Archives de catégorie : Screens, thousands of them.

Skyfall : l’idéologie du Tea Party, l’esthétique de Woodkid.

Je reviens du cinéma, où j’ai vu Skyfall (le dernier James Bond). Après quelques inquiétudes en début de séance (l’image était trapézoïdale et tremblait), le film a finalement été projeté dans d’excellentes conditions. J’ai vraiment été pris dans le film, mais j’ai désapprouvé ce qu’il me disait à plusieurs reprises, puis en continu. Je voudrais donc tenter de faire une analyse du fond (la forme étant magnifique).

WARNING : Spoilers everywhere.

Résumons rapidement l’histoire : un ancien agent veut prendre sa revanche sur M, la cheffe du MI6. Bond l’en empêche. Comme pour tous les James Bond, l’histoire n’est pas particulièrement complexe. Le twist qui se rajoute à ce scénario, c’est que ce film marque les cinquante ans de la franchise. Il fallait donc rendre hommage aux précédents opus, et c’est pourquoi un certain nombre de gimmicks abandonnés lors de l’arrivée de Daniel Craig dans le rôle-titre reprennent du service. Le film n’est jamais aussi bon que lorsqu’il déconstruit sa mythologie. La scène où 007 rencontre Q, jeune geek lui déclarant qu’il est plus efficace avec son ordi avant son premier Earl Grey que Bond ne l’est sur le terrain est un bijou. La présentation des gadgets se résume à la transmission d’un Walther PPK et un transmetteur radio. Les stylos explosifs, « on ne fait plus vraiment ». La couleur est annoncée : retour aux bases, on joue avec les références sans se laisser écraser. On retrouve aussi l’Aston Martin où Bond menace négligemment M d’éjection avant de se voir répondre « Go on, see if I care« , et le martini, accueilli d’un « perfect » par Bond quand la barmaid lui présente le contenu d’un shaker.

Le problème est que si le film joue avec ses propres références, il est tout à fait sérieux dans les valeurs qu’il promeut depuis le début de la série. Ou plutôt la valeur : la Virilité, la Vraie. Le film véhicule le message le plus patriarcal que j’ai vu au cinéma depuis longtemps. Le film commence par le tir de sa coéquipière sur Bond. Laissé pour mort, 007 se refait une santé dans les bars turcs en buvant de l’alcool et en défiant les scorpions. Il a été recueilli par une femme que l’on ne voit que au lit avec lui. Elle est le repos du guerrier, elle le soigne, l’héberge et le détend. On ne saura rien sur elle, sitôt qu’il apprend que la patrie et surtout sa supérieure M est en danger, Bond l’abandonne pour repartir en Angleterre.
M est menacée d’un audit par l’exécutif anglais suite à la perte d’une liste révélant l’identité des agents infiltrés de l’Agence. McGuffin absolu que cette liste, la question étant ici de savoir pourquoi le voleur semble tant en vouloir à M personnellement. M est la mère de substitution de Bond et de visiblement tout le MI6, ses agents lui sont très attachés. Deuxième figure féminine donc, la mère. M pourrait représenter un personnage de femme forte mais elle est remise en question, ses erreurs sont à l’origine de tous les problèmes du film et durant la bataille finale elle est protégée par Bond, quand elle tente de tirer sur un assaillant elle rate son tir. Il lui déclarera même textuellement « Get in the kitchen ».
Bond retrouve aussi celle qui lui a tiré dessus. Elle l’accompagne à nouveau sur le terrain. Agent de liaison elle reste en retrait en ce qui concerne l’action mais se retrouve dans une scène où elle rase Bond. La femme au service de l’homme, avec un très fort sous-texte sexuel, puisqu’elle est à genoux (de profil dans une robe très moulante) devant lui assis, et qu’elle passe un rasoir sur sa gorge : il met sa vie(rilité) entre ses mains, pas besoin d’être un génie pour reconnaitre une fellation. A la fin du film, Eve décide de demander un poste de bureau. Il se révèle qu’elle est Ms. Moneypenny, la fidèle secrétaire amourachée de Bond. La femme abandonne son fusil d’assaut, symbole phallique, pour retrouver sa vraie place « à la maison » et admirative de l’homme d’action, tout rentre dans l’ordre.
La femme suivante est encore plus archétypale, puisqu’il s’agit d’une prostituée possédée par une triade. Elle flirte avec Bond, fait l’amour avec lui puis après avoir été battue, meurt tuée par le méchant. Bond déplore plus la perte du verre de scotch qu’elle portait que sa mort, pas une larme ne sera versée sur elle, la femme-objet jusqu’au bout des ongles vernis.
Les personnages féminins sont donc des caricatures, mais pas autant que les masculins. Face à Bond se retrouve un méchant qui est visiblement gay (il flirte avec Bond), et pourquoi est-il méchant ? Eh bien visiblement il n’a pas résolu son Œdipe avec M. Là où Bond est indépendant, tient tête à sa cheffe, bref est un homme puisqu’il a coupé le cordon, Silva est un homo psychopathe et pleurnichard parce qu’il en veut à M de l’avoir abandonné lors d’une mission. Il ne veut pas la tuer, il veut se suicider avec elle. Bond heureusement l’en empêchera mais M. succombera à ses blessures. Son successeur sera un homme : le patriarcat a enfin corrigé cette anomalie d’une femme au pouvoir.

