RPG vidéo sorti en 2019. On incarne un détective amnésique qui doit enquêter sur la mort d’un homme retrouvé pendu dans une arrière cour, dans une cité en déliquescence, sur fond de négociations entre une entreprise transnationale et un syndicat de dockers. Le jeu propose pas mal de miniquêtes annexes, et surtout un système de compétences et d’objets équipables permettant de façonner la personnalité et les capacités du héros, modifiant les interactions que l’on peut avoir avec l’environnement et les PNJ.
J’ai beaucoup aimé. L’environnement est original (des années 70’s alternatives dans une cité anciennement impériale, désormais sur le retour et victime d’un néocolonialisme déguisé, avec des aspirations à l’autogestion contrecarrée), avec un arrière plan ultra riche et travaillé dont on voit finalement très peu par rapport à toutes les pistes qui sont données. Le narrateur est en sale état, et les différentes compétences que l’on développe prennent la forme de voix intérieures qui nous donnent des indications sur comment gérer nos interactions avec les autres persos, et donnent des bonus sur les lancers de dés qui gouvernent toute la mécanique du jeu. Mais ces voix intérieures ne sont pas toujours fiables, les suivre aveuglément n’est pas toujours idéal. De même, épuiser toutes les options de dialogue n’est pas toujours une bonne idée, de la même façon que dire tout ce qui nous passe par la tête dans la vie réelle n’est pas idéal. On peut modifier l’alignement politique du personnage (et même si ce n’est pas dit comme ça, il y a aussi une grille lawful/chaotic|good/bad). En terme de graphismes l’environnement est très beau dans le genre ruines réaménagées, avec plein de petits détails.
Roman américain de 2007. Philip Roth reprend pour un dernier roman le personnage de Nathan Zuckerman, son alter ego fictif. Après 11 ans de retraite dans la campagne américaine, Zuckerman revient à New York pour une opération de la prostate. Se replongeant d’un coup dans l’agitation urbaine dans les jours qui entourent la réélection de Bush, il va renouer avec une vieille connaissance, se prendre le bec avec un jeune écrivain ambitieux, et être bien libidineux et craignos avec une jeune écrivaine.
C’était assez malaisant. On a un narrateur de 71 ans qui passe son temps à parler de son désir pour une femme de 28, et de sa volonté qu’on n’aille pas déterrer la relation incestueuse entre un écrivain qu’il admirait et mort depuis 30 ans et sa sœur. C’est dommage que ces thèmes principaux soient aussi craignos (mais je crois qu’il faut que je me résolve à ce que j’apprécie les livres de jeunesse de Roth mais qu’il a salement dérivé avec l’âge), parce qu’il y avait des éléments intéressants : le narrateur sent le poids des années et de sa condition physique qui se délabre, aussi bien en terme de trous de mémoire que de façon plus prosaïque par le fait de devoir gérer une incontinence. Deuxième point intéressant, le texte alterne entre des segments écrits à la façon d’un roman et d’autres à la façon d’une pièce de théâtre, qui sont des conversation imaginaires écrites par le narrateur pour remplacer ce qu’il n’a pas osé dire ou demander à des gens. Mais de façon générale, je ne recommande pas ce livre, lisez plutôt Le Complot contre l’Amérique ou Pastorale américaine du même auteur.
Série de comics. Tous les 90 ans, 12 dieux se réincarnent pour deux ans dans des adolescents, qui se retrouvent soudain munis de capacité à générer des miracles et parler le langage des dieux. On suit le destin des 12 membres de la résurgence de 2013, qui deviennent des stars adulées mondialement dans le Londres moderne, et qui tentent de comprendre les tenants et aboutissants de leur espérance de vie raccourcie à deux ans, l’origine de cette Résurgence, et pourquoi quelqu’un semble tenter de tuer certain.e.s d’entre elleux.
J’ai été un peu déçu par rapport à mes attentes. La série commence très bien, propose un univers riche et original, mais la résolution des mystères et la conclusion de l’histoire laissent un peu à désirer, j’ai trouvé. Le dessin est beau mais assez lisse, le design des personnages est très réussi par contre.
