Récit autobiographique sur le rapport de Rochette à l’alpinisme et au dessin. Ses premières émotions face à la montagne, ses excursions alpinistes avec divers camarades, les succès, les accidents, les défis idiots, l’envie d’en faire son métier ou non, les tiraillements avec d’autres occupations…
C’est une belle (et épaisse) BD qui vaut carrément le coup.
Bad Times at the El Royale, de Drew Goddard
Dans les années 70, 5 personnes se retrouvent dans un hôtel sur le déclin situé à cheval sur la frontière Nevada/Californie. Chacun.e cache un secret, qui va être révélé au fur et à mesure de l’avancée du film, avec des flashback et des twists.
J’ai bien aimé. Le film n’invente rien mais il est de très bonne facture, avec une palanquée d’acteurices connus et doués. Le côté film d’époque est bien mis en scène avec tous les marqueurs qui vont bien (architecture, guerre du Vietnam, actualité sociale). Le film aurait pu être plus court par contre, 2h20 c’est long et certaines révélations/retournements sont un peu gros (mais on reste accroché, contrairement à Avengers par exemple).
La Communication non-violente, de Marshall D. Rosenberg
Court livre sur les principes de la communication non-violente. Pas convaincu par la forme du livre, et ça mériterait plus de contexte sur quand il est pertinent ou non d’utiliser ce type de communication spécifiquement (typiquement, ça suppose de la bonne volonté de la part des deux interlocuteurs et des intérêts de long terme convergent, c’est pour améliorer la communication avec vos proches, pas dans les négociations salariales. En gros si tu précises pas les limites d’applicabilité ça devient un concept fortement centriste où le seul problème c’est de mettre tous les éléments sur la table et ensuite un compromis entre gens raisonnables et une solution optimale pour tou.te.s peuvent toujours être trouvés).
Cela dit, les principes présentés sont intéressants :
– Bien distinguer l’énonciation de faits de l’énonciation d’opinions sur ces faits, pour séparer le subjectif de l’objectif dans le discours.
– Expliciter son ressenti sous forme de sentiments précis (et qui soient des sentiments, pas une interprétation du comportement des autres : « je me sens incompris » ça marche pas, « je me sens en colère/triste parce que j’ai l’impression de ne pas être compris » oui), et en exposant ce qui a provoqué ce sentiment (la partie « parce que je ». L’auteur insiste sur le fait que le « parce que » doit être suivi de « je » : on est dans les opinions, on reste à parler de son ressenti.)
– Expliciter ce qu’on demande aux autres/ce qu’on attend d’eux, en étant le plus précis possible (ne pas dire « je voudrais que tu passes moins de temps au boulot » pour « je voudrais qu’on passe plus de temps ensemble »). Après je suis d’accord que c’est bien d’expliciter et d’être clair, mais c’est volontairement ignorer qu’il y a plein de motifs de communication qui par politesse/convention passent par de l’implicite et du sous-entendu.
– Enfin, accepter que les gens puissent ne pas répondre positivement à notre demande parce qu’ils ne sont pas en état de le faire (et c’est là où pour moi du coup ça limite vachement le contexte dans lequel c’est applicable en nécessitant que les deux interlocuteurs soient de bonne foi à la base).
The Sword of Winter, de Marta Randall
Bouquin de fantasy écrit en 83. Le seigneur de Jentisi, un des comtés les plus puissants de Cherek, se meurt. Ses vassaux ont été convoqués à la capitale pour désigner son successeur, ainsi que les représentants des Guildes de Cherek. Lyeth, la Messagère personnelle du Seigneur, se retrouve au milieu de ce panier de crabes, à ne vouloir qu’une chose : que le seigneur meure au plus vite, afin que son service prenne fin, et que la Guilde des Messagers la réaffecte ailleurs, le plus loin possible de Jentisi, où le rôle des Messagers a été complètement dévoyé.
Le début est un peu lent, mais on se laisse prendre à l’histoire de ce monde qui sort lentement de son Moyen-Âge, avec un télégraphe qui relie progressivement les provinces centrales, un chemin de fer entre deux villes, mais en même temps un féodalisme qui reste marqué, et une tentation d’en revenir aux « bonnes vieilles traditions ». L’univers est cool, mais l’histoire racontée au milieu n’est pas très originale, avec un personnage principal qui est intéressante mais qui en 6 jours s’attache à mort à un gamin random de façon franchement pas crédible.