Le discours de M devant la commission d’enquête est aussi un point qui vaut le détour : se voyant reprocher sa prédilection pour les agents de terrain et l’action directe, elle déclare que nous vivons dans un monde hostile, où nos ennemis sont désormais flous. Bref une apologie de la société de surveillance et de la manipulation par la peur. Elle déclare carrément « I’ve never been so frighten. » Onze septembre mon amour.

Le film est visuellement magnifique, avec des jeux sur les ombres et les couleurs (et le générique est un monument de kitsch). On passe de la Turquie à Londres, de Macao à une ville fantôme soviétique et de Shanghai à l’Écosse. Les gens sont toujours impeccablement habillés, les landes désolées, les villes illuminées et les bunkers souterrains pleins de cachet. Le film colle à l’esthétique en vigueur en ce moment : photographie haute définition et cachet rétro ; il présente tous les clichés visuels possibles, une photographie Instagram aux dimension d’un film. Cette esthétique sert un propos : une glorification des classes sociales dominantes. En effet, Bond représente une aristocratie polyvalente : Il incarne à la fois le dominant en matière de genre : Homme blanc hétéro cisgenre, il maitrise les codes de la virilité : capable d’utiliser la violence (de façon extrême, puisqu’il surclasse même Die Hard en détruisant un hélicoptère avec une maison), sachant boire, doué avec les véhicules (et attaché à eux, il s’énerve vraiment quand on lui casse son Aston Martin) et habile au lit. Mais il maitrise aussi les codes de la richesse : il voyage à travers le monde, est toujours habillé d’un smoking irréprochable (sans qu’il ait besoin d’en prendre soin : d’autres le font pour lui, en bon riche il n’a pas besoin d’avoir à se coltiner avec la réalité), va au casino, maitrise les usages en vigueur quel que soit le lieu, et possède des racines anciennes et chrétiennes : sa famille possédait un domaine en Écosse, le Skyfall du titre dans la chapelle duquel tout se finira. Et au fur et à mesure du film on effectue une régression dans le temps. Ouvert sur le monde (on commence dans les rues commerçantes d’Istanbul), le film se restreint au monde des élites (le méchant est capable de posséder une île entière, une ville fantôme visuellement époustouflante. La beauté appartient aux élites), puis se replie sur l’Angleterre, l’Écosse et enfin le domaine familial. La technologie devient moins présente, puisque Bond se défend au final avec un fusil de chasse, un couteau et de la dynamite. La conclusion dans les bureaux du MI6 où Bond rencontre le nouveau M pourrait se passer dans un bureau des années quarante. Adieu donc monde moderne, revenons au temps où les hommes étaient de vrais hommes.

