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Master of Djinn, de P. Djèlí Clark

Roman de fantasy états-unien publié en 2021. Il se passe dans le même univers que la novella The Haunting of Tram Car 15, ie un Caire alternatif où les Djinns sont réapparus dans le monde humain, faisant de l’Égypte une des grandes puissances. On suit Fatma, une agent du Ministère du Surnaturel, qui enquête sur l’assassinat des membres d’une confrérie anglaise se réclamant d’Al Jahiz, le scientifique à l’origine du retour des Djinns sur Terre.

J’ai bien aimé. La structure du bouquin est assez classique (on est sur une quête/enquête où l’opposant semble de plus en plus inarrêtable, les gentils récupèrent des infos pour comprendre les tenants et aboutissants de son plan mais restent toujours un pas derrière, jusqu’à la grande confrontation finale), mais ça fonctionne bien. Quelques plot-twists qui se voient venir, mais l’univers est très imaginatif, et y’a beaucoup de rebondissement qui tiennent pas mal en haleine. Quelques tropes réimaginés (on sent que l’auteur s’est fait plaisir parce que franchement c’est pas crucial à l’intrigue : un Anneau Unique-like, un mecha géant…

Je recommande, en conseillant de commencer par les deux nouvelles dans le même univers, qui d’une part vous permettront de savoir si vous aimez le style et le décor, et d’autre part donnent quelques éléments d’arrière-plan.

La Porte des Mondes, de Robert Silverberg

Uchronie écrite en 1967. Un jeune anglais, Dan Beauchamp, quitte son pays récemment indépendant et appauvri, et part tenter sa chance dans les Nouvelles-Hespérides, où les empires Incas et Aztèques sont les puissances dominantes du monde. Il vivra plusieurs aventures à travers l’empire Aztèque, ses colonies et les territoires indépendants des Hespérides du Nord, avant de finalement embarquer pour l’Afrique, le continent prédit comme le prochain centre de pouvoir.

C’était sympa à lire. C’est un roman d’aventures assez classique dans sa facture, assez court, qui parle de colonialisme et de contingence de l’histoire. Le héros est un peu naïf, il a des rêves de grandeur et de conquête qui résistent mal au contact du réel. Pas beaucoup de personnages féminins, mais celui qui est développé est réussi et indépendant (et est assez affligé par les rêves de conquête du héros).

Une lecture courte mais efficace, qui réussit à bien développer son contexte uchronique pour y placer une aventure très classique mais plaisante à lire.

J’ai aussi lu récemment Hors Sol de Pierre Alféri et The Beautiful Land d’Alan Averill, mais les deux n’étaient pas très bien du coup je ne vais pas prendre le temps de les chroniquer. Dans les deux cas c’était de la SF, mais ça manquait de profondeur et de style d’écriture.

The Haunting of Tram Car 15, de P. Djèlí Clark

Novella située dans des années 1910 alternatives. 40 ans plus tôt, un scientifique soudanais hétérodoxe a libéré des djinns dans le monde humain. Avec ces alliés surnaturels, l’Égypte a repoussé les Anglais. Le Caire est devenu une ville-monde aussi importante que Paris et Londres. On suit deux employés du Ministère du Surnaturel, qui enquêtent sur une cabine du tram cairote hantée par une entité inconnue, à la veille du vote du Parlement sur le droit de vote des femmes.

J’ai énormément aimé. L’univers est super cool, j’espère que l’auteur reprendra cet univers pour écrire des trucs plus longs. C’est rétro, y’a du féminisme, y’a des personnages attachants, que demande le peuple ?