Archives de catégorie : Séries

Maniac, de Cary Joji Fukunaga

Série Netflix en 10 épisodes. L’action prend place dans un univers rétrofuturiste type formicapunk (c’est bon, j’ai placé tous les mots clefs). 10 personnes acceptent contre rétribution de tester un traitement expérimental supposé remplacer la psychothérapie par 3 pilules. On va particulièrement en suivre 2, Annie et Owen, ainsi que les deux docteurs dirigeant le programme. L’essai clinique prend place au sein des locaux de la compagnie pharmaceutique, et est suivi par un ordinateur sophistiqué enregistrant l’état mental des cobayes pour suivre l’efficacité du traitement. La série alterne entre différents niveau de réalité, le traitement donnant des hallucinations ultraréalistes aux participants.

Que dire de plus ? C’était fort cool à regarder, un espèce de croisement entre Dirk Gently et Inception. L

The Man in the High Castle, saison 2 & 3

Saison 3 :

Pfff, c’est quand même très lent comme série. Toujours impressionnant au niveau des décors et de la production, mais on voudrait plus de trucs qui se passent. Les points intéressant de cette saison : le concept de Jahr Null et l’effacement de l’histoire américaine par le nouveau régime (d’ailleurs je pense qu’ils auraient pu montrer plus de tensions sur ce point entre les nazis US et les nazis Allemands), le montage parallèle entre la bar mitzvah et la cérémonie pour le nouveau Reichmarshall (avec les discours sur le rapport à la mémoire), le « street art contestataire », la psychanalyse sous régime fasciste. Mais par ailleurs beaucoup de lignes narratives qui n’apportent pas grand chose et tournent un peu en rond. Une incursion dans des territoires un peu plus directement science-fictifs, mais faite siiiiii lentement qu’à la fin de la saison on n’a eu que des prémices. Je pense que la série veut montrer bien trop de trucs à la fois et gagnerait à se reconcentrer sur un plus petit nombre de lignes narratives (et en même temps je voudrais bien qu’ils montrent d’autres parties du monde que les US)

Saison 2 :

Je l’ai trouvé meilleure que la première, déjà parce qu’il se passe largement plus de trucs, et parce que l’expansion des lignes narratives fait que l’on voit une plus grande partie du monde et de son organisation sociale. Globalement je trouve que la série est assez doué pour te montrer comment pour les personnages l’organisation du monde tel qu’il est est parfaitement normale, et te montrer à toi que c’est absolument horrible et inhumain. Cette série démontre assez magistralement que la forme sérielle (à gros moyens) est vraiment parfaite pour mettre en scène une uchronie, en vertu de tous les détails que tu peux juste faire passer dans le décor, ce qui permet d’éviter l’écueil des scènes d’exposition du type « Comme vous le savez Sarah, en 1918, l’Empire Malgache a lâché la première bombe à neutrons sur La Mecque, déclenchant… » (le reste de l’uchronie est laissé en exercice aux lecteurices). Là ça marche très bien, j’ai notamment apprécié l’arc « Desperates Housewives of the American Reich » qui montre comment l’idéologie nazie ne change pas grand chose au jeu social ultra corseté de l’Amérique des années 60s. Par contre du coup question un peu perturbante, est-ce que pour les besoins de la production il a été créé masse objets avec des petites croix gammées un peu partout ? Et si oui, qu’est-ce qu’ils vont en faire ? Est-ce que ça risque de se retrouver dans la nature et dans les mains des néonazis qui font leur grand comeback en Amérique (dans l’Amérique réelle, veux-je malheureusement dire, pas dans celle de la série) ?

Nox, de Fred Cavayé, Quoc Dang Tran et Jérôme Fansten

Série Canal + sur une enquête policière dans les sous-sols de la Ville-Lumière. C’est pas très bien. Les actions et motivations des personnages n’ont aucun sens, les sous-sols sont totalement fantaisistes mais sans proposer quelque chose d’intéressant, et y’a pas mal de personnages clichés/de fausse subversion « ooooh, la témoin du meurtre est une actrice porno ! Oh là là on va montrer un studio de porno ! Bon on va montrer rien en fait, et puis de toute façon le potentiel subversif du porno en France en 2018 je demande à voir, mais whoooou on s’est fait plaiz’ en insistant bien sur le fait qu’elle était actrice porno. »

Ne recommande pas.

Killing Eve, de Phoebe Waller-Bridge

Série anglaise sur le jeu de chat et souris entre une tueuse à gages et une enquêtrice des services secrets anglais.
J’ai beaucoup aimé les personnages, avec des britanniques très britanniques et une tueuse originale, et la relation entre les deux personnages principaux est très intéressante, mais j’ai été moins fan du scénario : la saison ne fait que 8 épisodes et commence très bien, mais ça devient vite n’imp en terme de vraisemblance (enfin pas vraisemblance parce que l’histoire de base n’est pas très vraisemblable, plutôt en terme de cohérence interne) de ce que font les personnages. Notamment les agents anglais, dès qu’ils visitent un autre pays, leurs comportements deviennent absurdes (remarquez on peut imaginer que ça s’inscrit dans le même univers que Au Service de la France du coup).

