Archives de catégorie : Culture/Procrastination

Histoire de l’Île, d’Evgueni Vodolazkine

Roman russe paru en 2020. On suit la chronique historique d’une île imaginaire, de l’antiquité à nos jours. Le couple royal qui règne sur l’île semble immortel (ou en tous cas très longévifs), et commente dans le temps présent la chronique des événements qu’ils ont vécus, en même temps que les chroniqueurs se succèdent au fil des pages.

Je n’ai pas été complètement convaincu. Le côté chronique historique interrompue (il manque des passages supprimés par des régimes de transition par exemple) et commentée, avec la matérialité du livre était intérressante, mais bon les rois immortels et bienveillants je suis pas totalement convaincu. Y’a un côté conte onirique sympa, mais en face y’a des révolutionnaires qui sont forcément très méchants et un peuple passif, ça me parle pas plus que ça.

Past Lives, de Celine Song

Film étatsunien de 2023. Nora Moon est une Coréenne de 12 ans vivant à Séoul dont la famille émigre au Canada. Elle était très proche d’un de ses camarades de classe, Hae Sung.

Douze ans plus tard, Hae Sung ajoute Nora sur un réseau social. Les deux anciens amis reprennent leurs échanges, mais s’il se confirme qu’ils ont des sentiments l’un pour l’autre, il apparaît aussi qu’aucun des deux ne pourra venir voir l’autre dans un futur proche. Ne voulant pas s’investir émotionnellement dans une relation dont elle ne sait pas où elle va, Nora coupe le contact. Peu de temps après, elle rencontre lors d’une retraite d’écriture celui qui deviendra son mari.

Encore 12 ans plus tard, Hae Sung vient voir Nora à New York. Se retrouvant physiquement pour la première fois après 24 ans, les deux adultes échangent sur et réfléchissent à ce qu’auraient pu être leurs vies et leur relation, et aux différences culturelles entre eux.

C’était sympa à regarder, et plus intéressant que si c’était juste une histoire d’amour classique du type « perdu.es de vue, ils tombent dans les bras l’un de l’autre à leurs retrouvailles », mais ça ne m’a pas embarqué comme ont pu le faire d’autres films.

Vaisseau d’Arcane, d’Adrian Tomas

Roman de fantasy française paru en 2020. Dans un monde où l’Arcane (la magie) peut prendre plusieurs formes, Solal, journaliste prometteur, est frappé par un éclair d’Arcane, qui le transforme en Touché : sa personnalité a été effacée, mais il peut générer de l’énergie magique, à la base du fonctionnement de toute l’industrie du Grimmark, à volonté. Les autorités veulent logiquement le récupérer comme tous les autres Touchés pour le mettre au travail, mais sa sœur est persuadée que sa personnalité est encore là, simplement en sommeil. Elle va donc s’enfuir avec lui et découvrir le monde et les secrets derrière le gouvernement du Grimmark…

J’ai pas été très fan. L’univers est original (mention spéciale à la variation sur les orcs), mais l’écriture et les personnages ne m’ont pas trop touchés : y’a un côté enfantin/comique dans la façon dont sont présentés les enjeux et les relations entre personnages (l’ambassadeur naïf, l’infirmière dont la colère fait reculer un assassin) qui je trouve colle assez mal avec le côté « fantasy de la révolution industrielle » et « assassinats politiques » (et après avoir lu La Ville au plafond de verre qui traite les mêmes thèmes plus finement, c’est sûr qu’il pâtit de la comparaison).

Cemetery Road, de Greg Iles

Roman policier étatsunien de 2019. Marshall McEwan, journaliste à la renommée nationale, revient pour la première fois de sa vie d’adulte dans sa ville natale du Mississippi, Bienville, pour s’occuper de son père mourant. Mais son père spirituel est assassiné alors qu’il tentait d’empêcher l’implantation d’une usine de papier sur un site archéologique majeur. Marshall décide alors de partir en croisade contre le poker club, le boys club informel qui décide dans l’ombre de toutes les grandes décisions économiques concernant la ville.

C’était assez dense, 880 pages avec des révélations à un rythme soutenu, sur le présent ou le passé de Bienville et de Marshall. L’intrigue fonctionne bien même si le côté « croisade d’un seul contre tous » est parfois un peu trop intense. Y’a aussi quelques scènes de sexe, que j’ai trouvée assez mal écrite. Sinon bon pageturner, je l’ai fini en quelques jours.

Le Comte de Monte-Cristo, de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière

Ze Darke Knighte

Film français à grand spectacle de 2024, adaptation du feuilleton de Dumas. Edmond Dantès, jeune marin idéaliste, s’oppose à son capitaine au sujet d’un sauvetage en mer. Leur armateur donne raison à Dantès, et le nomme capitaine. Avec sa nouvelle position, il va pouvoir épouser son amour d’enfance, Mercedès. Mais le cousin de Mercedes est amoureux d’elle. L’ancien capitaine, le cousin et un procureur conspire ensemble pour faire accuser Dantès à tort. Il est emprisonné à perpétuité au chateau d’If. Là, un coprisonnier l’aide à s’évader et lui révèle l’emplacement d’un trésor gigantesque. Dantès revient à Paris sous l’identité du comte de Monte-Cristo, et va exercer sa vengeance sur les trois hommes qui ont causé sa perte.

