Archives de catégorie : Culture/Procrastination

La Guerre Tranquille, de Paul McAuley

Space opéra.

En 2300, les 3 grandes puissances terriennes que sont le Grand Brésil, la Communauté Européenne et la Communauté du Pacifique sont fervemment écologique et travaillent dur pour réparer les dégâts infligé aux écosystèmes terrestres durant la Renverse, la conséquence du changement climatique. Ce sont accessoirement des pouvoirs oligarchiques sur lesquels quelques grandes familles règnent sans partage.

Mais ce n’est pas là toute l’Humanité : pour échapper à la renverse, les plus priviligiés de l’époque s’étaient réfugiés sur la Lune. Leurs descendants ont essaimé le système solaire, et si les colonies lunaire et martiennes ont succombé aux conflits entre la Terre et le Système solaire, les planètes et lunes plus lointaines comptent nombre d’habitats démocratiques. Entre les deux factions, les tensions s’accumulent et une guerre asymétrique menace d’éclater.

Bon, ce pitch faisait envie, et de fait y’a plein de choses bien dans ce bouquin. Mais on met beaucoup trop de temps pour y entrer. J’étais vraiment dans l’histoire que vers le dernier tiers voire dernier quart du bouquin. Trop de passage qui n’ont l’air d’être là que comme du background pour permettre à ce dernier quart de se déployer. Dommage.

(J’apprends d’ailleurs sur Internet qu’il y aurait un tome 2, peut-être plus efficace s’il se repose sur toute l’exposition faite ici. Néanmoins, pas sûr de chercher à me le procurer)

Black Panther, de Ryan Coogler

Film des studios Marvel. La direction artistique est superbe (avec plein d’afrofuturisme), la bande son est géniale, les personnages sont intéressants, et en terme de représentation, il est très cool d’avoir un film d’un gros studio présentant des personnages noirs et faisant jouer des acteurs noirs.

Par contre le scénario contient plus de trous que de scénario et ça m’a pas mal sorti du film (après c’est pas spécifique à Black Panther, c’est classique dans les films de super-héros). Pour citer les deux plus évidents :  la Nation la plus égalitaire sur Terre qui est dirigée par une monarchie absolue au trône de laquelle tu peux prétendre par une épreuve qui se base essentiellement sur la force physique, super ambiance, et par ailleurs, un mec random dont on sait qu’il a aidé un ennemi de la Nation à s’évader en tirant sur le roi et sa garde arrive à la frontière du pays, ne nous posons aucune question et acceptons qu’il prétende au trône.

Dans l’univers Marvel je trouve qu’il y a des similarités de scénario entre ce film et Thor : Ragnarokmais d’un point de vue scénaristique Thor (le personnage) est isolé alors que T’Challa a les ressources de tout un pays derrière lui (en terme de puissance de feu mais surtout en terme de logistique et de renseignement) ce qui rend beaucoup moins crédible une bonne partie de ses agissements. Par ailleurs le traitement de Thor : Ragnarok  est beaucoup plus comédique. Ici le film est bien plus sérieux (ce qui est bien), mais qui fait beaucoup plus ressortir les invraisemblances.

Néanmoins, bon moment passé devant.

Histoires de Batman, de Scott Snyder

Un ami m’a prêté 6 tomes en hard cover de Batman, les histoires scénarisées par Scott Snyder, c’est-à-dire The Court of Owls, The City of Owls, Death of the Family, Zero Year: Secret City, Zero Year: Dark City et Past, Present, Future. J’avais déjà lu les deux premiers il y a longtemps et j’avais aimé, du coup j’étais content de me replonger dedans et d’avoir une bonne dose d’oeuvre à lire.

J’ai beaucoup aimé les dessins (le gros de l’œuvre est dessiné par Greg Capullo mais il y a pas mal d’autres dessinateurices aussi). J’ai bien aimé l’arc des Hiboux (même si bon, y’a quand même une société secrète centenaire prête à se révéler à chaque coin de rue dans l’univers DC). Pas été fan de Death of the Family, que j’ai trouvé comme un The Killing Joke (si vous aimez l’univers de Batman et que vous n’avez pas lu The Killing Joke, faites-le) en moins réussi, plus dilué/verbeux. Le design du Joker est très réussi cependant. Zero Year et Past Present Future sont cools, mais les parties « Les voyages de Bruce Wayne » ne servent pas à grand chose. La prise de contrôle de Gotham par le grand méchant n’a comme souvent aucune crédibilité, mais les vues d’un Gotham en ruine et le Batman en mode survival que ça permet de mettre en scène sont superbes, donc on pardonne l’implausibilité. Il me reste 2 ou 3 tomes à emprunter, on verra ce que ça donne.

