Archives de catégorie : Culture/Procrastination

Megamind, du studio Dreamworks

Film d’animation étatsunien sorti en 2010. Deux bébés extraterrestres sont envoyés sur Terre à la destruction de leur planète. L’un a des superpouvoirs et devient le défenseur de Metrocity sous le pseudonyme de MetroMan ; l’autre, forcé par les circonstances, décide de devenir sa némésis, le supervilain MegaMind. Un jour, contre toutes attentes, un des plans de MegaMind fonctionne et il vainc MetroMan. Devenu le maitre de MetroCity, il réalise vite que la vie sans challenge lui est bien fade. Il décide de se créer un nouvel antagoniste, et au même moment se rapproche de la journaliste qu’il avait l’habitude de kidnapper pour inciter MetroMan à venir le combattre.

C’était sympa. Sans être le film du siècle, c’est une subversion réussie des tropes du super-héros et du super-villain. Les plans de MegaMind sont juste ce qu’il faut de convolus, foireux et malins pour être rigolos. Un certain nombre de retournements de situations se voient venir d’un peu trop loin, mais globalement on reste bien accroché dans l’histoire (peut-être un bémol sur le perso de la journaliste qui est essentiellement là pour servir d’intérêt amoureux et qui est moins creusé que les autres).

A Serious Man, des frères Coen

Film étatsunien sorti en 2009 et réalisé par les frères Coen. On suit quelques semaines de la vie de Larry Gopnik, un professeur de physique membre de la communauté juive américaine, alors que tout semble s’effondrer autour de lui : un de ses élèves tente de le soudoyer, sa femme lui demande le divorce, son frère squatte son canapé, ses deux enfants n’arrêtent pas de le submerger de demandes.

J’ai beaucoup aimé. Sans surprise puisque ça parle de la vie dans une communauté juive étatsunienne, ça m’a rappelé certains romans de Philip Roth. Il y a un humour très pince-sans-rire. C’est très bien filmé, très bien reconstitué. C’est difficile de dire en quoi c’est un bon film parce qu’il a l’air très basique, très resserré sur une histoire particulière, mais ça l’est.

Tinker, Taylor, Soldier, Spy, de John Le Carré

Roman d’espionnage britannique paru en 1974. George Smiley, ancien espion récemment à la retraite depuis une opération qui a catastrophiquement mal tourné, est rappelé officieusement par des agents toujours actifs. Une découverte récente laisse penser qu’il y aurait une taupe russe au plus au niveau du Cirque, l’agence britannique de renseignements. Smiley doit conduire une enquête en dehors de tous canaux officiels, pour démasquer la taupe sans l’alerter. Vont suivre 300 pages d’espionnage débridé, a base de courses poursuites à Venise, gadgets astucieux et… Non. Ce n’est pas ce genre de roman d’espionnage. 300 pages d’espionnage dans les règles de l’art à base de coups de fils passés depuis une cabine téléphonique à chaque fois différente, code a base de bouteilles de lait laissées sur le perron et entretien avec d’anciens agents pour corroborer leurs versions d’une nuit cruciale arrivée 3 ans auparavant. L’ambiance est crépusculaire, avec des agents vivant dans le souvenir d’un Empire britannique au centre du Grand Jeu alors que l’Empire n’est plus, professant se battre pour des valeurs quand finalement l’espionnage ne vaut plus que pour lui même, et des recrutements effectués au sein de la noblesse britannique et des grands colleges anglais avec un élitisme décomplexé.

Je recommande.

L’Été meurtrier, de Jean Becker

Film français de 1983, adapté du roman éponyme de Sébastien Japrisot. Dans un village du Sud-Est de la France, une nouvelle famille s’installe. Le père est hémiplégique, la mère d’origine allemande et taiseuse, et la fille, « Elle », (jouée par Isabelle Adjani) fait tourner la tête de tous les garçons du village. Mais elle jette son dévolu sur Pimpon (Alain Souchon, très bon), mécanicien auto et pompier volontaire. Pimpon l’aime aussi, mais il ne comprend pas ses soudaines sautes d’humeur, ses absences inexpliquées et sa fureur à l’évocation de certains détails. A travers une narration qui saute d’un personnage à l’autre, on va découvrir les secrets du passé d’Elle et de sa famille, en passant par plusieurs fausses pistes.