L’histoire est prenante comme du Dumas, et on sent que le film a des moyens, mais c’est aussi d’un classicisme un peu trop parfait. J’y vois les mêmes défauts que dans l’adaptation des Trois Mousquetaires (avec peut-être un peu moins de cabotinage de la part des acteurs dans Le Comte), les personnages sont trop des archétypes pour qu’on s’y attache. Si ça peut marcher pour Dantès lui-même (et ses trois nemesis), qui campe une figure extrémiste habitée par son désir de vengeance, une espèce de monolithe comme Batman peut l’être dans le même style, on aurait souhaité plus de nuances de la part de ses Robins protégé.es ou des familles de Danglard, Morcef et Villefort.

Méandre, de Matthieu Turi

Film de science-fiction de 2020. Une femme est prise en voiture sur une route déserte. Elle se réveille dans une pièce métallique, vêtue d’une combinaison futuriste et d’un bracelet qui laisse s’écouler un décompte. Elle est dans un labyrinthe rempli de pièges, dont elle doit s’échapper en un temps limité.

On est sur un scénario ultraclassique (vous aurez tous pensé à Cube), mais plutôt bien mis en scène, avec une économie de moyens (il y a en tout et pour tout 4 persos à l’écran dans le film, dont 2 qui pourraient être joués par le même acteur). Y’a un côté Cube donc, mais aussi un côté Gravity, avec l’histoire d’une femme qui doit sans cesse aller de l’avant alors que tout s’effondre autour d’elle (et avec un arc deuil/renaissance). C’est pas parfait comme film, mais y’a du potentiel. J’ai préféré à Gueules Noires du même réalisateur. Il faudrait un peu plus de direction d’acteur, et un scénario un peu moins elliptique, et ce serait très bien.

Le Sang des Princes, de Romain Delplancq

Roman de fantasy français en 2 tomes, parus en 2016 et 2019. On est dans le même univers que dans La Ville au plafond de verre, mais pas dans le même pays ni la même époque. Nous sommes en Slasie, un pays féodal où la famille ducale des Spadelpietra va marier l’héritier du titre à la famille royale. Les Spadelpietra sont des modèles de vertu : adulés par le peuple, ils ont mis fin à la corruption qui était le lot des familles nobles jusqu’ici. Dépensant sans compter pour construire des moulins, des fontaines, des relais de poste, il semble pourtant qu’une partie de la famille est prête à mettre toute cette image publique aux orties pour mettre la main sur l’auteur de tableau qui semblent terrifier les chefs de famille. En parallèle, les clans austrois, des ingénieurs et artistes nomades, accueillent un peintre qui a dû quitter le monastère qui l’hébergeait en catastrophe, et découvrent que certains secrets de leur art semble avoir été découverts par des populations sédentaires, remettant en cause l’équilibre des pouvoirs entre les différents royaumes et nations où ils voyagent…

C’était assez cool, j’ai bien aimé le lire après La Ville… et avoir une autre visions sur le dynamon et ses usages. L’univers est original et bien construit, on s’y plonge vite. La résolution est assez rapide, mais c’est toujours un truc compliqué à faire dans de la fantasy un peu épique. A part ça, on arrive bien à s’y retrouver dans toute une galerie de personnages bien caractérisés, la géographie est relativement claire, les mécanismes « magiques » originaux et clairs.

Recommandé si vous aimez l’epic fantasy à la sauce Renaissance avec une touche de steampunk.

La ville au plafond de verre, de Romain Delplancq

Roman de fantasy français paru en 2023. Korost est la capitale économique des Trois Terres, dont la richesse est assise sur la maîtrise des techniques de forge de l’arnoire par la classe bourgeoise. Ce métal, correctement forgé, est capable de réagir à la lumière du soleil pour produire de l’énergie alimentant des machines. Mais Korost est aussi la cité des verriers, ces ouvriers qui soufflent les ouvrages permettant de canaliser la lumière du soleil vers les mécanismes d’arnoire. Et les verriers, rassemblés en soviet velast, en ont assez de ne récupérer que des miettes de la richesse de la ville. On va suivre le destin de trois personnages de trois classes sociales différentes qui vont traverser les troubles politiques et militaires d’une cité en pleine révolution industrielle.

J’ai beaucoup aimé, et ça vaut le coup de le lire sans en savoir davantage.

Divulgâchage ci-dessous

Abigail, de Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin

Film étatsunien de 2024. Des criminels kidnappent une gamine de 12 ans et attendent la rançon dans un manoir. Ils découvrent que la fille est en fait un vampire, qui va s’attaquer à eux jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une final girl.

C’était nul. Tous les persos sont clichés, le scénario fait pas sens (les persos passent leur temps à se séparer pour chercher une vampire dans un manoir, après avoir constaté qu’ils ont une unique arme potentiellement efficace contre elle…), c’est filmé comme un film des années 80s sans budget. Franchement c’était une purge.

Ne recommande pas du tout.

Comme un lundi, de Ryo Takebayashi

Film japonais paru en 2024. Akemi Yoshikawa travaille dans une petite agence de publicité, qui est dans le rush pour sortir une campagne sur une soupe miso en comprimé. Alors qu’elle tente désespérément de boucler son dossier, deux collègues juniors persistent à l’interrompre pour lui dire que l’agence est prise dans une boucle temporelle. Akemi va progressivement réaliser qu’ils ont raison, et que ses semaines font plus que toutes se ressembler un peu…

C’était fort chouette. Un film de boucle temporelle à petit budget, une satire du monde du travail (satire qui reste très en surface, y’a pas de grosse remise en question), des acteurs qui jouent bien, un film qui ne se prend pas au sérieux (la scène avec les lunettes et les marteaux), c’était un très bon moment.

Je recommande.