Archives de catégorie : Screens, thousands of them.

Darkest Dungeon, de Red Hook

Jeu de combat au tour par tour et de gestion de ressources. Un châtelain s’est livré à des expériences impies dans son manoir, faisant apparaître des créatures eldritchiennes avant de se donner la mort. En tant que son héritier, vous devez recruter des combattants de différentes classes, que vous envoyez combattre dans différentes parties du domaine pour vaincre créatures et boss, faire monter les héros en niveau, récupérer des artefacts et de l’argent, améliorer l’état du village qui vous sert de camp de base, et finalement être capable de reprendre le donjon du domaine. Les morts de vos héros sont définitives, les combats peuvent leur donner des caractéristiques handicapantes ou améliorantes qu’ils gardent pour les prochaines expéditions, et en plus de leur vie il faut prendre garde à leur stress de peur qu’ils ne succombent à une crise cardiaque.

Le design du jeu est très beau, c’est de la 2D assez statique (ce qui fait qu’il tourne sur des ordis peu performants) avec des dessins façon gravures fortement encrées. Le système de gestion est intéressant, on met un peu de temps à bien comprendre comment tirer parti au mieux des différents paramètres, gérer les capacités des combattants… Mais une fois le jeu bien pris en main c’est assez répétitif, quelques créatures dont les boss qui sortent du lot mais sinon les donjons se ressemblent fortement. Y’a deux DLC qui a priori rajoutent de la diversité, mais là le jeu de base je trouve que j’ai fait le tour, et par contre je n’arrive pas à bien finetuner ma combinaison de héros à emmener dans le Donjon le Plus Sombre, du coup je pense que je vais lâcher le jeu ici.

I feel good, de Gustave Kervern et Benoît Delépine

Comédie française de 2018. Jean Dujardin joue un peu paumé qui croit totalement au discours néolibéral. Il cherche l’idée que le rendra « immensément riche » et ne fait pas grand chose d’autre. N’ayant plus aucune ressource, il rejoint sa sœur qui dirige le centre Emmaüs de Lescar, dans les environs de Pau. Là, il tente de vendre l’idée qu’il a enfin trouvée à divers compagnons travaillant dans le centre.

Ça se regarde, mais c’est pas le film du siècle. Y’a des longueurs, des scènes où on sait pas trop où elles vont, des moments pas très subtils. Y’a des trucs cools aussi, mais on aurait voulu que le film élabore plus dessus. Par exemple les compagnons qui jouent de la musique de nuit dans le centre endormi. Le film s’en sert juste pour marquer le passage du temps, mais ça donne parmi les scènes les plus jolies. Les péripéties du voyage en Bulgarie sont aussi parmi les moment les plus sympa du film, mais totalement annexe à son propos : la limousine bricolée, la visite du monument abandonné (aparté : raaaah, j’ai tellement envie d’aller l’explorer), la dispersion des cendres sur les flammes jumelles… Bref, tout les moments où le film fait un peu de la poésie sont cools, mais ils sont pas vraiment reliés au reste du film. Je pense que j’aurai préféré un documentaire un peu poétique sur le centre Emmaüs, dans l’absolu. 

Les Frères Sisters, de Jacques Audiard

Western.

L’histoire de deux frères tueurs à gages en 1851. Sur les ordres de leur patron peu recommandable, ils poursuivent un chimiste parti vers la Californie en pleine ruée vers l’or. On voit leur vie quotidienne, leur relation dysfonctionnelle entre eux et avec le reste du monde, et en parallèle la vie du chimiste et d’un autre homme qu’il rencontre en chemin. C’est bien filmé, les décors sont très beaux. Quelques longueurs mais on passe un très bon moment devant. La relation des frères est bien mise en scène, le côté « monde ouvert » des Etats-Unis de l’époque aussi (toutes ces nuits à la belle étoile en traversant le territoire en ligne droite à cheval). Ca a été tourné en Espagne et en Roumanie, les paysages sont très beaux, et la musique d’Alexandre Desplats rend bien dans le film. 

Mia Madre, de Nanni Moretti

Film italien. Une réalisatrice tourne un film social avec un acteur principal ingérable, et en parallèle doit faire face à la dégradation rapide de la santé de sa mère.

Je l’ai pas regardé dans les meilleures conditions (dans le train en tentant d’avoir du wifi par ailleurs), mais j’ai pas été enthousiasmé outre-mesure. C’était intéressant, mais je m’attendais à ce que ce soit plus sur le deuil post-décès qu’à la période d’anticipation où la santé de la mère se dégrade. Et puis les parties cinéma sont joliment tournées, mais les films sur des persos dans le milieu du cinéma je trouve toujours ça un peu nombriliste.

