Suite et fin des photos de la promenade : un fleuve et une église.









Suite et fin des photos de la promenade : un fleuve et une église.
Promenade à Toulouse début octobre. J’essaye de me familiariser un peu avec la ville, et j’étais très peu satisfait de mes dernières photos donc j’essaye aussi de travailler sur ma prise de vue. J’ai recommencé à transporter un trépied pour augmenter mes chances de faire des photos nettes parce que ça en devenait ridicule.
Aurélien Bellanger entremêle 5 fils narratifs avec pour point commun une principauté européenne imaginaire, un micro-État perdu sur la frontière austro-slovène, le Karst. On suit Jan, le prince héritier en exil depuis le passage du Karst sous régime communiste à la fin de la seconde guerre mondiale ; Ida, héritière de la seule entreprise industrielle du Karst et financière à Wall Street ; QPS, aventurier-philosophe français passionné par le conflit yougoslave (toute ressemblance est clairement voulue), son fils Olivier qui flirte avec l’extrême droite, et Flavio, mystérieux fils adoptif d’un couple de dourdannais sans histoire. Leurs histoires et l’histoire contemporaine du Karst s’entremêlent et permettent à Bellanger de discuter de l’histoire de l’Europe depuis la fin des guerres mondiales, de la montée du nationalisme, du conflit des Balkans, de la mathématisation de la finance et de la mondialisation des élites.
C’était sympa mais j’ai moins aimé que les premiers Bellanger (La Théorie de l’Information et Le Grand Paris). Y’a plein de trucs intéressants mais comme dans L’Aménagement du Territoire, il est plus en train de s’amuser avec une sorte d’histoire secrète qui au final ne marche pas si bien que ça. Tous les passages sur QPS sont très drôles à lire, mais c’est pas le plus intéressant que puisse faire Bellanger : c’est facile de se moquer de BHL, même si c’est toujours rigolo.
La partie sur les mathématiques (l’ouverture du livre sur les mathématiciens qui font de l’acrobranche est très bien) est intéressante, mais tant qu’à fantasmer une histoire secrète avec un programme spatial yougoslave et une industrie de pointe basé sur des calculateurs mécaniques décentralisés, autant y aller all the way et partir en uchronie, là au final il ne fait rien de son calculateur ultra perfectionné qui peut stocker un nombre secret qui peut casser les mathématiques. Il aurait fallu aller plus loin dans cette direction, et partir plus loin sur les descriptions techniques minutieuses, à mon sens.
Ellen Page incarne Bliss, une lycéenne qui vit à Bodeen, Texas, trou perdu sans histoire. Sa mère la traîne de beauty pageant en beauty pageant, mais un jour Bliss découvre sa vraie passion : le roller derby. Elle part en secret en bus chaque semaine s’entraîner avec une équipe, les Hurl Scouts, en mentant sur son âge à ses coéquipières et sur son planning à ses parents, et traîne au passage dans un milieu qui la motive un peu plus que celui de sa ville coincée.
C’était sympa. Y’a beaucoup de ficelles qui se voient beaucoup à l’avance, le scénario est pas très subtil pour ça mais ça marche bien. Le trope de l’ado qui trouve sa passion et une seconde famille en se lançant dans une activité en secret et allant contre les valeurs affichées de sa cellule familiale est bien exécuté, et d’un point de vue féministe (il y a quelques personnages masculins dans le milieu du derby, l’entraîneur, le commentateur sportif, mais l’équipe et les équipes concurrentes sont toutes des femmes, présentées comme sportives, hargneuses, et avec des parcours de vie variés, qui se retrouvent autour de la passion du derby). L’amitié de Bliss avec sa meilleure amie de Bodeen qui la couvre auprès de ses parents est bien mise en scène aussi. Les relations avec le père sont très clichés par contre, mais la figure de la mère est intéressante.
Je recommande si vous voulez un film qui parle de sport avec un aspect féministe.
Lors d’une visite au musée, un préadolescent perd sa mère, rencontre une fille et vole un tableau inestimable. Les conséquences de ces événements l’accompagneront toute sa vie, et notamment lors des ~15 ans que parcourt le roman.
Trois points que j’ai trouvé dommage dans le roman :
Ces trois points mis à part, j’ai beaucoup aimé. Le roman fait 700 pages mais il se lit très bien, il est plus prenant que The Little Friend, l’autre Donna Tartt que j’ai lu. La vie du narrateur part dans toutes les directions, mais ça garde une crédibilité. La façon dont le syndrome post-traumatique qu’il trimballe est structurant pour sa vie mais n’est évoqué à chaque fois qu’en passant marche très bien avec la narration à la première personne. J’ai aussi trouvé intéressant le fait que le narrateur évolue aussi dans un monde d’adulte, il est forcé de devenir mature avant l’heure, se passionne pour la restauration de meubles anciens, interagit avec le monde ultra-codifié de la bourgeoisie, il projette volontairement une image contrôlée de maîtrise des codes, et en même temps il reste un enfant, il ne réfléchit pas du tout aux conséquences de certaines actions, reste dans la pensée magique comme mode d’appréhension du monde (sa gestion du tableau, son rapport à Pippa, sa fraude aux antiquités).