Sentiments mitigés.

Orange is the New Black, post agrégé

Saison 3
Très bonne saison d’une très bonne série. Pas d’essoufflement en vue et c’est très très cool. Questions sociales abordées, tragédies, humour absurde, sororité, personnages complexes et nuancés… Je recommande très fortement.

Saison 4
Well. J’ai été un peu déçu par cette saison. Ça commence par des trucs intéressants, montrer les dégâts de la privatisation de la prison, montrer des gens qui pensent faire le bien et font de la merde. Mais rapidement ça sombre dans une description graphique de la violence exercée sur des gens qui n’y peuvent rien. Le garde psychopathe n’était pas nécessaire, la mort d’un des meilleurs personnages n’était pas nécessaire. Le traitement visuel qui est fait de ces événements est merdique. La violence des institutions que l’on voit s’exercer sur Sophia, Lolly et Suzanne est horrible (en plus pour Suzanne et Lolly c’est mis en parallèle dans un même épisode…) C’est pas une saison qui fait se sentir bien :/

Saison 5
Une saison qui se concentre sur quelques jours de la vie de la prison, durant la rébellion qui suit le traitement de la mort de Poussey dans la saison précédente. Sympa à regarder malgré quelques scènes violentes, c’est une saison qui se concentre sur la solidarité et le « convergence des luttes, divergences des pratiques ». Par contre la série devient de moins en moins réaliste.

Saison 6
Retour à une saison plus classique. On suit les détenues de Litchfield qui ont été transférées dans la prison de sécurité maximum et leurs nouvelles co-détenues. Les événements de la saison s’étalent de nouveaux sur une longue durée. On voit à la fois l’intérieur de la prison et l’influence des tentatives de la compagnie qui possède la prison de gérer les retombées de la rébellion de la saison précédente sur leur image publique.
L’histoire des deux sœurs cheffes de gangs rivaux était intéressante, certains nouveaux personnages cools et toujours de bonnes punchlines (même si y’a un peu trop de personnages particulièrement doués en répartie dans cette série), mais globalement ça tourne quand même toujours sur la même formule à force. Intéressant de montrer la façon dont Piper s’en sort mieux que les autres avec son privilège blanc (notamment sur la fin de la saison avec le parallèle avec les histoires de Taystee et Flores).

Cloak and Dagger, de Joe Pokaski

Une série télé dans l’univers Marvel. A la Nouvelle Orléans, deux adolescents découvrent qu’ils disposent de super-pouvoirs et d’une connexion l’un à l’autre.

La série était marquetée Young Adult, j’avais un peu peur que ça donne des thèmes mièvres mais au contraire, très bonne surprise, c’est probablement une des séries Marvel les plus intéressantes, avec la S1 de Jessica Jones. La série commence avec un trope ultra cliché : la petite fille blanche propre sur elle qui fait du ballet et le jeune noir issu des quartiers défavorisés, pour immédiatement le subvertir, c’était très bienvenu. Par ailleurs plusieurs personnages féminins forts, souvent qui reprennent des tropes masculins classique : la détective alcoolique, la tueuse à gages froide… 

La série parle de violences policières, d’abus de drogues, de relations familiales complexes, de mégacorporations maléfiques (un des grands méchants de la série est la compagnie pétrolière Roxxon, qui fore dans le Golfe avec un mystérieux « rig expérimental »). Belle mise en scène, notamment des séquences oniriques/mystiques bien réussies esthétiquement, et une super bande son. 

Tout n’est pas parfait cependant : certains personnages (la mère de Thandi notamment) change beaucoup trop de caractère d’un bout à l’autre de la saison. Deux policiers adultes acceptent de laisser un random ado les aider et se mettre en danger. Ça reste mineur. Plus décevant, j’ai trouvé le season finale baclé par rapport au reste de la série. Tout se précipite d’un coup, les persos se disent « oh mais si la solution c’était ça ? » et ça l’est out of nowhere, sans lien avec tout ce qu’on a vu avant, et les effets spéciaux perdent en réussite.

Mais globalement je recommande.

Au Service de la France, de Jean-François Halin

Série française diffusée sur Arte. Une série qui parle sur un ton humoristique des services secrets français des années 60s, persuadés que la France est la plus grande Nation du monde.

