Archives par mot-clé : École de magie

Magic for Liars, de Sarah Galey

Roman étatsunien de 2019. Ivy Gamble est détective privée. Elle sait que la magie existe, et pour cause : sa sœur dipose de pouvoirs, et est allé dans une école de magie, alors qu’elle même restait dans le monde normal. Mais elle tient enfin l’occasion d’entrer dans le monde magique : la principale de l’école où sa sœur enseigne désormais est venue la chercher pour enquêter sur une mort qu’elle ne pense pas accidentelle dans son école. Ivy va se perdre peu à peu dans ses relations avec les magiciens, imaginant la vie qu’elle aurait pu avoir, tout en enquêtant sur le meurtre…

La prémice était cool, mais assez déçu par l’exécution. La partie enquête policière fonctionne assez mal, on a le trope de la détective qui boit trop, mais l’enquête n’est pas très crédible, les motivations des personnages assez peu claires, et on n’a pas assez d’infos sur l’univers pour que la/le lecteurice ait l’impression de pouvoir trouver des trucs. De plus, la détective est parfois complétement clueless sur des trucs qui sont exposés de façon évidente à la lecteurice et ne suit pas certaines pistes (sans parler de filer tranquillement des infos sur l’enquête à la plupart des suspects). La relation d’Ivy à sa soeur est intéressante, mais beaucoup de trucs sont handwavés d’un « shut up it’s magical »

Bref, comme pour le roman précédent de Sarah Galey que j’avais lu, des idées cool mais faut largement plus travailler l’exécution.

The Magicians, de Lev Grossman

Roman de 2009. Quentin Coldwater, adolescent surdoué et dépressif, découvre que la magie existe quand il est recruté dans une école de magiciens. Émerveillé de faire partie d’une élite et de connaître la réalité du fonctionnement du monde, il va rapidement réaliser que ces nouveaux pouvoirs ne suffisent pas à combler le vide en lui, et va chercher toujours plus loin des façons d’oublier sa condition humaine, que ce soit dans la drogue, le sexe, ou l’exploration d’un univers parallèle inspiré de la série Narnia-like qu’il lisait enfant, où il espère que les règles binaires du monde vont lui permettre d’avoir une aventure moralement satisfaisante.

J’ai bien aimé, mais faut pas avoir peur des héros antipathiques. Quentin, qui commence juste comme un ado dépressif et incel, finit comme une espèce de monstre qui détruit tout ce qu’il touche avec son incapacité à être heureux cinq secondes d’affilée. Le livre présente les magiciens comme une élite nihiliste, qui ne se contente de rien puisqu’elle peut tout avoir sans efforts. C’est un point de vue un peu dark sur le monde.

The Scholomance, de Naomi Novik

Tome 1 : A Deadly Education

Galadriel, fille d’une mage-guérisseuse hippie, a été acceptée dans la Scholomance, la seule école de magie du monde. Si on y apprend bien l’usage des sorts, la fonction principale de la Scholomance est plus basique : elle sert de forteresse pour protéger les jeunes sorciers de toutes les créatures maléfiques qui se nourrissent de magie et visent en priorité les magiciens les plus inexpérimentés. Mais les défenses de l’École sont imparfaites, et des maleficaria parviennent régulièrement à entrer, fournissant le parfait incitatif pour apprendre au plus vite des sorts pour se protéger.

J’ai beaucoup aimé (j’ai lu le tome plus ou moins d’un seul coup). Beaucoup de questions qui restent sans réponse à la fin, mais le tome a quand même en soi une fin satisfaisante. J’espère que Novik va aborder dans le tome suivant les raisons qui font qu’à la fois l’école et la magie de l’univers fonctionnent d’une façon qui semble faite pour tuer les élèves et créer des prophéties autoréalisatrices ; parce que ça fait un fort bon univers mais si la réponse est juste « parce que c’est fun » c’est un peu dommage.

Le fonctionnement de la communauté magique est intéressant et original : la magie demande beaucoup plus d’énergie pour fonctionner en présence des personnes sans pouvoirs, ce qui justifie l’isolation de la communauté magique. Parallèlement, la magie est une énergie convoitée par toutes les créatures maléfiques, ce qui fait que les sorcièr.es sont toujours sur la défensive. Toute la mise en scène d’une méritocratie biaisée en faveur de ceux déjà au sommet de la pyramide est fort intéressante, et très réussie.

Enfin, par rapport aux Novik précédents (ceux que j’ai lus en tous cas), la dynamique de couple est plus intéressante et moins clichée. J’espère que ça va continuer dans les tomes suivants. De ce point de vue là j’ai un peu l’impression de lire une version réussie de La Passe-Miroir. Le personnage de himbo d’Orion est très réussi. Pour l’intrigue plus générale, l’école de magie où les élèves sont misérables et en danger de mort fait penser à Vita Nostra, en moins russe et plus jeunesse dans l’écriture.

Tome 2 : The Last Graduate

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Vita Nostra, de Marina et Sergey Dyachenko

Roman fantastique ukrainien. Une adolescente est admise dans une école de magie. Trope usé jusqu’à la corde ? Dans la fantaisie anglo-saxonne peut-être, mais là on en est loin. L’héroïne ne veut pas du tout aller dans cette école, on l’oblige à s’y inscrire et à être assidue en cours sous peine de voir sa famille être gravement blessée. L’enseignement est fastidieux, l’internat hors d’âge, tous les élèves terrifiés. Et pourtant Sacha va peu à peu aimer l’enseignement qu’on lui prodigue, trouver sa place et tout faire pour dissimuler la vérité à sa famille.

J’ai bien aimé. C’est assez perché, une description détaillée d’études ésotériques mais austères, consistant essentiellement à apprendre par cœur des textes incompréhensibles sous menace permanente. Les élèves sont tous traumatisés à des degrés divers par leur enseignement, personne n’est épanoui ou heureux, mais ça reste étrangement plaisant à lire et prenant.