En résumé, allez le voir pour l’esthétique, mais restez critique.

Once Upon a Time S02E01 : critique

Le voyage en train d’hier soir a été l’occasion de regarder le premier épisode de la seconde saison d’Once Upon a Time (OUT), une série américaine à propos de personnages de contes de fée exilés dans notre monde (voir mes impressions sur la première saison ici).
Premier épisode plutôt prometteur, qui reprend certains des défauts mais surtout les qualités de la première saison, avec une volonté d’étendre l’univers dépeint. L’épisode s’ouvre ainsi sur une scène à New York où un inconnu reçoit d’un pigeon voyageur une carte postale vintage de Storybrooke ne portant qu’un seul mot : « Broken ». On n’en entendra plus parler pour l’épisode, laissant les pistes ouvertes quand à l’identité du destinataire et surtout de l’expéditeur.
On retrouve rapidement les deux étoiles de la série : Regina (Lana Parilla) et Rumpelstilkin (Robert Carlyle), dont les jeux sont toujours aussi bons. Leurs personnages se retrouvent face au même défi : composer entre leur volonté de puissance et de vengeance et les attentes de ceux qu’ils aiment (Belle pour Rumpel, Henry pour Regina). La scène où Regina se retrouve face à la populace qui lui demande des comptes et les terrifie simplement par son attitude est excellente, tout comme la confrontation entre Rumpel et Regina. Globalement, les scènes ou les personnages jouent avec leurs soudaines doubles identités sont bien faites (la réunion des sept nains notamment).

On retrouve avec déplaisir Henry le gamin chuintant, mais il arrive suffisamment tard dans l’épisode, donc cela reste supportable. On peut aussi déplorer un effet spécial très laid et deviner sans peine la catchphrase de cette saison : « Magic is different here ».

Coté Royaumes, on retrouve la Belle au Bois dormant dans un palais au style très oriental, retrouvée par son prince Philippe et une nouvelle venue qui réjouit : Mulan. Visiblement Disney profite de son influence sur la série pour agréger toute sa mythologie, mais cette fois-ci c’est accueilli avec plaisir. Mulan ajoute un personnage à la galerie du Girl empowerment de la série (on attend toujours un membre déclaré des minorités sexuelles et de genre par contre) et sera visiblement le quota ethnique de cette saison, ce qui est un progrès par rapport au génie de la lampe de la saison 1.

Enfin, un clin d’oeil à LOST : la storyline des Royaumes s’avère ne pas être un flashback comme dans la première saison mais un flash-aside se déroulant en même temps que l’histoire dans Storybrooke. On découvre qu’une partie des Royaumes a tenu contre le Sort de Regina, pour une raison inconnue (quête de la saison, bonjour). Et Blanche Neige et Emma s’y retrouvent propulsées, ce qui va donner l’occasion de mettre en scène un quatuor de Power Girls puisqu’elles sont découvertes par Mulan et la Belle au Bois Dormant (désolé je ne connais pas les noms des princesses Disney). Ça permettra aussi à Blanche Neige et Emma de créer la relation mère/fille qui leur faisait défaut (ce dont Blanche Neige se plaint très explicitement, un peu plus de subtilité dans le foreshadowing n’aurait pas fait de mal.)

Donc plein de pistes interessantes qui augurent bien pour cette seconde saison.

The Dark Knight Rises : critique

Caveat lector : l’article à venir contient bien évidemment des spoilers. Passez votre chemin si vous souhaitez voir le film sans en connaitre les ressorts.