Roman fantastique ukrainien. Une adolescente est admise dans une école de magie. Trope usé jusqu’à la corde ? Dans la fantaisie anglo-saxonne peut-être, mais là on en est loin. L’héroïne ne veut pas du tout aller dans cette école, on l’oblige à s’y inscrire et à être assidue en cours sous peine de voir sa famille être gravement blessée. L’enseignement est fastidieux, l’internat hors d’âge, tous les élèves terrifiés. Et pourtant Sacha va peu à peu aimer l’enseignement qu’on lui prodigue, trouver sa place et tout faire pour dissimuler la vérité à sa famille.
J’ai bien aimé. C’est assez perché, une description détaillée d’études ésotériques mais austères, consistant essentiellement à apprendre par cœur des textes incompréhensibles sous menace permanente. Les élèves sont tous traumatisés à des degrés divers par leur enseignement, personne n’est épanoui ou heureux, mais ça reste étrangement plaisant à lire et prenant.
Randonnée en raquettes avec G pour profiter du beau temps annoncé. On a monté bien raide, vu très peu de monde. On a un peu abrégé notre parcours prévu suite à une légère blessure, et j’ai laissé un bâton dans la rando. Mais c’était très bien et très reposant néanmoins.
Essai par une chercheuse noire sur le rapport de la France aux personnes noires et des personnes noires à la France. Elle se base sur sa propre expérience de femme dont la famille a des origines ivoiriennes, mais qui est elle-même née en France, et sur son parcours entre la France et les États-Unis. Le Triangle du titre est l’Océan Atlantique du commerce triangulaire.
Maboula Soumahoro parle de la plus grande facilité qu’il y a à ne pas être la personne noire « locale » : en tant que Française aux US elle n’était pas prise dans la question raciale spécifique aux US et avait un vécu très différent de celui des Afro-Américains (dans des situations de conversation : dans la rue, les gens la considèrent juste comme noire sans plus de nuances). En miroir les Afro-Américain·e·s qui viennent vivre en France n’y éprouvent ni le racisme qu’ils connaissaient aux US ni celui que les Français·e·s noir·e·s vivent.
Elle détaille aussi le concept d’identité diasporique : elle n’est pas ivoirienne même si sa famille en vient, elle ne parle pas dioula comme sa mère mais français et anglais. Elle a un rapport complexe à l’Afrique et à la France par conséquent.
Maboula Soumahoro parle aussi de comment la recherche française est largement en retard sur les US sur les black studies, avec l’exemple de son sujet de mémoire de master qui a été retoqué par une prof qui considérait qu’elle était totalement en dehors de tout sujet et toute démarche scientifique en voulant travailler sur les nationalismes noirs.
Fiction radiophonique de France Culture. On suit une histoire au sein des services d’espionnage français au lendemain de la victoire de Mitterrand à la présidentielle, avec le contexte de la guerre froide et de l’intelligence économique et industrielle. C’était sympa, mais sans plus. Le feuilleton ne s’attarde pas sur ce qu’entraîne une présidence socialiste pour la politique fr à cette époque, il y a un personnage de journaliste à l’Humanité avec des origines kabyles mais sa ligne narrative se termine en eau de boudin.
Jeu vidéo sorti en 2019, dans un univers New Weird. Jesse Faden s’infiltre dans le siège de l’élusif Federal Bureau of Control, en quête de réponses. Elle trouve un Bureau qui s’est volontairement coupé du monde pour gérer un ennemi qui l’a infiltré. Elle trouve aussi rapidement le Directeur du Bureau mort, et une entité mystérieuse qui lui proclame qu’elle est la nouvelle directrice. Armée d’une arme à feu surnaturelle et de pouvoirs télékinétiques, elle va devoir sauver le Bureau de la menace que fait peser sur lui le Chuchotis, en parcourant la Maison Originelle dans tous les sens.
