Archives par mot-clé : essai

Classe ouvrière et Révolution, de F. Bon et M.-A. Burnier

Livre écrit en 71 autour des questions : le prolétariat est-il toujours une classe révolutionnaire ? Y a-t-il des classes révolutionnaires par nature ? En revenant au texte de Marx et en citant aussi Lénine et Jerry Rubin, les auteurs répondent par la négative aux deux questions : pour eux, le côté révolutionnaire d’une classe vient de sa position dans la société et de circonstances extérieures, pas simplement du fait d’être la classe opprimée dans une configuration donnée. Accessible et assez intéressant, je le trouve étonnamment d’actualité pour un livre écrit en 71.

Trouvé dans la rue.

Une Victoire sur les Multinationales, d’Anne Le Strat

Récit de la remunicipalisation (passage en régie) de la gestion de l’eau de Paris, par l’élue qui l’a portée. C’est intéressant, on voit bien les stratégies scandaleuses et les marges pharaoniques que se font (certaines) entreprises sur les délégations de service public. La partie chronologique est vraiment bien, la partie « Autres acteurs » fait un peu plus fouillis/catalogue, mais ça semble difficile à éviter.

Le Squat : problème social ou lieu d’émancipation ?, de Florence Bouillon

Transcrit d’une conférence sur le sujet donné en 2010. Court et intéressant, parle de la perception des squats par les riverain⋅e⋅s, par les autorités (et notamment le traitement totalement défavorable qui leur est fait par la justice qui fait toujours primer le droit à la propriété sur le droit au logement, réclamant parfois des indemnités pharaoniques aux squatteureuses), et de la perception des squats par les squatteureuses, qui à la fois vivent dans une incertitude sur leur possibilité de rester et pour combien de temps qui a de fortes conséquences psychologiques, mais qui aussi par rapport aux foyers ou à d’autre types de logements qui leur sont accessibles, peuvent revendiquer un « chez soi » qu’els peuvent aménager et améliorer comme els l’entendent.

Retour à Reims, de Didier Eribon

Un livre que le sociologue a écrit à la mort de son père, revenant sur la façon dont il s’était totalement éloigné de sa famille, appartenant aux classes populaires en même temps qu’il montait dans l’échelle sociale et revendiquait son homosexualité. Éribon revient sur son parcours en analysant les rapports de classe, les attachements politiques des classes populaires au Parti Communiste puis au FN, les habitus de classe. C’est passionnant, truffé de référence, intellectuellement stimulant. C’était le livre idéal à faire lire à mon père pour discuter des notions de sociologie qui m’intéressait. Sauf que mon père est mort pendant que je lisais ce bouquin, qui a pris du coup une résonance particulière et douloureuse pour moi. Mon rapport à mon père n’était absolument pas le rapport d’opposition de Didier Eribon au sien, je me suis construit avec mon père comme une référence sur beaucoup de points, mais les questions d’habitus de classe trouvent un fort écho.

Masculin Féminin II : Dissoudre la hiérarchie, de Françoise Héritier

De l’anthropologie féministe.
Je ne sais pas trop quoi en penser. C’était intéressant mais franchement rien de révolutionnaire. Je pense que c’est un niveau de réflexion sur le féminisme que j’ai déjà atteint. Une réflexion intéressante sur l’influence de la contraception (et du contrôle qu’elle donne aux femmes sur leur corps) sur les représentations sociales des différences entre les sexes. Les réflexions sur le clonage et l’origine de la domination masculine m’ont moins convaincu.
Le passage sur le fait de classer des concepts opposés (genre jour/nuit) entre des pôles masculins et féminins, avec le concept qui est vu comme féminin variant selon les sociétés mais toujours considéré comme le moins noble est intéressant (ça se retrouve pas mal dans l’époque moderne avec la considération accordée à certaines professions variant selon leur niveau de féminisation)

La Morale anarchiste, de Pierre Kroptokine

Petit volume répondant à la question de « Mais si vous ne reconnaissez pas une autorité supérieure comme celle de Dieu ou de l’État, d’où tirez-vous votre morale ? » Bah globalement, de la Règle d’Or (ne fait pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’els te fassent) et du sentiment de faire ce qui est bon pour l’Humanité entière, et en ayant la motivation d’agir plutôt que de rester passif devant ce que l’on ressent comme des injustices. C’est intéressant mais je vois des failles dans l’argumentation (un xénophobe qui va aller détruire des campements de réfugiés va dire qu’il agit comme ça pour protéger la communauté d’une invasion), et c’est assez basique comme niveau de théorisation de l’anarchisme. Mais si vous n’y connaissez rien c’est une bonne première lecture je pense.

La Révolte des Élites, de Christopher Lasch

Essai sur le fait que les élites n’aient plus aucune solidarité avec les autres classes de la société. Il y a des points intéressants mais aussi des moments pourris. Clairement l’auteur ne comprend rien aux luttes féministes, antiracistes, anti-LGBTphobies. Y’a beaucoup de points par lequel il est conservateur (et idiot), après il fait aussi des remarques intelligentes sur la nécessité de l’implication des citoyen⋅ne⋅s pour qu’une démocratie fonctionne, et les conditions qui permettent cette implication. Après il a l’air de parer les petits villages et la vie de quartier d’absolument toutes les vertus de façon un peu gratuite.

Écrire l’histoire avec des « si », sous la direction de Florian Besson et Jan Synowiecki.

Recueil de contributions du séminaire du même nom, sur l’intérêt de l’uchronie et de l’histoire contre-factuelle pour les historiens. Parle de l’intérêt politique de l’uchronie et des différentes formes d’uchronies littéraires. Toutes les contributions ne se valent pas mais c’est court et globalement intéressant.