Archives de catégorie : Arbres morts ou encre électronique

La présidente et Totalitaire, de François Durpaire et Fabrice Boudjellal

De la politique fiction imaginant l’arrivée du FN au pouvoir. Le premier tome est assez glaçant par la justesse des prédictions (plusieurs trucs, notamment l’application d’un État d’urgence permanent, ayant été faits sous le mandat de Hollande), la deuxième paraît plus irréaliste mais bon, j’aurais dit ça de la première il y a quelques années…

Il y a un troisième tome qui est sorti depuis (La Vague, je crois) qui parle des relations de la France de cet univers avec la Russie de Poutine et les USA de Trump. Pas encore lu.

Post agrégé : Snicket

J’ai rassemblé ici mes recensions des différents textes (j’ai laissé l’adaptation sérielle de côté) de – ou affiliés à l’œuvre de – Lemony Snicket, pour être plus cohérent. Voir aussi le post de MNL référencé dans le paragraphe suivant. Voir aussi  : désespoir et littérature jeunesse.

Ouragan sur le lac, de Lemony Snicket. Troisième tome des désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire. Ça se lit plus vite que dans mes souvenirs d’enfance, mais c’est cool à lire. Toujours aussi peu joyeux par contre. MNL a raison, je ne sais pas comment Snicket a réussi à faire passer ça pour une série pour enfants.

The Vile Village, The Hostile Hospital et ainsi de suite jusqu’à The End, de Lemony Snicket. Je relis la série en VO. C’est bien plus sombre que dans mon souvenir et c’est vachement bien. J’ai relu jusqu’à The End (qu’il me semble ne jamais avoir lu enfant).  Y’a des incohérences dans la description des conséquences du schisme (enfin on a l’impression que le côté lumineux pensait pas que leurs ennemis retiendrait la localisation de leurs bases et qu’ils ont rien prévu pour les protéger, c’est un peu absurde), mais globalement c’est vachement bien, notamment dans la vision nuancée du monde que ça file aux lecteurices.

All the Wrong Questions, de Lemony Snicket, commencé sur les conseils de M.N.L. Sympa, méta, plein plein de références à d’autres livres, do recommend.

[REDACTED], by M. Je ne peux pas vous dire grand chose sur cette œuvre, même pas son titre, sinon je serai obligé de vous tuer. Je peux vous dire que ça dérive de l’œuvre de Lemony Snicket, que ça a été écrit dans le cadre d’une série d’énigmes, de mystères et de dissimulations et que si vous cherchez un scénario manichéen, je vous conseille de chercher une autre fanfiction. Excellente lecture, difficilement séparable de son contexte et paratexte néanmoins. Si jamais vous en trouvez une version manuscrite annotée dans une bibliothèque désaffectée et à moitié ravagée par le feu, dans une boîte hermétique arborant discrètement la marque d’une organisation aussi légendaire qu’inconnue, je ne peux que vous recommander de lire quelque chose de plus recommandable et moins fouillis, le Da Vinci Code par exemple.

La Septième Fonction du Langage, de Laurent Binet

Un polar qui imagine que derrière la mort de Roland Barthes en 80 se cachait une conspiration. Un flic bien de droite et un prof de sémiologie de l’Université de Vincennes font équipe pour aller au fond de l’affaire, en rencontrant Todorov, BHL, Giscard, Genette, Foucault, Derrida et bien d’autres. C’est très rigolo, surtout quand on connaît un peu le milieu universitaire, le côté années 80 est très bien rendu, c’est méta, BHL et Sollers en prennent comme il se doit pour leur grade, bref, c’est merveilleux, et c’est par l’auteur qui a aussi écrit HHhH, que j’avais beaucoup aimé aussi.

Classe ouvrière et Révolution, de F. Bon et M.-A. Burnier

Livre écrit en 71 autour des questions : le prolétariat est-il toujours une classe révolutionnaire ? Y a-t-il des classes révolutionnaires par nature ? En revenant au texte de Marx et en citant aussi Lénine et Jerry Rubin, les auteurs répondent par la négative aux deux questions : pour eux, le côté révolutionnaire d’une classe vient de sa position dans la société et de circonstances extérieures, pas simplement du fait d’être la classe opprimée dans une configuration donnée. Accessible et assez intéressant, je le trouve étonnamment d’actualité pour un livre écrit en 71.

Trouvé dans la rue.

Le Problème à Trois Corps, de LIU Cixin

Je n’ai pas été totalement convaincu. L’univers imaginé est intéressant, mais y’a un peu un deus ex machina pour expliquer les mystères du début (même si c’en est un relativement bien pensé), et les relations des personnages paraissent très artificielles (syndrome classique du héros qui a une femme et un enfant avec lesquels il interagit une fois, avant de passer trois heures chez une grand-mère inconnue pour discuter avec elle à bâtons rompus), essentiellement là pour permettre de décrire l’astucieux univers inventé par l’auteur.

Une Victoire sur les Multinationales, d’Anne Le Strat

Récit de la remunicipalisation (passage en régie) de la gestion de l’eau de Paris, par l’élue qui l’a portée. C’est intéressant, on voit bien les stratégies scandaleuses et les marges pharaoniques que se font (certaines) entreprises sur les délégations de service public. La partie chronologique est vraiment bien, la partie « Autres acteurs » fait un peu plus fouillis/catalogue, mais ça semble difficile à éviter.

Le Squat : problème social ou lieu d’émancipation ?, de Florence Bouillon

Transcrit d’une conférence sur le sujet donné en 2010. Court et intéressant, parle de la perception des squats par les riverain⋅e⋅s, par les autorités (et notamment le traitement totalement défavorable qui leur est fait par la justice qui fait toujours primer le droit à la propriété sur le droit au logement, réclamant parfois des indemnités pharaoniques aux squatteureuses), et de la perception des squats par les squatteureuses, qui à la fois vivent dans une incertitude sur leur possibilité de rester et pour combien de temps qui a de fortes conséquences psychologiques, mais qui aussi par rapport aux foyers ou à d’autre types de logements qui leur sont accessibles, peuvent revendiquer un « chez soi » qu’els peuvent aménager et améliorer comme els l’entendent.

Retour à Reims, de Didier Eribon

Un livre que le sociologue a écrit à la mort de son père, revenant sur la façon dont il s’était totalement éloigné de sa famille, appartenant aux classes populaires en même temps qu’il montait dans l’échelle sociale et revendiquait son homosexualité. Éribon revient sur son parcours en analysant les rapports de classe, les attachements politiques des classes populaires au Parti Communiste puis au FN, les habitus de classe. C’est passionnant, truffé de référence, intellectuellement stimulant. C’était le livre idéal à faire lire à mon père pour discuter des notions de sociologie qui m’intéressait. Sauf que mon père est mort pendant que je lisais ce bouquin, qui a pris du coup une résonance particulière et douloureuse pour moi. Mon rapport à mon père n’était absolument pas le rapport d’opposition de Didier Eribon au sien, je me suis construit avec mon père comme une référence sur beaucoup de points, mais les questions d’habitus de classe trouvent un fort écho.