Archives par mot-clé : Les Aventuriers du Temps Perdu.

J’ai un billet de retour.

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Nuff’ said.

Dantès sourit dans l’obscurité. L’affaire était conclue. Une volute de fumée s’échappa du narguilé du cheikh, qui donnait des instructions dans un arabe rapide à un de ses serviteurs. Un autre serviteur s’approcha et tendit un coffret d’ébène au Comte. Dedans, le pendentif qui donnait clairance pour embarquer dans l’aéroplane diplomatique du cheikh, vers Abu Dhabi au préalable, puis l’aérogare royale de Versailles. En échange, Dantès ôta la bague qui ornait son majeur droit et la tendit au serviteur. La bague lui venait de sa mère, une des rares possessions de valeur qu’avait eu sa famille. S’en séparer était un crève-cœur, mais l’échange était honnête.
Le cheikh Etihad tendit le narguilé à Dantès, qui en inspira une longue bouffée, rompu à l’usage par son séjour au Caire. Le retour en France n’avait jamais été aussi proche, songea-t-il en exhalant la fumée au parfum entêtant.

Naufragé en terre inconnue.

Résumé des épisodes précédents : Après avoir passé quatre mois aux Indes, notre héros Edmond Dantès s’apprêtait à regagner sa terre natale, prendre sa revanche sur Morcef et enfin conduire Mercedes à l’autel. Hélas, mille fois hélas, c’était sans compter sur la perversité des marchés, qui prêts à tout pour qu’Edmond ne revoit la France, avaient décidé d’abattre Air India, la compagnie aérienne sur laquelle Dantès avait pris son billet.

Le téléphone échappa des mains de Dantès, produisant un son mat en heurtant le sol de granite du Château d’IFP. Edmond resta là, prostré, immobile pendant une minute, son esprit foudroyé par la nouvelle. Si l’aéroplane qui devait lui faire regagner la tumultueuse Delhi existait toujours, celui qui devait assurer la liaison avec l’Europe avait été supprimé, définitivement plaqué au sol par la main invisible et implacable du marché.
Embarquer dans l’équipage d’une frégate de la Compagnie des Indes pour rejoindre l’Europe ? Non, il devait arriver à temps pour contrer les noirs desseins de Morcef. Affréter un autre aéroplane ? Malheureusement, sa fortune était en France, il ne pouvait régler une telle dépense. Non, il devait y avoir un moyen de persuader Air India de le placer sur un autre vol… Cent fois il tenta de les joindre par téléphone, cent fois il échoua. Enfin le soleil descendit sous l’horizon et il sut que ses tentatives étaient vaines, car nul clerc ne hanterait les locaux de la compagnie à une telle heure. On était vendredi soir, aucune tentative ne pourrait être refaite avant le lundi matin. Il s’en alla, obscur, dans la nuit bouillonnante.

Notre héros reverra-t-il Paris ? Mercedes échappera-t-elle au mariage avec Morcef ? D’Artagnan réussira-t-il à empêcher le Tsar Mécanique de prendre le contrôle de la Compagnie des Indes ? Vous aurez la réponse à toutes ces questions et bien plus encore en lisant le prochain épisode de Indes & Cie !

Marcel Proust & les Aventuriers du Temps Perdu.

Une fois que l’idée était lancée, je n’ai pas pu résister… Rien à voir avec l’Inde donc, mais tant pis.