Je ne suis pas le public ciblé par ce genre de film. Je représente la petite minorité de nerds qui connaissent trop les comics dont sont issus les films pour ne pas râler à la plus petite trahison faite au matériel original. Cependant, même en passant outre ces détails, j’ai un avis sur The Dark Knight Rises. J’ai vu le film dans d’excellentes conditions, en VO non sous-titrée sur IMAX, dans un multiplexe de la banlieue de Philadelphie, mais je n’ai pas été transporté par le film. Là où The Dark Knight avait été une excellente surprise, TDKR retombe pour moi dans les travers de Batman Begins.

Tout d’abord, les sources de Nolan : c’est un mélange d’un certain nombre d’arcs présent dans les comics, et franchement peu de choses me semblent originale dans ce film, jusqu’à certaines répliques que j’ai pu identifier.
Batman reclus depuis bien longtemps ? The Dark Knight Returns de Frank Miller. Bane arrivant à Gotham et brisant le dos de Batman ? Knightfall. Gotham isolée et dirigée par des bandes ? No Man’s Land. Un personnage qui veut de quoi effacer son passé ? C’est Bane lui-même dans Veritas Liberat. L’héritier de Ras Al Ghul ? Talia est un des personnages proéminent dans tout Batman. Globalement, ce sont de bon concepts que Nolan a choisi de reprendre, des arcs forts et brillants. Et on ne peut pas vraiment lui demander de trouver une histoire complètement neuve sur un personnage tel que Batman sur lequel la plupart des possibilités ont déjà été explorées. Cependant, avec The Dark Knight, il avait pris l’histoire la plus classique de Batman et il en avait fait quelque chose de brillant. Ce n’est pas le cas ici.
Au visionnage, je n’ai pas vu tant de trous que ça dans le scénario, mais ils sont tout de même gênants. Bruce Wayne ruiné s’échappe d’une prison du bout du monde et en moins de deux jours il est à Gotham City, en costume, pimpant et prêt à sauver le monde ? Même chose pour les policiers enfermés depuis cinq mois dans les égouts, qui en sortent dans une telle forme qu’on se demande si après avoir réglé son compte à Bane ils ne vont pas aller participer aux Jeux de Londres.

Bref. Ce que Nolan nous offre, c’est une histoire à propos de dépasser sa peur, d’accepter de la regarder en face et de vivre avec. C’est l’histoire d’un homme sociopathe et paranoide qui dédie sa vie et sa fortune à combattre le crime pour se punir de n’avoir pas pu en empêcher un quand il était enfant, et qui se rêve en créature d’ombres, un croquemitaine surpuissant qui ne pourrait jamais mourir ni avoir peur et qui s’enferme dans cette image, se coupant de toute joie de vivre. Sauf que. Sauf que quand on passe 2h30 à expliquer qu’il faut accepter la peur de la mort parce que c’est ce qui nous connecte à l’Humanité, on ne brise pas le dos du personnage central pour lui remettre en place VINGT PUTAIN DE MINUTES APRÈS ! C’était le gros problème de l’arc Knightfall (qui était résolu par une tempête magique) et c’est le même problème ici, avec une résolution encore plus foireuse : « T’as le dos brisé ? C’est pas grave, je suis médecin et j’ai le summum de la technologie à ma disposition : une corde ! Abracadabra ! ». Tout le début du film est fait pour montrer à quel point la situation est désespérée pour Batman, mais au final tout se résout en trois coup de rebondissement scénaristique approprié, sans aucun sacrifice. Imaginez le film si Batman avait du revenir dans un exosquelette ou amputé des jambes (je vous laisse imaginer le crossover De Rouille et d’Os/The Dark Knight Rises), ou n’importe quoi d’autre qui montre que les deux premières heures du film n’étaient pas totalement superflues.
Ce que je reproche ici à Nolan, c’est de prendre deux directions complètement opposées à la fois : il veut inscrire ses films dans la réalité (exit la science-fiction, les gadgets, l’esthétique fantasmagorique) et en même temps il s’accroche fermement au coté « Rien n’a de vraies conséquences, tant que tu crois au pouvoir de la volonté tout ira bien mon enfant »).