Après c’était intéressant quand même, mais j’ai largement préféré Habemus Papam du même réalisateur

Nox, de Fred Cavayé, Quoc Dang Tran et Jérôme Fansten

Série Canal + sur une enquête policière dans les sous-sols de la Ville-Lumière. C’est pas très bien. Les actions et motivations des personnages n’ont aucun sens, les sous-sols sont totalement fantaisistes mais sans proposer quelque chose d’intéressant, et y’a pas mal de personnages clichés/de fausse subversion « ooooh, la témoin du meurtre est une actrice porno ! Oh là là on va montrer un studio de porno ! Bon on va montrer rien en fait, et puis de toute façon le potentiel subversif du porno en France en 2018 je demande à voir, mais whoooou on s’est fait plaiz’ en insistant bien sur le fait qu’elle était actrice porno. »

Ne recommande pas.

La Loi du Marché, de Stéphane Brizé

Film français de 2015 avec Vincent Lindon. Après 20 mois de chômage, un homme trouve un emploi de vigile dans un supermarché. Il se retrouve à devoir cautionner des tâches qui clairement lui répugnent : si les premières interpellations sont celles de voleurs qui correspondent au stéréotype (vol d’un câble de smartphone, voleur se confrontant aux vigiles), rapidement les vigiles se retrouvent à interpeller des retraités à court d’argent effectuant des vols alimentaires, puis leurs collègues du magasin qui récupèrent des coupons de réduction oubliés par les clients. Vincent Lindon joue super bien le mec coincé dans cette position (sa famille a besoin d’argent et ils arrivent au bout de leurs économies) qui doit gérer le fait d’appuyer ce système. Le film met aussi très bien en scène la violence sociale qui prive les personnes de choix, présente comme des lois naturelles des décisions managériales.

Je recommande.

I Kill Giants, d’Anders Walter

Sur la côte des États-Unis, dans une petite ville, une préado vit sa vie dans son coin, avec une famille distante. Sa journée est rythmée par une série de rituels : préparation de potions, vérification et réinscriptions de runes sur des murs et arbres, élaboration de pièges… Le tout pour protéger la ville des géants.

J’ai bien aimé le film, notamment le début, la description des rituels, le quotidien de l’héroïne, son amitié avec la nouvelle venue dans la ville.
Quelques points un peu gérés avec lourdeur : le discours du Titan, notamment, qui fait très préchi-précha, la persécutrice de l’école qui a l’air d’être méchante essentiellement pour le plaisir, la psy scolaire totalement bien intentionné et qui à autant de temps qu’il faut à consacrer à une unique élève.
Le « plot-twist » du film se voit venir de loin mais le but c’est pas vraiment de faire une révélation choquante donc c’est pas très gênant. Mais c’est vraiment pour moi le début du film avec la description des rituels enfantins élaborés, conçus pour essayer d’avoir une certaine maîtrise du monde, que j’ai trouvé intéressant et bien fait.
Le cast très majoritairement féminin du film était une bonne surprise

Beyond Flamenco, de Carlos Saura

Un documentaire de 2016 qui montre différents style de Jota, la famille de danse dans laquelle on trouve le flamenco et le fandango. Un léger carton explicatif au début, puis le film consiste en un enchaînement des différentes danses de la famille par différent.e.s danseuseurs.
J’aurais bien voulu un peu plus d’analyse ou d’explication des différentes danses parce que si pour certaines on est directement pris par la performance technique/le rythme, globalement quand on y connait rien on ressort du film en en sachant pas beaucoup plus à part qu’il y a une grande diversité. Mais ça reste globalement beau à voir. 

The Lost City of Z, de James Gray

Film de 2015 basée sur la vie d’un explorateur anglais du début du XXe siècle qui part cartographier la frontière entre le Brésil et la Colombie, et revient, en ayant découvert des fragments de poteries, persuadé qu’il existe une civilisation et une cité perdue qui auraient vécu dans l’Amazonie, contre toutes les croyances des Occidentaux de l’époque qui la voyait comme un désert vert. Il fera deux expéditions de plus pour retrouver cette cité qu’il a surnommé Z, sans succès, et finira par disparaître dans l’Amazonie. L’histoire est intéressante mais le film manque un peu de rythme, il hésite entre différentes structures, sans qu’on sache trop s’il veut rendre hommage aux grands films du genre (Apocalypse Now, Aguirre) ou s’il n’arrive juste pas à se décider. Et le film raconte beaucoup trop de choses aussi. Du coup y’a des choses qui se passent d’un coup et qu’on doit tenir pour acquises sans que le film n’ait pris le temps de les installer.

Pas convaincu, mais jolie photographie.

Killing Eve, de Phoebe Waller-Bridge

Série anglaise sur le jeu de chat et souris entre une tueuse à gages et une enquêtrice des services secrets anglais.
J’ai beaucoup aimé les personnages, avec des britanniques très britanniques et une tueuse originale, et la relation entre les deux personnages principaux est très intéressante, mais j’ai été moins fan du scénario : la saison ne fait que 8 épisodes et commence très bien, mais ça devient vite n’imp en terme de vraisemblance (enfin pas vraisemblance parce que l’histoire de base n’est pas très vraisemblable, plutôt en terme de cohérence interne) de ce que font les personnages. Notamment les agents anglais, dès qu’ils visitent un autre pays, leurs comportements deviennent absurdes (remarquez on peut imaginer que ça s’inscrit dans le même univers que Au Service de la France du coup).

Sentiments mitigés.