J’ai beaucoup aimé. Tout le jeu se déroule dans un bâtiment surnaturel, la Maison Originelle, qui est construite dans un style brutaliste (beaucoup de béton brut, des angles, des néons) et abrite les multiples services du FBC. Au niveau des décors du jeu c’était très cool. De plus l’environnement et le mobilier sont bien rendus et peuvent prendre des dommages, ce qui fait de belles scènes de calme après les combats, quand l’environnement est sans dessus-dessous.
Le jeu est relativement classique dans ses mécaniques, il faut affronter des ennemis de différents types pour progresser, résoudre occasionnellement de petites énigmes, faire des quêtes annexes pour accumuler des points de compétences à dépenser pour augmenter ses capacités. Le niveau de difficulté par défaut était trop technique pour moi, avec en plus des checkpoints assez rares (et un temps de chargement conséquent), ce qui demandait de beaucoup refaire les mêmes passages du jeu. Heureusement, les développeuseurs avaient prévu des réglages pour pouvoir ajuster la difficulté. Du coup j’ai joué la majeure partie du temps en mode immortel (mais la barre de dégâts reste affichée, j’ai tenté de les minimiser, plutôt que de foncer dans le tas).
J’ai beaucoup aimé les décors, comme je disais, mais aussi tout l’univers, avec cette agence gouvernementale tentaculaire qui gère des objets magiques. L’univers est développé en grande partie à travers les rapports de missions et les mémos internes qu’on trouve répandus à travers le jeu, donc on peut largement passer à côté, alors que c’est un des éléments les plus intéressants, notamment l’idée que ces objets deviennent magiques par l’attention qui est déversée sur eux par des humains, et leur gestion par la mise en place de rituels – pas au sens magique mais au sens de petits gestes répétés – catalogués par le Bureau.
En terme de mise en scène cinématographique le jeu est très réussi, avec une insertion de cinématiques qui se fait de façon assez fluide dans l’histoire et dans un rendu similaire aux parties jouées. Les noms des nouveaux lieux découverts viennent recouvrir l’écran comme des intertitres. Les séquences informations données par l’ancien Directeur via le Numéro Vert sont bien trouvées (la mise en scène est très répétitive mais la première qui passe est géniale et très théâtrale). Toute la séquence dans le Labyrinthe du Cendrier est super bien trouvée aussi (la protagoniste enfile un walkman et soudain il y a toute une séquence de jeu ultra guidée et rythmée sur un morceau de métal, là où le reste du jeu était beaucoup plus ouvert et avec une musique discrète).
Ce blog continue à accueillir des invités de qualité. Aujourd’hui c’est aaz qui publie un récapitulatif de ce qu’il a lu l’année dernière.
En 2020, j’ai pris note de tous les livres que j’ai lus, avec leur date de lecture. J’ai commencé en suivant le “52 Book Challenge” du subreddit r/52book. Les deux sites sur lesquels je notais mes lectures, Goodreads et Babelio, proposaient aussi la fonctionnalité de se fixer un objectif annuel de livres lus.
Je n’ai pas pris l’aspect défi trop au sérieux, mais j’étais content de regarder le subreddit de temps en temps pour voir ce qui y était posté, les livres qui étaient lus, comme on en tenait le compte, etc. J’étais aussi curieux d’avoir une idée factuelle de mes propres habitudes de lecture, tout en restant vigilant à ce que le quantitatif ne prenne pas le pas sur le qualitatif, et que la mesure ne devienne pas un objectif en soi.
Résultat, j’ai lu 54 livres durant l’année 2020 (hors BD / romans graphiques et “non-fiction”), dont voici mes 10 préférés :
The Goldfinch, Donna Tartt. Un roman d’apprentissage sur l’adolescence d’un jeune Américain et sa relation particulière à un tableau d’un peintre flamand du XVIIe représentant un chardonneret. Lu avec beaucoup d’attentes, après avoir lu et adoré il y a quelques années The Secret History de la même autrice. C’est un gros roman dans lequel il se passe beaucoup de choses, avec des personnages que j’ai trouvés intéressants et bien écrits (n’en déplaise à certains). À la fois haletant et très touchant, j’ai trouvé que c’était un très bon livre.