Il me restait donc 3 tomes à emprunter : pour commencer, Mascarade, ie le re-re-re-retour du Joker. Un peu dubitatif parce que comme toujours c’est à géométrie très variable : parfois le méchant a juste le gaz incapacitant qui permet de neutraliser Batman, parfois Batman a 18 coups d’avance.

Enfin, Batman la relève, tome 1 et 2. Suite aux événements de Mascarade, Batman est porté disparu. Un petit partenariat public privé entre le GCPD et Powers Industries va lancer le programme « Agent Batman », où le nec plus ultra de la technologie futuriste des comics va permettre d’avoir un exosquelette Batman employé par les forces de police de Gotham. Et forcément, en réaction à ce nouveau Batman, un nouveau superméchant surgit. Des trucs intéressants explorés dans cet arc, mais la structure globale de l’arc et le méchant n’ont pas grande originalité. La relation du Batman de substitution à la fois à l’institution policière, à l’héritage de Batman et à la mégacorporation qui le sponsorise est intéressante. Esthétiquement j’étais content qu’on nous montre plein de variations du costume de Batman et des Batexosquelettes, ça me fait toujours tripper.

GLobalement j’étais content de lire cette grosse masse de Batman, bons dessins, bon univers et c’est un superhéros que j’aime bien, mais les scénarios et le Batverse en général ont un peu tendance à réinventer la poudre à chaque reboot de l’univers plutôt que de faire des trucs novateurs (déjà perso je serai responsable chez DC de comment l’univers se développe, je tuerai Bruce Wayne une bonne fois pour toute. Pas temporairement pour n publications, définitivement définitivement. Ca serait un peu plus en ligne avec l’idée que Batman est plus grand qu’un seul homme, et ça permettrai d’explorer d’autres trucs intéressant que de nous rebooter sa première année en tant que Batman tous les 36 du mois. Mais bon.6)

Le Grand Paris, d’Aurélien Bellanger

Du même auteur, j’ai lu La Théorie de l’Information, que j’avais bien aimé.

J’ai été un peu déçu par Le Grand Paris. J’ai beaucoup aimé le début qui parle de génie du lieu, d’esprit des villes (sur ces deux premiers points, et spécifiquement sur ces points appliqués à Paris je rapprocherais ce livre de Masqué, de Philippe Lehman et de La Conjuration, de Philippe Vasset), d’urbanisme et d’une enfance et d’une jeunesse de droite. Je trouve ça très bien réalisé, difficile de savoir quel est le point de vue de l’auteur, qui sembler glisser des éléments autobiographiques dans son personnage mais garde cependant une distance avec son personnage « ravi de la droite ».

J’ai été moins enthousiasmé par la description des années Sarkozy et la cuisine interne de la politique de la droite française. Ok le Grand Paris est un objet éminemment politique, mais le livre s’égare un peu dans tout ça. Si le récit de la campagne et de la fabrication de la stature présidentielle de Sarkozy est intéressante (et ô combien transposable à Macron), le récit s’enlise après la sortie de l’état de grâce. Ça tourne un peu en rond, on ne comprends pas trop ce que l’islam vient faire là dedans avec tant d’insistance. Globalement le bouquin est intéressant, mais je suis resté un peu sur ma faim du prisme urbaniste du début que je m’attendais à voir revenir et être développé davantage.

