Archives par mot-clé : roman

This Census-Taker, de China Miéville

Très bon, livre, assez court, assez indescriptible. Lu en VO, ce qui en a fait une lecture bien dense vu le style de l’auteur, mais je pense que ça vaut vraiment le coup de faire l’effort de pour profiter dudit style. Récit raconté par un narrateur enfant au moment des faits, qui n’est pas certain de tout ce qu’il a vu, qui alterne entre troisième et première personne pour raconter son histoire, dans un monde dont on sait très peu de choses et qui semble fort mystérieux. J’ai regardé quelques recensions du livre en ligne qui disent qu’il parle avant tout d’incertitude et c’est assez vrai. Tout reste assez obscur après avoir refermé le livre, mais l’histoire reste avec vous.

Bref lisez-le et on pourra en parler ensuite.

Le Bâtard de Kosigan, de Fabien Cerutti

Tome 1 : L’Ombre du Pouvoir.

Roman de fantasy historique française. Mes sentiments dessus sont mitigés. Commençons par le positif : C’est de la fantasy avec un univers original, mélangeant histoire européenne médiévale réelle et éléments fantastiques. Il existe différentes races (et l’Église mène des Croisades racistes visant à éliminer de concert croyances païennes et races autre qu’Homo sapiens), de la magie, différents artefacts et pouvoirs spécifiques, le tout fort bien mené, et avec un auteur qui connaît l’Europe médiévale et n’en fait pas une caricature. J’ai très envie d’en savoir plus sur l’univers. De plus c’est globalement bien écrit et fluide.

Cependant, 3 défauts, par ordre d’importance croissante :
1/ des passages situés 500 ans plus tard, le descendant du héros qui mène l’enquête sur son ancêtre et envoie des lettres à son pote pour rendre compte de ses progrès. C’est très elliptique et ça apporte pas grand chose.
2/ Toutes les femmes sont attirées par le héros, et il leur rend bien. C’est pas crédible et c’est bien chiant. Tu réussis à rendre crédible de la magie et des Elfes, vient pas tout ruiner avec un héros queutard sans rime ni raison.
3/ Généralement le défaut 2 est un des trucs que je vais le plus reprocher à une œuvre. Mais là, on a pire : le héros en totale maîtrise de toute la situation. Il sait tout, manipule tout le monde, à trois coups d’avance sur tous, est juste avec ses hommes, charmeur avec les femmes, plein d’esprit avec ses ennemis… Raaaah. On veut lui mettre des claques. Et en plus il est cheaté de façon perrave (il a littéralement des facultés de régénérations à nulles autres pareilles , dans un monde pourtant magique). Ce défaut et l’érotomanie se retrouvent d’ailleurs chez son descendant-décalque, pour ne rien arranger.

Donc bon. C’est un tome 1/3 (même si visiblement ils peuvent se lire indépendamment), je ne pense pas que j’achèterai les suivants mais je les emprunterai en bibliothèque pour l’univers.

Tome 2 : Le Fou prend le Roi.

Je l’ai effectivement emprunté en bibliothèque. La composante « le héros a absolument tout maîtrisé » est moins présente, il se retrouve davantage dépassé par les événements et avec des adversaires à sa hauteur. Moins de coucheries aussi, il n’a pas trop le temps vu qu’il passe la majorité du livre à tenter de sauver sa peau in extremis. Les scènes 500 plus tard ne servent par contre toujours à rien, et il y a un peu trop de créatures « que l’on croyait éteintes depuis 200/500/1000 ans » qui refont des apparitions pour que ça reste crédible. Moins de développement de l’univers, mais en même temps une intrigue plus resserrée, win some, lose some.

The Rise and Fall of D.O.D.O, de Neal Stephenson et Nicole Galland

Un bouquin de SF avec de la magie, du voyage dans le temps, des départements militaires secrets et des linguistes obstinées. Ça pouvait être très réussi, mais malheureusement l’exécution est loin d’être à la hauteur de ses ambitions. C’est compliqué de faire quelque chose de bien avec du voyage dans le temps, et que clairement là les auteurices ont mis le problème sous le tapis en disant juste très vite « physique quantique ».

Et en fait c’est un peu significatif du problème de tout le bouquin. Y’a plein de trucs où tu sens de façon grossière que ça se passe comme ça, que les personnages se comportent comme ça, n’envisagent pas telle possibilité, uniquement parce que ça permet de raconter l’histoire. Et, well, meh.

