Un peu d’urbex durant notre rando dans le Capcir, un ancien sanatorium en cours de réhabilitation (mais dont les travaux sont visiblement arrêtés depuis plusieurs mois).
The Ladies of Grace Adieu, de Susanna Clarke
Recueil de nouvelles publié en 2006, et situé dans le même univers que Jonathan Strange & Mr Norrell, ie une Angleterre du XIXe siècle où la magie et les fées existent mais sont bien moins présentes que par le passé. Les nouvelles étaient assez inégales. J’ai bien aimé la nouvelle éponyme, ainsi que Mrs Mabb et Mr Simmonnelli, moins les autres.
C’est un bonus sympa à Jonathan Strange & Mr Norrell, mais ça ne tient pas debout tout seul.
Randonnée autour du Capcir
Randonnée sur 5 jours autour du Capcir. Grande boucle avec des étapes assez longues (une vingtaine de km), qu’on a fait à 3 avec Stram et P. Il a fait assez chaud, on a fait de longues pauses méridiennes, bien profité des lacs croisés. P. a dormi à la belle étoile la plupart du temps.
La trace suivie était basée sur Visorando – Circuit du Capcir moins le dernier jour, remplacé par un bout de GR10 pour retourner à la voiture.
Jour 1 : Départ vers 11h30 après le trajet depuis Albi/Toulouse. Descente depuis Planès jusqu’au train Jaune. Belle vue sur le pont Gisclard. Remontée vers Sauto puis la Llagonne. Montée pénible en forêt (chemin mal indiqué) jusqu’au coll de la Llosa (très bon sirop d’hibiscus), puis marche à plat jusqu’au refuge du coll del Torn, fermé pour la nuit (!) mais auprès duquel nous campons
Jour 2 : plat puis ascension dans des paysages forestiers. Belles vue sur le lac de Matemale en contrebas. Pause déjeuner un peu avant le Roc Mari. Descente vers le barrage de Matemale (en passant par le refuge Ollet, joliment entretenu par l’association Tous à poêle) puis traversé du barrage. Trempage des pieds au pont des Molines, puis suivi du chemin Vauban jusqu’à Esposolla. Bivouac un peu après le village.
Jour 3 : Montée vers la portella d’Orlu. Les paysages deviennent véritablement montagnards, on laisse les villages des vallées et plateaux derrière nous. Très belle vue depuis la portella sur toute la vallée d’Orlu, mais nous n’y descendons pas. On s’égare un peu dans la Serra Verds avant de retrouver le GR de Pays Tour de Capcir. Franchissement du col de la Muntanyeta avant de redescendre lentement vers le refuge de Camporells et ses étangs. Orage de grèle le soir, nous mangeons dans la salle hors sac du refuge.
Jour 4 : Montée au petit Peric puis au Puig Peric (sans les sacs pour le second. Magnifique vue à 360°. Redescente puis repas à l’estany de la Llosa (un des 10 000 estanys nommé ainsi). Contournement du lac des Bouillouses par l’est, pour aller voir le lac d’Aude. Passage au refuge des Bouillouses pour se recharger en eau. Refuge assez moche et accessible par la route, qui fait un peu attrape-touristes. Stram part voir les estanys Llarg et Negre, P et moi suivons le GR 10. On se retrouve pour le bivouac au bord de l’estany de la Pradella, magnifique. Nous bivouaquons sur la presqu’île.
Jour 5 : Montée au roc de la Calma sans se laisser tenter par les télésièges. Passage au refuge de la Calma puis au pic dels Moros avant de partir plein est vers Font-Romeu puis Superbolquères où nous faisons quelques courses complémentaires pour les derniers soirs et matin. Suivi du GR 10, nous dormons vers La Perxa.
Matin 6 : 2 heures sur le GR 10 pour revenir à la voiture.