Un autre truc absurde ? La soudaine révélation que Bane n’est pas le fils de Ras Al Ghul mais que oh mon dieu, en fait, Miranda ! Déja c’est amené avec la subtilité d’une bande annonce pour un film de Michael Bay, mais en plus, qu’est-ce que ça apporte à l’histoire ? La conclusion du combat Bane/Batman est complètement mise de coté par cette révélation, juste pour nous rajouter une course-poursuite, une mort sans intérêt d’un personnage qui aura été développé sur cinq minutes et une nouvelle situation sans issue qui sera résolue dans la minute.

J’ai aussi grincé des dents devant le fait que Gotham City soit si évidemment New York. D’accord Gotham City est très fortement inspirée de New York, Gotham est un des surnoms de New York, mais Gotham N’EST PAS New York. Et ça a son importance. Parce que Gotham est au final une ville qui n’a pas tant d’influence que ça. Que c’est une ville avec une place dans l’économie des États-Unis, mais ce n’est pas ce pôle essentiel qu’est New York. Et que c’est pour ça que dans les comics les États-Unis laissent Gotham échapper à leur juridiction. Si Gotham était si centrale et importante économiquement que New York et un tel symbole aux yeux du monde entier, les États-Unis ne laisseraient pas un fou en faire son terrain de jeu pour cinq mois. Ils tenteraient quelque chose, quel que soit le prix en vies humaines. (et en plus les vues aériennes dans le film ne correspondent pas du tout à la carte de Gotham, mais je doute que ce détail dérange beaucoup de gens). Là encore, on est dans ce coté conflictuel entre réalisme et grand spectacle. TDR fonctionnait parce qu’aussi tordu soit-il, le Joker était un méchant à taille humaine. Il se battait au couteau et torturait les gens un par un (bon, il prenait aussi deux ferrys entiers en otage, mais en comptant plus sur la manipulation psychologique que sur la tonne d’explosif qu’il avait acquis on ne sait comment). Bane se balade avec une bombe atomique dans New York, cinq millions d’otages retenus cinq mois durant (dans une cité portuaire) et a planifié le tout sur tellement de temps qu’il a refait toutes les fondations de Gotham en béton explosif. (et pourtant un mec seul va l’arreter sans moyen mais juste avec sa détermination. Si la résolution avait pris place un jour férié, j’aurais juré avoir vu Die Hard 5 plutôt que Batman). Et au final il n’a pas plus de plan que le Joker, mais avec des motivations puisées dans l’intrigue de Batman Begins : « On va foutre le bordel partout … parce que Gotham est corrompue ».

Un autre problème est le manque de subtilité, particulièrement dans la conclusion. De nombreuses choses aurait pu être simplement suggérées. Quelqu’un a installé un pilote automatique dans le batplane ? On se doute bien que c’est Bruce Wayne et pas Fred Astaire. John Blake s’appelle en fait Robin et on va lourdement insister dessus dans une scène où il est dans un orphelinat ? Pourquoi ne pas lui donner l’état civil d’un des Robins, ou le mentionner juste en passant ? Et la toute fin, ne pouvait-on pas voir juste Alfred juste sourire, sans nous montrer que oui, là dans le café où il espérait le rencontrer, oui c’est bien Wayne, oui Bruce Wayne, qui est là aussi.
On peut aussi s’attarder sur ce réacteur à fusion qu’on pourrait si facilement transformer en bombe nucléaire oui mon bon Lucius ce serait terrible si cela arrivait gardons-le intact plutôt que sous forme de plans. Niveau réalisme et subtilité on se croirait dans Iron Man II.