Sentiment mitigé. L’intrigue globale est intéressante mais le film met longtemps à démarrer, les acteurs ne jouent pas toujours très bien et les rôles féminins sont quand même assez caricaturaux. Après on se laisse prendre au film a partir du moment où on commence à avoir quelques révélations.

Je pense que je recommanderais plus le livre que le film, mais il faudrait que je lise le livre pour confirmer cette impression.

Suspiria, de Dario Argento

Film italien de 1977. Susie, une danseuse new-yorkaise, arrive à Freiburg pour intégrer une académie de danse prestigieuse. Le soir de son arrivée elle croise une élève terrifiée qui meurt dans la nuit. Alors qu’elle voulait être externe, elle se retrouve poussée très fortement à être interne. Sa cothurne lui fait par de ses suspicions qu’il se passe des événements paranormaux dans le bâtiment, et une série de morts vient appuyer cette thèse, jusqu’à un affrontement final entre Susie et l’équipe enseignante.

J’ai beaucoup aimé. Le scénario, n’est pas très élaboré, mais les visuels sont incroyables. Il y a des couleurs dans tous les sens, l’architecture de l’école est magnifique. Les meurtres et plus généralement la mise en scène sont assez outrés, mais ça marche bien dans l’ambiance du film. Mention spéciale à la bande-son, très présente et qui porte énormément l’ambiance du film.

Je recommande, on voit pourquoi c’est un classique du genre.

J’ai depuis vu le remake de 2018, qui présente des défauts (la longueur, des arcs narratifs sans intérêt) mais vaut le coup d’être regardé pour la comparaison.

Point Break, de Kathryn Bigelow

Film étatsunien de 1991. Keanu Reeves dans un de ses premiers rôles interprète Johny Utah, un agent du FBI sur sa première affectation à Los Angeles. Sur la piste d’un gang de braqueurs que son partenaire (plus vieux et plus grognon) pense être composé de surfeurs, Utah va infiltrer le milieu du surf. La philosophie des surfeurs qui vivent dans le moment présent et pour leur dose d’adrénaline va le fasciner, mais il ne va cependant pas perdre de vue son objectif premier, démanteler le gang de braqueurs.

J’ai beaucoup aimé, ce n’est pas une référence pour rien, mais par certains côtés c’est assez daté. C’est pas toujours bien joué, les rôles féminins sont assez nuls (et beaucoup là pour l’eye candy, même si le rôle de Tyler est un peu plus intéressant), mais par ailleurs Bigelow met très bien en scène la fascination que Bodhi (magnifiquement joué par Patrick Swayze) exerce sur son entourage et notamment sur Johnny, et donne vraiment envie d’aller tout plaquer pour faire du surf. Même si le film est pas mal 50 shades of toxic masculinity, il y a aussi un réel attrait dans la vie de rebelle solitaire mise en scène dans le personnage de Bodhi et plus généralement dans le côté impulsif et décisionnaire des personnages masculins mis en scène.

Recommandé, avec un peu de recul sur l’intrigue.

L’Été de Kikujiro, de Takeshi Kitano

Film japonais de 1999. Masao, un enfant de 10 qui habite chez sa grand-mère, se retrouve seul pour passer l’été quand tous ses amis partent en vacances. Une amie de sa grand-mère propose que son compagnon l’emmène chez sa mère pour une semaine. Le compagnon en question s’avère plus intéressé par dépenser l’argent du voyage aux courses de vélo, puis embarque avec regret le gamin vers la ville de sa mère. Ils vont faire un certain nombre de rencontres randoms tout au long du voyage. L’anti-héros qui accompagne Masao se révèle totalement désastreux comme personne, sa première idée pour communiquer avec les gens consiste généralement à les insulter. Malgré ça il arrive souvent à ses fins, et décide au bout d’un moment qu’il a la mission de divertir Masao, recrutant pour se faire un écrivain qui voyage en van et deux bikers qui exécutent sans broncher tous ses ordres.