The Liveship Traders, Robin Hobb. Pas tant un livre qu’une trilogie, mais je les range ensemble. Une épopée de fantasy autour d’une famille de marchands dans un monde avec des bateaux magiques qui parlent. Je n’avais jamais lu de livres de Robin Hobb auparavant, à part une première tentative avortée à l’adolescence. C’est ma très bonne surprise de l’année et c’est un plaisir de lecture en fantasy que je pense n’avoir pas eu depuis A Song of Ice and Fire de GRR Martin. Comme The Goldfinch ci-dessus, ce sont des livres portés par un ensemble de personnages complexes et travaillés, qui donnent beaucoup plus de force à l’histoire et à ses retournements.
The Remains of the Day, Kazuo Ishiguro. Dans les années 1950, un majordome anglais prend des vacances pour la première fois de sa carrière et se souvient de sa vie passée. Un court roman, beau et mélancolique, presque caricaturalement anglais. À conseiller à ceux qui ont aimé Downton Abbey mais qui ne pouvaient pas s’empêcher de se sentir un peu coupables.
The Farseer Trilogy, Robin Hobb. Dans le même univers que les Liveship Traders (et à lire en premier).Le récit initiatique d’un jeune bâtard à la cour du roi, promis à une grande destinée. Sur un thème classique, une série passionnante, là aussi surtout portée par les personnages. Rien de plus à dire, c’était super bien. Très content d’avoir encore dix livres de la même série devant moi.
Le Rouge et le Noir, Stendhal. Les années de jeunesse du fougueux Julien Sorel, serial lover et fan de Napoléon à la fin de la Restauration. C’était une relecture, après une première lecture au lycée dont je n’avais gardé finalement qu’assez peu de souvenirs et juste une impression générale d’enthousiasme. Impression confirmée cette année, peut-être pas forcément pour les mêmes raisons : je pense que le contexte historique m’était passé largement au-dessus de la tête, et que je ne me rendais peut-être pas vraiment compte de l’ironie de Stendhal vis-à-vis de son héros. C’est un roman “classique” pas chiant du tout, et en tout cas classique pour de très bonnes raisons.
Anna Karénine, Tolstoï. La vie compliquée d’Anna Karénine, femme adultère, et de ses amis aristos, dans la Russie de la fin du XIXe siècle. De Tolstoï je connaissais le début de la Guerre et la Paix, pour avoir tenté à plusieurs reprises d’en venir à bout avant de le lâcher à cause de la longueur (mais en 2021 peut-être ?), sans que cela tempère mon enthousiasme. Anna Karénine est (un peu) moins long, mais tout aussi bien, surtout en raison de la richesse des personnages (je me rends compte que c’est le thème de cette liste). Là aussi un “classique” au meilleur sens du terme.
Piranesi, de Susanna Clarke. L’histoire d’un homme qui vit seul dans un grand domaine en pierre, en apparence infini, aux murs couverts de sculptures. J’ai dû me forcer à modérer mes attentes pour ce livre inespéré qui arrivait quinze ans après Jonathan Strange and Mr Norrel (que j’aime. vraiment. vraiment. vraiment. beaucoup.), sachant que ça ne serait ni une suite ni un livre aussi ambitieux. Mieux vaut ne rien dire de l’histoire pour ne pas la gâcher, mais ce que je peux en dire c’est que c’est un petit livre surprenant et très bien écrit, pas forcément celui que j’attendais, mais je suis content de l’avoir.
Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu. Quatre étés d’un adolescent d’un milieu populaire dans la Lorraine désindustrialisée des années 1990. Je me méfiais de l’étiquette de “roman social” et de prix Goncourt, à tort : l’époque et le contexte sont très bien rendus, et c’est un vrai plaisir de lecture.
