (dans l’espoir déçu de trouver du chocolat à des prix ridicules), changement instantané d’atmosphère. Nous nous sommes retrouvés dans la brume sur des prairies rases, entre des vaches et des troupeaux de moutons, dans une atmosphère que j’aurai davantage associé à l’Irlande qu’à l’Espagne.

Végétation surplombant le canyon
Ponts
torrent et végétation ensoleillée
Dans le canyon
Écoulements
gorge étroite
Canyon et promenade aménagée
Lac en sortie du canyon
Pyrénées embrumées
Prairies de crète
Brume sur la frontière