L’analyse pas mise en forme de MNL, qui m’avait recommandé le bouquin :
tldr: c’est à la fois vachement intéressant si tu le lis comme un essai, par moments vraiment bien écrit d’un point de vue stylistique, et vachement perturbant en tant que roman.
Le premier truc qui me frappe c’est que c’est tellement typique de la « littérature de mecs ». Genre, le type passe littéralement 500 pages à t’expliquer des trucs sur Paris, les années 2000, la droite, l’urbanisme, l’islam, etc ; ya aucun personnage féminin dont le narrateur-héros ne tombe pas amoureux ; et surtout ya vraiment zéro intérêt pour la psychologie et, de manière générale, pour les personnages, ou les dialogues
c’est vraiment fou comme tendance quand on compare à, je sais pas, Duras ou aux fanfictions : ya vraiment une scission sur la question du sentimental versus les questions politiques et sociétales qui sont abordées plus par les auteurs masculins.
C’est pas surprenant, mais là pour moi c’est vraiment l’archétype du truc poussé à son plus haut degré et en fait ça participe de la bizarrerie du bouquin en tant que roman :
D’un côté, c’est assez original parce que c’est un traitement « à l’ancienne » de sujets ultra modernes. il te parle des émission d’Ardisson ou de La Haine, mais façon Balzac. Et ça c’est assez cool ; les pages d’analyse sur des phénomènes vachement récents et l’actualité des années 2000, sur le Loft et autres sont vraiment parmi les meilleures
D’un autre côté, et j’ai entendu des critiques dans ce sens, on peut dire que c’est à peine un roman : l’intrigue est minimale, les quelques effets de surprise ne sont pas du tout exploités, tout est en première personne et ya pas de dialogues, seulement quelques monologues qui se baladent, mais l’immense majorité du bouquin ce sont des sommaires (= des récits de période longue, par opposition à raconter une scène précise action après action) et en fait c’est vraiment vachement inhabituel, je pense que c’est assez rare. Enfin je ne sais pas, y’a des auteurs qui font plus ou moins ça, ça correspond à la forme du journal (type Mémoires d’Hadrien de Yourcenar) et c’est un peu l’idée ici
Sauf que comme c’est pas du tout tourné vers l’intime, et que t’as aucune empathie avec les personnages (genre yen a littéralement aucun qui est sympathique ou même incarné, à vrai dire), ça sonne vraiment comme une forme d’encyclopédie poétique de la ville. De ce point de vue là, c’est extrêmement austère comme texte, et je pense qu’il faut s’intéresser pas mal aux questions traitées pour aimer (mais je pense que c’est ton cas, sur l’urbanisme et sur Sarkozy et la droite en générale). D’où l’idée que le mec ferait mieux d’écrire des essais que des romans, vu qu’il sait des milliards de trucs et que souvent tu te dis que ce qu’il raconte est vachement intelligent (mais pas toujours-toujours non plus, le problème c’est que c’est ambigu, j’y viens)
SAUF qu’en fait je pense que le type sait très bien ce qu’il fait et qu’il a besoin de la subjectivité du roman pour pouvoir raconter ce qu’il raconte sur Paris et sur notre époque, et c’est ça qui rend le roman très perturbant d’un point de vue idéologique : c’est raconté par un mec de droite, globalement, avec plein de choses qui sont présentées comme des révélations sur la nature de la ville, l’islam, la politique, mais qui émanent clairement d’un point de vue de droite, et en plus un point de vue de droite méchamment barré, de mon point de vue. Genre, tous les personnages sont à moitié chelou-mystiques, ce qui crée vraiment une ambiance apocalyptique sur la plupart des sujets. C’est vachement vertigineux parce que je me suis renseignée et je crois que l’auteur est vraiment un intellectuel de gauche lambda, donc je ne crois pas qu’il adhère à ce que son personnage raconte. Mais c’est vraiment troublant parce que le type a son age, les mêmes initiales, et raconte à la première personne.
C’est marrant parce que, dans les interviews que j’ai lues, personne ne tique sur l’aspect idéologique du roman (qui sort quand même quelques trucs un peu fous). Alors je ne sais pas si c’est parce que je suis une gauchiste obsessionnelle incapable de sortir de moi-même (mais pas encore assez gauchiste pour P8, pour autant) et que le type est très fort pour écrire d’un autre point de vue que le sien. Après je pense que ça se veut non-réaliste y compris sur ce que pourrait être un point de vue de droite, à cause de la composante mystique de la narration. mais d’un autre côté il présente vachement la droite comme une pensée décadentiste/apocalyptique et ça ça peut être vrai, donc si ça se trouve on est vraiment dans la tête de l’ennemi, ce qui fait que le roman est assez ambigu idéologiquement : tu as les outils pour lire les choses contre le narrateur, mais il sort quand même aussi des trucs très intelligents donc c’est pas clair. Enfin ça m’a troublée au point que j’ai du aller vérifier les idées de l’auteur, c’est quand même un peu une preuve d’échec de mes capacités d’analyse mais c’est ptêtre aussi le signe que c’est réussi, je sais pas. En tout cas ça m’a vraiment intriguée ; c’est peut-être parce que je lis jamais d’auteurs contemporains à part la fanfic, mais j’ai trouvé ça super atypique
Après le mec écrit bien, ya des comparaisons géniales par moment, d’autant plus que ça porte sur des trucs vraiment modernes traités de manière littéraire, mais le gros défaut c’est qu’il ressasse : tu peux pas lire ça par sessions de 4h, parce que c’est vraiment des pages et des pages de comparaisons mystiques sur l’essence de la ville et sur l’histoire de Paris, et le roman pourrait être bien plus court ; de mon point de vue ya de vraies longueurs. Mais enfin, je pense que ça t’intéressera quand même, et ça fait réfléchir. En plus ça contient des infos super trippantes sur paris, et ça donne même envie de visiter/ faire de l’explo urbaine sur des trucs, donc…

10 Cloverfield Lane, de Dan Trachtenberg

Deuxième film de la série des Cloverfield. Une femme a un accident de voiture. Elle se réveille dans un bunker souterrain, avec deux hommes qui lui expliquent que la surface a été dévastée par un mystérieux événement. La vie s’organise dans le bunker, alternant entre confiance entre les personnages et crainte que « l’événement » les forçant à rester enfouis n’ai été inventé de toute pièce par une des trois personnes.