Qui a tué mon père, d’Edouard Louis
Court livre d’Edouard Louis sur l’évolution de sa relation avec son père, l’impact des choix politiques français sur le quotidien de sa famille et la souffrance physique de son père. J’ai pas été très pris par l’écriture.
Une vie en l’air, de Philippe Vasset
Du Philippe Vasset classique. Il raconte son enfance et son âge adulte influencé par l’infrastructure désaffectée du monorail de l’aérotrain dans la Beauce. Il raconte ses journées passées dessus à regarder bouger le monde, l’influence de cette construction totalement inutile mais beaucoup trop chère à détruire sur son paysage mental, ses tentatives de se l’approprier (figurativement et littéralement) par diverses approches, les fantasmes et évocations d’une France futuriste que ça évoquait en lui enfant, le rapport à son écriture et ses processus créatifs. J’ai lu le livre d’une traite et j’ai beaucoup aimé, on dirait du Bellanger moins déprimé.
Le Retour du Héros, de Laurent Tirard
Comédie historique française. A l’orée des guerres napoléoniennes, un capitaine de l’armée se fiance avec Pauline Beaugrand. Il est mobilisé juste après, et Pauline, sans nouvelles, dépérit. Sa sœur Elisabeth décide alors d’écrire des lettres au nom du capitaine, auquel elle invente une vie rocambolesque et héroïque, avant de le faire mourir dans des circonstances tragiques. Mais plusieurs années après, le capitaine réapparaît et s’il est bien loin d’être à la hauteur de la réputation qui lui a été taillée par Elisabeth, il est bien décidé à en tirer tout ce qu’il en peut.
C’est sympa. Une bonne comédie française, un peu à la Jane Austen, avec ses costumes et son héroïne volontariste. Les deux rôles principaux écrasent un peu tous les autres cependant. Le film aurait pu éviter la romance finale entre les deux, même si elle reste très annexe par rapport au reste du film. J’ai passé un bon moment devant.
Feuillets de cuivre, de Fabien Clavel
Enquêtes policières feuilletonnesques au début du XXe siècle dans un univers discrètement steampunk avec des influences vernesques. Je suis vraiment pas convaincu par les bouquins de Clavel, ce qui est dommage parce qu’il a des critiques (et une postface/préface) dithyrambiques et qu’il écrit dans des genres que j’aime bien. Mais à la lecture je trouve ça banal voire convenu.
Il miracolo, de Niccolò Ammaniti
Série italienne de 2018. Lors d’une descente de police chez un mafieux, l’unité de l’armée qui intervient découvre une statue en plastique de la Vierge qui pleure des larmes de sang, 9 litres par heure. Il n’y a pas de truc, il n’y a pas d’explication physique raisonnable, c’est un miracle. Un miracle que le général d’armée en charge de l’intervention met au secret, informant juste le premier ministre. Premier ministre qui n’avait pas besoin de ce problème en plus, empêtré dans un référendum sur une sortie de l’Italie de l’UE qui devait être imperdable et semble soudain cristalliser toutes les tensions du pays.
Comment juger cette série ? J’ai regardé les 8 épisodes en un weekend et j’ai bien aimé, mais a posteriori… il se passe pas grand chose et le scénario n’a pas beaucoup de sens. Mais c’est bien filmé, la bande-son est impeccable, c’est cool de regarder une série non anglophone. Les persos masculins sont intéressants, les persos féminins par contre assez majoritairement caricaturaux (sauf peut-être la chimiste). Je recommande, mais j’aurai voulu un meilleur scénar.
White Knight, de Sean Murphy
Roman graphique sur Batman, qui imagine un Batman toujours plus violent et un Joker qui, à l’aide d’une drogue expérimentale, sort de sa psychose. Les rôles commencent à s’inverser, avec un ex-Joker qui décide de devenir conseiller municipal et d’assainir la ville, là où Batman provoque destructions/actions illégales/collusion politique.
C’était assez cool. J’aime bien le dessin, le scénario intègre pas mal d’éléments de différentes époques de Batman (les différentes batmobiles, différents styles vestimentaires du Joker) et pose des questions de brutalité parapolicière, de détournements de fonds, de justice sociale. La caractérisation du Joker et surtout d’Harley Quinn est intéressante. C’est pas mal d’avoir un one-shot avec une histoire et un nombre de personnages resserré. J’ai lu Dark Nights: Metal ensuite, qui est un gros crossover de l’univers DC, et bon y’a qq jolies planches mais l’histoire est boursouflée à mort, on voit bien la différence entre les deux choix de narration.