Debrief des choses à envisager pour la rando de l’année prochaine :
- Prendre le temps d’étudier un trajet moins « clefs en main » fourni par visorando, pour couper les parties routes moins sympa. Voir aussi ce qui est faisable pas en boucle avec les transports en commun
- Prévoir éventuellement une rando avec deux jours intenses, un jour de pause – soit journée plus courte pour profiter d’une fin d’aprèm lecture/jeu/baignade soit mini boucle dans la rando avec possibilité de laisser les sacs à un refuge – deux jours intense – cinq jours étant une bonne durée pour de l’autonomie totale. Le jour de pause permet d’avoir plus de temps d’interaction/jeu
Bunny, de Mona Awad
Roman publié en 2019. On suit Samantha, une étudiante en lettre dans une prestigieuse université nord-américaine où elle est boursière. Elle suit principalement un séminaire d’écriture, où elle est dans une classe de 5 avec quatre autres femmes, qui sont ultra-soudées et s’appellent l’une l’autre « Bunny ». Horripilée par ces quatre femmes qui surperforment une féminité infantile, Samantha est cependant simultanément épuisée d’être l’outsider perpétuelle. Quand les Bunnies l’invitent à une de leurs soirées, Samantha va accepter de se fondre dans le groupe, et découvrir que derrière la façade en saccharine, les Bunnies ont un étrange pouvoir magique qu’elles sont prêtes à partager avec elle – si elle se conforme à l’esprit du groupe.
C’était intéressant mais assez wtf, à la fois roman fantastique avec une héroïne isolée dont on ne sait pas si il lui arrive des trucs surnaturels ou si elle sombre dans la folie, et roman universitaire/de lycée (les Bunnies pourraient être des Heathers) avec des cliques et des mean girls. C’est aussi un roman sur le fait d’écrire un roman, même si c’est en arrière-plan c’est quand même bien présent.
Ancien silo
Petite explo d’un ancien silo à l’occasion de vacances dans l’Indre.
Et une maisonnette adjacente au silo :
Âge Tendre, de Clémentine Beauvais
Roman français publié en 2020. Dans un futur proche, la France a mis en place un stage dans le monde du travail d’un an entre la troisième et la seconde, le service civique, ou « serci ». Le roman est composé du rapport de stage de Valentin Lemonnier, albigeois introverti envoyé travailler à Boulogne-sur-mer dans une unité Mnémosyne, une maison de retraite médicalisé qui recrée l’environnement de la jeunesse des pensionnaires. Sur place, il va découvrir la discographie de Françoise Hardy, la vie en colocation, les responsabilités professionnelles et les zones grises dans les relations interpersonnelles. Ce qui devait être un rapport de 30 pages va en devenir un de 250 pages, qui raconte dans le détail son évolution au cours de l’année.
J’ai beaucoup aimé. La forme du rapport de stage est bien retranscrite, et le fait de dire que le rédacteur du rapport doit intégrer des notes rétrospectives permet d’avoir une distanciation dans l’écriture assez intéressante. La révélation progressive de l’histoire de Sola est très bien faite. Le roman est globalement très bienveillant avec ses personnages, c’est très sympa à lire.
Je recommande.
Tomorrow, and Tomorrow, and Tomorrow, de Gabrielle Zevin
Roman étatsunien de 2022. Long story short : grosse reco, sans prérequis sur ce que vous aimez par ailleurs.
Le roman est centré sur les vies et la relation amicale et professionnelle de Sadie et Sam, deux créateurices de jeux vidéos, de leur enfance à leur quarantaine, dans les années 90s et 2000. Le roman alterne entre les points de vue des deux personnages principaux, de leur enfance (une partie racontée linéairement et une partie en flash-back), à leur vie professionnelle ensemble, en passant par leurs rencontres et leur études. On a leur ressenti sur les mêmes événements, leurs différentes sensibilités artistiques, leurs relations avec différents personnes secondaires.