L’été meurtrier, Sébastien Japrisot. Dans un petit village de montagne en Provence, des secrets familiaux et les bouleversements qu’ils entraînent. C’est un polar / roman à suspens rondement mené, bien écrit, avec une intrigue travaillée. Comme ci-dessus, c’est un livre ancré dans un lieu et une époque qui sont évoqués avec richesse. Mon premier Japrisot, qui m’a donné envie d’en lire d’autres.
Amatka, Karin Tidbeck. Livre suédois, sur une société totalitaire, au milieu du froid, où il faut régulièrement inscrire leur nom sur les objets pour qu’ils conservent leur forme. C’est un peu onirique et parfois déconcertant. Un peu à part du reste de cette liste, et plus expérimental que mes lectures habituelles, ça reste un livre intéressant, qui exploite tout le potentiel et la richesse de la SF.
Je suis assez content de la liste ci-dessus au sens où je la trouve relativement variée. L’un des objectifs que j’avais en tête en notant ces livres était aussi de recenser toutes sortes de statistiques, pour pouvoir quantifier objectivement la diversité de mes lectures : auteur homme / femme, littérature de genre ou non, langue de lecture, pays d’origine, etc. Le but n’était pas de me contraindre, de viser à une exacte parité ou autre chose de ce genre, mais simplement de mettre des chiffres sur des impressions. De même, j’ai aussi relevé la taille de chaque livre, en nombre de mots (à partir d’un plugin de Calibre), pour voir un peu comment avait varié mon rythme de lecture selon les mois.
Regardons donc un peu les chiffres.
À titre de remarque préliminaire, je remarque déjà que malgré mes vœux pieux je ne suis pas sûr d’avoir vraiment réussi à me détacher du côté défi quantitatif. Avec mes 54 livres, je dépasse tout juste mon objectif arbitraire de 52 livres dans l’année. Je pense que les rappels de Goodreads du type « vous avez 1 / 2 / 3 livres d’avance / de retard » ont pu jouer pour me faire lire des petits trucs courts au lieu de plus gros pavés, afin de tenir le rythme.
C’est un des effets pervers les plus idiots, comme le fait de m’être parfois poussé à lire vite. A posteriori, ces lectures rapides m’ont moins marqué que les romans plus longs, dans lesquels on se retrouve forcément plus investi sur la durée. Je suis content d’avoir lu beaucoup de livres cette année, et faute d’avoir compté les années précédentes je ne sais pas si c’est sensiblement plus que d’habitude. En tout cas, si je recommence l’expérience pour 2021, c’est sans me prendre la tête sur ce point.
S’agissant de la diversité, je pense que le fait de regarder régulièrement mon tableau excel a aussi pu jouer pour me forcer à amener de la variété. C’était particulièrement vrai pour certains livres qui cochaient toutes les cases de mon intersectionnalité, comme Plus haut que la mer, de Francesca Melandri, un livre de littérature “blanche” (non-SFF), écrit par une femme, d’un pays non anglo-saxon, et lu en français. Contrairement au point précédent, je pense qu’ici, le fait d’être influencé par la métrique n’a eu que des effets positifs : il a donné lieu à de belles découvertes et à de bonnes surprises.
En exemple, ci-dessous, le récapitulatif des livres lus en anglais (en foncé) et en français. C’est quelque chose que je surveille, j’ai peur qu’à force d’aller chercher mes suggestions de lecture sur reddit ou d’autres sites américains, je finisse par “trop” lire en anglais, quoi que ça veuille dire. Je suis à peu près à parité, en penchant un peu plus d’un côté ou de l’autre selon que l’on compte en nombre de livres, en nombre de mots ou en nombre de jours.
Sur les autres mesures, je suis à peu près à parité entre les livres de fantasy ou de SF (26/54) et les autres. J’ai lu seulement 35% de livres écrits par des femmes, mais parmi eux six livres de Robin Hobb qui comptent, en nombre de mots, pour quasiment 25% de mon total de lectures de l’année.