Globalement j’ai beaucoup aimé le film. Il dégage une ambiance fort estivale, un côté « journées qui s’étendent à l’infini » et chaleur qui pousse à ne pas faire grand chose. Recommandé pour un visionnage estival.

Airplanes, de Zucker, Zucker et Abrahams

Comédie états-unienne de 1980. Un ancien pilote militaire phobique de l’avion embarque dans un avion de ligne pour tenter de convaincre sa petite amie hôtesse de l’air de rester avec lui. Suite à une intoxication alimentaire, il doit prendre les commandes et faire atterrir l’avion.

Le scénario tient sur un timbre poste mais ce n’est pas l’important. Le film contient une énorme quantité de gags à la minute (certains un peu sexiste et datés, mais la majorité très bien), ça enchaine en permanence, il y a toujours quelque chose en arrière plan. C’est une excellente maitrise de la grammaire des gags. Je l’avais vu petit mais je ne me rappelais que de bribes.

Je recommande dans le genre comédie.

Prey, de Dan Trachtenberg

Film étatsunien de 2022, appartenant à la franchise Predator. en 1717, une jeune comanche qui veut faire ses preuves en tant que chasseresse assiste à l’arrivée d’un Predator sur Terre. Malgré l’incrédulité de sa tribu et le mépris que lui porte certains chasseurs qui pensent qu’elle devrait se contenter d’un rôle plus féminin, elle va après une série d’épreuves et de péripéties réussir à tuer l’extraterrestre en combat singulier.

C’était … pas très bien. Le concept de préquelle était intéressant, avoir un film où l’héroïne est une native-américaine était sympa, mais le message « girl power » est amené de façon très très peu subtile, le scénario est très linéaire (« Un problème. Résolu. Oh, un autre problème. Résolu aussi. Allez, un troisième problème »). Les paysages sont jolis mais ça ne suffit pas à faire un film. Regardez plutôt Nope, qui traite beaucoup mieux la thématique de la rencontre extraterrestre dans de beaux décors.

Delicious Foods, de James Hannaham

Roman étatsunien publié en 2015. On suit une mère – Darlene – et son fils – Eddie – sur plusieurs dizaines d’années avec de nombreuses ellipses temporelles. Le gros du roman se concentre sur le temps que Darlene et Eddie passent sous l’emprise de Delicious Foods, une compagnie agricole qui les « emploie » dans le cadre d’un système néo-esclavagiste. La compagnie recrute son personnel parmi des addicts au crack, auxquels elle fait signer un contrat bidon avant de les regrouper au milieu d’une immense propriété agricole sans moyen de transport, et en fournissant de la drogue pour les retenir sur place. Les « employés » touchent un salaire mais misérable et totalement modulable selon la volonté du contremaître, et ne peuvent acheter de la nourriture, un logement ou de la drogue qu’à la compagnie, à des tarifs prohibitifs, augmentant sans cesse leur dette envers celle-ci.

Le roman entremêle les points de vue de Darlene, d’Eddie et de Scotty, la personnification du crack, qui va parler à la place de Darlene tout le temps de son addiction. La jeunesse de Darlene et le point de vue d’Eddie sont écrits à la troisième personne, Scotty parle à la première (et en AAVE), et dans les derniers chapitres Darlene parlera aussi à la première personne une fois son addiction derrière elle. Le chapitre introductif du livre, qui raconte l’évasion d’Eddie de Delicious Foods puis sa vie ensuite, en laissant plein de zones d’ombres, est très fort et donne fortement envie de lire le reste du livre pour avoir le fin mot de l’histoire.

C’est dur mais j’ai beaucoup aimé et je recommande.