C’est très bien écrit, notamment les personnages. Bien évidemment ça s’applique aux deux principaux, qui fonctionnent comme des personnages réels mêmes s’ils sont des petits génies de la création de jeu :
- Sam en tant que mec à la fois entitled et insecure qui peut être ultra cruel sans le vouloir (ou en le voulant par moment), pensant qu’il a été très clair sur le fait d’avoir dit aux gens qu’il tient à elleux alors qu’il n’a rien dit, poussé dans la lumière et refusant de gérer son handicap avant de le reclaim
- Sadie qui doit lutter contre un monde qui la considère longtemps comme la muse de Sam plutôt qu’une créatrice à part entière, qui se force à jouer le rôle de la cool girl et de l’infirmière pour les hommes autour d’elle alors que c’est elle la programmeuse et game designeuse à la base.
Au delà de ces deux-là, les personnages secondaires sont crédibles aussi qu’ils soient attachants (Marx) ou repoussants (Dov). Le roman m’a évoqué The Goldfinch (mais en mieux), et pour le chapitre écrit du point de vue de Marx, le passage en flux de conscience de la Semaine Sainte, d’Aragon. D’ailleurs tout ce passage où on a un troisième point de vue et le passé de Marx est très réussi, c’est assez pertinent d’avoir ce point de vue qui était jusqu’ici à l’arrière-plan, mais qui est déjà présenté comme essentiel au fonctionnement de l’univers professionnel de Sam et Sadie.
Les frustrations des persos sur leur position dans le monde, la façon dont ils sont perçus par le monde plus largement (via le sexisme, le racisme et le validisme de l’époque, qu’on leur renvoie ou internalisé) et la façon dont les non-dits et les suppositions sur les raisons d’agir des autres personnes peuvent pourrir les relations interpersonnelles fonctionnent tous les trois bien, ainsi que les passages qui sortent du temps de la narration pour citer une interview des personnages dans un magazine de jeu vidéo des années plus tard, ce qui permet d’avoir leur point de vue sur les événements avec du recul.
L’exploration des différentes relations amicales et professionnelles (et un peu amoureuses, mais c’est en arrière-plan – on a la relation de Sadie et Dov mais c’est une relation clairement dysfonctionnelle, bien écrite, mais qui sert surtout à montrer l’impact que ça a sur les autres relations de Sadie avec d’autres personnes et sur ses projets professionnels) est très réussie et intéressante.
La conclusion du bouquin est un peu plus faible que le reste, ainsi que tout le passage dans Pioneers, mais je pense que c’est toujours compliqué de finir un bouquin intense comme ça.
Once again, je recommande.
God’s Own Country, de Francis Lee
Film anglais de 2017. Johnny travaille dans la même ferme que son père et sa grand-mère. Vu leurs âges et l’AVC de son père, c’est lui qui s’épuise à faire la majorité des travaux de la ferme, sous la férule de son père qui désapprouve sa façon de gérer les choses. Un jour arrive Gheorghe, un travailleur journalier roumain. Si Johnny l’antagonise à chaque occasion au début, les deux hommes vont développer une attirance l’un envers l’autre, qui s’épanouit quand ils campent ensemble sur le plateau où les moutons de la ferme passent leurs journées, mais qui va devoir ensuite affronter la complexité de la vie dans le reste du monde, avec les autres personnes autour.
C’est un bon film, je recommande. Un contexte pas joyeux qui en fait un film social sur le monde paysan anglais, de beaux paysages ruraux, un très beau pull rouge (et un très beau Gheorghe), une romance assez jolie à voir se développer. Le personnage de Johnny n’est pas très sympathique, mais c’est volontaire et il est bien caractérisé. Gheorghe au contraire à l’air d’avoir toutes les qualités, il apparait dans la vie de Johnny comme un deus ex machina.
