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Burning Paradise, de Robert Charles Wilson

En 2014, le monde s’apprête à fêter 100 ans de paix, la Grande Guerre de 14 ayant été le dernier conflit majeur. Le monde est prospère, le travail de la Ligue des Nations salué. Mais certain-e-s savent que cette paix et cette prospérité ne sont pas dues à l’action humaine : quelque chose manipule l’Humanité pour parvenir à ses fins. Brillant roman de RCW, qui présente une espèce extraterrestre vraiment originale, qui développe en toile de fond une belle uchronie et qui nous présente une histoire absolument pas manichéenne : à la fin, les personnages ont fait des choix, mais je serai bien incapable de dire si c’étaient les bons ou non. Il parle tranquillement de manipulation par les médias, de recherche académique, il subvertit quelques tropes au passage (le leader de la Résistance Mondiale notamment). Cool roman. Il rappelle pas mal Darwinia du même auteur, mais en plus satisfaisant. On peut juste regretter que la « condition de victoire » soit un peu ad hoc pour que les protagonistes humains puissent intervenir sur l’histoire.

Anti-Ice, de Stephen Baxter

L’Empire Britannique découvre une source d’énergie surpuissante dans les années 1850, développe une technologie à l’avenant et en profite pour imposer son point de vue à l’Europe entière. La majorité du roman est un peu laborieuse, avec un personnage un peu clueless qui découvre toute ces merveilles et va sur la Lune… En fait le plus intéressant c’est l’intro et la conclusion décrivant l’expansion de l’Empire Britannique et les orientations qu’il prend avec son pouvoir incontesté, rejouant la seconde guerre mondiale et la guerre froide avec un siècle d’avance.

XCOM, enemy unknown

Jeu de stratégie avec gestion des ressources et système de combat au tour par tour où l’on défend la terre contre une invasion extraterrestre. Un peu trop militariste pour moi dans son esthétique, mais sympa à jouer. Par contre je l’ai jamais fini parce que comme je remplissais pas l’objectif principal des missions les ennemis sont montés en puissance bien trop fortement par rapport à mes compétences en jeu vidéo, je peux plus remplir les objectifs et j’ai la flemme de recommencer une partie.

Chappie de Neil Bloomkamp

Film présentant l’accession à la conscience d’un robot précédemment utilisé par la police de Johannesburg. J’ai bien aimé le film, il a plein de côtés cools. Je vais commencer par mes critiques : Pas masse de diversité (Y’a deux femmes et elles entrent en contact à aucun moment (ne passe pas le bechdel, donc) et y’a deux personnes de couleurs qui parlent (le personnage principal et le plus moral du film, ce qui est cool) et un policier blessé avec deux répliques). J’y ai aussi vu une police fortement militarisée sans que ce soit vraiment remis en question (tout l’internet et louis lisent une critique de la police dans le film mais je vois pas où : Le méchant c’est une seule personne qui veut la surmilitariser en leur filant un truc avec des armes air/sol et qui est clairement montré comme psychopathe, mais du coup en regard la militarisation actuelle de la police (avec des robots en titane qui tirent à balles réelles sur les gangs) me semble présentée comme « raisonnable ». D’ailleurs quand les robots tombent en panne il y a immédiatement une vague de destruction et d’attaque par les gangs : les robots me semblent présentés comme la bonne solution. Il est dit à la fin du film que la police ne les utilise plus mais c’est parce qu’un robot (Chappie, celui doté d’une conscience) a participé à un casse et que personne n’a compris ce qui s’était passé. Dans le même genre, le Robocop sorti il y a quelques années me semblait bien plus efficace pour montrer les travers de la militarisation et de la délégation au privé des services de police.
Pour passer à ce que j’ai bien aimé : le fait que Chappie fasse son éducation avec un gang et que ses choix de vie, son vocabulaire, ses goûts esthétiques échappent totalement à ce que son concepteur considérait être « bien ». C’est une métaphore absolument pas voilée de l’éducation d’un enfant mais c’est bien fait. J’ai beaucoup aimé aussi le fait que le robot soit raccommodé (membre de rechange pas dans les bons coloris, réparation au scotch, pochoirs, colliers). Le fait de considérer des objets comme non pas finis mais toujours entre deux couches de modification est quelque chose que j’apprécie toujours. Le scénario est parfois un peu mince mais ça n’influe pas sur la qualité générale d’un film (cf Mad Max), et notamment la fin est vraiment intéressante (et laisse plein de questions en suspens pour un second opus). Le fait de transférer l’esprit de Deon dans un corps robotique était très intéressant. J’aurais aimé que le film soit un peu plus contemplatif et s’arrête un peu plus sur les implications et laisse de la place pour une scène où Deon se confronte vraiment à son corps biologique mort (c’est pas tout à fait anodin de se voir tel qu’on s’est toujours perçu mort et depuis l’extérieur). Le fait que Chappie doive la vie à Deon et Deon à Chappie est aussi très symbolique et intéressant (une suite, une suite !). J’ai été un peu agacé qu’ils filent un visage humain à la version robot de Yo-landi par contre. Le fait d’avoir un corps différent de l’humain était justement un détail cool.
La situation finale c’est quand même trois robots conscients dont deux auparavant humains, dépendants de batteries qui ne sont plus en circulation, avec le secret de la création de la conscience et celui de son transfert. C’est quand même un excellent point de départ pour un tome 2.

La trilogie du Chaos en marche de Patrick Ness

Intéressant au début mais un peu décevant. Ça commence comme de la YA pas très originale, le premier tome en subvertit les clichés pour faire quelque chose d’intéressant, puis les deux autres retombent dedans. Le premier tome présente un narrateur non-fiable et une critique du masculinisme qui sont assez cool, mais qui sont globalement abandonnées après, même si le deuxième tome montre l’établissement d’une dictature misogyne.

Julian, de Robert Charles Wilson

Extension par RCW de sa novella Julian, un conte de Noël. Le livre se passe au XXIIe siècle, dans une Amérique que la disparition de l’énergie bon marché a ramené au niveau technologique du XIXe siècle. Si l’Amérique décrite est intéressante (étendue à 60 États par la conquête du Canada, retournée à un système féodal tout en se réclamant des symboles d’une démocratie vidée de son sens), le côté hommage à Mark Twain et roman d’aventure d’un protagoniste campagnard à qui il arrive des aventures étonnantes est quand même agaçant par moment.