C’est bien filmé, bien mis en scène. Film en huis-clos avec 3 personnages dont une héroïne forte et bien caractérisée. Peut se voir totalement indépendamment du précédent dans la série.

PariZ, de Rodolphe Casso

L’apocalypse zombie a déferlé sur le monde, et notamment sur Paris. Dans les sous-sols de la station Charles-de-Gaulle – Étoile, un trio de clochards y survivent tant bien que mal. Jusqu’à croiser la route de deux paramilitaires fanatiques, et qu’une alliance de circonstance se noue…

C’était assez cool à lire. C’est bien écrit (quelques coquilles dans l’epub cependant, et second défaut, zéro personnage féminin). C’est cool à lire quand on connaît un peu Paris, on se laisse bien prendre à l’histoire, du bon roman de zombies.

L’établi, de Robert Linhart

Après mai 68, pour favoriser la convergence des luttes entre étudiants et ouvriers et pour participer à l’organisation du mouvement ouvrier, plusieurs intellectuels/étudiants/militants de gauche des classes moyennes décident de se faire embaucher en usine pour partager le quotidien des ouvrièr·e·s. Robert Linhart a été un de ces intellectuels établis. Il raconte ici son passage dans l’usine Citroën  de Choisy, comment il a participé à l’organisation d’une grève de débrayage, comment il a vécu le travail à la chaîne, les solidarités ouvrières, la répression par l’encadrement. Ça se lit vite et c’est super intéressant, grosse recommandation.

Our Kind of Traitor, de John Le Carré

Premier Le Carré que je lisais en VO (et j’ai lu La Constance du Jardinier quand je devais avoir 15 ans). Une histoire d’espionnage bien foutu, notamment parce qu’il y a très peu d’espionnage et encore moins d’action qui est montré : tout est très feutré, on est dans la psychologie des personnages, leurs réactions à une tension qu’ils ne sont pas sûrs de ne pas imaginer, leurs hésitations et interrogations.

Le style de John Le Carré fait que ce n’était pas le bouquin le plus évident à lire en anglais, mais c’est aussi pour pouvoir apprécier le style plutôt qu’une écriture blanche que c’est intéressant de lire en VO.

Deadpool, de Tim Miller

Film des studios Marvel sur le personnage éponyme. C’était sympa à regarder mais j’ai pas trouvé ça extraordinaire. C’était très convenu pour un film de super-héros, tout en prétendant (au moins dans sa campagne promotionnelle) que ça allait s’éloigner du modèle traditionnel, être plus trash et plus réaliste. Et en fait, bah à part que y’a des gens qui meurent vraiment au lieu d’être assommés, bah c’est totalement dans la structure classique du film de super-héros, avec origin story, love interest, big bad et final showdown (oui je laisse volontairement les termes en anglais). Dans le genre subvertissement des films de héros par un gros studio hollywoodien, j’ai trouvé que Logan faisait beaucoup mieux le taff (pour le côté juste violence réaliste on peut aller voir du côté de Kick-Ass, pour plus de subversion encore des films de super-héros par des petits studios, Vincent n’a pas d’écailles par exemple).

Les bris du 4e mur servent aussi à excuser les faiblesses du scénario en les mettant en évidence, ce que je trouve un peu frustrant.

Joe Hill, de Bo Widerberg

Biopic tourné en 1970 sur la vie du syndicaliste américain du début du XXe siècle Joe Hill. Je n’ai pas été transcendé. Le film prend l’angle de l’anecdotique et de l’histoire construite individuellement par les grands hommes, un peu dommage pour un film sur un syndicaliste. Beaucoup d’ellipses qui font qu’on comprend assez peu les motivations du personnage principal, pourquoi il est convaincu par le syndicalisme, pourquoi il décide de ne pas se défendre davantage contre les accusations de meurtre…

Le syndicalisme sert en fait beaucoup de toile de fond pour dérouler sa vie, on voit très peu les enjeux syndicaux : on nous montre des inégalités, une absence totale de sécurité sur les lieux de travail, mais c’est passé très vite.