Monk and Robot, de Becky Chambers
Deux courts roman de solarpunk étatsuniens, publiés en 2021 et 2022. Sur Panga, une lune habitée, les Humain.es vivent dans une société post-scarcity et qui a réalisé sa transition écologique. Ces événements sont arrivés suite à l’accès à la conscience des robots, qui des siècles auparavant, ont décidé de s’éloigner de la société humaine et de partir vivre dans la nature. Les Humain.es n’ont plus jamais entendu parlé d’eux, et ont respecté leur promesse de laisser les robots en paix, en rendant à la Nature (et aux robots donc) 50 % de la surface de la Lune.
Dans cette société, Dex, un.e moine non-binaire, n’arrive pas à trouver sa place. Après avoir vécu des années dans un monastère consacré à Allalae, une des six divinités du panthéon pangéen, iel décide de devenir un.e moine itinérant.e, offrant du thé et une session d’écoute aux personnes qui le désirent. Mais cette seconde vie lea lasse aussi au bout d’un moment, et iel part dans les terres renaturés, avec pour objectif un ancien monastère où iel espère pouvoir entendre une espèce de criquet éteinte dans les terres toujours habitées par les Humain.es. Sur le chemin du monastère, iel va rencontrer Mosscap, un.e robot envoyé.e comme ambassadeur par les sien.nes, qui avaient promis il y a des siècles de revenir rencontrer l’Humanité. Mosscap arrive avec une question qu’iel souhaite poser à chaque Humain.e qu’iel rencontrera : de quoi les Humain.es ont-iels besoin ?
C’était assez chouette, comme tout ce que j’ai lu de Becky Chambers. Lire des histoires positives où la tension vient des angoisses internes des personnages plutôt que de circonstance adverses extérieures est intéressant, et ce n’est pas facile à écrire je trouve, donc kudos à l’autrice pour ces réussites répétées. Le personnage de Mosscap qui est émerveillé par des éléments qui sont totalement anodins pour l’Humanité mais étrangers pour lui fonctionne très bien (le passage où après avoir appris que les Humain.es n’ont pas de souvenir de leurs premières années, il demande qu’on montre une photo de lui et un bébé au bébé quand il aura commencé à former des souvenirs « pour qu’il sache qu’on était amis même avant qu’il s’en rappelle : <3 <3 <3). Les angoisses de Dex sur sa place dans le monde, le besoin d’avoir un but dans sa vie même dans une société post-scarcity et même en adhérant à une vision de la vie où il ne pense pas que l’univers ait un arc téléologique, ça résonne pas mal.
Bref, reco comme toujours pour Chambers jusqu’ici.
The Medium, de Banjong Pisanthanakun
Film d’horreur thaïlandais paru en 2021. Une équipe de tournage suit pour un documentaire Nim, une chaman qui explique être possédée par l’esprit de Ba Yan, une divinité bienveillante. Lors du tournage, l’équipe observe des comportements étranges de la part de Mink, la nièce de Nim. S’il est d’abord envisagé que l’esprit de Ba Yan souhaite lui être transmis, les protagonistes découvrent finalement que Mink est possédée par un esprit maléfique, dont l’influence sur la jeune femme va s’étendre progressivement, alors que sa famille tente de réaliser à temps un exorcisme pour sauver leur nièce.
C’était un film de possession assez réussie. Des jump scare qui marchent bien, une tension qui va croissante (et bien appuyée par la bande-son), des fausses pistes sur l’origine de la possession qui gachent les efforts des protagonistes, des décors intéressant (l’usine incendiée notamment). Dans l’absolu c’est un film de possession assez classique, on trace facilement des parallèles avec L’Exorciste, mais le fait que ce soit pas un film européen, la place différente accordée aux esprits par une partie de la société thaïlandaise fait des choses intéressantes). Le crescendo des actes commis par la possédée, jusqu’au point d’orgue de l’exorcisme raté qui s’inverse fonctionne bien.
Je recommande si vous aimez les films d’horreur.