Deux des grandes idées qui parcourent TDKR, la révolte contre l’autorité si celle-ci n’agit pas pour le bien des citoyens, et l’idée que l’Idée que le Masque symbolise est plus importante que l’Homme qui le porte, ont déja été abordée dans V pour Vendetta et avec plus de réussite pour moi (voire la géniale scène de fin de V pour Vendetta où une armée de citoyens/V ôtent leur masque et où tous les personnages du film – vivants ou morts – en font partie).

Ce que j’ai bien aimé (il en faut bien un peu) :
– Le tribunal dont l’esthétique renvoie directement à l’Asile d’Arkham et à Tim Burton
– Le costume de Bane, avec son manteau de seigneur de guerre russe.
– Le fait que Nolan clôt sa trilogie sur la mort de Batman. C’est pour moi LE point de réalisme de ce film par rapport aux comics, où Bruce Wayne revient encore et toujours. Il ne peut pas être Batman indéfiniment. Son corps est détruit de partout, il ne tient qu’en se consumant de l’intérieur. Pour que Batman vive, il est indispensable que Bruce passe la cape à quelqu’un d’autre. Le comics se refuse à laisser cette transmission arriver, malgré plusieurs tentatives (et des résultats intéressants, notamment l’arc Battle for the Cowl, où après compétition dans la Batfamily, Nightwing reprenait l’identité de Batman, passation immédiatement perçue par Gordon étant donné que le nouveau Batman le laissait finir ses phrases avant de disparaître. Je m’égare, mais si vous êtes intéressés par le sujet des passations de costume chez les superhéros, sachez juste que dans la collection Ultimate Marvel, Peter Parker est mort et un gamin de quatorze ans nommé Miles Morales a pris l’identité de Spiderman).

Enfin, une théorie personnelle : tout le monde sait qui est Batman. Wayne et Batman était en Asie en même temps, ils se sont retirés de la vie publique en même temps, y sont revenus en même temps, Blake et Bane connaissait son identité (et tous les hommes de main de Bane avec, du coup). Il n’y a que Gordon, aveuglé par sa loyauté au symbole, qui ne peut pas voir l’homme derrière et qui a besoin de se le faire dire. Pour tous les autres c’est évident, et c’est juste mis de coté. Tant que Batman n’est plus là, pas la peine d’aller embêter Wayne, c’est une grosse huile et il pourrait causer des problèmes. Une fois qu’il est revenu, il a juste le temps de sauver le monde avant de mourir, c’est pourquoi personne ne lui cherche des noises. Et après même si tout le monde sait, tout le monde est aussi d’accord que Batman en tant que symbole est plus important que Bruce en tant qu’homme. C’est pourquoi la question n’est pas abordé et que personne n’est mon plus abasourdi par leurs morts conjointes (et l’absence de corps pour Bruce.)

 

Enfin, quelques lectures complémentaires sur le sujet :
Une descente en règle (et d’assez mauvaise foi) du scénario chez l’Odieux Connard.
Les thématiques du film chez Slate.
Une critique de la façon de filmer de Nolan.
Et enfin une critique positive du schmilblick.

À la lueur de l’écran.

Entre deux billets pseudo-littéraires, un petit retour terre à terre sur mon actualité ordivisuelle :