Bref, je recommande.
Deux collégiens versaillais qui galèrent à s’intégrer dans leur environnement bourge et conformiste (en restant quand même pas mal bourgeois et conformiste eux-mêmes, tbh) décident de construire une voiture autour d’un moteur de tondeuse à gazon et de partir en road-trip sur leurs deux mois d’été, chacun disant à sa famille qu’il passe ses vacances dans la famille de l’autre.
C’est sympa à voir. Les deux comparses ont déguisé leur voiture en cabane de jardin ; faute de pouvoir la faire homologuer pour une circulation sur les routes, ils peuvent se camoufler à l’approche de la police. Ils ont de grandes discussions de collégiens sur l’apparence, la conformité, l’influençabilité, les filles (les personnages féminins du films sont pas légion et assez clichés, hélas).
C’était sympa à voir, sans être un des meilleurs Gondry.
Roman de 1993. Philip Roth se met en scène en tant que narrateur. Sortant d’une grave crise psychique due à un médicament sur le point d’être retiré du marché, il quitte les États-Unis pour Israël pour interviewer un écrivain et ami. Il apprend avant d’arriver sur place l’existence d’un autre Philip Roth, qui lui ressemble physiquement, se fait passer pour lui, et utilise sa célébrité pour pousser le diasporisme, une idéologie visant à encourager les Juifs israëliens à retourner dans les pays européens pour éviter la mort lors d’une guerre nucléaire entre Israël et les pays environnants. Roth décide de se faire passer pour son imposteur pour en apprendre plus sur lui, avant de le rencontrer, de discuter avec lui, de prétendre qu’il y a bien unicité entre eux deux auprès d’un ancien ami, de reprendre ses distances…
C’était intéressant. Ça part pas mal dans tous les sens comme souvent chez Roth. Il brouille pas mal la frontière fiction/réalité, prétendant que le bouquin est un récit d’événement réels dont il aurait supprimé un chapitre pour ne pas compromettre des agents du Mossad qui l’auraient recruté pour une mission ponctuelle. Un problème (récurrent chez Roth) cependant, le personnage féminin complètement sexualisé. Je sais pas quel problème il avait avec les femmes/le sexe, mais c’est chelou.
En 2007, en succession rapide, deux astéroïdes tombent sur le territoire des États-Unis. Un site du style de Wikileaks publie un mémo affirmant que le gouvernement donne refuge depuis plusieurs dizaines d’année à un groupe d’aliens et que ces astéroïdes sont liés aux aliens, potentiellement les prémices d’une invasion. Le gouvernement réplique qu’il s’agit de théories du complot, mais il s’avère qu’il y a des éléments de vérité dans cette histoire : une vingtaine d’aliens sont bien hébergés par le gouvernement, mais toute communication avec elleux est impossible, et les astéroïdes sont bien de nouveaux aliens, mais venant prendre contact avec le groupe de réfugié.e.s, pas une invasion. L’héroïne du roman se retrouve coincée au milieu de tout ça : son père absent est le fondateur et éditorialiste du site de leaks, exilé en Allemagne. Toute sa famille est sous surveillance à cause des activités paternelles, et elle se retrouve en contact direct avec un des aliens nouvellement arrivés, assumant un rôle d’interprète (l’alien pouvant parler anglais, mais manquant de références culturelles lui permettant d’appréhender le monde moderne).
Y’a des éléments sympas, ça se lit bien, y’a une uchronie en arrière-plan (Bush est forcé à la résignation après avoir menti sous serment). Le concept de la difficulté à communiquer avec des aliens, à avoir des éléments de compréhension mutuelle en venant d’origines si différentes est bien rendue. Y’a une petite vibe Loving the Alien aussi. Après ça ne m’a pas transcendé pour autant, c’était sympa mais les concepts n’étaient pas révolutionnaires.
Roman français de la rentrée littéraire 2020. On suit la vie d’un jeune journaliste qui enquête sur les prémices françaises d’Internet, l’invention du me dans les années 70 par Louis Pouzin, le réseau Cyclades, et comment ce projet a été torpillé en faveur du minitel et d’intérêts industriels privés. Cette partie était intéressante, mais on suit en parallèle la vie sentimentale du journaliste qui est obsédé par une femme (et obsédé tout court), ça c’était un peu relou.
Y’a pas mal de répétitions dans l’ecriture. L’histoire du datagramme était intéressante, mais j’ai un peu eu l’impression de lire du sous-Bellanger.
L’une c’est Pauline qui, à 17 ans, vient en aide à l’autre, Suzanne, sa voisine de 22 ans, qui n’a ni les ressources ni l’énergie de poursuivre sa troisième grossesse. Le film suit le parcours de ces deux femmes pendant 15 ans, l’amitié profonde qui les lie, leurs combats pour s’émanciper des pressions parentale, maritale, conjugale, reproductive, sexuelle. À travers elles, on suit en filigrane les luttes féministes des années 60-70 (contraception, avortement, Planning familial, etc.). C’est un film que j’ai trouvé très doux et réjouissant par sa manière d’incarner des propos politiques et militants dans des histoires du quotidien, de beaux personnages et des chansons géniales. Bref : il faut regarder L’une chante, l’autre pas !