Un des types de récit de science fiction que j’apprécie énormément, c’est ceux où l’auteurice imagine une technologie, un artefact, un point de départ quelconque, et regarde toutes les façons dont il pourrait être utilisé/modifier la société. C’est Lumière des Jours Enfuis d’Arthur C. Clarke, c’est The Power de Naomi Alderan, c’est certains morceaux de Spin de Robert C. Wilson. Quand c’est bien fait c’est génial, et raconter une histoire dans un univers comme ça, même si l’histoire n’est pas incroyable en soi, marche souvent très bien tant que ça permet de montrer différentes facettes de l’univers. C’est aussi ce mécanisme que j’apprécie fortement dans les uchronies.

Ici on a le contraire. Les auteurices veulent raconter une histoire donnée qu’ils ont fixé, et ils adaptent l’univers pour que l’histoire soit racontable. Si c’est fait sans que les coutures soient visibles et proprement rétroingéniéré ok, mais là c’est pas le cas du tout.

 

Pastorale américaine, de Philip Roth

Philip Roth retrace la vie de Seymour « Le Suédois » Levov, un des compagnons de classe de son alter ego romancier Zuckerman. Comme souvent chez Roth, ça parle de la vie d’un enfant qui a grandi dans une communauté juive de l’État de New York. Mais le parcours de Levov est différent en ce qu’il a incarné et voulu vivre pleinement le rêve américain. Ça parle de la fabrication de gants, de l’entreprenariat américain entre les années 20 et 80, de l’Histoire de l’Amérique. C’est dense mais fort bien. J’aime beaucoup le style de Philip Roth, la façon dont il déroule l’histoire de façon non linéaire, en faisant des retours dans le temps, en évoquant des souvenirs, des comparaisons entre époques, des digressions, des changements de personnages suivi tout en restant très fluide dans la narration.

La cache, de Christophe Boltanski

Un roman typiquement français, où l’auteur/narrateur revient sur le passé de sa famille. J’étais un peu dubitatif au début, mais en fait ça se lit bien, la narration qui fait des allers-retours dans le temps fait que l’on comprend au fur et à mesure les tenants et les aboutissants de l’histoire. Accessoirement les travaux de son père sont pas du tout évoqués dans le bouquin (contrairement à ceux de ses oncles), mais c’est le fils du sociologue Luc Boltanski.

Réparer les Vivants, de Maylis de Kerangal

J’avais bien aimé Corniche Kennedy de la même autrice, j’ai été un peu déçu par celui là. Déjà parce que c’est vraiment exactement la même écriture, et puis parce que y’a un peu trop de jeu sur l’émotion par certains côtés, et que les personnages sont parfois de gros clichés un peu malaisant (l’infirmière qui couche avec son mec à l’improviste au milieu des poubelles, vraiment ?)

La Douleur porte un costume de plumes, de Max Porter

Un livre relativement court (je l’ai lu en deux heures je dirais) sur le deuil. Trois points de vues qui alternent : Un homme, ses deux enfants, et Corbeau, une créature imaginaire, qui parlent de la perte d’une femme / d’une mère et du processus de deuil qui s’ensuit. Il est globalement intéressant, mais je l’ai trouvé trop court et un peu inégal.

Corniche Kennedy, de Maylis de Kerangal

Marseille, années indéterminées. Des gamins des quartiers pauvres squattent un bout de falaise à pic sur la mer. Une plate-forme, trois plongeoirs, ils font leur vie. Mais voilà, ça fait désordre, ces jeunes qui crient fort et font leurs petits trafics. Le maire décrète la tolérance zéro, un chat et souris s’installe entre jeunes et policiers. Les portraits des jeunes sont intéressants et réalistes, le commisaire de police est plus cliché et moins crédible. C’est bien écrit et intéressant, mais par contre ça se termine en queue de poisson, c’est un peu dommage.

Les Révoltés, de Sándor Márai

Un cadeau de snoopy.

Quatre lycéens hongrois à l’arrière durant 14-18 sont révoltés par la société et ses conventions étouffantes, par le règne des pères et les obligations. Mais la société pèse lourd et ne pardonne pas les écarts… Pas très joyeux, mais très bien écrit, histoire intéressante et prenante, il a été écrit en 1920 et il a fait pas mal de bruit à l’époque, on comprend aisément pourquoi. Je recommande.