La porte claqua, faisant vibrer la batisse ; Indiana se tenait dans l’embrasure, découpé sur l’or du soleil couchant, campé là comme s’il était l’évidence ; il y avait dans ce tableau un sentiment d’éternité, comme si Indiana n’avait jamais cessé de se tenir sur mon seuil, et que jamais il ne cesserait, dut-ce l’univers prendre fin ; et pourtant il bougea, et l’instant fut brisé, le sentiment balayé.
« Marcel. J’ai besoin de toi.
– Indiana. Cela fait longtemps. Après la dernière fois, je ne pensais plus te revoir. »
Indiana… Après la mort d’Albertine, brisé par le chagrin, je m’étais rendu aux Amériques, tentant de noyer mes pleurs dans la beauté du monde. Mais là où le monde n’avait rien pu, la beauté d’un homme m’avait sauvé. Indiana Jones, professeur et aventurier ; avec lui j’avais gravi des montagnes, exploré les plus vieux vestiges de l’Humanité, cherché de mystérieux artefacts. Las, après tout ce que nous avions vécu ensemble, quand j’avais rassemblé le courage nécessaire et déclaré mes sentiments à Indiana, il m’avait repoussé. Le cœur brisé une seconde fois, chancelant sous le poids des peines, je m’étais retiré à Guermantes dans la propriété familiale, où je n’aspirais qu’à panser mes plaies. Et aujourd’hui le passé et l’aventure se tenaient une nouvelle fois devant moi, et ils avaient le sourire d’Indiana.
« Marcel… Je ne t’aurais pas recontacté si la question n’était pas vitale. Je suis sur la piste de la couronne de Charlemagne. Mais je ne suis pas le seul. Cette couronne soulève l’intérêt de bien des gens malintentionnés. Sans ta connaissance de la société française, je n’ai aucune chance. Il existe une société secrète qui cherche la couronne, et qui possède un parchemin indiquant son emplacement. J’ai réussi à identifier certains de ses membres. J’aurais besoin que tu m’introduises chez un certain Verdurin. »
La tête me tournait. Indy, l’aventure, une quête mystérieuse, tout cela pouvait-il appartenir au même univers que la société feutrée qui emplissait les salons parisiens ? Indiana me regardait, attendant ma réponse. Guermantes me sembla tout d’un coup trop étroite, comme une mue qu’il me fallait abandonner pour aller de l’avant ; les boiseries de la vieille demeure m’avaient soutenu un temps mais maintenant qu’Indiana était là Guermantes prenait un coté absurde, elle palissait à coté du torrent perpétuel, du brasier de vie qu’était Indiana. Je l’ai regardé dans les yeux et je lui ai dit oui, de ce même oui que l’on dit en réponse au prêtre, de ce oui que l’on crie dans l’extase, de ce oui qui clamait que contre vents et marées contre lui et contre moi, je serais à ses cotés.

Tondeuse.

En me réveillant de bon matin sur le coup de midi et demi, je me suis allègrement traîné jusqu’à la salle de bain.
Là, pendant que mon cerveau alerte tentait de faire correspondre l’image dans le miroir et la séparation persona/monde extérieur, mon regard a accroché la tondeuse abandonnée sur le rebord du lavabo par mon colocataire. Tout en passant une main hagarde sur ma barbe de trois semaines désespérément blonde et éparse, deux neurones se sont interrogés sur l’efficacité de l’instrument, avant de se résoudre à l’étude expérimentale. L’engin a été saisi, examiné sous tous les sens ; le bouton marqué ON a été pressé, la mécanique s’est activée, le menton a été approché.
Ventredieu. Pourquoi personne ne m’avait parlé de cette preuve de l’existence de Dieu auparavant ? En une minute chrono, sans mousse à raser ni rien, j’avais un menton qui évoquait plus l’Humanité civilisatrice et dispensatrice de Progrès qu’un croisement improbable entre une fourrure mangée aux mites et un crash aérien sur une table de dissection. Restaient à régler les yeux chassieux, les cheveux emmêlés et la paupière droite au tressautement incontrôlable, mais une douche de café et une tasse froide et tonique s’en chargèrent.
Un homme nouveau, je passais la porte de l’appartement, prêt à rappeler au monde extérieur de quoi Marcel Proust était le nom.
Une note mentale fut ajoutée à la case « Désirs et Consommation » : Acheter une tondeuse.