J’ai beaucoup aimé la première saison, passés deux/trois épisodes pour rentrer dans l’esprit. La photographie est très belle, il y a un côté « OSS 117 meets MadMen », la toile de fond des événements historiques de l’époque est bien exploitée, le côté franchouillard et bureaucratisation à l’extrême est réussie, les enjeux et la structure narrative de la saison sont équilibrés.

La saison 2 commençait très bien, avec une plus grande place donnée aux personnages féminins (même si on peut regretter la disparition de l’agent Clayborn, qu’on ne voit que dans l’épisode 1). Mais à mi-saison, je trouve que la tendance s’inverse : la montée en puissance et en temps d’écran du personnage de Marie-Jo laisse la place à sa sexualisation, et l’essentiel des actions des personnages tourne autour d’enjeux internes au Service, sans qu’ils se positionnent sur les crises qui touchent la France et le monde (typiquement « quoi, il y a eu un attentat sur le Général de Gaulle ? Ça m’embête bien parce que je voulais lui parler d’un problème administratif », de la part du directeur des Services Secrets…)
Et autant je trouve que la série sait être équilibrée entre humour et contexte historique dans sa représentation des enjeux de la Guerre d’Algérie, autant dans sa représentation de l’URSS c’est assez baroque. Globalement je trouve que la saison 2 peine beaucoup plus à trouver son ton entre son intrigue sérieuse et ses moments de  comédie.

Dans l’ensemble j’ai passé de bons moments devant la série, des personnages et des scènes sont très bien trouvés même si la série peut patiner un peu par moment, je recommande.

The Handmaid’s Tale

Série adaptée du roman éponyme de Margaret Atwood. C’est très bien fait, c’est glaçant, c’est à voir, mais faut être bien accroché (much much violence psychologique). La série a été renouvelée pour une saison 2, mais la 1 couvre l’intégralité du bouquin, je me demande ce que ça va donner.

Saison 2 :

Ça part un peu dans tous les sens, c’est dommage. Y’a des pistes narratives (l’exfiltration de June) qui sont lancées mais la série décide finalement de les annuler au bout de quelques épisodes pour revenir au statu quo, c’est assez frustrant. Y’a aussi des trucs qui tournent en rond sans que tu saches où ça va : tout ce qui est montré aux Colonies notamment. Oui, ok, et ? Fort agacé aussi 16par le fait que la série a piétiné pendant toute la saison et tout d’un coup il se passe plein de trucs pendant le final juste pour te faire des cliffhangers d’ici la prochaine saison. Surtout des cliffhangers qui n’ont aucun sens comme la décision de June de ne pas partir…
Il y a aussi des trucs intéressants par ailleurs : l’attentat, les tentatives de relations internationales de Gilead, les évolutions de Serena, et la façon dont est mis en scène l’accouchement de June.

Et je suis d’accord avec cet article de The Cut qui explique que la série dans cette seconde saison utilise les violences envers les femmes pour être plus edgy, montrant explicitement les actes de violence plutôt que de se concentrer sur les mécanismes qui peuvent mener à l’acceptation ou à la résistance envers le nouveau régime.

Fleabag, de Phoebe Waller-Bridge

Saison 1 :

J’ai mis quelques épisodes à accrocher, mais c’est vachement bien. Série sur une anglaise d’une vingtaine d’années qui tente de faire vivre le café qu’elle avait monté avec une de ses amies, et de maintenir en forme sa vie amoureuse/sexuelle et sa vie familiale. Il ne se passe pas grand chose mais c’est très drôle, l’héroïne est très très bien écrite, à la fois une personne atroce et géniale, super personnages autour, notamment sa sœur, le personnage auquel je m’identifie le plus.

The City and the City, de Tom Shankland

Adaptation du livre éponyme de China Miéville : Beszel et Ul Qoma sont deux cités entremêlées (pensez à Berlin Est et Ouest, ou Jérusalem), où les habitants de chaque cité sont entraînés dès la naissance à ne percevoir que ce qui appartient à leur cité et à ignorer l’autre, sous peine de voir intervenir une mystérieuse force de police, Breach, intervenir. Dans ce contexte politiquement complexe, une étudiante américaine de l’université d’Ul Qoma est retrouvé morte à Beszel…

Y’a des éléments intéressants dans l’adaptation mais je n’ai pas été fan de tout : j’ai bien aimé l’atmosphère des deux villes, mais le différentiel technologique entre les deux est trop important pour être crédible, même s’il facilite les choses en terme de compréhension visuelle. Quelques incohérences dans le scénario aussi, en terme de motivation des personnages notammment. Enfin, la conclusion est un peu faible mais je crois que c’était déjà le cas dans le roman de Miéville.

Je râle mais globalement c’était une bonne mini-série, ça vaut le coup de la regarder, bons acteurs, belle esthétique, intrigue policière classique un peu compliquée par la nature duale de l’endroit où elle se déroule.