J’ai regardé Once Upon a Time, une série dont l’idée est la suivante : suite à un maléfice, tous les personnages de conte de fée se retrouve dans notre monde, sans aucun souvenir de leur vie précédente. Une seule a le pouvoir de briser le sortilège…
La série fait des va et vient entre Royaumes Enchantés et ville de Storybrooke, il y a du très bon et du moins bon. Et dans la phrase d’après il y a des spoilers donc sautez le paragraphe si vous voulez garder la surprise. Le bon, c’est le jeu de Lana Parilla et de Robert Carlyle dans les deux mondes. Robert Carlyle fait un excellent vilain à tous les points de vue. Lana Parilla, un peu moins a cause du scénario avec lequel elle doit composer. Il faut vraiment attendre les tous derniers épisodes pour la voir devenir un peu moins monolithique et manichéenne. On aurait aime la voir un peu plus en mère qui ne sait pas quoi faire pour ne pas perdre l’affection de son fils. Dommage aussi que l’on sache si rapidement que toute l’histoire de conte de fée soit absolument vrai et pas juste les délires d’Henry. Qu’on le sache et que pourtant le scénario n’en fasse rien jusqu’aux deux derniers épisodes, ou l’entremêlement des deux histoires révèle tout son potentiel. Du bon cote des choses, la partie conte de fée est vraiment bonne de par l’interaction de personnages habituellement séparés (connaissiez-vous l’amitié profonde liant Blanche-Neige et le petit chaperon rouge ?), et la réécriture féministe (si vous pensez que Blanche-Neige attend son prince, vous allez être surpris). Les répondants entre les deux mondes sont inégalement gérés (le Prince Charmant en tant que John Doe dans le coma était magnifique, mais répéter la même histoire entre d’amour entre un nain et une fée… bof.)
Le final est vraiment le plus réussi de la série, avec deux regrets mineurs : HUGE SPOILER j’aurais voulu qu’Emma gagne le combat contre le dragon avec son flingue plutôt que l’épée, et c’aurait du être Regina qui réveille Henry. Enfin cet aspect lisse des rebondissements c’est le coté Disney (qui subventionne la série). En tout cas le final donne vraiment envie de regarder la saison 2, il aurait même pu faire deux fins de saison.
Sans être un chef d’œuvre, OUT est une série à voir.

J’ai aussi commence Rubicon et Fringe mais aucune des deux ne m’a convaincu.
J’ai vu Solutions Locales pour un désordre global, documentaire sur l’agriculture bio, que je n’ai pas du tout aimé. Moralisateur, aucune source citée, un mention de « l’influence des astres sur les plantes »… Beurk.

Par contre, j’ai adoré Le Nom des Gens, enfin un bon film français.

Et sinon, une petite playlist parce que cela fait longtemps.

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Vijay Iyer Trio

Un groupe de jazz indien. Qui fait une reprise cool d’une chanson déjà cool de Miles Davis (11/03/2016 :reprise perdu avec Grooveshark. Une autre chanson pour remplacer). Absolument pas dans un style indien. Parce qu’il y en a marre des stéréotypes sur les cultures.

Sinon, pas grand chose de trépidant ces derniers temps. Rédaction de statuts Facebook du rapport, surf, films… (2009, Lost memories (mauvais), The Girl Who Leapt Through Time (bon)…)

A 15 Francs le Cacolac, j’espère que je vais récupérer mon fric à la fin de la journée.

Yep, j’ai vu La Haine. Enfin. J’ai aussi vu un très très mauvais film qui s’appelle the Divide et un bon film très geek et complètement incompréhensible intitulé Primer.
Sinon, ce matin je suis allé surfer, plage déserte, soleil éclatant, juste ce qu’il faut de vagues… un bonheur.
Y’a de nouveaulles stagiaires à l’IFP, la mère de Sévan m’a prêté Solutions Locales pour un Désordre Global
Pour citer une amie : This life. A good life it is.

J’envisage de regarder Point Break, for the sake of genre savviness. (défi francophonie : trouver une bonne traduction de cette expression. Je propose « Pour l’amour du cliché assumé ».)

Week-end oisif

Ce week-end, glandouille à Pondy. Dimanche soir particulièrement satisfaisant, puisqu’il a consisté à regarder le soleil se coucher sur des palmiers tout en se baignant dans le Golfe du Bengale, avant de regarder Full Metal Jacket sur une terrasse dominant Pondy avec un vidéoprojecteur…

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PS : Si, je travaille aussi. Et peut être même qu’un jour entre deux posts sur mes WE, vous aurez le droit à un billet sur mon stage.