Enfin, le compte de mots de chaque livre m’a permis de quantifier mon rythme de lecture, à la fois en valeur absolue et dans ses variations pendant l’année. En tout, les 54 livres correspondent à un total d’un peu plus de sept millions de mots, soit environ 20 000 mots par jour. À la louche, cela correspond à un peu moins de cent pages au format poche, ou à peu près une heure de lecture quotidienne. C’est assez difficile de me le représenter, mon année a été assez hétérogène, entre un confinement au printemps plutôt tranquille, et les autres périodes où j’étais davantage occupé.
À partir des dates de fin de lecture, je peux calculer, à l’échelle de chaque livre, mon rythme moyen de lecture, c’est-à-dire le temps moyen passé à lire, en gros, pour chaque semaine. Le graphe correspondant est ci-dessous.
Il y a évidemment un effet confinos assez visible, mais j’y retrouve aussi des corrélations manifestes avec certains événements de mon année écoulée : ma période d’examens, les moments les plus intenses professionnellement, ma semaine de grippe suspecte avec des difficultés à respirer, mes vacances… Il y a aussi les livres qui me sont tombés des mains et que j’ai simplement mis du temps à finir au lieu de les abandonner.
En guise de bilan, je dirais donc que je n’ai rien découvert d’inattendu dans cette démarche, mais qu’elle m’a permis d’objectiver un certain nombre de choses dans ma pratique de lecteur, au prix d’un effort finalement assez minime de suivi des données. C’est une expérience que je réitère avec plaisir en 2021.
Pour finir, le reste de ma liste. L’ordre a été élaboré à partir de comparaisons deux à deux sur un site internet qui m’a produit un classement final (sans trop m’en demander pour ne pas créer de problème). Je ne suis pas sûr que, pour le milieu du classement, ce soit quelque chose qui ait vraiment beaucoup de sens ; j’ai pris le temps de le faire plus par affinité personnelle pour les listes ordonnées qu’autre chose. J’arrive toutefois à délimiter quatre grosses catégories, qui sont les suivantes :
Les livres qui ne sont pas dans le top 10 mais que j’ai trouvés top et que je recommande sans hésiter :
Sous les vents de Neptune, F. Vargas (seule autre relecture en 2020 avec le Rouge et le Noir),
Normal People; S. Rooney,
Le hussard sur le toit, J. Giono,
Smiley’s People, J. Le Carré,
Watership Down; R. Adams,
La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil, S. Japrisot,
Vernon Subutex (t. 1), V. Despentes,
L’attentat, Y. Khadra.
Les livres qui sont encore vraiment très bien quand même (oui, je ne suis pas un public très difficile) :
Le parfum, P. Süskind,
Surface Detail, I. Banks,
House of Suns, A. Reynolds,
Vita Nostra, M. et S. Diatchenko,
The Woman in White, W. Collins,
L’élixir d’oubli, P. Pével,
La formule préférée du professeur, Y. Ogawa,
Plus haut que la mer, F. Melandri,
Unité 8200, D. Alfon,
Les enchantements d’Ambremer, P. Pével,
Machines Like Me, I. McEwan
Les livres que j’ai bien aimés mais sans être transcendé :
Le fracas du temps, J. Barnes,
Chevauche-Brumes, T. Latil-Nicolas,
La maison, E. Becker,
Civilizations, L. Binet,
Underground Railroad, C. Whitehead,
Serpentine. Ph. Pullman,
Le lambeau, Ph. Lançon,
Dernière sommation, D. Dufresne,
Lock In, J. Scalzi,
Beyond the Rift, P. Watts,
The Ballad of Songbirds and Snakes, S. Collins,
Stalker, A. et B. Strougadsky.
Chien du Heaume, J. Niogret.
Les livres bof, d’un avis moyen ou réservé jusqu’aux grosses déceptions :
Les furies de Boras, A. Fager,
Skyward, B. Sanderson,
La ménagerie de papier, K. Liu,
The Atrocity Archives, C. Stross,
La panse, L. Henry,
Tous les oiseaux du ciel, C. J. Anders,
Embassytown, C. Miéville (prix 2020 du “Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne”)
Olangar : Bans et Barricades (t. 1), C. Bouhelier.